L’Encyclopédie/1re édition/ALBASTRE

* ALBASTRE (on prononce l’S) ou ALABASTRA, s. f. ancienne ville d’Egypte du côté de l’Arabie & dans la partie orientale de ce Royaume. Les habitans sont appellés dans S. Epiphane Alabastrides.

ALBASTRE, s. m. Alabastrum (Hist, nat.) matiere calcinable moins dure que le marbre. Elle a différentes couleurs : on en voit de blanche ou blanchâtre ; elle est le plus souvent d’un blanc sale jaunâtre, ou jaune roussâtre, ou roux ; il y en a de rougeâtre ; on en trouve qui est variée de ces différentes couleurs avec du brun, du gris, &c. On y voit des veines ou bandes que l’on pourroit comparer à celles des pierres fines que l’on appelle onyces. Voyez Onyx. C’est dans ce sens que l’on pourroit dire qu’il y a de l’albâtre onyce, & il s’en trouve avec des taches noires qui sont disposées de façon qu’elles ressemblent à de petites mousses, & qu’elles réprésentent des bandes de gason ; c’est pourquoi on pourroit l’appeller albâtre herborisé à l’imitation des pierres fines auxquelles on a donné cette dénomination. Voyez Dendrites. L’albâtre est un peu transparent, & sa transparence est d’autant plus sensible que sa couleur approche le plus du blanc. On le polit, mais on ne peut pas lui donner un poliment aussi beau & aussi vif que celui dont le marbre est susceptible, parce qu’il est plus tendre que le marbre. D’ailleurs lorsque sa surface a été polie, on croiroit qu’elle auroit été frottée avec de la graisse. Cette apparence obscurcit son poliment ; & comme cette matiere est un peu transparente, elle ressemble en quelque façon à de la cire. Sa couleur contribue à le rendre tel ; car on ne voit pas la même chose dans le jade qui malgré sa dureté a aussi un poliment matte & gras. Quoique l’albâtre n’ait pas un beau poli & qu’il soit tendre, on l’a toûjours recherché pour l’employer à différens usages ; on en fait des tables, des cheminées, de petites colonnes, des vases, des statues, &c. On distingue deux sortes d’albâtre, l’oriental & le commun. L’albâtre oriental est celui dont la matiere est la plus fine, la plus nette, & pour ainsi dire la plus pure ; elle est plus dure, ses couleurs sont plus vives ; aussi cet albâtre est-il beaucoup plus recherché & d’un plus grand prix que l’albâtre ordinaire. Celui-ci n’est pas rare : on en trouve en France : on connoît celui des environs de Cluny dans le Mâconnois. Il y en a en Lorraine, en Allemagne, & surtout en Italie aux environs de Rome, & il est encore plus commun qu’on ne le croit. Voyez Stalactite. (I)

Albastre, (Medecine.) L’albâtre étant calciné & appliqué avec de la poix ou de la résine, amollit & resout les tumeurs skirreuses, appaise les douleurs de l’estomac, & raffermit les dents & les gencives, selon Dioscoride. (N)