L’Encyclopédie/1re édition/ACCOUPLEMENT
ACCOUPLEMENT, s. m. jonction du mâle & de la femelle pour la génération. Les animaux s’accouplent de différentes façons, & il y en a plusieurs qui ne s’accouplent point du tout. M. de Buffon nous donne une idée générale de cette variété de la nature dans le 2e vol. de l’Hist. nat. gén. & part. avec la description du Cabinet du Roi, page 311. & suivantes. Voici ses propres termes.
« La plus grande partie des animaux se perpétuent par la copulation ; cependant parmi les animaux qui ont des sexes, il y en a beaucoup qui ne se joignent pas par une vraie copulation ; il semble que la plûpart des oiseaux ne fassent que comprimer fortement la femelle, comme le coq, dont la verge quoique double est fort courte, les moineaux, les pigeons, &c. D’autres, à la vérité, comme l’autruche, le canard, l’oie, &c. ont un membre d’une grosseur considérable, & l’intromission n’est pas équivoque dans ces especes : les poissons mâles s’approchent de la femelle dans le tems du frai ; il semble même qu’ils se frottent ventre contre ventre, car le mâle se retourne quelquefois sur le dos pour rencontrer le ventre de la femelle, mais avec cela il n’y a aucune copulation ; le membre nécessaire à cet acte n’existe pas ; & lorsque les poissons mâles s’approchent de si près de la femelle, ce n’est que pour répandre la liqueur contenue dans leurs laites sur les œufs que la femelle laisse couler alors ; il semble que ce soient les œufs qui les attirent plûtôt que la femelle ; car si elle cesse de jetter des œufs, le mâle l’abandonne & suit avec ardeur les œufs que le courant emporte, ou que le vent disperse : on le voit passer & repasser cent fois dans tous les endroits où il y a des œufs : ce n’est sûrement pas pour l’amour de la mere qu’il se donne tous ces mouvemens ; il n’est pas à présumer qu’il la connoisse toûjours ; car on le voit répandre sa liqueur sur tous les œufs qu’il rencontre, & souvent avant que d’avoir rencontré la femelle.
« Il y a donc des animaux qui ont des sexes & des parties propres à la copulation, d’autres qui ont aussi des sexes & qui manquent de parties nécessaires à la copulation ; d’autres, comme les limaçons, ont des parties propres à la copulation & ont en même tems les deux sexes ; d’autres, comme les pucerons, n’ont point de sexe, sont également peres ou meres & engendrent d’eux-mêmes & sans copulation, quoiqu’ils s’accouplent aussi quand il leur plaît, sans qu’on puisse savoir trop pourquoi, ou pour mieux dire, sans qu’on puisse savoir si cet accouplement est une conjonction de sexes, puisqu’ils en paroissent tous également privés ou également pourvûs ; à moins qu’on ne veuille supposer que la nature a voulu renfermer dans l’individu de cette petite bête plus de faculté pour la génération que dans aucune autre espece d’animal, & qu’elle lui aura accordé non-seulement la puissance de se reproduire tout seul, mais encore le moyen de pouvoir aussi se multiplier par la communication d’un autre individu. »
Et à la page 313. « Presque tous les animaux, à l’exception de l’homme, ont chaque année des tems marqués pour la génération ; le printems est pour les oiseaux la saison de leurs amours ; celle du frai des carpes & de plusieurs autres especes de poissons est le tems de la plus grande chaleur de l’année, comme aux mois de Juin & d’Août ; celle du frai des brochets, des barbeaux & d’autres especes de poissons, est au printems ; les chats se cherchent au mois de Janvier, au mois de Mai, & au mois de Septembre ; les chevreuils au mois de Décembre ; les loups & les renards en Janvier ; les chevaux en été ; les cerfs au mois de Septembre & d’Octobre ; presque tous les insectes ne se joignent qu’en Automne, &c. Les uns, comme ces derniers, semblent s’épuiser totalement par l’acte de la génération, & en effet ils meurent peu de tems après, comme l’on voit mourir au bout de quelques jours les papillons qui produisent les vers à soie ; d’autres ne s’épuisent pas jusqu’à l’extinction de la vie, mais ils deviennent, comme les cerfs, d’une maigreur extrème & d’une grande foiblesse, & il leur faut un tems considérable pour réparer la perte qu’ils ont faite de leur substance organique ; d’autres s’épuisent encore moins & sont en état d’engendrer plus souvent ; d’autres enfin, comme l’homme, ne s’épuisent point du tout, ou du moins sont en état de réparer promptement la perte qu’ils ont faite, & ils sont aussi en tout tems en état d’engendrer, cela dépend uniquement de la constitution particuliere des organes de ces animaux : les grandes limites que la nature a mises dans la maniere d’exister se trouvent toutes aussi étendues dans la maniere de prendre & de digérer la nourriture, dans les moyens de la rendre ou de la garder, dans ceux de la séparer & d’en tirer les molécules organiques nécessaires à la reproduction ; & par-tout nous trouverons toûjours que tout ce qui peut être est ». (I)
ACCOUPLEMENT, s’entend en Architecture de la maniere d’espacer les colonnes le plus près les unes des autres, qu’il est possible, en évitant néanmoins la pénétration des bases & des chapiteaux, comme au portail des Minimes par François Mansard. De tous les ordres, le Dorique est le plus difficile à accoupler, à cause de la distribution des métopes, de la frise, de son entablement ; lesquels, selon le système des anciens, doivent être quarrés, quoique plusieurs Architectes modernes ayent négligé ce précepte, tels que de Brosse à S. Gervais & au Luxembourg, & le Mercier au Palais Royal. (P)