L’Encyclopédie/1re édition/ACCOLADE

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ACCOLADE, s. f cérémonie qui se pratiquoit en conférant un Ordre de Chevalerie, dans le tems où les Chevaliers étoient reçûs en cette qualité par les Princes chrétiens. Elle consistoit en ce que le Prince armoit le nouveau Chevalier, l’embrassoit ensuite en signe d’amitié, & lui donnoit sur l’épaule un petit coup du plat d’une épée. Cette marque de faveur & de bienveillance est si ancienne, que Grégoire de Tours écrit que les Rois de France de la premiere race, donnant le baudrier & la ceinture dorée, baisoient les Chevaliers à la joue gauche, en proférant ces paroles, au nom du Pere & du Fils & du Saint-Esprit, & comme nous venons de dire, les frappoient de l’épée légerement sur l’épaule. Ce fut de la sorte que Guillaume le conquérant, Roi d’Angleterre, conféra la Chevalerie à Henri son fils âgé de dix-neuf ans, en lui donnant encore des armes ; & c’est pour cette raison que le Chevalier qui recevoit l’accolade étoit nommé Chevalier d’armes, & en latin Miles ; parce qu’on le mettoit en possession de faire la guerre, dont l’épée, le haubert, & le heaume, étoient les symboles. On y ajoûtoit le collier comme la marque la plus brillante de la Chevalerie. Il n’étoit permis qu’à ceux qui avoient ainsi reçû l’accolade de porter l’épée, & de chausser des éperons dorés ; d’où ils étoient nommés Equites aurati, différant par-là des Ecuyers qui ne portoient que des éperons argentés. En Angleterre, les simples Chevaliers ne pouvoient porter que des cornettes chargées de leurs armes : mais le Roi les faisoit souvent Chevaliers Bannerets en tems de guerre, leur permettant de porter la banniere comme les Barons. Voyez Banneret. (G)

Accolade, en Musique, est un trait tiré à la marge de haut en bas, par lequel on joint ensemble dans une partition les portées de toutes les différentes parties. Comme toutes ces parties doivent s’exécuter en même tems, on compte les lignes d’une partition, non par le nombre des portées, mais par celui des accolades ; car tout ce qui est sous une accolade ne forme qu’une seule ligne. V. Partition. (S)