L’Élection présidentielle aux États-Unis - Carnets d’un témoin

L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AUX ÉTATS-UNIS
CARNETS DE ROUTE D’UN TÉMOIN


New-York, 5 octobre 1920.

Une élection présidentielle aux États-Unis est une bataille politique qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissons dans notre vieille Europe. Nous ignorons cette fièvre qui ici a bientôt fait de gagner la foule des électeurs, et qui, encore augmentée par les polémiques d’une presse avide de nouvelles à sensation, se traduit, pendant trois mois, par des millions de tracts, des meetings innombrables et des processions colossales.

Les partis sont en Amérique organisés comme de grandes maisons de commerce. Leur budget énorme leur permet de faire une véritable débauche de publicité : enseignes lumineuses, drapeaux gigantesques, affiches en couleur. Aussi ne faut-il pas s’étonner de trouver sur les murs des gratte-ciel, entre un chameau colossal qui symbolise une marque bien connue de cigarettes et un ours qui mord dans un pneumatique pour en montrer la solidité, une tête énorme du sénateur Harding, avec cette légende : « Confiez les intérêts de la nation à un homme d’affaires éprouvé. Votez pour Harding ! »

Le quartier général du parti démocratique, installé au onzième étage du Central Palace, donne l’impression d’une entreprise industrielle menée par des habitués de Wall Street bien plutôt que d’un comité politique. Dans des bureaux spacieux, des femmes tapent sans arrêt sur des machines à écrire et des hommes ne cessent de téléphoner. Il y a là un directeur de la publicité, un « expert en chemins de fer » qui organise les tournées électorales, des agents chargés de surveiller la distribution des tracts de la Société des Nations. Tout ce monde va, vient, s’agite sous la haute direction de George White, le président du parti, un self-made man, qui, il y a trente ans, s’en fut chercher des puits de pétrole dans l’Ouest, et maintenant « vaut » vingt millions de dollars.

La campagne personnelle des candidats ne suffisant pas, il faut encore une petite armée d’orateurs bénévoles, qui iront du New-Jersey au Texas et du Wyoming à l’Alabama. Un de mes amis, M. Edmond Russell, le peintre bien connu, porte la parole pour le sénateur Harding. Des femmes de la société new-yorkaise offrent aussi leur concours à la cause qui leur est chère, et, suivant les cas, louent avec enthousiasme ou critiquent avec acharnement la Société des Nations.

Cinq partis se disputeront jusqu’au 2 novembre la magistrature suprême des États-Unis : les démocrates, dont le candidat est le gouverneur de l’État d’Ohio, James M. Cox ; les républicains, qui sont représentés par M. Warren Harding, sénateur du même État ; les socialistes, dont le candidat, Eugène Debs, purge actuellement sa peine dans la prison d’Atlanta ; le parti des fermiers et des travailleurs, avec Christensen ; et enfin les prohibitionnistes, les ennemis jurés de l’alcool, commandés par M. Watkins, le Messie de l’Amérique sèche.

En fait, les deux seuls adversaires qui comptent sont le gouverneur Cox et le sénateur Harding. Choisis par les membres des conventions de Chicago et de San Francisco, dans les conditions que la Revue a décrites[1], ils représentent les deux grands partis, et c’est entre eux que la bataille sera chaude.

Essayons d’abord d’esquisser un portrait des deux favoris de cette course à la Maison Blanche. M. Cox a cinquante ans, mais il paraît de dix ans plus jeune. Plein d’activité, orateur infatigable, il se dépense depuis deux mois et voyage sans cesse à travers les États de l’Union. M. Harding est plus âgé et aussi plus calme dans ses manifestations. Il préfère haranguer la foule du haut de son balcon, faire des front porch speeches, comme on dit ici, plutôt que d’aller prêcher les cowboys du Colorado ou les mineurs de Californie. M. Cox est progressiste et radical. M. Harding aime mieux ne rien changer à l’ordre des choses, ce qui lui vaut de certains adversaires l’épithète de réactionnaire.

Cox a plus de chaleur, plus d’action sur la foule. M. Harding, plus froid, agit moins sur elle. On aime ou on déteste Cox ; les sentiments qu’inspire Harding sont plus éloignés de ces extrêmes. M. Cox, homme d’affaires accompli, plaît aux commerçants, aux citadins, aux gens qui connaissent la valeur du temps, aiment les formules brèves et les décisions rapides. M. Harding est un homme calme, courtois, pondéré. On dit ici que Cox est une dynamo en marche et Harding un roc inébranlable : c’est pourquoi ce dernier a pour lui les ruraux, les agriculteurs, les gens paisibles des petites villes.

Tels sont les deux adversaires en présence. Une occasion, que je saisis au vol, me permet de monter dans le train spécial du gouverneur Cox et de suivre dans ses moindres détails cette tournée présidentielle.


Louisville (Kentucky), 8 octobre.

Le train spécial du candidat démocratique se compose de quatre wagons : un wagon-salon pour le gouverneur Cox, deux wagons-lits pour la presse, et un wagon-restaurant. La plateforme arrière du dernier wagon est pavoisée. C’est de cette tribune que M. Cox harangue les foules. A noter qu’il prépare lui-même ses discours. Sous pression du matin au soir, et prenant à peine, entre deux harangues, le temps de manger, il fait songer à ces auteurs-acteurs-directeurs qui mettent eux-mêmes en scène et jouent leurs propres pièces.

L’organisation pratique de la tournée est parfaite. Le chef de la publicité à bord du train reçoit la veille le texte sténographié des discours que M. Cox prononcera le lendemain. Au moyen d’un duplicateur, des centaines d’exemplaires sont tirés en cours de route et mis sous enveloppe à l’adresse de quatre cents petits journaux disséminés dans les États-Unis. Car les agences et les grands journaux ont un correspondant spécial dans le train qui, lui, il toutes les stations importantes, remet ses télégrammes aux employés de la Compagnie télégraphique Western Union, laquelle transmet nuit et jour, par fil spécial et sans délai, à New-York, à Washington, à Chicago ou à San Francisco, les discours de M. Cox un quart d’heure après qu’il les a prononcés.

A bord sont les principaux collaborateurs de M. Cox : M. Charles Morris, son secrétaire, et M. Goldsmidt, « expert en la Société des Nations, » comme on l’appelle dans la presse américaine. Une simplicité démocratique est ici de rigueur. M. Cox est baptisé familièrement « Jimmie ; » M. Morris « Charlie. » Comme il fait une chaleur excessive, -— nous sommes en plein été indien (indian summer), — les règles du protocole fléchissent sous la température, et l’on peut très bien converser avec Jimmie en manches de chemise. Signalons encore la présence d’un colosse coiffé du chapeau melon de rigueur. C’est l’agent de la police secrète chargé de veiller sur la sécurité de M. Cox.

Nous arrivons à New Albany, un village de quelque trois ou quatre mille habitants. Le passage du train présidentiel est un événement. Tous les fermiers des alentours sont venus dans leurs petits automobiles Ford, de sorte que la gare de cette modeste bourgade est entourée de plusieurs centaines de véhicules. Dans un pays où les voitures coûtent 400 dollars et où l’essence vaut 30 centimes le litre, il faut être un miséreux abandonné des dieux de Wall Street pour ne point rouler carrosse. Le classique chemineau lui-même rougirait ici de pérégriner à pied.

Des enfants sont juchés sur les poteaux télégraphiques. Un bambin se tient en équilibre au sommet du sémaphore. D’enthousiastes démocrates sont installés sur des piles de traverses. Le train s’arrête. Le Gouverneur Cox parait derrière la rampe de la plateforme. On l’acclame. Il prononce une harangue improvisée, très simple… Une mère qui tient son enfant dans ses bras s’approche. M. Cox tapote affectueusement la petite main du bébé et déclare que rien ne le touche plus que de se trouver en contact avec les jeunes représentants de la future Amérique. On l’applaudit. On siffle. Car les sifflets sont ici un signe d’approbation.

Il y a cinq minutes que parle M. Cox. « Tout le monde à bord ! » crie le manager du train, sans s’inquiéter de la péroraison du candidat. Le train s’ébranle lentement. M. Cox parle encore, serre des mains qui se tendent et rentre dans son wagon. Jusqu’à ce soir six heures, le train, s’arrêtera ainsi dans chaque bourgade importante de l’Ohio. Ici, M. Cox parlera pendant dix minutes. Là, il fera un discours plus long. A Bloomington, le comité local a construit une estrade sur la place du Capitole. La foule s’écrase devant l’estrade. Le gouverneur Cox est acclamé par d’enthousiastes démocrates qui, en guise de bienvenue, exécutent un concert de klaxons et de trompes d’automobiles.

M. Cox a entrepris une croisade en faveur de la Société des Nations. Dans tous ses discours il souligne le point capital de son programme : l’entrée des États-Unis dans la Société des Nations selon la formule de M. Wilson, mais avec certaines réserves destinées à apaiser les appréhensions du peuple américain. Car les adversaires de M. Cox brandissent le fameux article 10 du pacte comme un épouvantail qui menace la souveraineté des États-Unis. « Prenez garde, s’écrient-ils ! Si vous faites partie de la Société des Nations, vous serez obligés d’envoyer vos fils en Europe pour défendre l’intégrité territoriale de quelque Tchéco-Slovaquie dont les destinées vous sont indifférentes. Alors, ce ne sera plus votre congrès qui sera maître de vos actes, mais un Conseil international de diplomates étrangers. »

M. Cox, pour réagir contre cette interprétation, ne manque pas au cours de ses harangues de se livrer à la petite démonstration suivante. Il demande :

— Y a-t-il dans l’assistance un instituteur ? Généralement un brave citoyen lève la main et s’écrie :

— Moi… Gouverneur !

— Bien, continue M. Cox… Dites-moi, mon cher compatriote, qui, d’après notre Constitution, a le droit de décider que les États-Unis participeront à une guerre quelconque ?

— Le Congrès, Gouverneur…

— Parfait… Ce qui revient à dire que le Président des États-Unis ne peut pas plus vous envoyer en guerre que le garde champêtre de cette localité… Donc on vous trompe quand on vous dit que l’article 10 est une menace pour votre liberté d’action.

Les auditeurs du candidat aisément convaincus applaudissent. En fait, la démonstration de M. Cox n’est pas aussi concluante qu’elle le paraît, car les pouvoirs du Président américain sont tellement étendus qu’il peut acculer le Congrès à une impasse et virtuellement lui dicter ses décisions. Mais l’âme simpliste de la foule ne s’attache pas aux détails…


Terre Haute (Indiana), 9 novembre.

Nous pénétrons dans l’État d’Indiana. De chaque côté de la voie ferrée, les champs de maïs se succèdent sans interruption. Nous avons changé de réseau ; un nouvel inspecteur nous accompagne. Les chemins de fer des États-Unis sont la propriété de plusieurs centaines de Compagnies rivales ; en sorte que, pendant notre tournée, nous voyagerons tous les deux jours sur les rails de Compagnies différentes.

Aujourd’hui M. Cox a prononcé une dizaine de discours. Quel métier ! Le soir après son dernier meeting, il lui faut travailler jusqu’à une heure avancée de la nuit. Parfois, vaincu par la fatigue, il s’endort entre deux stations ; M. Morris le réveille dix minutes plus tard et lui dit : « Gouverneur, nous sommes arrivés à X… Ils vous attendent sur le quai… » Alors M. Cox se lève, paraît sur la plateforme, sourit, agite familièrement ses bras en guise de bienvenue et recommence son apostolat en faveur de la Société des Nations.

Hier un incident typique s’est déroulé dans la petite gare de Salem. En approchant de la station, le mécanicien s’aperçoit que le disque est fermé. Il arrête le train et demande à l’aiguilleur pour quelle raison il a donné le signal d’arrêt obligatoire.

— Il n’y a rien de cassé, répond tranquillement l’employé : les camarades voulaient simplement voir Jimmie…

Jimmie dut se lever et paraître en pyjama devant les électeurs satisfaits.


Springfield (Illinois), 10 octobre.

Nous avons franchi pendant la nuit la frontière de l’Illinois, et nous voici en vue de Springfield, ville de 60 000 habitants, où l’on vous montre avec orgueil la maison rustique et modeste qu’habita Abraham Lincoln et le monument sous lequel le grand président est enterré.

Aujourd’hui dimanche sera un jour de repos relatif pour le candidat démocratique. En arrivant à la gare, il déclare à la foule qui l’entoure :

« Mes compatriotes, il serait malséant de parler politique ce matin. Voici le jour du Seigneur, et nous sommes, nous autres Américains, respectueux des principes de notre religion. Allez à l’office divin. Moi, je rendrai hommage aux cendres d’un grand homme qui honora jadis le parti républicain, au temps où ce parti avait encore des principes justes et humains, dans la plus vaste acception du terme. Mes compatriotes, je vous remercie de votre accueil et vous souhaite le bonjour. »

En fait, la journée du gouverneur consistera à conférer avec les membres du Comité local et à dîner, en famille, car Mme Cox est venue rejoindre son mari. Ce sera sa première récréation, si l’on peut dire, depuis qu’il a entrepris cette longue tournée électorale.

Au cours de la soirée, M. Cox me reçoit dans sa chambre et m’expose ses idées sur les relations franco-américaines :

— Mes sentiments envers la France, dit-il, sont ceux d’un fils envers sa mère. Nous savons qu’elle est la grande blessée de la guerre et qu’elle a souffert plus qu’aucune autre nation. Mais il n’y aura pour elle de possibilité de résurrection, je parle surtout au point de vue matériel, que lorsque la situation en Europe se sera stabilisée. Et, pour cela, il faut que la politique des États-Unis soit déterminée dans un sens ou dans l’autre. Adopterons-nous la devise : « l’Amérique d’abord, » ou entrerons-nous dans une Société dont quarante nations font déjà partie ? Jamais les électeurs américains n’ont été appelés à résoudre problème plus grave et d’une plus haute importance morale.

— Gouverneur, que pensez-vous de l’aide que l’Angleterre et les États-Unis ont promise à la France, dans le cas où l’Allemagne l’attaquerait subitement ? Seriez-vous prêt, si vous étiez élu Président, à souscrire à l’engagement signé par M. Wilson ?

— Oui, nous serions prêts à remplir toutes nos obligations.

— Êtes-vous partisan de l’entrée de l’Allemagne dans la Société des Nations ?

— Oui, je voudrais que toutes les nations fissent partie de la Société, si du moins elles s’engagent à en observer les statuts. Je voudrais que l’Allemagne, elle aussi, y fût admise, dès qu’elle aura donné les preuves de sa bonne foi et de sa bonne volonté dans l’exécution des clauses du Traité de Versailles. »


Saint-Louis (Missouri), 11 octobre.

Le Comité démocratique de Saint-Louis a organisé ce lundi soir un meeting monstre dans l’énorme salle du Coliseum.

Notre train s’approche de la grande ville qui étend ses faubourgs industriels au long des rives du Mississipi. C’est le crépuscule. Le soleil, à l’horizon, apparaît comme une grosse orange dans un halo grisâtre de poussières et de fumées. Ce ne sont qu’usines et que halls vitrés, dans un réseau de voies ferrées qui s’entrecroisent à l’infini. Ses hautes cheminées se dressent, maculées de suie, vers le ciel où déjà quelques étoiles scintillent. Là-bas le Mississipi, large de deux kilomètres, coule entre deux guirlandes lumineuses de lampes électriques qui se reflètent dans la moire obscure du grand fleuve. L’immense gare de Saint-Louis est pleine de monde. Il est huit heures. Cox est salué par une orchestration savante de sifflets de locomotive et franchit la salle des Pas perdus entre deux haies de curieux qui l’acclament. Il aura juste le temps de se rendre aux bureaux du Comité démocratique, de serrer les mains des politiciens locaux et de se hâter vers le Coliseum.

Imaginez une salle rectangulaire trois fois plus grande que l’Hippodrome de Paris et décorée à profusion, du parterre aux troisièmes galeries, avec des bannières étoilées. Au centre, une estrade est dressée, sur laquelle s’installent les invités du Comité. Tout autour de cet îlot d’auditeurs privilégiés, c’est un océan de têtes. Les travées entre les sièges sont remplies d’électeurs debout qui, patiemment, pendant deux heures, écouteront le discours du candidat. Il y a plus de quinze mille personnes dans cette halle que les lampes à arc inondent de lumière blafarde. Les femmes, aussi nombreuses que les hommes, manifestent autant d’intérêt que les électeurs mâles. Comme elles voteront cette année pour Cox ou pour Harding, elles veulent très consciencieusement se faire une opinion personnelle et comparer les mérites des deux candidats.

M. Cox paraît : les bravos crépitent, et les hourras entremêlent leurs diapasons variés. Il a l’air d’un pygmée sur l’estrade de cette salle géante. C’est un pygmée qui, deux heures durant, de toute la force de ses poumons, va s’efforcer de convaincre ses quinze mille auditeurs attentifs.


Peoria (Illinois), 12 octobre.

Son discours à peine fini, M. Cox monte dans l’automobile fleuri qui l’attend et qui le conduit à la gare. Le train repart dans dix minutes. Notre candidat, en passant, serre les mains des employés, des chauffeurs, des aiguilleurs, des hommes d’équipe, et rentre dans son wagon. Le train route toute la nuit et passe sur le territoire de l’Etat d’Illinois. Dès huit heures du matin, M. Cox, levé, recommence ses harangues. Entre son petit déjeuner et son repas de midi, il aura prononcé cinq discours de plus. Après l’effort qu’il a fourni hier soir, je m’étonne de le retrouver aussi inaccessible à la fatigue. Comme le Président du Comité national démocratique, M. While, me l’a dit : « Jimmie est un coq de combat… Il est plein de poivre (full of pep). » Et cette expression d’argot chère aux Yankees le dépeint exactement.

A dix heures et demie, nous arrivons à Peoria, cité industrielle célèbre pour ses distilleries. Avant la prohibition, on y fabriquait le whisky en abondance. Depuis que la loi Volstead a interdit la consommation des boissons qui contiennent plus d’un degré et demi pour 100 d’alcool, les distilleries de Peoria sont dans le marasme. Elles ne produisent plus que des alcools pharmaceutiques, du moins officiellement. Car il y a des accommodements avec la Prohibition : la contrebande des liqueurs et des spiritueux est devenue un métier lucratif. Les scandales ne se comptent plus. A Chicago, le grand jury est en train d’éclaircir une affaire de corruption de fonctionnaires. Il ne s’agit de rien de moins que trois millions de dollars, soit quarante-cinq millions de francs au cours du jour. A New-York, la police a découvert une association de bootleggers (c’est ainsi qu’on appelle ceux qui se livrent au trafic illicite des liqueurs), association puissamment organisée, avec ses succursales, ses tarifs secrets et ses moyens de transport mystérieux. Un bootlegger ingénieux, arrêté récemment, n’avait rien trouvé de mieux pour livrer ses caisses de gin à la barbe des autorités fédérales, que de dissimuler ses bouteilles dans un corbillard. Chaque voyage de ce corbillard rapportait quelques milliers de dollars à ce croquemort trop habile, dont l’aventure vécue semble un conte d’Edgar Poë corrigé par Mark Twain.

C’est donc dans la Cité de l’alcool que parle ce matin M. Cox. Le meeting a lieu dans une salle de danse qui porte le nom gracieux de Pays des Fées. Malgré le décor profane de cette salle où les lampions alternent avec les accessoires de cotillon, le Président invite le clergyman présent à dire une prière. Le révérend Smith se lève, loue le Seigneur, et mêle sans transition plausible le nom du Créateur à la Société des Nations, aux vertus de M. Wilson et aux mérites de M. Cox. Les auditeurs murmurent Amen, et M. Cox parle.

Il est onze heures et demie. Nous avons encore vingt minutes avant le départ de notre train : c’est plus de temps qu’il n’en faut pour faire un discours. Justement les membres du Club des Optimistes ont organisé un déjeuner dans le restaurant d’un grand magasin de nouveautés. M. Cox va leur parler. Nous nous précipitons à travers le rayon de bonneterie dans l’ascenseur qui nous dépose au neuvième étage. Trois cents Optimistes sont là qui acclament le Gouverneur et écoutent ses commentaires sur la situation politique. Mais les minutes sont comptées. M. Cox tire sa montre, conclut, et distribue cent poignées de mains. Nous nous hâtons vers un autre ascenseur qui nous dépose au rez-de-chaussée. Nous courons à travers un dédale d’articles de ménage et de confiseries variées, tandis que les vendeuses applaudissent, et nous sautons dans les automobiles qui nous ramènent à la gare. Au moment précis où M. Cox parait sur le quai, un coq, dans un panier posé sur un chariot, lance un cocorico retentissant. Les rires éclatent et les spectateurs amusés commentent l’esprit d’à propos de ce volatile qui, justement, est l’emblème du parti démocratique.


Indianapolis (Indiana), 15 octobre.

J’ai remercié le candidat démocratique pour la cordialité de son accueil et j’ai quitté son train pour me rendre à Indianapolis, où son adversaire, le sénateur Harding, parlera ce soir.

Le programme républicain, après quelques oscillations, qui d’ailleurs ont été exploitées par les Démocrates, est à présent fixé. Il se résume ainsi :

« Contrôle absolu des États-Unis par les États-Unis. Pas d’influences étrangères dans les affaires de la nation.

« Les Américains peuvent gouverner leur pays sans l’aide de l’Europe.

« A l’avenir, comme par le passé, on ne verra qu’un seul drapeau, le 4 juillet. Un seul drapeau suffit.

« Ce pays restera américain. Son prochain Président restera en Amérique. Les affaires américaines seront discutées par les serviteurs du pays, à Washington, et non point dans une capitale étrangère.

« Depuis longtemps, nous avons manifesté notre répugnance pour toute ingérence étrangère dans notre gouvernement. Si quatre millions d’Américains ont pu se gouverner eux-mêmes et régler leurs propres affaires, il y a cent quarante ans, cent millions d’Américains, — c’est-à-dire vingt-cinq fois plus — peuvent en faire autant aujourd’hui.

« Harding et Coolidge en donneront la preuve à l’Europe tout entière, à l’Asie et à l’Afrique, quand vous les aurez envoyés à Washington. »

Telle est la déclaration de principes définitive du parti républicain. Elle se résume en ces deux mots que le sénateur Harding a souvent prononcés au cours de ses discours : America first (l’Amérique d’abord). Elle est nettement dirigée contre la Société des Nations de M. Wilson. Les discours des orateurs républicains ne nous laissent aucune illusion à ce sujet. En voici deux qui sont particulièrement typiques.

Le 7 octobre, à Newport (Kentucky), au cours d’un meeting fort nombreux, j’ai entendu le colonel Roosevelt Junior, le propre fils de l’illustre Président, déclarer que la Société des Nations actuelle contient plus de germes de guerre qu’aucun autre document, et que le Conseil des Neuf, qui doit siéger prochainement à Genève, comprendra les représentants de cinq Rois et d’un Empereur (l’Empereur du Japon), de sorte que, sur neuf membres, six seront les porte-parole de têtes couronnées. »

Et, le colonel Roosevelt ajouta :

— La Grande-Bretagne et ses colonies ont six voix, tandis que les États-Unis n’en ont qu’une, car je ne sache-pas que nos colonies, telles que l’Alaska ou Puerto Rico, seront représentées… L’Equateur, avec sa population qui représente le tiers de celle de Chicago, a autant de voix que les États-Unis, et pourtant 90 pour 100 de la population de l’Equateur ne savent ni lire ni écrire… Nous n’avons que faire des théories impraticables des professeurs… Nous voulons revenir au sens commun du peuple. Nous repousserons cette Société des Nations, si peu américaine. Nous voulons bien combattre pour une grande cause, mais c’est nous qui définirons cette cause, et non pas un concert de diplomates européens. »

Après ces paroles significatives du colonel Roosevelt, M. E. P. Morrow, président du meeting, exposa, à son tour, le point de vue républicain et fut non moins catégorique :

— Beaucoup de gens, dit-il, ont ces temps derniers parlé avec abondance des nations européennes, et très peu de notre propre pays… Depuis cent ans, nous avons assez bien réussi en réglant nos affaires nous-mêmes. Or, à présent, on nous demande de nous lancer sur la route inconnue de l’internationalisme ; on nous demande de former une alliance offensive avec quarante autres nations… Mais où les querelles naissent-elles ? Là-bas (C’est-à-dire en Europe). Où fait-on la guerre ? Là-bas… Où sont toutes les frontières qu’il faut sauvegarder ? Là-bas…Où sont tous les faillis ? Là-bas… En revanche, où la paix règne-t-elle ? Ici… Où l’argent se trouve-t-il ? Ici… Où sont les Nations qui ont signé ce pacte merveilleux ? Là-bas… Qu’est-ce que vous pensez de ma proposition : Laissons donc ceux qui l’ont signé se tirer d’affaire là-bas, pendant que nous, nous resterons tranquillement ici ? »

Les paroles de ces deux orateurs républicains illuminent toute la campagne présidentielle : voter pour le sénateur Harding, c’est voter contre la Société des Nations.


* * *

Ce vendredi soir, 15 octobre, M. Harding parlera au Tomlinson Hall d’Indianapolis. Dès six heures, la foule s’écrase devant les portes de cette vaste salle, et les femmes ne sont pas les moins ardentes à vouloir forcer la consigne. Les milliers d’auditeurs qui n’entendront pas le Sénateur dans le hall seront récompensés de leur zèle en écoutant le deuxième discours qu’il fera en plein air sur le balcon du Club républicain. Cinq mille personnes s’entassent dans cette salle qui en peut contenir trois mille cinq cents. La patience de ces électeurs, — et de ces électrices, — est admirable. Il n’est que sept heures du soir, et ils sont là, debout par centaines, entre les travées des sièges, qui attendront jusqu’à huit heures et demie l’arrivée du Sénateur.

Pour faire passer le temps, le secrétaire du Comité se dépense et fait à la fois fonctions d’huissier et de chef d’orchestre. Il fait un signe aux musiciens, et en battant la mesure, invite les cinq mille assistants à chanter avec lui, sur un air connu, des couplets qui ridiculisent le gouverneur Cox. Cette parodie de la mélodie Bulle de savon est conçue en ces termes :

« Cox a un programme. — Mais ce n’est qu’un rêve. — Il ne nous trompera pas. — Il s’imagine être le seul homme qui puisse commander à la terre et aux océans. — Mais tout cela ce sont des bulles de savon qu’il lance vers le ciel (bis).

Refrain : Cox fait des bulles, — de petites bulles qui montent, — et qui montent là-haut, — si haut qu’elles éclatent, — au grand dam des pauvres démocrates. »

Ce n’est pas méchant, mais cela amuse les farouches républicains d’Indianapolis. Et puis, cela leur fait oublier que depuis plus d’une heure ils étouffent, debout, dans une atmosphère surchauffée.

Tout à coup une rumeur monte de la rue, d’abord lointaine, puis plus grave et plus précise. L’estrade s’agite. Les femmes se lèvent pour mieux voir. Le sénateur paraît. Alors retentit une ovation formidable, un cyclone de hourras, de cris suraigus et de coups de sifflet stridents. Le vacarme que cinq mille personnes peuvent faire dans un espace clos dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

Cependant, le sénateur Harding agite son chapeau. Il ressemble à Mac Kinley. Il a la physionomie à la fois digne et souriante d’un pasteur bon vivant, et, dans sa démarche et dans ses gestes, l’affabilité protocolaire du chef d’État. Lorsque la tempête s’est un peu calmée, une féministe d’Indianapolis qui, d’après le programme, doit présenter le candidat aux électeurs, se lève et fait un petit discours. Remarquons en passant que Démocrates et Républicains ne cessent de prodiguer leurs amabilités aux nouvelles électrices qui pourraient bien leur réserver des surprises le jour de l’élection.

Le sénateur parle enfin. Dès qu’il aborde la politique extérieure et la Société des Nations, il lit ses déclarations. Comme ses adversaires l’ont accusé de changer fréquemment d’avis sur ce point, il ne se livre pas aux dangers de l’improvisation.


New-York, 25 octobre.

Les républicains ont dépensé trois millions de dollars pour leur propagande, ce qui, au cours du jour, représente quarante-cinq millions de francs. « Même à ce taux-là, il est heureux que nous n’élisions un président que tous les quatre ans, me disait un sénateur au Comité national républicain. Sinon, nous y serions de notre poche. »

Si l’on considère, en effet, les dépenses que représente une élection présidentielle, on ne s’étonne plus que les frais de campagne des deux partis adverses s’élèvent à une centaine de millions de francs. Une simple visite au quartier général républicain, dans la 44e rue, suffit pour s’en rendre compte. Le général Herbert de Fossé, qui m’a conduit dans les méandres du sérail, m’a expliquées détail l’organisation du Comité national. Sait-on, par exemple, que le programme du parti républicain a dû être imprimé en quarante-trois langues différentes, parce que 72 pour 100 des citoyens américains, à l’Est du Mississipi et au Nord d’une ligne droite qui joindrait Baltimore à Saint-Louis, ne parlent presque pas l’anglais, ou du moins ne le savent pas assez pour le lire ? D’où la nécessité de traduire les pensées de M. Harding en polonais, en tchèque, en hongrois, en italien, en hébreu, en allemand, etc…


31 octobre.

La campagne électorale de M. Cox bat tous les records. Voici quelques chiffres qui en donneront une idée. Depuis que la Convention de San Francisco l’a désigné comme candidat, M. Cox a parcouru trente-cinq mille kilomètres sur les voies ferrées du pays. Il a visité en détail trente-six États et parlé devant deux millions d’électeurs. Il vient de rentrer dans son foyer de Dayton et attend l’imminent résultat de la consultation nationale. A dire vrai, ses chances sont minimes, bien qu’il ait déclaré hier soir : « L’Humanité souffrante attend la voix de l’Amérique. Le sentiment de ce pays est en grande majorité en faveur de la Société des Nations. Le vote du 2 novembre signifiera pour le monde la joie ou la souffrance. »

Et pourtant, M. Cox ne sera pas élu. Les statistiques préliminaires dans les États douteux sont en faveur de M. Harding. La cote du candidat républicain est 8 contre 1. Son élection est déjà considérée comme assurée. L’autre soir, les rues de New-York ont été le théâtre d’une démonstration colossale. Une retraite aux flambeaux a réuni cinquante mille républicains qui, porteurs de longues torches électriques rouges et vertes, ont parcouru à la tombée de la nuit les artères principales de la grande ville. Vue d’un trentième étage, cette procession de torches offrait un spectacle inoubliable. On eût dit que des myriades de lucioles se répandaient dans la cité, entre les falaises abruptes des gratte-ciel en ténèbres.


1er novembre.

Le sexe faible se prépare pour l’élection. Une douzaine de millions de femmes iront demain joindre leurs bulletins de vote à ceux de la gent masculine. Cette année, pour la première fois, les citoyennes de l’Union, collaboreront intimement à l’élection du Président. La nouveauté du fait réside surtout dans le nombre des votantes, car, en réalité, depuis cinquante ans, les femmes votent comme les hommes dans l’Etat de Wyoming, par exemple, et depuis vingt-cinq ans dans le Colorado, l’Utah et l’Idaho.

L’organisatrice du suffrage féminin est Mme Chapman Catt qui, ces dernières années, a fait preuve de qualités d’administrateur incomparables. C’est elle qui a unifié les programmes des nombreuses ligues féminines et nationalisé les efforts divergents de ces associations. La Ligue des Électrices a défini ainsi son vaste et noble dessein : collaborer à une œuvre législative qui aura pour objet d’améliorer le collège électoral et par suite tout le système politique de la nation américaine. Plusieurs comités nationaux se sont formés qui, chacun, travailleront à assurer l’américanisation des citoyennes, la protection de l’ouvrière, l’éducation de l’enfant, l’amélioration de la loi électorale, l’hygiène sociale et l’unification du statut civil de la femme. Comme on le voit, les suffragettes d’hier, électrices d’aujourd’hui, voient grand…


2 novembre.

Depuis six heures du matin les sections de vote sont ouvertes. Contrairement à ce qui se passe en France, les électeurs ne se rendent pas à la mairie ou à l’école du quartier ; ils vont, chez le coiffeur, l’épicier, ou le fruitier au coin de la rue, car l’administration municipale a déposé les urnes dans les boutiques de ces honorables commerçants. Il va ainsi dans la ville de New-York des centaines de sections où, jusqu’à six heures du soir, les citoyens exprimeront leurs suffrages.

Le bulletin de vote ne consiste pas, comme on pourrait le croire, en un petit carré de papier sur lequel est imprimé le nom du candidat à la présidence. Le système américain est beaucoup plus compliqué. D’abord, l’électeur ne vote pas directement pour Cox ou pour Harding. Il vole pour des électeurs du deuxième degré qui, eux, voteront pour le candidat, conformément aux vœux des électeurs du premier degré, sans toutefois être tenus de se conformer à leur opinion. De sorte que ce procédé bizarre réserve parfois des surprises.

Le bulletin est une grande feuille de papier, longue et large de cinquante centimètres, divisée en sept colonnes. La première porte l’emblème du parti démocrate, c’est-à-dire une étoile, les noms de Cox et de P. D. Roosevelt (ce dernier étant le candidat à la vice-présidence) et la liste des noms des membres du collège électoral démocratique. La deuxième colonne est celle des Républicains avec l’aigle, emblème du parti, et les noms de Harding et de Coolidge. La troisième colonne est celle du parti socialiste et s’adorne d’un bras musclé qui brandit une torche. La quatrième est réservée au parti de la Prohibition, que symbolise avec beaucoup d’à-propos une fontaine Wallace. La cinquième, celle du parti travailliste, est illustrée d’un autre bras musclé, mais qui brandit un marteau au lieu d’une torche. La sixième, celle de M. Christensen, nous montre les deux mains unies des travailleurs des villes et des travailleurs des champs. Enfin la septième contient cette observation : « Dans la colonne ci-dessous, l’électeur peut inscrire le nom d’une personne quelconque pour laquelle il désire voter et dont le nom ne serait pas imprimé sur le bulletin. » Inutile de dire que de joyeux électeurs en profitent à chaque élection pour écrire dans cette colonne les noms de célébrités américaines qui n’ont qu’un lointain rapport avec la politique, telles que Charlie Chaplin, Mary Pickford, un champion de boxe ou un assassin notoire.

Les électeurs plus sérieux doivent, pour exprimer leur opinion, marquer d’une croix la colonne de leur candidat. Mais ce n’est pas tout. Ils reçoivent en même temps deux autres grandes feuilles : l’une, qui contient les noms des candidats aux fonctions administratives et aux fonctions législatives de l’Etat dans lequel ils résident ; l’autre qui est un référendum relatif aux amendements éventuels à la Constitution des États-Unis.

Tous les grands journaux de la cité ont pris leurs dispositions pour informer le public heure par heure des résultats de l’élection. D’immenses écrans permettront de projeter immédiatement les chiffres à mesure que le télégraphe les transmettra aux salles de rédaction.


Huit heures du soir.

Malgré la pluie qui tombe, les curieux sont assemblés dans les squares et manifestent leur joie ou leur désappointement quand Cox ou Harding triomphent dans tel district ou dans tel État.

La majorité républicaine s’annonce déjà écrasante. Au quartier général républicain l’optimisme règne, car la défaite des Démocrates dépasse toutes les prévisions. Pour passer le temps, le général de Fossé me donne quelques chiffres qui illustrent bien l’énorme effort que l’élection a coûté au parti. Les Républicains ont fait tirer 12 000 000 de portraits de M. Harding ; ils ont distribué 20 000 000 de boutons emblèmes et 500 000 brochures résumant leur programme ; 1 000 000 de communiqués ont été transmis à la presse du pays, etc… Les Démocrates d’ailleurs se sont livrés à la même débauche de propagande. Ils n’ont fait imprimer que 4 000 000 de portraits de Cox, mais en revanche, ils ont répandu 1 500 000 exemplaires du pacte de la Société des Nations. Et l’émunération continue. C’est la danse des millions, c’est un Maëlstrom de papier qui s’est répandu sur toute l’Amérique pour convaincre le citoyen Smith et influencer la citoyenne Brown.

Tous les grands hôtels projettent dans leurs halls, de quart d’heure en quart d’heure, les résultats qu’on leur téléphone. Nous apprenons ainsi que le premier électeur qui a voté dans la circonscription de New-York est une femme, Mme Wanamee ; levée dès cinq heures du matin, elle a obtenu le bulletin de vote N° 1 Aussitôt les éditions du soir des journaux nous donnent en une colonne la biographie complète de cette éphémère célébrité ! On nous annonce aussi que M. Cox a voté à Dayton dans une boutique de confiseur, que Mme Cox a naturellement voté pour son mari et que le sénateur Harding a attendu derrière une longue file de citoyens, refusant aimablement de passer avant son tour.

Une heure du matin. La gaîté règne sur la ville. On danse éperdument au Ritz Carlton. A la griserie des joutes présidentielles a succédé le rythme fringant des fox trots ininterrompus. Tout à coup le télégramme fatidique apparaît sur l’écran. Le Gouverneur Cox vient d’envoyer ses félicitations au sénateur Harding… C’est la poignée de mains de deux loyaux adversaires qui se sont battus au grand jour. C’est la conclusion d’un tournoi qui a duré quatre mois. Le 4 mars prochain, M. Harding entrera à la Maison Blanche.


MAURICE DEKOBRA.

  1. Voir, dans la Revue du 1er septembre, Les « Conventions » américaines (juin-juillet 1920, par M. Georges Lechartier.