L’Aurore (André Fontainas)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 54-55).


L’Aurore


Jardin rare et délicieux
Dont les fleurs embaument les cieux,
xxxxxxxx Splendide Aurore,
Que le réveil chaque matin
De son rire chaud et mutin
xxxxxxxx Câline et dore,

Bouquet des riches floraisons,
Que ne fanent pas les saisons
xxxxxxxx Endolories,
Les Automnes ni les Hivers,
Gloire des Printemps toujours verts
xxxxxxxx Et des féeries,

Âme du soleil caressant
Qui de la pourpre de son sang
xxxxxxxx Es parfumée,
D’où la céleste éclosion
Des fleurs sans cesse en fusion
xxxxxxxx Sort transformée,


Aurore, est-ce toi qui pétris
La finesse des tons fleuris
xxxxxxxx Pâles et roses
De la Madone de Beauté,
Dont la chair surpasse en clarté
xxxxxxxx La chair des roses ?

Sur ses lèvres, où les chansons
S’épandent comme des frissons,
xxxxxxxx Où semblent vivre
Les mots tendrement étourdis,
N’est-ce pas toi qui répandis
xxxxxxxx La lumière ivre ?

Et son œil doux d’un bleu si clair
Est frais comme un souffle de l’air ;
xxxxxxxx Sa chevelure
Qui s’éparpille, et jase, et rit.
Est faite, comme son esprit,
xxxxxxxx De clarté pure !