L’Assassinat de la duchesse de Praslin/Texte entier
de la Duchesse de Praslin
Droits de traduction et de reproduction
réservés pour tous pays.
Published 30 juillet 1908
Privilege of copyright in the United
States reserved under the Act approved
March 3 1905 by Louis-Michaud, Paris.
PRÉFACE
L’assassinat de la duchesse de Praslin fut l’un des plus épouvantables scandales qui, en 1847, ébranlèrent le trône de la Monarchie de Juillet.
Depuis, l’imagination populaire a brodé toute sorte de légendes autour de ce drame, qui, demeurant inexpliqué, favorisait l’éclosion de cent hypothèses.
Le premier, l’auteur de ce livre a eu la redoutable fortune d’étudier le dossier de cette procédure, et c’est à la lumière des correspondances saisies qu’il a pu entrevoir les mystérieux secrets que les juges de 1847 avaient soigneusement voilés à tous les regards.
C’est un triste et déplorable drame de famille. C’est une lamentable histoire que celle de Théobald de Praslin et de Fanny Sébastiani. Que de fois, écœuré, envahi par un cauchemar, l’auteur de ce livre, après lecture d’une des pièces volontairement négligées par les pairs de 1847, s’est arrêté dans sa tâche, refusant d’en croire ses yeux et en appelant contre la logique de la raison « à toutes les mères ! » Mais aussitôt, un nouveau document venait confirmer et consolider les affirmations du premier.
Quel carnage des opinions préconçues, legs de nos pères ! La légende de « l’ange de vertu », qu’aurait été Mme de Praslin, a vécu ; il ne reste plus qu’une horrible, qu’une monstrueuse détraquée. La légende des amours du duc et de « l’ambitieuse » institutrice, se réduit à l’idylle platonique d’une pauvre fille isolée, sans affection dans la vie, et d’un dégoûté de la femme, en qui ne vivait plus que le sentiment paternel.
On ne pourra plus parler du boucher aux trente blessures. L’horrible et douloureux justicier paraîtra ce qu’il fut en réalité, un père atrocement malheureux, un faible qui, mal armé pour la lutte, fut très inférieur aux infortunes qui l’accablèrent.
Comme dans tous les volumes de cette collection, des reproductions de quelques documents du procès, des portraits, des estampes, des témoignages graphiques de tout genre, forment l’illustration documentaire, et comme une sorte de commentaire de cette étude.
L’Assassinat de la Duchesse de Praslin
I
Un grand Mariage en 1824.
Vendu par Mme Fouquet à la mort de son fils, le château de Vaux vit renaître, après 1705, ses jours de splendeurs sous son nouveau propriétaire, le maréchal de Villars. La maréchale y reçut noble et élégante compagnie et, après la mort du vainqueur de Denain, sous sa belle-fille choyée par la reine Marie Leczinska, parfois, sur le perron grandiose, quand les nuits étaient claires. Voltaire, qui se piquait de science, fit à de belles dames un cours d’astronomie. Puis, Vaux fut encore une fois négligé, ses nobles salles désertées et démeublées, ses parterres délaissés, abandonnés. Un paysan de Maincy avait-il besoin de pierres de taille, on lui laissait enlever celles des vasques et des bassins que rendait inutiles la destruction des canalisations.
Dans cette détresse de parc en ruines, Vaux retrouva un créateur. En 1764, la terre fut cédée à Gabriel, duc de Choiseul-Praslin, alors ministre de la marine, à côté de son cousin le grand Choiseul. Ce fut une possession d’un caractère intelligent et réparateur. Gabriel de Choiseul habita parfois Vaux, — Vaux-Praslin, comme on l’appela dès lors — et quand la Dubarry fit congédier l’exilé de Chanteloup, la cour d’honneur du château vit aussi défiler ces nombreux carrosses dont la présence était un geste d’opposition contre les caprices de la favorite. Pour accueillir dignement tant de nobles visiteurs, Gabriel de Choiseul fit tendre dans le salon d’admirables tapisseries de Boucher : La Jeunesse de Bacchus, le Char du Soleil, les Cyclopes. Son œuvre de reconstitution fut continuée par Regnault de Praslin, maréchal de camp, député à l’Assemblée Nationale par la noblesse de l’Anjou, l’un des premiers à se réunir au Tiers. Regnault mourut au début de la Révolution le 5 décembre 1791. Ce fut avec son fils, Antoine-César-Gabriel, que le château de Vaux connut les jours mauvais de la Terreur. Député suppléant à la Constituante, maréchal de camp sous le régime constitutionnel, il n’avait pas émigré. Il fut donc incarcéré dans les cachots révolutionnaires, et, quand Bonaparte rétablit l’ordre, il devint en l’an VIII un de ses premiers sénateurs. Charles-Raynald-Laure-Félix, qui porta le titre de duc de Praslin, se trouvait donc tout naturellement enrégimenté dans le personnel de la Cour impériale. Chambellan de Napoléon, il fut pair de France à la première Restauration, mais, ayant adhéré aux Cent-Jours, il tomba en disgrâce et ne fut de nouveau appelé à la pairie qu’en 1819. Il avait épousé Charlotte-Laure-Olympe le Tonnelier de Breteuil, fille du comte de Breteuil, l’ancien confident de Marie-Antoinette, rallié lui aussi sur ses vieux jours au gouvernement impérial. Sa femme, d’un caractère autoritaire, lui laissait, disait-on, toute liberté et toute indépendance à condition d’être maîtresse absolue à Vaux-Praslin et dans leur maison de Paris et de diriger à son gré l’éducation de leurs enfants. Il avait pour elle, bien qu’ils se détestassent[1], tous les égards, et même les soins les plus attentifs, quand elle devint aveugle. Mais le château, qui avait beaucoup souffert pendant la tourmente révolutionnaire, demeura au second plan dans ses préoccupations. Il n’eut pas moins de six en Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/15 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/16 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/17 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/18 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/19 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/20 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/21 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/22 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/23 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/24 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/25 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/26 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/27 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/28 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/29 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/30 Page:Savine - 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VI
Meurtre et Suicide.
Le duc est entré dans sa chambre et s’est couché. Il ne dort pas ; il semble guetter les bruits de la maison. Le jour où il est arrivé de Praslin comme un fou, bouleversé par les récits de son fils, il a dévissé la targette du verrou qui ferme la porte de la chambre de sa femme sur l’antichambre[2]. Désormais, elle ne pourra plus s’enfermer chez elle. A-t-il à ce moment-là conçu l’idée de la tuer ? N’agit-il que dans un but de surveillance ? Il est difficile de préciser. Mais un autre indice, découvert plus tard, n’est explicable que par la préméditation. Quand, deux mois environ après la mort de la duchesse, on veut démonter le ciel de lit, énorme baldaquin chargé de lourds ornements et d’armoiries, le tapissier Leys s’aperçoit qu’il ne tient plus que par un écrou à demi dévissé, et qu’on a dissimulé, avec de la cire à cacheter, les vides formes par l’enlèvement des autres écrous. On cherche ces écrous, et on les découvre, avec les vis, dans le tiroir de la commode du duc. Comme à son voyage de fin juillet, Praslin a interdit aux domestiques de toucher à la chambre de la duchesse, il n’est pas douteux que, dès ce moment, sa décision de tuer sa femme ait été prise.
Cet homme, qui, dans l’affaire Teste-Cubières, a opiné pour les conclusions les plus rigoureuses[3] ne se considère certes pas comme un assassin. La duchesse s’est jugée elle-même. Ne lui disait-elle pas dans une de ses Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/156 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/157 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/158 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/159 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/160 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/161 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/162 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/163 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/164 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/165 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/166 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/167 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/168 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/169 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/170 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/171 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/172 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/173 Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/174 qu’à quelle heure ? — Je ne me le rappelle pas. — Votre résolution était-elle arrêtée quand vous vous êtes couché ? — Non, d’abord, je ne sais pas si cela peut s’appeler une résolution. — Quand vous vous êtes réveillé, quelle a été votre première pensée ? — Il me semble que j’ai été réveillé par des cris dans la maison et que je me suis précipité dans la chambre de Mme de Praslin. » Ici le duc ajoute en soupirant : « Je demanderais que vous me rendissiez la vie, que vous interrompissiez cet interrogatoire. — Quand vous êtes entré dans la chambre de Mme de Praslin, vous ne pouviez pas ignorer que toutes les issues autour de vous étaient fermées, que vous seul pouviez y entrer : — J’ignorais cela. — Vous êtes entré, ce matin-là, plusieurs fois dans la chambre de Mme de Praslin. La première fois que vous y êtes entré, elle était couchée ? — Non, elle était malheureusement étendue par terre. — N’était-elle pas étendue à la place où vous l’aviez frappée pour la dernière fois ? — Comment m’adressez-vous une pareille question ? — Parce que vous ne m’avez pas répondu tout d’abord. D’où viennent les égratignures que j’aperçois à vos mains ? — Je me les étais faite la veille en quittant Praslin en faisant précipitamment mes paquets avec M™" de Praslin. — D’où vous vient cette morsure que j’aperçois à votre pouce ? — Ce n’en est pas une. — Les médecins qui vous ont visité ont déclaré que c’était une morsure. — Épargner, épargnez-moi, ma faiblesse est extrême. — Vous avez dû éprouver un moment bien pénible, quand vous avez vu, en entrant dans votre chambre, que vous étiez couvert de ce sang que vous aviez versé et vous vous êtes empressé de le laver. — On a bien mal interprété ce sang. Je n’ai pas voulu paraitre devant mes enfants avec le sang de leur mère. — Vous êtes bien malheureux d’avoir commis ce crime. » Praslin ne répond pas et paraît absorbé. « N’avez-vous pas reçu de mauvais conseils qui vous auraient poussé à ce crime ? — Je n’ai pas reçu de conseil. On ne donne pas de conseil pour une chose semblable. — N’êtes-vous pas dévoré de remords ? et ne serait-ce pas : pour vous une sorte de soulagement d’avoir dit la vérité ? — La force me manque aujourd’hui. — Vous parlez sans cesse de votre faiblesse. Je vous ai demandé tout à l’heure de répondre par oui ou par non ? — Si quelqu’un pouvait me tâter le pouls, il jugerait bien de ma faiblesse. — Vous avez eu tout à l’heure assez de force pour répondre à un grand nombre de questions de détail que je vous ai adressées. La force ne vous a pas manqué pour cela. » Praslin ne répond pas. « Votre silence répond pour vous que vous êtes coupable. — Vous êtes venus ici avec la conviction que j’étais coupable. Je ne puis pas la changer. — Vous pourriez la changer ; si vous nous donniez des raisons pour croire le contraire, si vous nous expliquiez autrement ce qui semble ne pouvoir s’expliquer par votre criminalité ? — Je ne crois pas pouvoir changer cette conviction dans votre esprit. — Pourquoi croyez-vous que vous ne pouvez pas changer cette conviction ? » Après un silence, Praslin déclare qu’il est au-dessus de ses forces de continuer. « Quand vous avez commis cette affreuse action, pensiez-vous à vos enfants ? — Le crime, je ne l’ai pas commis. Quant à mes enfants, c’est chez moi une préoccupation constante. — Osez-vous dire affirmativement que vous n’avez pas commis ce crime ? » Praslin met sa tête dans ses naains et reste quelques instants sans parler. « — Je ne puis pas répondre à une pareille question. — M. de Praslin, vous êtes dans un état de supplice et comme je vous le disais tout à l’heure, vous pourriez peut-être adoucir ce supplice en me répondant. « Praslin garde le silence et la Commission se retire en remettant à un autre jour la suite de cet interrogatoire[4].
Le 22, le docteur Andral trouvait l’inculpé plus mal. Le 23, il constatait que l’état s’était aggravé depuis la veille et, le 24, Andral, Rouget et Louis étaient d’accord pour estimer qu’il n’était pas impossible que le malade succombât peu de temps après leur réunion. C’est ce que faisait prévoir au public le National de la veille. « Il est peu probable, disait cet organe de l’opposition, que le duc de Praslin, pair de France, chevalier d’honneur à la Cour et prévenu d’assassinat, comparaisse devant la (^our instituée pour le juger. On nous annonce que son état de santé décline d’heure en heure. La faiblesse de ses organes est telle qu’il ne peut pas subir un interrogatoire de quelque durée et on a eu toutes les peines du monde à obtenir de lui des réponses intelligibles[5]. » Ces dernières affirmations n’étaient pas exactes. S’il était vrai que Praslin souffrait énormément, il n’était pas douteux qu’il supportait ces souffrances avec le plus grand courage. Au milieu des tortures de l’arsenic, il n’articulait pas une plainte. Pourtant la fin approchait. Le 24 au matin, le chancelier fit appeler le curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, l’abbé Martin de Noirlieu. Vers dix heures le Grand Référendaire le duc Decazes se présenta. « Vous souffrez beaucoup, mon cher ami, dit-il à Praslin. — Oui. — C’est votre faute. Pourquoi vous étes-vous empoisonné ? » Praslin ne répondit pas. « Vous avez pris du laudantim ? — Non. — Alors vous avez pris de l’arsenic ? — Oui, avoua Praslin en relevant la tête. — Qui vous a procuré cet arsenic ? — Personne. — Comment cela ? Vous l’avez acheté vous-même chez un pharmacien ? — Je l’ai apporté de Praslin. » Il y eut alors un moment de silence. Puis, le duc Decazes reprit : « Ce serait le moment pour vous, pour votre nom, pour votre famille, pour votre mémoire, pour vos enfants, de parler. S’empoisonner, c’est avouer. Il ne tombe pas sous le sens qu’un innocent, au moment où ses neuf enfants sont privés de leur mère, songe aussi à les priver de leur père. Vous êtes donc coupable ? » Praslin garda le silence. « — Au moins déplorez-vous votre crime ? Je vous en conjure, dites si vous le déplorez. » Le duc leva au ciel ses yeux et ses mains et dit avec une expression indicible d’angoisse. « Si je le déplore ! — Alors avouez… Est-ce que vous ne voulez pas voir le Chancelier ? » Praslin faisant un effort, dit : « Je suis prêt. — Eh bien, reprend le duc, je vais le prévenir. — Non, conclut Praslin après un silence, je suis trop faible aujourd’hui. Demain, dites-lui de venir demain[6]. »
Decazes n’insiste pas et sous la dictée du moribond, il écrit quelques lignes. « Ce qui m’arrive dans ce moment, vient des bontés du ciel pour moi. Cependant je puis dire combien je regrette vivement de ne pouvoir voir mes enfants avant mon dernier soupir, et recommander à mes filles Louise et Berthe le reste de leur famille et aux autres l’obéissance à ces deux-là. Je n’ai pas le temps de parler d’arrangements de fortune. Mais je laisse les objets mobiliers à Louise et à Berthe en les priant de les partager avec la raison que je leur connais. » Sur une autre feuille, Decazes écrit : « Je sens mes forces s’en aller tout à fait. Je suis heureux maintenant de laisser mes enfants à ma bonne vieille mère. Je les engage, quoiqu’il m’en coûte, à ne pas trop se fier aux conseils de leur grand-père et de leur oncle Sébastiani, ainsi que leur oncle Coigny… Mes idées n’y sont plus… J’ai laissé dans le portefeuille de mon porte-papiers un testament déjà ancien, je le ratifie de nouveau, sauf toutes les clauses qui seraient détruites. » Enfin, voici la troisième dictée. « Je suis heureux de voir qu’il y a avantage pour les affaires de leur grand-mère. Je
(Papiers de Calais, secrétaire du chancelier Pasquier, adjoints au dossier
en 1868. — Archives Nationales CC 808.)tiens beaucoup à ce que les trois garçons restent chez M… (le nom est resté en blanc) le maître de pension, où ils ont été si bien jusqu’à présent. Je regrette de ne pouvoir les surveiller[7] ».
À deux heures de l’après-midi, l’abbé Martin de Noirlieu revint au Luxembourg. Il s’entretint de nouveau avec M. de Praslin et lui administra le Sacrement de l’Extrême-Onction. Le chancelier, présent à la cérémonie, s’agenouilla dans le plus profond recueillement à la tête du lit. Eugène Cauchy, Morice et Trevel se tenaient au pied. Praslin chargea le prêtre de remettre à sa mère, après sa mort, le petit crucifix qu’il tenait dans ses mains. « Que de bien vous m’avez fait », lui dit-il. Comme il sortait de la chambre du mourant, l’abbé Martin dit au Chancelier : « M. de Praslin a un grand respect pour vous. S’il veut faire des aveux, il ne les fera qu’à vous ». Le Chancelier fait alors, assisté de Morice, une nouvelle tentative d’interrogatoire. « Vous reconnaissez-vous coupable, demandet-il, du crime qui a terminé la vie de votre femme ? — Non, monsieur, je ne me reconnais pas coupable. — Vous ne pouvez pas le nier, votre interrogatoire de l’autre jour le prouve suffisamment. Si vous n’étiez pas coupable, vous ne vous seriez pas empoisonné avec de l’arsenic. — Non, monsieur le Chancelier, je ne suis pas coupable. — Mlle Deluzy vous a-t-elle donné quelques conseils qui vous aient poussé à l’action que vous avez commise ? — Non, je n’ai jamais entendu former de pareils projets à Mlle Deluzy. — Je vous demande seulement de dire si vous êtes seul coupable du crime commis sur M°»« de Praslin. — Non, monsieur le Chancelier, je ne puis pas dire cela. Je vous ai dit que je n’étais pas coupable. » Il n’y avait pas à insister. Pour éviter le déshonneur et le scandale, Praslin était résolu, en dehors de la confession, de garder pour lui son secret. Il se considérait comme étant dans la situation du condamné qui, la sentence prononcée, n’est point tenu à l’aveu : il ne se reconnaissait pas coupable. [8] Une demi-heure après, il expira[9]. Il était quatre heures trente-cinq.
À cinq heures, quand le docteur Andral se présenta au Luxembourg, le procureur du roi, assisté du directeur de la prison, venait de recevoir la déclaration du décès constaté par le docteur Rouget. Le médecin du Luxembourg attribuait la mort à un empoisonnement par l’acide arsénieux et jugeait l’autopsie nécessaire pour en acquérir la preuve matérielle. Les docteurs Andral, Louis, Rouget, Orfïla furent commis pour la pratiquer. Quand on déposa le corps sur la table d’autopsie, l’un d’eux s’écria « Quel beau cadavre ! » Le docteur Louis disait plus tard à Victor Hugo : « C’était un magnifique athlète ». L’autopsie constata sept escarres dans l’estomac et une lésion du cœur imputable à l’arsenic. Le cerveau ne portait aucune marque de poison. Les viscères furent emportés envase clos, pour être examinés plus tard. L’analyse des matières contenues dans l’estomac et les intestins’ ainsi que celle des organes fut faite par Orfila et Tardieu. Ils estimèrent que l’ingestion du poison avait probablement eu lieu vers la fin de la journée du mercredi 18 après quatre heures, et avant dix heures du soir[10].
Le transfert de Praslin de l’hôtel Sébastiani au Luxembourg s’était fait de nuit. Ce fut encore de nuit que le corps fut mis en bière devant Monvalle, commissaire de police de la Chambre des Pairs, Cauchy et AUard. Le cercueil cloué fut placé dans un grand fourgon des Pompes funèbres, introduit au Luxembourg par la grille de la rue de Fleurus et le jardin. À deux heures du matin, le procès-verbal de l’enlèvement du corps fut signé et le convoi, composé de trois voitures, partit pour le cimetière du Sud, où le commissaire Monvalle avait, dès la veille et par ordre, choisi la place où devait se faire l’inhumation. Tout le long de la route, des escouades d’agents avaient été échelonnées. Quand le fourgon entra dans le cimetière, les fossoyeurs étaient prêts et, en quelques instants, le cercueil fut descendu dans la tombe, le trou comblé, la terre piétinée[11]. « Ce matin, disait la Gazette des Tribunaux du 28 août, à l’ouverture des portes, quelques curieux, en s’enfonçant dans la partie ombragée de platanes et de tilleuls, remarquaient avec surprise dans une des lignes voisines du poteau indicateur de la 4e division, une tombe toute fraîche sur laquelle ne se trouvait même pas la simple croix de bois noir, indicatrice de la dernière demeure du plus obscur des décédés. » Longtemps après le drame, le comte Edgar de Praslin, qui continuait à habiter un pavillon dépendant du château de Vaux, fit transporter le corps de son frère dans les caveaux, et la tombe du cimetière du Sud ne demeura plus marquée que par une simple borne couverte de mousse et ombragée par un acacia[12].
L’opinion publique ne fut point satisfaite des laborieuses explications fournies par la Cour des Pairs sur l’empoisonnement[13]. Ce fut longtemps une opinion répandue que Praslin ne s’était pas suicidé et avait vécu jusqu’à quelques années après la guerre de 1870, dans les îles anglaises de la Manche. Les campagnes des journaux d’opposition de 1847 n’étaient pas étrangères à cette croyance. « Il y a des gens, écrivait un contemporain, qui soutiennent que les hautes familles intéressées à étouffer les détails de ce scandale ont obtenu du Gouvernement la fuite du coupable. Ceux qui ont assez de bon sens pour ne tenir aucun compte de cette absurde supposition n’en crient pas moins haut contre la tolérance et les ménagements qui ont permis au coupable de se soustraire à une honte et à une punition trop justes. » A plusieurs reprises et jusqu’à ces dernières années, la presse a repris le thème de l’évasion de Praslin, sans que jamais on ait apporté une preuve qui en soit une à l’appui de cette tradition[14]. Pour l’admettre, il faudrait supposer un bien grand nombre de complicités, depuis celle du docteur Louis qui participa à l’autopsie, jusqu’à celle de l’abbé Martin de Noirlieu qui se serait prêté à une véritable comédie, vignette|
en laissant raconter par L’Ami de la Religion, une scène dans laquelle il aurait joué un rôle ridicule et presque sacrilège.La faute du Gouvernement de Juillet fut toute différente. Gomme l’écrivait le comte Mole au baron de Barante le 28 août 1847 : « M. de Praslin s’est empoisonné, nemine contradicente[15]… Je sais si bien jusqu’où va la faiblesse de ceux qui nous gouvernent que de mon coin, j’avais écrit deux lettres pour montrer les conséquences de ce qui se préparait. M. Guizot, il y a longtemps que je l’ai appris, est roide, absolu, hautain, et dans l’occasion sans pitié. Mais il ne résiste pas à certaines influences… Jamais à mon avis, il ne fit de plus grande faute dans des circonstances où elles pouvaient avoir tant de dangers. Rien dans aucun temps, dans aucun pays, n’en a approché… Ce monstre, qui vient de reculer les limites de la barbarie humaine, a été huit jours dans sa maison entouré des égards de la police et du Parquet, bien plus que de sa surveillance ; son propre, médecin, celui de sa famille, ne l’a pas quitté et il déclare que ces flots de poison sortant de son corps par toutes les issues sont les attaques du choléra qu’il combat par les moyens propres à augmenter les effets du poison…[16] J’hésite à vous envoyer cette lettre et si je le fais, c’est que je ne l’aurai pas relue[17]. »
La mort du duc de Praslin ne désarmait pas la vindicte publique[18]. Henriette Deluzy avait été interrogée par la Commission de la Gour des Pairs, le 28 août. Son interrogatoire avait porté d’abord sur l’historique de son séjour chez les Praslin. Comme on lui reprochait ses correspondances avec les jeunes filles après sa sortie de la maison : « Oh ! je vous le jure, s’écria-t-elle, qu’il n’y avait dans ces lettres ni art ni arrière-pensée. J’étais désolée et j’exprimais mon désespoir avec trop de chaleur, trop d’entraînement. Oh ! je me le reproche maintenant. Mais encore une fois, ce n’était pas pour les éloigner de la mère. Les choses en étaient venues à ce point que moi je n’y pouvais rien. Ce qui a été bien malheureux, c’est que tout à coup on a voulu rompre pour ces jeunes filles, des liens de six années. » Elle était arrivée au Luxembourg, rapporte Allard qui était allé la chercher à la Conciergerie, dans un véritable état d’exaltation, pleurant, sanglotant, parlant des tentatives de suicide de la duchesse, se plaignant du maréchal Sébastiani. « Il parle de maîtresses, me dit-elle, si j’avais voulu, j’aurais bien pu être la sienne. Je devais même veiller sur les jeunes filles à son égard »[19]. Au retour à la Conciergerie, après l’interrogatoire, les traits de la prisonnière, rapporte Allard, étaient visiblement altérés. « Il est perdu, me dit-elle, messieurs les Pairs m’ont tout appris. Je n’aurais jamais cru que M. Rémy aurait conservé les lettres que je lui avais confiées pour être brûlées. » Je lui demandai, continue Allard, si elles étaient compromettantes. « Oui, me répondit-elle, au point de vue du procès. Ce sont les lettres des enfants où ils me parlent contre leur mère. Messieurs, les Pairs m’ont aussi parlé de mes lettres que je croyais que le duc devait aussi brûler. Quel malheur ! Ils sont tous perdus ! » Cela, conclut Allard, s’appliquait au duc et aux enfants.
En sortant de l’Académie, Victor Hugo, le jeudi suivant, s’entretient avec Cousin et le comte de Saint-Aulaire. « Vous verrez ; cette demoiselle Deluzy, dit Cousin qui l’a réconfortée et encouragée plusieurs fois durant son interrogatoire. C’est une femme rare. Ses lettres sont des chefs-d’œuvre d’esprit et d’excellent langage. Son interrogatoire est admirable. Encore vous ne le lirez que traduit par Cauchy. Si vous l’aviez entendue, vous en seriez émerveillé. On n’a pas plus de grâce, plus de tact, plus de raison. Si elle veut bien écrire quelque jour pour nous, nous lui donnerons, pardieu ! le prix Montyon. Dominatrice, du reste, et impérieuse. C’est une femme méchante et charmante.
— Ah ! ça, fait Victor Hugo, est-ce que vous en êtes amoureux : — Hé, hé ! » Le comte de Saint-Aulaire demande au poète : « Que pensez-vous de l’affaire ? — Qu’il faut qu’il y ait un motif. Autrement le duc est fou. La cause est dans la duchesse ou dans la maîtresse, niais elle est quelque part. Sans quoi, le fait est impossible. Il y a au fond d’un pareil crime ou une grande raison ou une grande folie, [20] » Le 30 août, la Cour des Pairs réunie entend un compte rendu du chancelier Pasquier qui flétrit Praslin[21] et célèbre avec lyrisme la vertu et la bienfaisance de la duchesse de Praslin. « Elle a donc succombé cet ange de bonté. Les paroles me manqueraient si je voulais rendre devant vous les sentiments qui m’ont été inspirés par les découvertes que j’ai dû faire durant le cours des recherches si déchirantes qu’il m’était ordonné d’accomplir. » Et après un résumé de l’instruction, le Chancelier annonce qu’il fait imprimer pour le distribuer aux Pairs le recueil qui doit rester « comme un éternel monument de la perversité_ de l’un des plus grands coupables qui aient jamais vécu. » [22] La Cour des Pairs est trop heureuse à se dessaisir. C’est à peine si le marquis de Boissy peut se faire entendre pour demander une punition pour les gardiens du duc qui l’ont laissé s’empoisonner. « Il est bien difficile, dit Pasquier, d’empêcher un empoisonnement puisqu’on voit des accusés aux assises s’empoisonner entre deux gendarmes. »
Le premier effet du dessaisissement, c’est de renvoyer Henriette Deluzy devant le juge d’instruction Broussais. Le secret est maintenu pour elle dans toute sa rigueur. Elle n’a la permission de se promener dans le préau qu’au moment où il est complètement désert, deux heures par jour. On ne l’interroge pas ; on la laisse dans l’isolement jusqu’au 14 septembre. C’est peut-être le châtiment qu’on lui inflige pour avoir osé fournir à l’instruction quelques renseignements sur le tempérament violent et colère de la duchesse de Praslin. Ce laps de temps est peut-être nécessaire aussi pour lui faire comprendre sur quels points elle doit être prudente dans sa défense. L’interrogatoire du 14 septembre reprend par le détail les circonstances de son séjour chez les Praslin et aborde, avec plus de précision que les interrogatoires précédents, les dernières semaines qui ont précédé le meurtre. Le juge d’instruction insiste sur la certitude qu’a acquise la justice que Praslin est le meurtrier. « Je vous jure que je ne le crois pas, répond Henriette Deluzy, ne pouvait-il pas la quitter, vivre séparé d’elle, si elle lui était trop à charger Elle voulait elle-même se séparer. Quant à la préméditation, je n’y croirai jamais. C’est un acte de folie, de démence, mais un crime jamais, non, non, jamais. — Le duc de Praslin a craint le jugement de ses pairs. Il a échappé par un nouveau crime à la répression, au châtiment qui devait l’atteindre. Mais cette mort volontaire est de sa part l’aveu du crime dont il vous laisse, actuellement, la responsabilité devant la justice. » Avant même que le juge n’ait terminé sa phrase : « Ne dites pas qu’il est mort, » s’écrie Henriette Delury en proie à une vive émotion et se dressant sur sa chaise. Puis elle se rassied. « Mort ! mort ! le malheureux ! Quel malheur qu’il ne m’ait pas parlé ! qu’il ne m’ait rien dit ! Moi qui aurais donné ma vie pour lui, pour ses enfants, pourquoi ne m’a-t-il rien dit, je l’aurais arrêté. » L’accusation soutient que, perdant le bien-être d’une grande existence, elle a regardé la mort de la duchesse comme le moyen unique de ressaisir cette position. « Non ! non ! monsieur, non, non, elle était bien amère cette position. J’ai pu regretter mon éloignement, le dire, me voir avec douleur, isolée dans la vie, éloignée brutalement de mes chères élèves, mais la pensée d’un crime ne m’était jamais venue, et je me serais fait horreur moi-même de la lui donner. — Dans cette correspondance, reprend le juge d’instruction, on voit percer des espérances pour l’avenir. Vous rêvez de beaux jours, les ombrages de Praslin, votre demeure chérie, votre maison paternelle, votre paradis et vous sembliez assigner pour le printemps l’époque de votre retour. — Est-ce qu’on voit de beaux jours, lorsqu’on les achète par un crime ? Il n’en est plus alors et la conscience suffit pour la punition. « Quand elle parlait de beaux jours explique-t-elle, c’était après le mariage des jeunes filles, quand elles seraient mères d’enfants qu’elle aimerait comme elle les avait aimées. « Dans une de mes lettres, je dis à Berthe que je les bercerais sur mes genoux, est-ce que si j’avais tué leur mère, j’aurais pu tenir un tel langage ? Je pouvais avoir le cœur aigri contre Mme de Praslin, mais je ne lui aurais pas fait tomber un cheveu de la tête. Je l’aurais sauvée au péril de ma vie… Pourquoi ne suis-je pas morte moi-même ? » Ses larmes baignent son visage. Elle s’est écroulée sur sa chaise. Le juge l’engage à se calmer, la réconforte et lui remet une lettre que lady Melgund, son ancienne élève, lui adresse par l’intermédiaire de l’ambassade d’Angleterre.
C’est un éclair qui illumine son désespoir. Quand elle est rentrée dans sa cellule, elle répond à lady Melgund : « Madame, car je n’ose plus vous nommer Nina ! C’est du fond d’une prison que je vous écris, c’est sous le poids d’une douleur si grande qu’il n’est point de mots pour l’exprimer. Aujourd’hui, après trois semaines d’affreuses incertitudes, j’ai appris la fin de l’horrible catastrophe du 18 août. On m’a dit la mort de M. de Praslin… On m’a dit qu’on me croyait sa complice dans un crime que je ne croirai jamais qu’il a prémédité. Le juge, bon et compatissant, m’a donné votre lettre dans le moment où ces terribles paroles me frappaient au cœur. Je vous dois la raison. Votre lettre m’a fait pleurer… Soyer bénie, soyez bénie mille fois dans vos enfants, dans tout ce que vous aime ;. Ah ! que vous aver payé avec usure les soins que je vous ai donnés. Vous êtes venue à moi quand le ciel et la terre semblaient m’abandonner, Dieu vous récompensera de cette pensée généreuse et moi je mourrai en vous bénissant… À vous, je ne dirai pas même que je suis innocente ; vous save ; bien que je ne puis être coupable. La justice des hommes se trompe quelquefois. J’attends cependant son arrêt avec confiance… ils peuvent interroger ma vie jour par jour ; ils le feront, et de leur terrible accusation, il ne restera que la honte de l’avoir encourue, honte indélébile, ineffaçable, qui me tuera. Vous dire cette triste tragédie dans toutes ses phases, je ne le puis… Ils sont orphelins, ces enfants que j’aimais plus que moi-même, et celui qui fut pour moi un ami plus qu’un maitre, celui duquel je n’ai reçu pendant si.x ans que des preuves de bonté et d’affection, celui qui ne m’a jamais dit une parole dure, qui adoucissait sans cesse ce que ma position avait de pénible… Il est mort, mort dans une prison, la conscience bourrelée et ils disent tous que j’ai provoqué l’affreuse démence qui l’a conduit à cette déplorable mort. Qu’il l’ait préméditée, ne le croyez jamais. C’était le meilleur, le plus excellent des hommes. Il est devenu fou. Oh ! si vous saviez ce qu’était cet intérieur ! Au milieu de cet enfer, chacun perdait la raison. Mais l’adultère, le meurtre comploté dans l’ombre, exécuté de sang-froid, horreur ! C’était impossible. »
Et les jours de solitude à la Conciergerie recommencent. Le secret la brise. « Sa taille a perdu l’élégance et la souplesse de la jeunesse. Son teint pâle et mat indique la fatigue. » Le 27 septembre, elle est appelée de nouveau à l’instruction. Cette fois, elle est interrogée sur ses correspondances. On la questionne sur tout, sur ses lettres au duc, sur ses plaintes aux jeunes filles. Mais le juge d’instruction ne lui parle ni de sa lettre à Mme Remy sur les aveux qu’un des fils a faits à Praslin, ni de la lettre de Louise de Praslin sur cette mère qui a corrompu deux de ses enfants. Évidemment ce sont là des matières étrangères au procès ; elles ne doivent rien avoir à faire avec les causes du meurtre. Nouvel interrogatoire, le 4 novembre. Même discrétion du juge. Maintenant, le non-lieu s’impose. D’une part, il n’y a point de preuves de complicité. De l’autre, il serait dangereux que le dossier que n’a pas voulu imprimer Pasquier, put être feuilleté par des avocats, put être soumis à un jury. Le 12 novembre, le procureur du roi Boucly conclut n’y avoir lieu à suivre. Le 17, en Chambre de conseil, l’arrêt de non-lieu est prononcé. La mise en liberté d’Henriette Deluzy Desportes le suit immédiatement[23]. Elle en accueille la nouvelle avec une sorte d’indifférence. Le soir, elle sort de la Conciergerie et reçoit l’hospitalité des Remy. Puis, les journaux rapportent qu’elle est partie pour l’Angleterre. Cette affirmation n’est pas exacte.
On a conservé tous ses papiers, sauf son acte de naissance de pauvre bâtarde. On garde même la lettre d’un Anglais qui lui offre une association. Sans nouvelle de lady Melgund, car sa lettre ne lui a pas été transmise par l’instruction, seule au monde, n’ayant pas un toit ou reposer sa tête, pas un bras pour la protéger, elle songe de nouveau au suicide. Elle entre dans une église. Un prêtre est en chaire. Il prêche sur le dogme. Sa prédication n’a nul point de contact avec ce qu’elle souffre. Les éclats de voix l’empêchent de prier. Elle sort de l’église. Un peu plus loin, c’est une autre église qu’elle aperçoit, l’Oratoire, devenu temple protestant. Un des grands orateurs du protestantisme français, Frédéric Monod, y parle de soumission à la volonté de Dieu, de patience, de résignation. Ce qu’il peut y avoir dans sa phraséologie d’un peu heurtant pour des oreilles catholiques, ne gêne pas Henriette Deluzy. Aux jours de son heureuse vie à Charlton, chez les Hislop, elle a fréquenté des églises anglicanes. Dans sa prison, elle a souvent lu et relu la Bible que lui avait donnée M. Drummond. D’ailleurs, elle est si peu catholique. Sa mère était une fille de la Révolution et les prêtres qu’elle a connus sont des Olivier et des Gallard. Son cœur se fond en entendant le prédicateur. Ses yeux, brûlés par la fièvre, s’emplissent de larmes. « J’avais erré tout le matin dans les rues, cherchant à me faire écraser par quelque voiture, racontait-elle plus tard dans une lettre à Cousin. Ma tête était en feu, ma raison presque complètement égarée. Sans savoir même quel était l’homme qui venait de parler, sans savoir s’il me serait miséricordieux ou sévère, je le suivis comme il sortait de la chaire : et me jetant à ses pieds, je le conjurai de me sauver de moi-même et de m’enseigner cette résignation qu’il prêchait. M. Monod calma mon délire, me visita dans ma solitude, que pas une âme sympathique n’avait cherchée, et enfin, deux mois après notre rencontre, me recueillait dans sa famille où sa femme et ses filles devenaient mes amies[24] ». On l’envoie en Normandie sous le toit d’un pasteur. La dernière année de sa vie en France, dit-elle, elle vit plus de temples qu’elle n’en avait vus pendant toute la période précédente.[25] » Sa santé se rétablit, son désespoir se calme et quelques mois après, elle passe en Amérique, chaudement recommandée par Frédéric Monod à Mlle Haynes qui dirigeait à Grammercy Park le pensionnat le plus aristocratique de l’Amérique. C’était la sœur d’un ancien gouverneur du New-Jersey. Là, Henriette Deluzy fit la connaissance de Harry Field, pasteur presbytérien, qui demanda sa main. Elle était plus âgée que lui, mais elle n’hésita pas à lui confier son avenir.
Harry Field appartenait à une famille distinguée. Un de ses frères fut le créateur du premier câble transatlantique ; l’autre était le meilleur avocat de New-York[26]. Elle ne voulut pas entrer dans cette famille sans lui apporter une autre preuve de son innocence que son attestation et ses larmes. Alors elle s’adressa à Victor Cousin dont elle n’avait pas oublié la sympathie dans ses angoisses. « Je n’ai, lui écrivit-elle, le 18 mars 1850, aucune preuve à leur donner. Les papiers, saisis cher moi, ne m’ont jamais été restitués[27]. J’ai parlé de votre bienveillance à mon égard, du témoignage généreux que je sais que vous m’avez-rendu plusieurs fois. Monsieur, pouvez-vous en conscience, devant Dieu, me rendre ce témoignage que je n’étais pas l’infâme intrigante que l’on a livrée au mépris du monde ? Vous étiez là ; vous m’avez interrogée. Vous connaissez ce misérable intérieur ; vous avez pu mesurer d’un œil impartial la part que j’ai eue dans ce sombre drame, où j’ai joué en aveugle ma destinée et celle des êtres qui m’étaient plus chers que la vie. Vous savez que ni l’ambition ni l’amour du pouvoir ne m’ont donné l’influence que j’avais sur mes malheureux élèves. Vous avez vu ses lettres à lui et vous savez qu’il ne m’aimait pas. Mais, rappelez-vous, monsieur, que je n’implore pas votre pitié ; mais qu’au nom d’un homme d’honneur, j’en appelle à votre honneur. En me laissant le soin, de vous écrire moi-même, on m’a imposé le devoir d’être doublement scrupuleuse ; et si je vous dis, monsieur, que le bonheur de toute ma vie dépend des lignes que vous tracerez, c’est parce que je sais que cela ne peut influencer le témoignage que vous me rendrez. J’ai l’ambition de croire que vous me connaissez quelque force de caractère. Quoi que vous écriviez, je saurai que c’est l’expression de la pensée d’un homme aussi bon, aussi généreux qu’il est grand aux yeux du monde ; et je m’y soumettrai avec le plus profond sentiment de reconnaissance et de respect que je vous conserverai jusqu’à mon dernier soupir. »
Victor Cousin avait-il vu clair dans le drame Praslin, lui qui avait de meilleurs yeux que Pasquier ? En tout cas, son témoignage fut tel qu’Henriette Deluzy devint Mistress Field. Harry Field, qui avait beaucoup voyagé et qui a publié de nombreux récits de voyage, s’installa avec elle à Stockbridge dans le Massachussets. Henriette, très liée avec Mme Beecher Stowe[28] qui la qualifie de « femme de courage et de principes vrais et qui, non seulement voyait clairement ce qui était droit, mais avait le courage de l’accomplir à travers les circonstances les plus difficiles, » vécut longtemps dans une modeste cure de la vallée du Connecticut. Elle fit deux voyages en France, l’un en 1855 avec son mari, l’autre, lors de l’Exposition de 1867, avec des amis. En 1870-1871, elle s’employa activement à organiser des sociétés de secours pour les blessés de la guerre.
En 1874, atteinte d’une grave maladie, elle vit rapidement décliner sa santé. « Quand je serai morte, disait-elle à son mari, laissez-moi reposer en paix. Ne publiez rien pour attirer l’attention du monde. Le monde n’est rien pour moi. Je vais à Dieu. Laissez-moi vivre seulement comme un doux souvenir dans votre cœur et dans les cœurs de ceux qui m’aiment[29] ». Elle rendit le dernier
soupir le 6 mars 1875 à New-York. Jusqu’à son dernier(Archives nationales)[30]
artistes de cette capitale, mais bien peu d’entre eux savaient quel était son passé. Ils la considéraient seulement comme une de ces vaillantes Françaises transplantées en Amérique par les événements, et chez lesquelles l’affection, vouée à leur nouvelle patrie, n’altère en rien l’amour ardent qu’elles conservent, dans le cœur, pour la terre natale. Ce fut seulement l’année qui suivit sa mort que M. Field publia sous le titre Esquisses familiales en France le recueil des lettres qu’elle lui avait écrites de Paris pendant son voyage de 1867 et les fit précéder d’une notice biographique. Jusque-là, on imaginait volontiers dans les milieux presbytériens, un peu étroits et fanatiques, qu’elle avait été la victime des persécutions des catholiques français. À quelques intimes seuls, Henriette Field avait parlé de ce qu’elle avait souffert, mais jamais à personne elle ne dévoila ce qu’elle avait su du secret de Praslin[31]. Quand elle le défendait, elle ne disait pas pourquoi elle le défendait. Mais peut-être espérait-elle que quelque jour, la justice immanente des choses rétablirait la vérité sur cet épouvantable drame.
TABLE DES CHAPITRES
TABLE DES GRAVURES
- ↑ Ce renseignement, comme tous ceux qu on trouvera par la suite sans indication de source, est emprunté aux lettres et notes de la duchesse de Praslin saisies à Paris par le juge d’instruction Broussais et à Vaux-Praslin par le juge d’instruction Legonidec. Le dossier de l’affaire est divisé aux Archives Nationales entre les cinq cartons CC 808 à 812.
- ↑ Le tournevis est un des premiers objets que l’on trouva dans les perquisitions dans le cabinet de travail du duc. (Gazelle des Tribunaux, 27 avril 1817.)
- ↑ D’Alton Shée. Souvenirs de 1847, p. 4O. — Victor Hugo, Choses vues.
- ↑ Arch. nat. CC 811.
- ↑ « Mon Dieu disait une bouquetière, pourvu qu’on ne me le tue pas ! Cela m’amuse tant de lire tout ça tous les matins dans le journal ! » (Victor Hugo. Choses vues, 227.)
- ↑ Moniteur, 2 septembre 1847 (procès-verbal de la séance secrète du 30 août.) — Victor Hugo, Choses vues, 232.
- ↑ Arch. nat. CC 808. Papiers trouvés à sa mort chez Calais, ancien secrétaire du chancelier Pasquier (1868).
- ↑ C’est la doctrine de Gary et de Lehmkul, Casus conscientiœ. C’est celle de Clément Marc Instituliones morales. Rome, 1898.
- ↑ Notes de Morice. Intermédiaire des chercheurs et des curieux. 10 janvier 1893.
- ↑ C’était l’heure fixée par l’agent Philippe pour les visites successives de Praslin à la garde-robe. Allard, au contraire, qui avait pris Praslin eu observaliun à partir de dix heures du matin, voulait fixer l’empoisonnement aux premières heures de la matinée.
- ↑ Louis Favre. Le Luxembourg, p. 348 (d’après le procès-verbal de Monvalle).
- ↑ L’Impartial de Louviers (10 mars 1906), d’après Mme Monnier, ancienne concierge de Vaux, dit que le transfert fut postérieur à 1848. — Un article de la Libre Parole (25 octobre 190.5) prétend que le corps fut transporté à Maincy vers 1871. « le duc étant mort en Angleterre. »
- ↑ Ce fut l’objet d’une enquête de la commission d’instruction.
- ↑ Jusqu’ici les preuves sont les suivantes : 1° Mme Krandidier, gouvernante des enfants Praslin, qui aurait été reconnaitre le corps, l’aurait trouvé défigure et ratatiné. (On ne voit nulle paît le nom de Mme Frandidier parmi les gouvernantes, et les médecins trouvent le cadavre superbe) ; 2° Mme de Proisy, dame d’honneur de la reine Marie-Amélie, a vu Praslin en Belgique un an après le meurtre. (Mme de Proisy ne figure pas parmi les dames d’honneur de Marie-Amélie ; 3° le cocher Paulmier, au service des Beauveau en 1847, rencontre Praslin boulevard Montmartre en 1861, quatorze ans plus tard. (Le comte de Bondy, d’après Victor Hugo, est le véritable ménechme de Praslin_ ; 1° il a vécu à Guernesey, disent Robinet de Cléry et le baron Lumbroso, qui se bornent à l’attestation du rédacteur, en chef de la Gazette o/ficiel/c de Guernesey ; 5° les contrats de mariage des filles porteraient obligation de faire une pension à personne inconnue habitant l’Angleterre (le texte des contrats est à publier et le chiffre réel de la pension à indiquer).
- ↑ Sans que nul y fasse obstacle.
- ↑ C’est l’opinion de Biéchy de l’Empoisonnement du duc de Praslin. « M. le duc de Praslin, dit-il, évidemment voulait en finir avec la vie et il a eu la bonne chance d’avoir à faire à des docteurs qui l’ont si bien aidé dans cette œuvre de suicide en lui faisant avaler de.l’eau, de la glace, du nitrate dépotasse, en lui soutirant du sang. » (p. 11).
- ↑ Barante. Souvenirs.
- ↑ On a prétendu que la Préfecture de police n’avait pas permis la publication d’images ou de complaintes relatives à l’assassinat. Nous reproduisons la seule image parue. 11 y a aussi les complaintes : Pauvre duchesse, qui se chantait sur l’air de La lionne ; Assistants, venez entendre, sur l’air de Fualdès ; La prière de la duchesse de Praslin pour son fils sur l’air de T’en souviens-tu.
- ↑ Cette phrase de la déposition a été batonnée. Le docteur de la Berge répétait dans sa déposition des propos analogues : « Elle me sembla attribuer son renvoi à l’inimitié du maréchal Sébastiani. Selon elle, il ne l’aurait pas toujours respectée et se serait porté sur sa personne, en deux ou trois circonstances, où il l’aurait trouvée seule, à des actes d’immoralité qu’elle aurait été obligée de repousser.
- ↑ Victor Hugo. Choses rues.
- ↑ « Le dénouement, écrit Pasquier au baron de Barante, a eu pour moi l’inconvénient de m’imposer la nécessité de me faire l’organe de la vindicte publique et de prononcer après sa mort l’arrêt qui ne devait régulièrement l’atteindre que vivant. Celle irrégularité a été heureusement fort bien accueillie par les principaux organes de l’opinion. »
- ↑ Pasquier ne dit pas pour quelle raison il a rejeté tant de pièces qui permettent aujourd’hui de faire la lumière sur les causes du meurtre. Il est vrai que rencontrant Victor Hugo, en février 1849, il lui dira, en parlant des procès de 1847 : « Je n’y voyais déjà plus
- ↑
« Il est évident,
dit la Démocratie
pacifique,
qu’on ne l’a gardée
en prison que pour satisfaire les misérables rancunes d’une famille
puissante. » D’autres l’engagent au silence. Comme on prétend qu’elle
va publier ses mémoires, un poète lui dit :
Oui, l’on prétend que l’avide scandale
S’est, aux aguets, placé sur ton chemin.
Tu l’entendras de sa voix sépulcrale
Crier l’aumône et te tendre la main ;
De ce forban repousse la présence.
Sa voix perlide a de venais accords.
Ah ! par pitié, respecte le silence.
Le pieux silence des morts !
Cela se chante sur l’air de la Lionne.
- ↑ Journal des Débats, 29 octobre 1905, article de M. Chambon.
- ↑ M. H. Field. Home Sketches in France, 103.
- ↑ Intermédiaire des chercheurs et des curieux, 28 février, 30 avril 1906.
- ↑ Ses papiers sont dans le dossier des Archives, sauf les lettres de Louise et de Berthe de Praslin, remises à Tiburce Sébastiani.
- ↑ L’auteur de La Case de l’oncle Tom.
- ↑ Préface de Home Sketches in France.
- ↑ Cette lettre a été écrite par une des rares personnes qui connaissaient le secret de Praslin et voulaient le sauver en égarant la justice sur une fausse piste. « L’auteur du meurtre, c’est moi, y lit-on, je suis désolé du scandale qu’occasionne cet acte coupable, mais cet assassinat n’est pas aussi innocent que vous pourriez le croire : la duchesse le méritait. Je connais les lois, je sais que c’est odieux de se faire justice soi-même. Ce qui m’y a déterminé, c’est la crainte de déshonorer l’illustre famille Sébastiani en rendant la chose publique. »
- ↑ Jamais elle n’alla plus loin que dans le mémoire à ses juges, (août 1847). « C’est dans les enfants qu’on a dû le menacer ; c’est son amour pour eux qui l’a perdu. »
clair et j’étais obligé de me faire lire les pièces, d’avoir toujours derrière moi M. de la Chauvinière pour me tenir lieu de mes yeux que je n’avais plus. Oh ! se faire lire. Vous ne savez pas comme cela est gênant. Rien ne se grave dans l’esprit. » (Victor Hugo. Choses fues, 277.)