L’Art de péter/Texte entier

Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 3-108).

À LEURS EXCELLENCES
MESSEIGNEURS
CARNAVAL
ET
CARÊME PRENANT.


MESSEIGNEURS,

SOUS quels auſpices mieux que ſous ceux de Vos Excellences pouvoit paroître l’Art de Peter ? Et qu’eſt-il beſoin d’expoſer ci les raiſons que j’ai de vous l’offrir ? Le Public les ſçait déjà toutes ; il ſçait que cet Ouvrage a été entrepris & compoſé avec otre aveu, & que Carnaval & Carême-prenant doivent s’intéreſſer au ſort d’un Livre, qui ſervira à ſon Auteur de Voiture dans la route de l’immortalité. D’ailleurs bien capables vous-mêmes de le produire, qui ſeroit plus capable d’en ſentir le prix que Vos Excellences.

Je devrois faire ici votre Éloge & célébrer votre origine, qui va ſe perdre dans les ſiécles dont on ne ſe ſouvient plus ; je parcourrois enſuite l’hiſtoire de vos Illuſtres Ayeuls ; je paſſerois enfin à vos Vertus & à vos Talens qui ont mérité de paſſer en proverbe ; mais la connoiſſance que j’ai de ma maladreſſe & la peur que j’aurois de caſſer les Nés de Vos Excellences à coups d’encenſoir, ne me permettent pas d’en courir les riſques à la tête d’un Ouvrage où vous aurez ſouvent beſoin de ce précieux Organe :

Je ſuis avec un profond reſpect & un dévoyement continuel,

MESSEIGNEURS,

de Vos Excellences,

Le très-humble & très-obéiſſant Serviteur ****.
AVIS
AU LECTEUR.



IL eſt honteux, Lecteur, que depuis le temps que vous petez, vous ne ſçachiez pas encore comment vous le faites, & comment vous devez le faire.

On s’imagine communément que les Pets ne différent que du petit au grand, & qu’au fond ils ſont tous de même eſpéce : Erreur groſſiére.

Cette matiére que je vous offre aujourd’hui analyſée avec toute l’exactitude poſſible avoit été extrêmement négligée juſqu’à préſent, non pas qu’on la jugeat indigne d’être maniée, mais parce qu’on ne l’eſtimoit pas ſuſceptible d’une certaine méthode & de nouvelles découvertes : On ſe trompoit.

Peter eſt un Art, et par conſéquent une choſe utile à la vie, comme diſent Lucien, Hermogéne, Quintilien, &c. Il eſt en effet plus eſſentiel qu’on ne penſe ordinairement de ſçavoir peter à propos.

Un Pet qui pour ſortir a fait un vain effort,
Dans les flancs déchirés reportant ſa furie,
Souvent cauſe la mort
D’un mortel conſtipé qui touche au ſombre bord,

Un Pet à temps laché pourroit ſauver la vie.

Enfin on peut peter avec régle & avec goût, comme je vous le ferai ſentir dans toute la ſuite de cet Ouvrage.

Je ne balance donc pas à faire part au Public de mes recherches & de mes découvertes, ſur un Art ſur lequel il ne trouvera rien de ſatisfaiſant dans les plus amples Dictionnaires ; & en effet, il n’y eſt pas même queſtion (choſe incroyable) de la Nomenclature de l’Art dont je préſente aujourd’hui les principes aux Curieux.

L’ART
DE PETER


EXORDE
PERIODIQUE


COmme ainſi ſoit que Marc-Tulle-Ciceron ait repris, reprehendé, admoneſté, blâmé & vituperé Panætius (Offic. I.) de s’emberner juſqu’au nés dans la matiére ſans la définir, & ſans faire ſentir à ſes Auditeurs ce dont eſt queſtion ; comme ainſi ſoit auſſi que cet inimitable Orateur ait dans le même Livre des offices, oublié auſſitôt lui-même un Conſeil ſi ſage, ſi prudent, ſi ſalutaire & ſi bien placé ; nous qui voulons éviter les reproches que nous pourrions nous attirer avec juſtice, en tombant dans le même défaut, & profiter de l’avis, des remontrances & des leçons de l’Orateur Romain, nous ne traiterons pas méthodiquement du Pet qu’au préalable nous n’en ayons donné une définition autentique.

DÉFINITION
DU PET.



LE Pet que les Grecs nomment πόρδη, en ancien Saxon Purten ou Furten, en haut Allemand Fartzen, en Anglois Fart, est un compoſé de Vents qui ſortent tantôt avec bruit & tantôt ſans en faire[1].

Il y a néanmoins des Auteurs aſſez téméraires pour ſoutenir avec une arrogante opiniatreté que le mot Pet proprement pris, c. à. d. dans ſon ſens naturel, ne s’entend que de celui qu’on lâche avec bruit, fondés en cela ſur ce vers d’Horace :

Nam diſplosa ſonat quantum veſica pepedi.
Saty. 8.

J’ai peté, dit-il, avec autant de tintammare que pourroit en faire une veſſie bien tendue.

Mais qui ne ſent pas qu’Horace dans ce vers a pris le mot pedere, peter, dans un ſens générique ? Autrement il faudroit imputer à ce Poéte excellent & concis un défaut de Tautologie[2] & de ſuperfluité ; défaut dans lequel ce grand homme naſo donatus adunco, n’avoit garde de tomber. En effet qu’étoit-il beſoin pour faire entendre que le mot pedere ſignifioit un ſon clair, de ſe reſtraindre à expliquer l’eſpéce du Pet qui éclate en ſortant.

Le Pet eſt donc en général un vent renfermé dans le bas ventre, cauſé, comme les Médecins le prétendent, par le débordement d’une pituite attiédie qu’une chaleur foible a détachée ſans la diſſoudre ; ou produite, ſelon les payſans & le vulgaire, par l’uſage de quelques ingrédiens venteux & d’alimens de même nature. Cet être se manifeſte ordinairement par l’anus, ſoit par un éclat ou ſans éclat : tantôt la nature le chaſſe ſans efforts, & tantôt l’on invoque le ſecours de l’art, qui, à l’aide de cette même nature, lui procure une naiſſance aisée, cauſe de la délectation, & ſouvent même de la volupté ; c’eſt ce qui a donné lieu au proverbe, que

Pour vivre ſain & longuement
Il faut donner à ſon Cû vent.


Petit Corollaire

IL n’y a point de doute, que ſuivant les régles les plus ſaines de la Philosophie la plus austére, cette définition ne ſoit parfaite. En effet consſtat genere, materiâ & differentiâ. Or avant de mettre le nés dans ſes eſpéces, il eſt néceſſaire de prouver que les vents ſont engendrés par la pituite & les alimens flatueux, qui ne ſont qu’un peu atténués. C’eſt ce que nous allons faire.

CHAPITRE PREMIER.

Extraction ou formation du Pet.


Nous avons dit qu’il étoit néceſſaire que la matiére du Pet soit attiédie & legérement atténuée ; nous allons le ſoutenir & avec fondement.

Car de même qu’il ne pleut jamais dans les pays les plus chauds, la trop grande chaleur abſorbant toutes ſortes de fumées & de vapeurs ; ni même dans les pays-froids, l’exceſſive gelée empêchant l’exhalation des fumées ; mais qu’au contraire il pleut dans les Régions moyennes & temperées (comme Bodin, Scaliger & Cardan l’ont très-bien & très élégamment remarqué) de même auſſi la chaleur, lorſqu’elle eſt exceſſive ; broye non ſeulement & attenuë les alimens, mais encore diſſoud & conſume toutes les vapeurs, ce que le froid ne peut pas faire, & ce qui l’empêche conſéquemment de produire la moindre fumée ; mais la Chaleur n’attenuë que légérement lorſquelle n’eſt pas aſſez forte & qu’elle ne peut faire une Cuiſſon parfaite. Alors la pituite du ventricule & des inteſtins engendre beaucoup de vents qui ſe forment encore en plus grande quantité ſi les alimens ſont naturellement flatueux, parce que n’étant digérés que par une chaleur médiocre, ils cauſent des fumées trop épaisses & trop embarraſſantes. On ſentira, cela plus nettement par la comparaiſon du Printemps & de l’Automne avec l’Eté & l’Hiver, & par la diſtillation où il n’eſt queſtion que d’une chaleur ou d’un feu très modique.

CHAPITRE SECOND.

Différence du Pet & du Rot, & démonſtration parfaite de la définition du Pet.


Nous diſons donc dans la définition que le Pet ſort par l’anus, en quoi il différe du Rot ou Rapport Eſpagnol, qui, quoique formé de la même matiére, mais dans l’eſtomac, s’échappe par en haut, à cauſe du voiſinage de l’iſſuë, de la dureté & replétion du ventre ou de quelques autres cauſes qui ne lui permettent pas de prendre les voyes inférieures.

Il différe encore des vents Coliquatifs & du murmure & gazouillement du ventre, qui ſont auſſi des vents du même genre, qui, grondant dans les inteſtins, tardent à ſe manifeſter & ſont comme le Prologue d’une Comédie, où les avant-coureurs d’une tempête prochaine. Les filles & les femmes qui ſe ſerrent étroitement pour ſe dégager la taille, y ſont particulièrement ſujettes. Leur inteſtin que les Médecins appellent Cacum eſt, ſelon Fernel, ſi flatueux & ſi diſtendu que les vents qui y ſont renfermés ne ſont pas un moindre combat dans la capacité du ventre, que n’en faiſoient autrefois ceux qui étoient retenus priſonniers dans les montagnes d’Eolie. On pourroit encore à leur faveur entreprendre un voyage de long cours, ou au moins en faire tourner les moulins à vent.

Pour la preuve complette de notre définition, il ne nous reſte plus qu’à parler de la cauſe finale du Pet, qui eſt tantôt la ſanté du Corps déſirée par la nature, & tantôt une certaine délectation ou plaiſir procuré par l’art ; mais nous remettons à en traiter avec les effets ; en attendant, il eſt à propos d’obſerver, & même bon de ſentir ici que nous rejettons toutes mauvaiſes fins ; parce que l’abus de quelque choſe ne peut avoir place au nombre des fins.


CHAPITRE TROISIÉME.

Diviſion du Pet.



APrès avoir expliqué la nature & la cauſe du Pet, il ne nous reſte plus qu’à procéder à ſa juſte diviſion, & à éxaminer ſes eſpéces différentes que nous définirons enſuite & dont nous donnerons les affections.

Réflexion Problématique.

Il s’éleve ici naturellement une queſtion, & cette queſtion eſt un vrai problême, la voici.

Comment procéder à la juſte diviſion d’un Pet, dira quelque curieux incrédule ? Faut-il le méſurer à l’aulne, au pied, à la pinte, au boiſſeau ? Car, quæ ſunt eadem uni tertio, ſunt eadem inter ſe. Non : voici la ſolution qu’en a donnée un excellent Chimiſte, rien même de plus facile & de plus naturel. Enfoncez, dit-il, votre nez dans l’anus, la cloiſon du nez diviſant l’anus également, vos narines formeront les baſſins d’une eſpéce de balance dont votre nez ſervira alors. Si vous ſentez de la péſanteur en meſurant le Pet, ce ſera un ſigne qu’il faudra le prendre au poids ; mais ſi vous le trouvez trop petit pour mériter l’expérience, faites comme les Gentils-hommes Verriers, ſoufflez au moule tant qu’il vous plaira, je veux dire juſqu’à ce qu’il ait acquis un volume raiſonnable.

On diviſe donc les Pets en Vocaux & en Muets, & on ſoutient cette diviſion beaucoup plus éxacte que celles de ces petits Grimauds de Grammairiens qui diviſent les Lettres en Voyèles & en Conſonnes, & qui n’apperçoivent point le grand nombre de défauts que renferme une pareille dénomination. Ces Meſſieurs effleurent la matiére, mais faiſons-la leur ſentir & goûter telle qu’elle eſt.

Les Vocaux ſon proprement appellés Pétards du mot péter, parce qu’ils ſe manifeſtent de certaines eſpéces différentes de ſons, comme ſi le bas ventre étoit rempli de Pétards. C’eſt le ſentiment de Jodochus Willichius dans ſes Théſes du Pétard.

Or le Pétard n’eſt autre choſe qu’un éclat engendré avec bruit par des vapeurs ſéches. Il eſt grand ou petit ſelon la variété de ſes cauſes ou de ſes adjoints. Le Grand pétard eſt pleinement vocal ou vocal par excellence, & le Petit eſt appellé ſemi-vocal.

Le Grand Pet-pétard ou vocal plein, eſt celui qui ſe fait avec grand bruit, tant à cauſe du calibre qui eſt ample & ſpatieux, (comme ſont ceux des Payſans) que par rapport à la grande multitude de vents qui ſont produits ou par la grande quantité d’alimens flatueux, ou par l’imbécillité de la chaleur naturelle du ventricule & des inteſtins.

Pour faire mieux ſentir cette définition, & pour la prouver invinciblement, on peut faire ici la comparaiſon des canons, des groſſes veſſies, & des Pédales, &c. & l’application en ſera peut-être plus ſenſible que la démonſtration des Tonnerres, eſſayée par Ariſtophanes, parce que quiconque entreprend de démontrer un Pet doit ſe ſervir d’un moyen convenable palpable & connu.

CHAPITRE QUATRIÉME.

A. B. C. des Pets.



OR ces Pets reſſemblent aux tonnerres, & ils ſont ſimples ou compoſés.

Les ſimples ſont ceux qui ne conſiſtent que dans un grand coup, ſeul & momentané. Priape les compare avec tout le bon ſens poſſible à des outres crevées, nam diſploſa ſonat quantùm veſica pepedi.

Ils ſe font lorſque la matiére eſt compoſée de parties homogénes, qu’elle eſt abondante, que le trou par où elle ſort eſt aſſez large ou aſſez diſtendu & que le ſujet qui les pouſſe eſt robuſte & ne fait qu’un ſeul effort.

Les compoſés ſont ceux qui conſiſtent dans pluſieurs grands coups, & qui ne ſe font entendre qu’éclat par éclat ; qui reſſemblent à des vents continuels & qui partent l’un après l’autre à peu près comme pluſieurs coups de fuſils. On les nomme Diphtongues & l’on ſoutient qu’une perſonne d’une forte conſtitution en pourroit faire

une vingtaine tout d’un tire.
Raiſon tirée du bon ſens.

Cela arrive lorſque l’orifice eſt bien large, la matière copieuſe, mais les parties inégales, & mêlées tout à la fois d’humeurs chaudes & tenuës, froides & épaiſſes ; ou lorſque cette même matiére, ayant un foyer varié, eſt obligée de ſe répandre dans différentes parties des inteſtins. Alors elle ne peut-être réſoute d’une ſeule fonte, ni ſe contenir dans les mêmes cellules des inteſtins, ni être chaſſée d’un ſeul effort ; mais elle s’échappe éloquemment par des intervalles variés & inégaux, juſqu’à ce qu’il n’en reſte plus ; c’eſt pourquoi le ſon ſe fait entendre quelquefois inégalement, & articule ses ſyllabes diphtonguées telles que pa pa pax, pa pa pa pax, pa pa pa pa pax, &c. ( Ariſtoph. in nubib.)

La cauſe des dipthongues peut-être placée dans l’anus ; & cela toutes les fois que le Pet par lui-même paroit ample, moilleux & étoffé, & que la matière eſt aſſez égale pour produire un Pet ſimple. On remarque, en effet, qu’après le premier coup, échappé malgré ſoi, l’anus ne ſe renferme pas toujours exactement (la matiére étant ſouvent plus forte que la nature). Mais lorſque relativement à l’abondance de la matiére, & à l’orgaſme, le fondement s’ouvre derechef, & ſe referme enſuite un peu ; le combat de la nature avec la matiére dure ordinairement juſqu’à ce que cette derniére ſoit tout-à-fait expulſée, ou que l’anus preſſé violemment, retienne les vents pour les rendre enſuite plus commodément & dans un temps plus avantageux. Et pedit decieſquo vicieſque. Mart. Ep. liv. 2. Il pete dix, vingt fois.

On ſent parfaitement que c’eſt de ces Pets diphtongues dont parle Priape, & dont Horace fait une hiſtoire. Il raconte qu’un jour ce Dieu incivil en fit un ſi grand & ſi bien tiré, qu’il effaroucha un grand nombre de Sorciéres qui s’occupoient alors à des enchantemens. En effet, il ne ſeroit pas vraiſemblable que ſi ce n’eut été qu’un Pet ſimple, elles euſſent été éfrayées juſqu’au point d’abandonner leurs ſortiléges & leurs ſerpens, pour ſe réfugier à toutes jambes dans la ville. Nous convenons encore que Priape a pu d’abord lâcher un Pet ſimple mais avec grand éclat, ſemblable à celui d’une veſſie tendue, & que ce bruit ayant été auſſitôt ſuivi d’un diphtongue, aura épouvanté les Magiciennes, & les aura contraintes de prendre la fuite. Horace dans la crainte d’être trop diffus n’en dit mot, & il s’eſt tû parce qu’il ne ſoupçonnoit perſonne d’en être informé. Nous avons fait cette petite annotation parce qu’elle nous a paru néceſſaire, & convenir à l’obſcurité & à la difficulté du paſſage : nous n’en voulons pas dire davantage, ni diſputer avec qui que ce ſoit.

CHAPITRE CINQUIÉME.

Malheurs & accidens cauſés par les Pets diphtongues.


Les Pets diphtongues de cette derniére eſpéce, qui s’échappent ſurtout lorſque le ventre eſt rempli de raves, d’ails, de pois, de ſêves, de navets & d’autres alimens venteux, ingrédiens capables de procurer un ſon clair, & ſucceſſif, courts par intervalle, ſont des Pets ſi terribles qu’ils peuvent faire mourir les poulets dans les œufs, tuer le fœtus dans les entrailles de la mere, & faire prendre la fuite au Diable même. Entre pluſieurs Hiſtoires qu’on lit à ce ſujet, je vais en rapporter une dont la vérité eſt conftante.


HISTOIRE
D’un Pet qui fit enfuir le Diable
& le rendit bien ſot.

Un homme que le Diable tourmentoit depuis long-temps afin qu’il ſe donnât à lui, ne put réſiſter aux perſécutions de ce malin eſprit, & il y conſentit, mais ſous trois conditions qu’il entreprit de lui propoſer ſur le champ. 1o. Il lui demanda une grande quantité d’or & d’argent, le Diable lui en apporta tant qu’il voulut. 2o. il éxigea qu’il le rendit inviſible, le Diable lui en enſeigna les moyens. Enfin étant fort embarraſſé de ce qu’il lui propoſeroit pour la troisiéme condition, & voulant mettre le Diable dans l’impoſſibilité de la lui accorder, comme ſon génie ne lui fourniſſoit rien, il fut ſaiſi d’une peur exceſſive, & cette peur le ſervit par hazard fort heureuſement. On rapporte, que, dans ce moment critique il lui échappa un Pet diphtongue, dont le tapage reſſembloit à celui d’une décharge de mouſqueterie ; & ſaiſiſſant avec jugement cette occaſion, il dit au Diable, enfile ſi tu peux ce Pet, & je ſuis à toi, mais le Diable ne le put faire, quoiqu’il preſentât d’un côté le trou de l’aiguille & qu’il tirât de l’autre à belles dents ; épouvanté d’ailleurs par l’effroyable tintammarre de ce Pet que l’echo d’alentour avoit rédupliqué, confus & plus que forcené de ſe voir pris pour dupe il s’enfuit avec viteſſe, & délivra de la ſorte ce malheureux du danger preſſant qu’il courroit.


MAISONS
Délivrées des Diables par la médiation des Pets diphtongues.
Raisons et Axiomes.

Nous liſons encore dans les mêmes livres, les hiſtoires d’une infinité de maiſons délivrées de la poſſeſſion des Diables par le ſecours de ces Pets diphtongues, & nous ne connoiſſons point d’autres raiſons de cette merveille, que celles que nous en apprenons des proverbes uſités, qui diſent que l’Art eſt trompé par l’art, la fourbe par la fourbe ; qu’un clou pouſſe l’autre ; qu’une grande lumiére en efface une petite, & que les ténébres, les odeurs, les ſons, &c. en abſorbent d’autres moins conſidérables.

Quoique le Pet diphtongue ſoit aſſez terrible pour qu’on puiſſe lui donner heureuſement le nom de tonnerre ; on convient toutes fois de ſa ſalubrité, & l’on en parlera dans la ſuite. De-là le Proverbe Romain : qu’un gros Pet vaut un talent.

Ce Pet n’a pas ordinairement de mauvaiſe odeur ; ſi ce n’eſt qu’il ſe ſoit engendré quelque pourriture dans les inteſtins par le trop long ſéjour des vents renfermés & couvés dedans ou deſſous un être mort, qui commençoit à ſe putréfier, ou à moins que les alimens, eux mêmes n’ayent contracté une mauvaiſe odeur. J’en prends l’odorat le plus fin pour en faire le diſcernement ; le mien n’y réüſſiroit pas, & le Lecteur n’eſt peut-être pas enrhumé du cerveau comme moi.

CHAPITRE SIXIÉME.

Le petit Pet ou le ſemi-vocal.


Le petit Pet ou le ſemi-vocal, eſt celui qui ſort avec moins de fracas, ſoit à cauſe de l’embouchure ou de l’iſſuë trop étroite du canal par où il s’exprime (comme ſont ceux des Demoiſelles) ſoit à cauſe de la petite quantité de vents qui ſe trouvent renfermés dans les inteſtins. Ce Pet ſe diviſe en clair, moyen, & aſpiré.

Pet de Demoiſelle,

Le clair, eſt un Pet ſemi-vocal ou petit Pet, compoſé d’une matiére féche & deliée qui ſe portant avec douceur le long du canal de ſortie qui eſt fort étroit, ſouffleroit à peine une paille. On l’appelle vulgairement Pet de Demoiſelle.

L’aſpiré, eſt un petit Pet ſemi-vocal qui eſt compoſé d’une matiére humide & obſcure. Pour en donner l’idée & le goût, je ne ſçaurois mieux le comparer qu’à un pet d’oye. Peu importe que le calibre qui le produit ſoit large ou étroit, ce Pet eſt ſi chétif qu’on ſent bien qu’il n’eſt qu’un véritable avorton.

Le moyen tient en quelque ſorte un milieu juſte entre l’un & l’autre ; parce que la matiére dont il eſt compofé étant de qualité & de quantité médiocre, & ſe trouvant bien digérée, ſort d’elle-même ſans le moindre effort, par l’orifice qui n’eſt pour lors ni trop ſerré ni trop ouvert.

Premier total & cauſes des Pets.

On peut donc conclure de ce qu’on vient de dire, que la variété des ſons dans ces trois genres de Pets, de même que dans tous les autres, part de trois cauſes principales ; ſçavoir, de la matiére du vent, de la nature du canal, & de la force du ſujet.

1.o Plus la matiére du vent eſt ſéche plus le ſon du Pet eſt clair ; plus elle eſt humide, plus il eſt obſcur ; plus elle eſt égale & de même nature, plus il eſt ſimple ; & plus elle eſt hétérogéne, plus le Pet eſt multiſonore.

2.o Par rapport à la nature du canal. Plus il ſera étroit, plus le ſon ſera aigu, & plus il ſera large, plus le ſon aura de gravité. La preuve réſulte de la délicateſſe ou de la groſſeur des inteſtins, dont l’inanition ou la plenitude fait beaucoup au ſon.

Enfin, la troiſiéme cauſe de la différence du ſon eſt, ſans contredit, la vigueur & les forces du ſujet ; car, plus la nature eſt forte & vigoureuſe, plus le bruit du Pet eſt grand, & par consequent c’eſt de la diſſérence des cauſes que naît celles des ſons. On le prouve facilement par l’exemple des flûtes, des trompettes & des flageolets : une flûte épaiſſe & large, donne un ſon obſcur ; une flûte mince & étroite, en rend un clair, & une moyenne, en rend un mitoyen. Que quelqu’un qui a le vent bon embouche une trompette, il en tirera infailliblement des ſons très-forts, & le contraire arrivera s’il a l’haleine foible & courte. On tire donc des inſtrumens à vent, tels que les flûtes, les flageolets, les cors de chaſſe &c. des conjectures très-certaines ſur les différens ſons des Pets, c. à. d. qu’on peut par l’expérience de ces mêmes inſtrumens, rendre une raiſon juſte du ſon perçant ou grave qu’ils rendent lorſqu’on s’en ſert.


QUESTION MUSICALE.
Concert singulier.

Mais un ſçavant Allemand a propoſé ici une queſtion fort difficile à réſoudre : ſçavoir s’il peut y avoir de la muſique dans ces ſortes de Pets ? On y répond réſolutivement. Il y a certainement de la Muſique dans les Pets diphtongues, non pas de cette Muſique qui ſe rend par la voix ou par l’impulſion de quelque choſe de ſonore comme d’un violon, d’une guittarre, d’un clavecin &c ; mais de celle qui ſe rend par le ſouffle, tel, par exemple, que celui d’une trompette ou d’une flûte. Pour prouver ce que j’avance je citerai l’exemple de deux petits garçons qui s’amuſoient à faire de tems en tems un Concert ſingulier, où j’aſſiſtai ſouvent en qualité de compagnon de claſſe des acteurs. L’un donc rottoit ſur différens tons, tant qu’il voiloit, & l’autre petoit de même. Mais ce dernier pour donner plus d’élégance à ſon inſtrument, mettoit ſur le plancher d’une chambre haute, un petit clayon à égoutter des fromages, ſur lequel il ajuſtoit une feuille de papier, puis s’aſſeyant à nud & tortillant les feſſes il rendoit des ſons organiques de toutes les eſpéces. J’oſe avancer qu’un habile maître de musique en auroit pû tirer des notions originales & dignes d’être tranſmiſes à la posterité & inſcrites au nombre des regles de la compoſition. On les auroit pû rediger auſſi ſur le mode diatonique en obſervant d’y procéder par une dimenſion Pythagorique.

NOTA,

Pour faire cette opération, il eſt bon d’obſerver ce qui ſuit. Le tempérament des perſonnes eſt un guide ſûr. Par exemple un corps rempli de fumées ſubtile, & un anus étroit produiſent des ſons aigus : au contaira des fumées epaiſſes & un canal large procréent des ſons deux fois plus graves. Quiconque n’a que des vents ſecs ne rend que des ſons clairs, & celui qui en a d’humides n’en produit que d’obſcurs. En un mot le bas ventre eſt une eſpéce d’orgue polyphtongue[3], où l’on pourroit ſans ſe gener beaucoup, trouver comme dans un magaſin, douze tropes ou modes de ſons.

Raiſonnement du dernier goût,

Cependant il eſt bon de s’arrêter ici ſur cet axiôme de Philoſophie que à ſenſibili in ſupremo gradu, deſtrui ſenſibile ; c’eſt-à-dire, « que ce qui eſt trop ſenſible détruit ſon ſentiment. » Ergo tout ce qui eſt modéré doit plaire, & non pas un ſon auſſi fort & auſſi bruyant que celui qui ſort des cataractes de Chaffouſſe ou des montagnes d’Eſpagne, ou des ſauts de Niagara ou de Montmorenci dans le Canada, qui rendent les hommes ſourds, & font avorter les femelles pluſieurs années avant qu’elles ſoient groſſes.

Ce ſon cependant ne doit pas être ſi foible, qu’il fatigue l’oüie de l’Auditeur qui ſe prête pour l’entendre. Il faut donc garder ſoigneuſement le milieu dans les ſons, comme dans toutes autres choſes, ainſi que l’ordonne, ou le conſeille fort ſagement Horace : Eſt modus in rebus ſunt certi denique fines ; quos ultrà citràque nequit conſiſtere rectum.

Ainſi l’on prendra garde, en affectant de donner des ſémitons, de diminuer les ſons au point qu’on ne les entende point, ou de faire à l’uniſon pluſieurs ſons aigus ou graves, qui rendroient la Muſique inſipide & déſagréable. Il faut choiſir les modes, ne pas les employer indiſtinctement & n’admettre uniquement que ceux qui ſervent aux agrémens, comme ſont les modes Lyxoleidien, Hypolyxoleidien, Dorique & Hypodorique, & en les obſervant, il ſera aiſé ſelon l’arrangement qu’on leur donnera, de faire

un concert enchanteur & miraculeux.
BELLE INVENTION
Pour faire entendre un Concert à un Sourd.

Le moyen de faire participer un ſourd à un pareil Concert, eſt de lui faire prendre une pipe à fumer donc il appliquera la tête à l’anus des Concertans, & dont il tiendra l’extrêmité du tuyau entre les dents. De cette ſorte, il ſaiſira par le bénéfice de contingence, tous les intervalles des ſons dans toute leur douceur & leur étendue. Cardan, & Baptiſte Porta de Naples, nous en fourniſſent un exemple ; mais ſi ce Sourd, ou quelqu’autre que ce ſoit, veut auſſi participer au goût, il n’aura qu’à tirer fortement ſon vent. Alors il aura tout le plaiſir qu’il pourroit prétendre.

CHAPITRE SEPTIÉME.

Des Pets muets ou Veſſes.



VEnons à préſent aux Pets muets, vulgairement appellés Veſſes.

Ce ſont des eſpéces de Pets ſans ſon qui ſont engendrés d’une petite quantité de vents très-humides. Joſeph Scaliger dans ſon Catullus le démontre fort élégamment.

Ces ſortes de Pets ſont ſecs ou foireux. Les ſecs ſont ceux qui ſortent ſans bruit, & qui n’entrainent point avec eux de matiére épaiſſe. Les foireux au contraire, ſont compoſés d’un vent taciturne & obſcur, & emportent toujours avec eux un peu de matiére liquide. Ils ont la vélocité d’une flêche ou d’un foudre ; on en jugera aiſément par la chemiſe ou par l’odeur fétide & inſupportable qu’ils rendent ; car ſuivant la regle établie, la liquide eſt toujours certaine, & la muette fait la ſyllabe douteuſe,

témoin Jean Deſpautere qui dit : Cum mutâ liquidam jungens in ſyllabâ eâdem, ancipitem pones vocalem quæ brevis eſto.
MALHEUR
Arrivé à un Diable qui hazarda un Pet dont il ne connoiſſoit point l’eſpéce.

Je vous raconterai à ce ſujet qu’un Diable voulut un jour lâcher un Pet, mais qu’il emberna ſes Culottes en ne faiſant qu’une veſſe foireuſe ; & maudiſſant la trahiſon de ſon derrierre il s’écria avec indignation Nuſquam tuta fides ! Je ne n’y fierai plus de ma vie ! Ceux-là font donc très-bien qui craignant ces ſortes de veſſes, mettent leurs culottes bas, & levent leurs chemiſes avant de les lâcher. Je les appelle gens ſages, prudens & prévoyans.

Diagnoſtic & pronoſtic ſur les Veſſes foireuſes.

Il y a cependant un jugement à porter ſur ces Pets liquides ; c’eſt qu’ils ſont ſalutaires ; & comme ils ſortent ſans faire de bruit ils dénottent qu’il n’y a pas beaucoup de vents. L’excrément liquide qu’ils entraînent donnent auſſi ſujet de croire qu’il n’y a rien à appréhender. Ils indiquent que la matiére eſt en maturité, & qu’il fait bon de ſoulager les reins & le ventre, ſelon cet axiôme

Maturum ſtercus eſt importabile pondus.

C’eſt un lourd fardeau qu’une envie démeſurée d’aller à la ſelle : envie qu’il faut ſatisfaire au plus vîte, ſans quoi on feroit une beſogne du Diable. (voy. plus haut.)

Voilà, quant à la forme les principales diviſions expliquées par la dichotomie, & autant bien qu’il a été poſſible : ſi on n’a point obſervé cette figure dans tous ſes points, cela ne doit pas paroître étonnant, puiſqu’un Philoſophe avance en pluſieurs endroits d’un de ſes ouvrages, qu’il eſt preſqu’impoſſible de l’employer de la ſorte, & que c’eſt ſouvent même une choſe abſurde (1. de part. Animal 6. Top.)


SECTION AUXILIAIRE
OU
RÉDUCTION DES PETS
Pour ne pas tirer la matiére trop en longueur.


Quoiqu’on pourroit par rapport à la matiére des vents, ou par rapport à leur cauſe efficiente, les diviſer en vents engendrés par les Oignons, les Ails, les Raves, les Navet, les Choux, les Ragouts, les Poix, les Féves, les Lentilles, les Haricots &c. & qu’eû égard à d’autres circonſtances, on les diſtingue encore en Pets affectés & en Pets involontaires ; on peut cependant les rapporter tous aux eſpéces précédentes.

CHAPITRE HUITIÉME.

Des Pets affectés & involontaires.


Or le Pet affecté, ſuivant cette derniére diviſion, ne ſe paſſe guéres parmi les honnêtes gens, ſi ce n’eſt parmi ceux qui logent enſemble, & qui couchent dans le même lit ; alors on peut affecter d’en lâcher ſouvent, ſoit pour ſe faire rire, ſoit pour ſe faire piéce les uns aux autres, & les faire même ſi dodus & ſi diſtincts, qu’il n’y ait perſonne qui ne les prenne pour des coups de couleuvrines. On peut encore en ſe couvrant l’anus avec ſa chemiſe, ou pettant & veſſant lentement à travers, s’approcher d’une chandelle recemment éteinte & eſſayer de la rallumer, quoiqu’il arrive ſouvent qu’on ne faſſe que la réduire en une poudre ardente qui ſe diſſippe en l’air, ou qu’on ſe brule le derrierre. C’eſt encore un amuſement fort joli que de recevoir une veſſe dans ſa main, & de l’approcher du nés de celui avec lequel on couche pour lui faire juger du goût ou de l’eſpéce.

L’autre Pet eſt l’involontaire ; il ſe fait ſans la participation de celui qui lui donne l’être, & arrive ordinairement lorſqu’on eſt couché ſur le dos, où qu’on ſe baiſſe, ou qu’on fait de grands éclats de rire, ou qu’on éprouve de la crainte. Cette ſorte de Pet eſt excuſable.

CHAPITRE NEUVIÉME

Des effets des Pets.



APrès avoir parlé des cauſes, il ne nous reſte plus qu’à dire quelque choſe des effets, & comme ils ſont de différente nature, nous les réduirons à deux genres, c. à. d. à celui des bons & des mauvais effets.

Tous Pets bons ſont toujours très ſalutaires par eux-même, en tant que l’homme s’en débarraſſe ; & en effet l’évacuation qu’on en fait détourne pluſieurs maladies telles que la douleur hypocondriaque, la fureur, la colique, les tranchées, la paſſion iliaque, &c. Mais lorſqu’ils ſont reſſerrés, qu’ils remontent, ou qu’ils ne trouvent pas de ſortie, ils attaquent le cerveau par la quantité prodigieuſe de vapeurs qu’ils y portent ; corrompent l’imagination, rendent l’homme mélancolique & phrénétique & l’accablent de pluſieurs autres maladies très-facheuſes. Delà les fluxions qui ſe forment par la diſtillation des fumées de ces météores, fumées qui deſcendent dans les parties inférieures ; ou, comme les Médecins ne ceſſent de nous le démontrer, elles cauſent des toux & des catharres, &c. Quoi de plus : on eſt incapable de toute application, & l’étude & le travail rebuteront toujours. Il faut donc s’appliquer à ſe débarraſſer au plutôt de toute envie de péter, & de tous vents tranchans, & au riſque de faire tapage il vaut beaucoup mieux les lâcher que de s’expoſer à

s’incommoder.
EDIT
DE L’EMPEREUR CLAUDE
Sur les Pets.

C’est par cette conſidération que l’Empereur Claude, nommé ainſi par antiphraſe du mot Claudere, boitter, comme ne boittant point du tout (Empereur qu’on n’a jamais pû trop loüer), fit publier un édit, par lequel il pardonnoit à ceux qui laiſſoient échapper des Pets ou des veſſes au milieu d’un repas. Cet empereur trois fois grand, qui ne ſongeoit qu’à la ſanté de ſes fujets, avoit été informé que quelques-uns d’eux avoient pouſſé la civilité juſqu’au point d’aimer mieux créver que de péter ; c. à. d. qu’ils avoient préféré la mort à la moindre incongruité, & qu’ils avoient tellement été tourmentés de la paſſion iliaque & des coliques les plus violentes, qu’ils s’étoient laiſſés périr, ainſi que le rapportent Suetone, Dion, & d’autres hiſtoriens. C’eſt pourquoi, je ſoutiens d’après eux qu’on devroit remettre dans le Code cette conſtitution, qui, ſelon Cujas, y étoit autrefois comme bien d’autres qu’on en a retranchées. Effectivement, il n’y a pas ſujet de ſoutenir mordicus que cette conſtitution répugne à la bienſéance, étant facile de prouver le contraire par l’exemple de la Philoſophie la plus épurée, je veux dire celle des Stoïciens que Ciceron lui même & les plus excellens philoſophes ont toujours préférée à celle de toutes les autres ſectes qui ont traité de la félicité de la vie humain.

Or ces Philoſophes, parmi les préceptes ſalutaires de la vie, ont ſoutenu que les Rots & les Pets devoient non ſeulement être libres ; mais ils en ont encore convaincu leurs adverſaires par des argumens ſans réplique, que Ciceron rapporte & ſoutient vivement dans ſa 9e. Epit. fam. 174. à Pœte, encore que dans ſes offices il ſoit d’avis contraire & qu’il retombe dans l’héréſie, je ne ſçais par quelle fauſſe apparence d’honneteté, & qu’on liſe entr’autres bons conſeils qu’il faut faire & ſe conduire en tout ſelon que la nature l’exige ; il eſt donc inutile de nous repréſenter ici avec emphaſe les loix de la pudeur, qui, encore qu’elle exige quelques égards, ne doit cependant pas en cette occaſion l’emporter ſur la ſanté & ſur la vie. Mais ſi quelqu’un en eſt tellement eſclave qu’il n’en puiſſe ſecouer la chaine, nous ne pouvons lui conſeiller rien de mieux que de diſſimuler ſon Pet, ſoit en rejettant l’incongruité ſur ſon chien, ſoit en touſſant, ſoit en crachant bien fort, ou en faiſant quelque bruit équivalent. C’eſt en ces occaſions qu’on peut pratiquer un moyen dont on a reconnu tout l’avantage, c. à. d. la compreſſion des feſſes, & en même tems le reſſerrement du grand muſcle de l’anus : mais helas ! qu’une pareille fineſſe fait payer chérement à l’odorat ce qu’elle épargne aux oreilles : on tombe dans

le cas des Vers ſuivans, écoutez-les :

Je ſuis un invincible Corps,
Qui de bas lieu tire mon être,
Et qui n’oſe faire connoître,
Ni qui je ſuis, ni d’où je ſors.

Quand on m’ôte la liberté,
Pour m’échapper j’uſe d’adreſſe
Et deviens femelle traitreſſe
De mâle que j’aurois été,

Au reſte on donne avis à ceux ou celles qui voudront pratiquer ce moyen de n’y pas perdre un inſtant, & de peter ſans relâche, de peur qu’il ne leur arrive ce qu’éprouva Priape (Horace) qui pour n’avoir pas aſſez ſerré les feſſes, laiſſa échapper un gros Pet ; ou qu’ils n’ayent auſſi le même accident qu’Œthon, qui, au Rapport de Martial, ayant été ſubitement attaqué de fortes tranchées, & d’une multitude de vents, ſalua Jupiter en ſerrant les feſſes, & venant à ſe baiſſer profondement ſelon la coutume des anciens, lâcha un Pet qui fit un bruit épouvantable.


EPIGRAMME.


Multis dum precibus jovem ſalutat,
Stans ſummos reſupinus uſque in ungues,
Œthon in Capitolio pepedit.
Riſerunt comites. Sed ipſe divûm
Offenſus Genitor, trinoctiali
Affecit domi cœnio clientem.
Poſt hoc flagitium miſellus Œthon,

Cum vult in Capitolium venire
Sellas ante pedit Patrioclianas,
Et pedit decieſque vicieſque.
Sed quamvis ſibi caverit crepando,
Compreſſis naribus jovem & ſalutet,
Turbatus tamen uſque & uſque pedit
Mox Œthon, decieſque vicieſque.

Mart. lib. 12. Ep. 78.


On pourroit demander ici avec raiſon, puiſque les Pets ſont ſi ſalutaires, ſi l’on peut, & même ſi l’on doit les provoquer par l’art. On repond affirmativement, & que l’on peut ſe ſervir de remèdes internes ou externes.

CHAPITRE DIXIÉME.

Remédes pour provoquer les Pets.



LEs internes ſont l’anis, le fenoüil, les zédoaires & tous les échauffans capables de chaſſer les vents.

Les externes, ſont les clyſteres, les ſuppoſitoires, &c.

On peut encore ajouter une façon de provoquer les vents, qui quoique ridicule n’en eſt pas pour cela à mépriſer. C’eſt d’imiter les chiens lorſqu’ils piſſent, c. à. d. de lever un pied. Cela facilite le mouvement des muſcles, les feſſes s’élargiſſent merveilleuſement, & l’on pete à ſon aiſe & avec grand tapage.


CHAPITRE ONZIÉME.

Des effets malins des Pets.



APrès avoir parlé dans le Chapitre neuviéme des effets benins du Pet, il nous reſte encore à dire un mot des malins.

Ces effets ſont les odeurs les plus infectes, ou la puanteur même, les chemiſes gâtées, & les culottes où le ventre s’eſt déchargé, &c. Ces accidens ſont principalement affectés aux Pets liquides & ſurtout aux muets. Or les effets benins ſont par eux-mêmes du genre le plus excellent & communs à toutes les eſpèces de Pets ; mais les effets malins ne ſont qu’accidentels.

À ce double effet s’en joint un autre qui s’en ſépare rarement, & qui garde comme le milieu entre les deux premiers ; c’eſt le rouge qui monte au viſage du Peteur & que la honte produit. Cet effet eſt auſſi tantôt benin & tantôt malin. Il en eſt de lui comme de la Planette de Mercure, qui étant jointe avec des planettes favorables, eſt benigne, & maligne lorſqu’elle eſt en conjonction avec des planettes malignes. Ainſi lorſqu’un jeune homme rougît après avoir peté on le blâme, & on louë au contraire un vieillard à qui ce malheur arrive.

On n’a point encore défini, ſi de péter en urinant eſt un effet benin ou malin, moi, je le crois benin & je me fonde ſur la vérité de l’axiôme

Mingere cum bombis res eſt gratiſſima lumbis.

En effet piſſer ſans peter, c’eſt aller à Dieppe ſans voir la

mer.
SIGNES
Des effets des Pets

Ces ſignes ſont Apodictiques, néceſſaires, & probables.

Les Apodictiques, ce ſont ceux dont la cauſe étant préſente, démontrent que l’effet ne tardera pas à ſe manifeſter, tels ſont les Raves, les Oignons, &c. lorſqu’on ſe diſpoſe à les manger.

Les néceſſaires, ce ſont ceux, qui, lorſqu’un effet s’eſt manifeſté, en font réſulter un ſecond, tels la mauvaiſe odeur, le bruit, le tintammare &c.

Les Probables, ce ſont ceux qui ne ſe font pas toujours, ni qui ne ſe rencontrent point dans toutes les eſpéces, comme la contraction, le bruit ou l’abboyement du ventre, la toux, & le tintammarre qu’on fait avec les pieds pour empêcher d’être reconnu peteur.

Si quelqu’un obſerve exactement toutes ces choſes, il ſera en état de profeſſer la Gaſtrologie, ou de tenir journal & regiſtre des Pets qui ſe font dans la nature ; & il acquerrera l’admiration

de l’univers.
PROBLEME.

Qu’on me permette avant de finir de propoſer ici un Problême.

On demande en faveur des amateurs de Muſique combien il y a de genres de Pets par rapport à la différence du ſon ?

R. Soixante & deux. Car, ſelon Cardan, le derriére produit & forme quatre modes ſimples de Pets ; ſçavoir l’aigu, le grave, le réfléchi, & le libre. De ces modes il s’en forme cinquante huit, auxquels ſi on ajoute les quatres premiers, on aura dans la prononciaion ſoixante & deux ſons, ou eſpéces différentes de Pets.

Les compte qui voudra.

HISTOIRE
DU PRINCE
PET-EN-L’AIR,
ET DE LA REINE
DES AMAZONES.


SUJET DE LA PLANCHE.



IL y avoit 3000 ans que le Roi Pet-en-l’air étoit en guerre avec la Reine des Amazones, au ſujet d’un Fort que cette derniére lui demandoit. Les incurſions que réciproquement ils faiſoient ſur leurs terres les chagrinoient beaucoup, & ils en étoient fatigués. Ils réſolurent enfin de vuider le différent, & voici les moyens qu’ils prirent.

Il fut délibéré que la Reine envoyeroit une de ſes Sujettes la plus vaillante qu’elle jugeroit, & que Pet-en-l’air choiſiroit de son côté le plus courageux des ſiens pour ſe battre avec elle, & que celui des deux qui remporteroit la victoire donneroit la poſſeſſion du Fort à ſon Maître. Les deux parties nommérent un expert commun pour juger du combat, & le jour fut marqué. Mais comme les hommes ſont des traitres qui prennent plaiſir à mortifier les femmes, Pet-en-l’air fit une injure ſanglante à la Reine des Amazones dans la perſonne de l’Héroïne qu’elle avoit envoyée pour ſe battre.

Premiérement, il lui fit refuſer l’entrée de la Ville & lui fit dire d’attendre à la porte.

2.o Il lui envoya ſon premier maître en fait d’Armes, à qui il ordonna de paroître au Cartel ſeulement avec ſon plaſtron, ſans épée, & ſuivi d’un de ſes Eléves armé d’un fleuret.

3.o Il fit monter ſur le Fort contentieux, au bas duquel devoit ſe faire le défi, pluſieurs de ſes ſujets, avec ordre d’ôter les Canons des crénaux, & de préſenter à la Députée de la Reine (dès qu’elle paroîtroit) chacun leur derriére. Ce qui fut éxécuté de point en point.

Lors donc que l’Héroïne parut, elle fut très-ſurpriſe de trouver les portes fermées, & de ne voir pour Champions que deux hommes, tels que je viens de le dire ; mais ſon indignation augmenta lorſqu’elle apperçut la nouvelle eſpéce de Canons qu’on lui oppoſoit & qui tiroient comme ils devoient & tant qu’ils pouvoient. Elle en grinça les dents & penſa en éclater. Mais comme la prudence des femmes & leur préſence d’eſprit les tirent ſouvent d’affaire, il lui vint en penſée un expédient qu’elle éxécuta ſur le champ.

Elle feignit de ne pas être choquée de la malhonnêteté de Pet-en-l’Air, & adreſſant la parole au Maître en fait d’Armes, à ſon éléve & à l’expert, elle leur parla ainſi.

« Je vois bien mes amis, que Pet-en-l’Air veut ſe divertir & qu’il profite du Carnaval où nous ſommes, pour me donner un plat de ſon métier, mais divertiſſons-nous auſſi, ne nous amuſons plus à nous regarder en ennemis, & perdons l’envie de nous battre, puiſqu’il paroît qu’il n’en eſt plus queſtion. Voici un autre combat que je vous offre, ajouta-t-elle : Eſcrimons en pettant, & que celui qui pettera le plus galamment & le plus joliment, ſoit reconnu le vainqueur de l’autre, Monſieur l’Expert jugera, & le Traité tiendra comme ſi en effet nous nous étions battus. Le Maître en fait d’Armes fit d’abord quelque diſculté, mais comme l’Amazône étoit jolie, il ſe laiſſa perſuader. On taupa de part & d’autre & la convention fut signée. »

L’Expert ſe plaça entre les Parties. Chacun ayant pris ſon ſérieux, on fit ſilence, le Maître en fait d’Armes mit bas poliment ſes culottes & lâcha un Pet. Ah ! quel pet ! c’étoit peut-être le plus éfrayant & le plus peſtiféré Pet qui oncques eût jamais été lâché & entendu. Son Eléve n’y pût tenir, il fut obligé pour le faire ceſſer d’appliquer ſon fleuret à l’extrêmité du canal par où il étoit ſorti, & l’Expert devenant pâle recula dix pas, & alla ſe placer derriére l’Amazône pour ſe mettre à couvert de l’infection.

L’Héroïne indignée ne ménagea plus rien, elle prit une fléche & ſe préparoit à la lancer à ſon adverſaire, quand elle-même en fit un qui s’épancha gracieuſement, & rendit des ſons mélodieux & admirables & ſans odeur. L’enthouſiaſme où entra alors l’Expert & le cri de joye qu’il pouſſa à la naiſſance de ce Pet, tint ſuſpendu le bras & la flêche de l’Amazône, & donna le tems au Maître en fait d’Armes de prendre la fuite. On entendit auſſitôt une voix dans les airs qui dit diſtinctement. Ce Pet eſt un pet de Pucelle, Expert écris-le afin qu’on s’en ſouvienne. Il traça dans l’inſtant ſur la terre le chiffre I. & dit avec un grand hélas : Voilà donc le premier ! L’aſſemblée ſe ſépara & l’Amazône reprit le chemin de ſon pays.

Pet-en-l’Air ne tarda point à être informé de l’aventure ; il ſe repentit de ſon impertinence, mais il n’étoit plus tems. L’Héroïne avoit rendu compte à la Reine de cette inſulte, & vingt Rois ſes voiſins qui avoient été préſens au récit qu’elle en avoit fait en furent ſi choqués, qu’ils ſe joignirent dès le lendemain aux Amazônes, & chaſſérent Pet-en-l’Air de ſes États. Ils en revêtirent la Reine & après avoir fait remplir de poix les calibres inſolens qui avoient paru ſur les Crenaux, ils les condamnérent à vuider toutes les foſſes des Commodités de cette partie du monde qu’habitent les Amazones, & c’eſt de leurs enfans que nous avons des Vuidangeurs en France.

CONCLUSION.



MAis pour ne laiſſer rien à déſirer ſur l’Art de peter ; nous avons jugé à propos de donner ici une liſte de quelques Pets, que nous n’avons point inſérés dans le courant de l’Ouvrage ; on ne ſçauroit prévoir tout, principalement dans une matiére peu battuë ; ce n’a été qu’après des Mémoires qu’on vient de nous envoyer récemment, que nous avons écrit ce qui ſuit. Nous commencerons donc, pour faire honneur à la province, par les Pets Provinciaux.
Les Pets de Province.

On nous aſſure, & cela par gens qui ont l’expérience, que ces Pets ne ſont pas ſi falſifiés que ceux de Paris où l’on rafine ſur tout. On ne les ſert pas avec tant d’étalage, mais ils ſont naturels & ont un petit goût ſalin, ſemblable à celui des huitres vertes ; ils reveillent agréablement l’appetit.

Pets de mênage.

Nous apprenons d’après les remarques d’une grande ménagére de Peterſbourg, que ces ſortes de Pets ſont d’un goût excellent dans leur primeur, & que quand ils ſont chauds, on les croque avec plaiſir ; mais que dès qu’ils font raſſis, ils perdent leur ſaveur & reſſemblent aux pillules qu’on ne prend que pour le beſoin.

Pets de Pucelles.

On écrit de l’Iſle des Amazônes que les Pets qu’on y fait ſont d’un goût délicieux & fort recherché. On dit qu’il n’y a qu’en ce pays où on en trouve ; mais on n’en croit rien : toutefois on avoue qu’ils ſont extrêmement rares.

Pets de Maître en fait d’Armes.

Les Lettres du Camp près Conſtantinople marquent, que les Pets des Maitres en fait d’Armes ſont terribles, & qu’il ne fait pas bon de les ſentir de trop près, & comme ils font toujours plaſtronnés, on dit qu’il ne faut les approcher que le fleuret à la main.

Pets de Demoiſelle.

Ce ſont des mets exquis, ſurtout dans les grandes villes, où on les prend pour du croquet à la fleur d’Orange.

Pets de jeunes Filles.

Quand ils ſont murs ils ont un petit goût, de Revaſy qui flatte les véritables connoiſſeurs.

Pets de Femmes mariées.

On auroit bien un long mémoire à tranſcrire ſur ces Pets, mais on ſe contentera de la concluſion de l’Auteur & l’on dira d’après lui, « qu’ils n’ont de goût que pour les amans & que les maris n’en font pas d’ordinaire grand cas ».

Pets de Bourgeoiſe.

La bourgeoiſie de Roüen & celle de Caën nous ont envoyé une longue adreſſe en forme de diſſertation ſur la nature des Pets de leurs femmes, nous voudrions bien satisfaire l’une & l’autre ; mais nous ne pouvons pas mieux décider qu’en leur aſſurant que le Pet de bourgeoiſe eſt d’un aſſez bon fumet lorſqu’il eſt bien dodu & proprement accommodé & qu’on peut très bien s’en contenter faute d’autres.

Pets de Payſannes.

Pour répondre à certains mauvais plaiſans qui ont perdu de réputation les Pets de Payſannes, on écrit des environs d’Orléans qu’ils ſont très beaux & très bien faits ; quoiqu’accomodés à la vilageoiſe, qu’ils ſont encore de fort bon goût, & l’on aſſure les voyageurs que c’eſt un véritable morceau pour eux, qu’ils pourront les avaler en toute ſureté comme des gobets à la courte-queuë.

Pets de Bergeres.

Les Bergeres de la vallée de Tempé en Theſſalie nous donnent avis que leurs Pets ont le véritable fumet du Pet, c. à. d. qu’ils ſentent le ſauvageon parce qu’ils ſont produits dans un terrein où il ne croît que des aromates, comme le Serpolet, la Marjolaine, &c & qu’elles entendent qu’on diſtingue leurs Pets d’avec ceux des autres bergéres qui prennent naiſſance dans un terroir inculte. La marque diſtinctive qu’elles enſeignent pour les reconnoître & n’y pas être trompé, c’eſt de faire ce que l’on fait aux lapins pour être ſûr s’ils ſont de garenne, c’eſt de leur flairer au moule.

Pets de Vieilles.

Le commerce de ces Pets eſt ſi déſagréable, qu’on ne trouve point de marchand pour les négocier. On ne prétend pas pour cela empêcher perſonne d’y mettre le nez ; le commerce eſt libre.

Pets de Boulangers.

Voici une petite notte que nous avons reçue à ce sujet d’un maître Boulanger du Havre. « L’effort, dit-il, que l’ouvrier fait en faiſant ſa pâte, le ventre ſerré contre le pétrin, rend les Pets diphtongues : ils ſe tiennent quelquefois comme des hannetons, & on pourroit en avaler une douzaine tout d’une tire. » Cette remarque eſt des plus ſçavantes, & de fort bonne digeſtion.

Pets de Potier de Terre.

Quoiqu’ils ſoient fait autour, ils n’en ſont pas meilleurs, ils ſont ſales, puans & adhérens aux doigts ; on ne peut les toucher crainte de s’emberner.

Pets de Tailleur.

Ils ſont de bonne taille, & ont un goût de prunes ; mais les noyaux en ſont à craindre.

Pets de Lays.

On en trouve d’aſſez drôles ; leur goût eſt aſſez appetiſſant, ils crient toujours famine en langue Allemande ; mais prenez y garde, il y a bien de l’alliage ; ſi vous ne trouvez pas mieux, prenez les au poinçon de Paris.

Pets de Cocus.

Il y en a de deux ſortes. Les uns ſont doux, affables, mous, &c. Ce ſont les Pets des Cocus volontaires, ils ne ſont pas malfaiſans. Les autres ſont bruſques, ſans raiſon & furieux ; il faut s’en donner de garde ; ils reſſemblent au limaçon qui ne ſort de ſa coquille que les cornes les premières. Fænum habent in cornu.


Ludere non Lædere.
  1. Calepin & tous les autres Dictionnaires qu’on a faits & qu’on fera.
  2. Répétition de la même choſe en d’autres termes.
  3. Qui rend plusieurs ſons.