L’Art de péter/Chapitre huitiéme

Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 66-68).

CHAPITRE HUITIÉME.

Des Pets affectés & involontaires.


Or le Pet affecté, ſuivant cette derniére diviſion, ne ſe paſſe guéres parmi les honnêtes gens, ſi ce n’eſt parmi ceux qui logent enſemble, & qui couchent dans le même lit ; alors on peut affecter d’en lâcher ſouvent, ſoit pour ſe faire rire, ſoit pour ſe faire piéce les uns aux autres, & les faire même ſi dodus & ſi diſtincts, qu’il n’y ait perſonne qui ne les prenne pour des coups de couleuvrines. On peut encore en ſe couvrant l’anus avec ſa chemiſe, ou pettant & veſſant lentement à travers, s’approcher d’une chandelle recemment éteinte & eſſayer de la rallumer, quoiqu’il arrive ſouvent qu’on ne faſſe que la réduire en une poudre ardente qui ſe diſſippe en l’air, ou qu’on ſe brule le derrierre. C’eſt encore un amuſement fort joli que de recevoir une veſſe dans ſa main, & de l’approcher du nés de celui avec lequel on couche pour lui faire juger du goût ou de l’eſpéce.

L’autre Pet eſt l’involontaire ; il ſe fait ſans la participation de celui qui lui donne l’être, & arrive ordinairement lorſqu’on eſt couché ſur le dos, où qu’on ſe baiſſe, ou qu’on fait de grands éclats de rire, ou qu’on éprouve de la crainte. Cette ſorte de Pet eſt excuſable.