◄  VII.
IX.  ►

L’Armée de Volupté, Bandeau de début de chapitre
L’Armée de Volupté, Bandeau de début de chapitre

VIII


La voiture s’arrêtait devant un hôtel très vaste, précédé d’une grille. Lucie et Émile s’avancèrent, la porte s’ouvrit, ils pénétrèrent dans un vestibule, où ils se trouvèrent en présence de deux jeunes hommes d’une trentaine d’années, costumés d’un complet gris, avec une marguerite à la boutonnière, et de deux jeunes femmes, accusant une vingtaine d’années, vêtues de la même étoffe grise, mais en tenue de bicyclistes, pantalon ample avec veste, bottines noires serrant le cou de pied : elles avaient aussi une marguerite à la boutonnière.

Lucie ne prononça pas un mot, et leva la main en signe de salut, les deux couples s’inclinèrent et l’un des jeunes hommes s’écria en apercevant Émile :

— Toi, toi Lodenbach.

Étonné, celui-ci se retourna, et le visage rasséréné, répondit en tendant la main.

— De Mauverlin !

— Vous vous connaissez, interrogea Lucie ?

— Des amis de collège, répondit de Mauverlin regardant le signe que lui adressait Lucie posant un doigt sur ses lèvres sans affectation.

— Vous vous retrouverez, murmura-t-elle.

Elle entraîna Émile vers une porte du fond, suivit une galerie et ils entrèrent dans un salon orné dans un coin d’un secrétaire de dame.

Yvonne, costumée comme les deux femmes du vestibule, mais avec un gland d’or à la ceinture, et la jupe courte, non plus à la zouave, tombant sur des bas rouges à points d’or, écrivait à ce secrétaire. Elle se leva.

— Vous, dit-elle.

— Mignonne, on a envoyé à Émile une formule d’engagement et il s’est informé auprès de moi. Sors une feuille, il la signera.

— Oh volontiers.

Dans un tiroir, elle prit ce qu’il fallait, et lui faisant signe de l’œil.

— Allons, approchez, signez vite.

Il signa sans tremblement de main, Yvonne se plaça au milieu du salon, il exécuta le salut indiqué par Lucie, la belle lieutenante se retourna pour lui présenter son cul sur lequel il déposa un gros baiser. Il entendit un froufrou de jupes tout près, il regarda et il vit Lucie qui lui offrait le sien : il se précipita dessus et d’une chaude caresse l’enveloppa dans ses contours.

Les jupes retombèrent.

La capitaine est-elle là, demanda Lucie ?

— Ici à côté, je l’appelle.

— Oui, je parlerai.

Yvonne ouvrit une porte et dit :

— Le temple est dans la joie.

— Une brebis entre au bercail, répondit une voix jeune et bien timbrée.

Une nouvelle femme apparut dans la même toilette qu’Yvonne, avec en plus un gland d’or pendant sur chaque épaule.

Les yeux d’Émile et les siens se rencontrèrent, comme ils échangeaient le salut voluptueux, et se saisissant ensuite les mains, la capitaine s’écria :

— Vraiment, je ne rêve pas, c’est vous Lodenbach !

— Le vous est interdit dans l’Armée de Volupté, observa gravement Lucie.

— Oh pardon, pardon, murmura la capitaine, tutoie-moi et embrasse-moi, Émile, pour me faire pardonner.

— Te faire pardonner, comtesse ?

— Il n’y a pas de titres autres que les grades hiérarchiques, dans l’armée, ajouta Lucie. La comtesse Héloïse de Bouttevelle est ici la capitaine Bouttevelle. Tu es en pays de connaissance, cela ira tout seul pour dissiper tes frayeurs.

— Des frayeurs, interrogea Héloïse, une blonde albine aux yeux hardis et fureteurs, des frayeurs de ne plus penser qu’aux plaisirs de l’amour !

— Plaisirs bien dangereux en association, à mon point de vue, dit Émile.

— Pour les sots et les timides, pas pour les intelligents et les résolus. Je suis vraiment heureuse de te recevoir. Tu appartiens à ma capitainerie ?

— Je l’ignore.

— Enrôlé ici, il y a des chances pour : je te donnerai un groupe, où tu franchiras rapidement tes étapes.

— Pour l’instant, ne nous en occupons pas, intervint Lucie. Es-tu de service obligatoire, ou peux-tu venir avec nous dîner et passer… la nuit ?

— Je suis des vôtres. Yvonne pourvoira à tout. Je remets ma toilette de ville et nous partons.

— Dans ce cas, nous ne te quittons pas.

Il la suivirent dans la pièce voisine, un salon plus grand que celui où se tenait Yvonne, avec un large divan tout le long d’un de ses murs ; la comtesse, en un rien de temps se débarrassa de son corsage, de ses jupes, et se trouva en chemise. Elle avait les seins qui bombaient sous ce vêtement, Lucie les palpa et dit à Émile :

Il est plaisir de les honorer, profite, avant qu’ils ne disparaissent.

— Ils sont encore trop voilés !

— Cela te gêne, s’écria Héloïse, tiens, regarde-les et regarde-moi.

La chemise roula aux pieds et, toute nue, elle sourit au nouveau soldat de volupté.

Il s’empressa de la peloter et de lui baiser les seins, s’extasia sur la petite motte blondinette qui ornait le bas-ventre.

— Tu permets que je la baise, demanda Lucie.

— Si je pressens ce qui se passe dans votre esprit, répondit Émile, je crois bien que j’aurais tort de m’y opposer.

— À la bonne heure, tu te façonnes ! Tu sais, je l’aime beaucoup, elle est ma bonne amie dans l’armée, et je la pousse, comme elle pousse ma petite Yvonne.

— Qu’es-tu, toi, Lucie ?

— Dis-le lui, Héloïse.

— L’Intendante générale des troupes de Paris.

— Une intendante !

Héloïse lui prêtait gentiment ses seins à sucer, elle lui prêtait encore plus gentiment son cul à peloter, il apercevait sa maîtresse Lucie darder sa langue fine et rosée entre les cuisses de la capitaine, il soupira, Lucie se tourna de son côté, le déculotta, et lui baisa le bout de la queue. Héloïse s’étirant dit :

— Voulez-vous avant de partir, ou faut-il attendre ?

— Je crois qu’il attend depuis assez longtemps. Tiens, aide-moi à quitter ces jupes, il va me prendre, mais rien qu’une fois, tu entends, Émile, et nous nous sauverons.

— Oh, ma Lucie, ma Lucie, tu consens s’écria-t-il en revenant promptement à la jeune femme et aidant la comtesse à dégrafer la robe, je t’obéirai en tout, oui, oui, une fois, c’est le ciel.

— Habille-toi, Héloïse, et ne nous regarde pas.

— Ne pas vous regarder, ce serait par trop bête, vous me semblez aussi épris l’un que l’autre, et votre unité appartiendra à la légende, si j’en juge à vos vaillantes dispositions. Oh, que tu es belle, vue ainsi ! quel malheur que vous ne soyez pas nus, vos vêtements couvrent encore trop.

Émile avait transporté Lucie sur le divan, et attiré dans ses bras, tous deux jouissaient déjà dans une étroite possession.

Leurs lèvres s’agrippaient, leurs mains se pressaient avec la même ardeur, la secousse les emportait, Héloïse sonna, elle fit un signe à Yvonne, un homme nu arriva bientôt, elle l’appela et roula sur le tapis dans ses bras.

Émile et Lucie ne pensaient qu’à eux, ils ne pouvaient plus s’arracher à leur extase, malgré leur bonne volonté.

Leur vue enivrait Héloïse et son compagnon, qui se baisaient avec des transports imitant les leurs ; on n’entendait que des caresses et des soupirs, on ne parlait pas, et sur le seuil de la porte, laissée ouverte, Yvonne, toute émue, avait troussé ses jupes, se grattait le clitoris, lorsqu’une queue courut entre ses fesses et la poussa d’un pas en avant.

Elle ne se déroba pas, elle tomba sur les genoux, jupes sur les reins, et dans son cul, de Mauverlin pointa sa queue.

La folie se propageait ; se doutait-on de ce qui s’accomplissait.

Quelques personnes apparurent, des femmes en majorité : des frémissements les agitèrent, elles se pelotèrent entr’elles, ou se laissèrent peloter par les cavaliers présents.

Lucie se renversait de plus en plus en arrière, ses petits pieds s’appuyaient sur les épaules d’Émile, elle lui montrait toutes ses cuisses et son ventre, appelant l’engloutissement de sa queue, il se reprécipita dessus, elle se tordit, le pressa avec tendresse sur elle une dernière fois et dit :

— Oh assez, assez, l’heure n’a pas encore sonné, oui, oui, finis, jouis, mon amour, on jouit autour de nous, achève, achève bien, et puis, songeons au départ.

Il ne pouvait se ressaisir, il se soumit néanmoins. La tête tournait aux deux jouteurs, ils contemplèrent, l’espace d’une seconde, les ébats de ceux qui les entouraient et qui s’arrêtaient aussi, Lucie dit au cercle qui s’était formé sur la porte :

— Mes sœurs, mes frères, l’Intendante accordera liesse d’amour au temple, pour récompenser officiers et soldats de la volupté qu’elle a éprouvée dans cette capitainerie.

— Hurrah pour l’Intendante Lucie.

Elle demeurait assise sur le divan, les cuisses découvertes, Héloïse et son cavalier se relevaient, Yvonne restait accroupie la tête sur les bras, le cul en l’air, dans lequel on voyait entrer et glisser la queue de de Mauverlin, au paroxysme de l’érection, donnant des coups de ventre à ce cul rebondi et superbe, qui se tortillait, s’exhaussait, s’abaissait, suivant les désirs.

Le bras autour de la taille de Lucie, Émile, attentionné au tableau, ne perdait rien des péripéties de ce dernier assaut, qui agissait sur ses sens et ravivait des ardeurs, que ne parvenait pas à éteindre la jolie main de Lucie, lui serrant avec amour la queue.

De Mauverlin éprouva enfin la secousse finale, il s’effondra sur les hanches de la lieutenante, qui se pelotonna sous lui, et les tressaillements les unirent dans la même félicité.

— Nouvelle victoire d’amour, cria Lucie, le poste sous les armes, pour voir défiler les officiers se rendant au cabinet de toilette.

Elle ramassa sa chemise sur le bras, découvrant ses jambes et dit à Émile :

— Accompagne-moi.

À leur suite, s’avancèrent Héloïse et son cavalier, à qui Émile serra vigoureusement la main et qui n’était autre que le mari d’Héloïse, le comte Mathieu de Bouttevelle, puis Yvonne et de Mauverlin.

Une des femmes qui étaient sur le seuil de la porte, tandis que l’on criait : aux armes, aux armes, précéda le cortège, qui arriva à un grand palier, où sur deux rangs étaient rangés une douzaine de femmes, le corsage ouvert, tenant à la main un sein, et autant de cavaliers derrière elles, la main sur leurs fesses par dessus la jupe.

Passant devant les deux rangs, Lucie avec l’extrémité de sa chemise qu’elle avait pris dans sa main, exécuta un mouvement de droite à gauche, se tourna de face, se découvrit le nombril, posa le petit doigt dessus et dit :

— Gloire à vos beautés et à vos vaillantises, sœurs et frères, ceci est fier d’être vôtre.

Les femmes mirent genou à terre, les hommes sortirent la queue, qu’ils tendirent au dessus de leurs têtes, un murmure répondit :

— Gloire et prospérité à l’Armée de Volupté.

Chaque femme agenouillée saisit une queue dans la main, Lucie fit volte-face, présenta le cul, et dit :

Au troisième couple, le salut.

Le cavalier de ce couple aida à se relever sa dame, s’approcha avec elle, donna un coup de queue entre les fesses de Lucie, tandis que la dame, agenouillée devant Émile, lui frottait l’extrémité du gland avec son sein.

Face à face ensuite, le cavalier avec Lucie, la dame avec Émile, ils échangèrent un baiser sur les lèvres et retournèrent à leur place.

Le même cérémonial s’accomplit avec le comte et la comtesse de Bouttevelle, de Mauverlin et Yvonne.

Les trois couples pénétrèrent alors dans un immense cabinet de toilette muni de tout son nécessaire.

Lucie rayonnait au milieu de ses amis, et s’occupait de réparer son désordre, comme ils s’en occupaient de leur côté. Elle lisait la surprise dans les regards d’Émile, surprise où il n’y avait plus de la défiance, mais une vive curiosité et une admiration encore plus marquée à son endroit.

Chatte et câline à son égard, elle le poursuivait de ses œillades amoureuses, témoignant combien elle partageait le sentiment et la passion qui le lui livraient, et ne cachant pas dans ce milieu voluptueux l’amour ressenti, elle murmura :

— Chéri, chéri, nous allons nous sauver de suite, pour recommencer une nouvelle nuictée comme la première fois.

— Tu emmènes Héloïse, dit Mathieu, le mari épris de sa femme, capitaine comme elle au même siège de capitainerie !

— Je l’emmène pour enchaîner par nos séductions réunies notre nouveau frère.

— Avec deux telles sirènes, notre brave Lodenbach n’a qu’à s’avouer vaincu.

— Vaincu, s’exclama Émile, du diable si je m’attendais à pareil rêve, vaincu, les forces éclatent dans les poumons ! Vous et la comtesse, officiers ?

— Émile, interrompit Lucie, tout le monde se tutoie dans l’armée !

— Oui, oui, mais je suis à peine inscrit. Toi, Mathieu, un capitaine, toi, le modèle des maris, tu laisses aller ta femme !

— Avec Lucie et toi, avec les autres de l’armée !

— Avec Lucie et toi, avec les autres de l’armée ! Nous ne sommes plus qu’une immense famille confondant passions et intérêts pour le bonheur de tous.

— Votre présence à tous deux dans les rangs de l’Armée de Volupté, éclaire bien des choses à mes yeux.

— Tu t’égares, Lodenbach, notre action n’est pour rien dans ce qui t’arrive.

— J’ai rencontré Lucie le lendemain de votre soirée !

— Cela ne prouve rien. Il y avait beaucoup de monde à notre bal, et tu t’es distingué par ta cour assidue auprès d’une de nos valseuses.

Lucette !

Lucie lui mit la main sur la bouche et intervint :

— Nous sommes prêts, courons nous habiller et partons.