L’Arc d’Ulysse/Marteau de porte

L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 53).

MARTEAU DE PORTE

Le dos tourné, grassette et ronde, le crin roux,
La petite servante, avec un branle doux
Qui fait rouler sa croupe et danser ses genoux,
Frotte, à l’huis, le marteau dont je me sens jaloux,

C’est un petit serpent en figure de guivre.
Il s’éclaire, amoureux de la main qui délivre
Le rayon endormi dans son âme de cuivre,
Et l’on sent qu’en ces doigts de rose il voudrait vivre.

Symbole du désir qui n’en vient pas au fait,
Cependant qu’il demeure, amant insatisfait,
À heurter comme on dit la porte du buffet,

Je regarde la belle main qui le maltraite
Et le choie ; et, rêvant que je suis de la fête,
Sens un autre serpent qui dégage sa tête.


30 décembre 1912.