La guerre déchire l’automne. L’arbre en or
Disperse de claires couronnes Sur nos morts.
Pour un qui tombe il en vient quatre Au canon.
Nos cœurs se laissent-ils abattre ? — Non, non, non.
Le vent sur les feuilles du tremble Ce matin
À pile ou face joue, il semble, Nos destins.
Mais l’arbre tient bon, qu’en sa rage Tord le vent ;
Du rude assaut c’est le présage Émouvant.
Sur la tranchée et sur l’embûche Frémissant,
Octobre, qui teins la lambruche De ton sang,
Quand tu changes en torches claires Les rameaux,
Nous pensons à ceux qui brûlèrent Nos hameaux.
Que soient rouges comme nos bouches Tes vergers,
À l’heure où nous mordons, farouches, L’étranger !
Le bourreau des arbres, la lame D’assassin,
Qui cherche sous l’écorce une âme Et un sein.
14 novembre 1914.
|