Toi dont les fils sont morts, mais la race prospère,
Qui des tiens sait encor l’if noir et le tilleul
Où ta tombe rompue attire la vipère ?
Moi, dont pourtant le sang n’est pas le tien, moi seul.
Oh ! vieux marin qui pour l’orphelin fus un père,
Lorsque l’oubli te coud dans un autre linceul,
Toujours je me souviens, et chaque soir j’espère
Qu’un rêve me rendra ton front brumeux d’aïeul.
Dans la vieille maison si tiède à mon enfance,
Que tu bâtis, et qu’un Lare étranger offense,
Tu revins cette nuit ; tous les tiens étaient là.
Mais tu m’ouvris tes bras, sans regarder ta race.
Ta bouche froide et vide à la mienne colla
L’amer goût de la mort dans un baiser vorace.