L’Arc d’Ulysse/François Villon

L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 121-122).

FRANÇOIS VILLON

« Las de jouer au pendu décroché,
« — Gloire aux pieds du gibet en pénitence, —
« Requiers qu’il plaise aux sergents me brancher,
« Fors que le col ils n’agrippent, mais l’ance.
« Cy de plus haut l’on prêche gens, et danse
« Le galant pas des lyrismes froidis.
« Rimer vous mêne un homme à la potence :
« Eschec ! Eschec pour le fardis ! »

Mais pour ses vers, le povre escholier, chez
Les morts, les garde en riche appartenance.
Du cadavre mitré sort l’Évêché,
Et du corps chamarré la Lieutenance :
Sur ses huitains Villon garde ordonnance.
Qu’ils sont légers, les coffres de jadis !
Temps, pince, ou croc ont vidé leur finance.
Eschec ! Eschec pour le fardis !

« Il n’est pécheur que le Sot, et péché
« Que de laideur. Au seul Verbe importance.
« Que passe clerc, pauvre à son pain chercher,
« Je le bénis des talons et quittance,

« Évêque aux champs où freux croquent pitance.
« Mourons en l’air, allègres et maudits.
« — Justes, broyés au pilon des sentences,
« Eschec ! Eschec pour le fardis ! »

Envoi.

Prince, l’amour mue en vin de Constance
Le vin suret, bourdeaux en paradis,
Rots de paillarde en suave accointance…
Mais que ton cul poise à la reine, dis,
As-tu besoin de l’apprendre en mes stances
Eschec ! Eschec pour le fardis !


9 janvier 1907.