L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/33

Vital Puissant ? (p. 26-28).

CHAPITRE XXXIII.

De la fouteuse sensée. Histoire

Le lendemain, après mon travail, je vins voir ma fille ; elle était dans mon magasin, m’embrassa la première et me dit : « Au nom du ciel, cher papa, ménagez-vous ! J’ai besoin de votre tendresse paternelle plus que jamais. Que deviendrais-je si je vous perdais ? Vous êtes le meilleur des pères, vous me donnez le nécessaire et la volupté. J’ai un bijou insatiable, mais votre Trait-d’Amour l’emplit et le satisfait au-delà de toute vraisemblance. Je suis bien sensible au don que vous m’en avez fait : aussi la reconnaissance et la tendresse sont pour vous, je ne lui donne que du foutre. — Mon adorable fille, tu es toujours également modeste. — J’ai aussi obligation à Trait-d’Amour d’avoir amené sa petite sœur et sa jolie maîtresse, surtout d’avoir donné celle-ci à ses deux camarades, pour me rester plus entier et vous soulager, d’autant mon extrême chaleur. Les jeunes filles sont de bonnes petites créatures et valent mieux que la Rose-Mauve, qui cependant n’est pas sans mérite. Ménagez-vous, cher papa, ne voyez que moi, c’est bien assez. Une partie tous les huit jours suffira pour vos forces. Trait-d’Amour me donnera le surplus de ce qu’il me faut. En ne jouissant que tous les dimanches, les garçons, les petites tout comme nous, l’appétit et le plaisir seront plus grands ; nous passerons une demi-journée délicieuse. Mais je suis jalouse de vous et de Trait-d’Amour ; ne le mettez qu’à moi, avertissez-les tous de cela. C’est mon caractère que la jalousie, et puis, où trouveriez-vous une femme ou une fille qui me vaille ? toujours propre, abluée à chaque pipi, autant par volupté que par délicatesse, car cet endroit que vous avez la bonté de trouver charmant est toujours si chaud que je ne le mets jamais dans l’eau qu’avec une volupté qui approche de la jouissance. Ne me le mettez donc pas de la semaine pour avoir plus de plaisir, sans vous tuer, le dimanche. Ne me touchez ni le bijou ni le sein. — Non, répondis-je, dans la semaine je ne baiserai que ton joli pied, et je veux toujours avoir une de tes chaussures au trumeau de ma cheminée. — Rien d’aussi flatteur que d’être ainsi adorée jusqu’à sa parure ; aussi mon pied est-il soigné aussi bien que vous l’adorez. Je le lave à l’eau de rose deux fois le jour, matin et soir, et après avoir marché. — Ah ! céleste fouteuse, que je le baise ! que je le baise ! — Point de cela dans la semaine ; il vous excite. Baisez votre idole, j’ai autant de sensibilité au visage qu’ailleurs, mais restez-en là. Du reste, je suis à vous, vendez-moi, livrez-moi quand vous le voudrez, je me donnerai avec plaisir pour vous, comme une autre Ocyroé. »

Je me privai donc malgré moi, et pour nécessité je me contraignis, mais j’avais à ma cheminée sa chaussure rose à talons verts, à laquelle je rendais mes hommages tous les jours en l’honneur de ma fille, la plus pieuse et la plus dévouée qui ait jamais existé. Conquette Ingénue, à laquelle je le dis le samedi, en fut transportée de joie. Elle darda sa langue, me fit sucer ses tétons, palper son poil soyeux et dit avec amour : « Je remercie le sort de m’avoir fait naître d’un si bon père. Je rends à mon papa en plaisir délicieux les soins qu’il a pris de mon enfance ; je suis le baume et le charme de sa vie, et il est le baume et le charme de la mienne. En amour, j’en fais l’expérience, rien n’est si voluptueux que l’inceste ! » Un instant après, à huit heures, toute la petite société, Trait-d’Amour, Minonne sa sœur, Connette sa maîtresse, Rose-Mauve, Cordaboyau et Brisemotte, vinrent prendre langue pour la réunion du lendemain. Je donnai le mot de passe et les retins à souper ; il y avait un joli gigot de huit livres et du vin de Bourgogne, avec un pâté chaud ; après le repas, voulant les émoustiller tous et moi-même, je racontai devant nos hôtes, l’histoire suivante.