l’Amour Turc[1].

Quand la barque tartare
À la chute du jour
Vogue ; quand la guitare
Murmure un chant d’amour ;
Quand Stamboul bien-aimée
Étincelle de feux ;
Quand la nuit embaumée
Couvre de voiles bleues
Les flèches et les dômes ;
Quand mes kiosques verts,
Comme de grands fantômes,
Se mirent dans les mers ;
Alors, ma favorite,
L’heure s’envole vite ;
Alors que j’aime à voir
Ta mauresque parure,
Ta longue chevelure,
Brune comme le soir,

Tes paupières baissées
Et ton ris gracieux
Comme une des pensées
Qui nous viennent des cieux !!…
— Eh ! pourtant, ma sultane,
Sur la même ottomane
Où te flatte ma main,
Ta rivale persane
Se couchera demain…


Jules de Saint-Félix.


  1. Le succès des poésies romaines de M. de Saint-Félix a justifié nos prédictions. Une deuxième édition se prépare, et déjà nous pouvons dérober une page aux jouissances de l’avenir. Ce morceau inédit figurera dans l’édition nouvelle, et ne déparera pas les œuvres de ce jeune poète plein d’espérance et de talent.