L’Amour qui ne meurt pas/Natali Dies

Éditions de la Revue des poètes (p. 77).

NATALI DIES

Et nunc vivere incipit morique desinit.

Ne me plaignez pas, vous, les pèlerins qu’enivre
Ce printemps fugitif qui vous semble si beau,
Vous qui pieusement penchés sur mon tombeau,
Frémissez en songeant qu’il faudra bien me suivre.

Le dur été, l’automne en pleurs, l’hiver de givre
De leurs vents furieux éteindront vos flambeaux,
Mettant votre parure et vos cours en lambeaux ;
Vous rêverez alors de l’heure qui délivre.

Ce qu’hier ici-bas si tristement j’aimais,
Dans la gloire des cieux m’appartient à jamais ;
Jeunesse disparue, espoir troublé d’alarmes,

Trésors évanouis, je vois tout refleurir ;
La main du Dieu d’amour essuie enfin mes larmes :
J’ai commencé de vivre et cessé de mourir.