L’Amour qui ne meurt pas/À Jeanne d’Arc Figure de la Patrie

Éditions de la Revue des poètes (p. 19-21).

À JEANNE D’ARC

FIGURE DE LA PATRIE

Jeanne d’Arc, sauvegarde, espoir de notre France,
Toi son emblème dans les cieux,
Aux heures de péril et de mortelle transe,
Vers toi se lèvent tous les yeux.

Le cœur transpercé par nos plaintes
Et l’émouvant appel des saintes,
Tu laisses choir de tes mains jointes
Ta quenouille et ton écheveau ;
Pour te suivre sans peur ni doutes,
Nos fils s’assemblent sur les routes ;
Les campagnes s’éveillent toutes
Dans un splendide renouveau.

Tu vas ressuscitant la foi, faisant aux frères
Oublier leur inimitié,
Unissant les esprits et les désirs contraires
Dans la même ardente pitié.

S’arrachant à son pesant rêve,
Le peuple frémit et se lève ;
Aux lueurs de l’aube, ton glaive
Luit sans tache, immortel flambeau ;
La rumeur se change en fanfare,
L’envahisseur soudain s’effare,
Et la France, comme Lazare,
Sort triomphante du tombeau.

Le faible reprend cœur, le blasphémateur prie
Lorsque tu leur montres la croix,
Ô Jeanne d’Arc, âme et drapeau de la patrie,
Porte-étendard du Roi des rois !

Comme après leurs longues alarmes,
Les femmes essuyaient leurs larmes,
Quand, souriant aux hommes d’armes
Hymne vivante, tu passais,
Nos âmes redeviennent hautes ;
Nous avons expié nos fautes.
Tu chasseras les mauvais hôtes
Qui souillent le pays français.

Ô toi que Dieu protège et qui sur nous reposes
Avec tous ceux que tu défends,
Va, patrie au grand cœur, soutiens les nobles causes,
Ne doute pas de tes enfants !

Évoque cette multitude
Qui vainquit la tourmente rude ;
S’ils ne portaient pas d’habitude
La même cocarde au chapeau,
Tous ils ont su dans la bataille,
À l’heure ou pleuvait la mitraille,
Vivante et stoïque muraille,
S’immoler au même drapeau.