Imprimé par ordre des paillards (p. 96-116).
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L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre
L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre


IX


Une soirée particulière, des apparitions fréquentes dans les salles de l’avenue Matignon, puis Jacques et sa famille prirent l’habitude de frayer avec tous les mondes, ce qu’ils n’avaient pas fait jusque là. Jacques se risquait au baccarat et gagnait, Thérèse liait conversation avec les cocottes et les Messieurs qui leur couraient après ; Lina ou Léa ne venaient qu’à tour de rôle pour les renforcer. Quant à Antoine, il gardait la maison, ne pouvant mener une vie de trop grande fatigue ; une des femmes demeurait toujours avec lui pour sa partie de cartes avant le coucher, et aussi pour le plaisir vénérien, quoiqu’il n’eut plus sur ce point que de lointains et rares appétits.

On ne demandait pas à Jacques d’organiser des tableaux vivants, mais il continuait ses relations avec Annette, et cherchait à causer intimement avec La Férina, qui lui battait froid, paraissait s’être réconciliée avec Thérèse, la comblant de gracieusetés et de petits bonbons.

Les cartes, la roulette, les femmes, les voluptés permises dans la pleine luxure : l’établissement mi-clandestin des Gressac avait tout ce qu’il fallait pour réunir les viveurs et les viveuses. La Férina et son amie Horacine des Tilleuls s’amusaient à jouer sur un tréteau des ébauches lesbiennes, qui activaient les passions très excitées en un pareil milieu. Ces ébauches, loin de déplaire à l’entreteneur sérieux du moment, lui convenaient fort, et il n’en désirait que davantage ensuite la jolie courtisane.

Arthur des Gossins, qu’Annette laissa entrevoir à Jacques comme épris de Thérèse, ne venait pas souvent dans les salons de l’avenue Matignon, et n’y abordait presque pas la jeune femme. Le danger qui plana un instant sur les destins de cette honnête entreprise se trouvait écarté. Un important personnage politique, de ceux-là qui s’affichent des plus intransigeants sur la moralité de leur concitoyens, était intervenu. On pouvait d’ailleurs ignorer très facilement l’existence du claque-dents lupanarisé.

Le Café des Pommes de l’avenue Matignon servait seulement de passage pour les clients nouveaux ; on entrait en général par deux immeubles situés dans des rues voisines, et où l’on avait su aménager les salons et la galerie. De plus un hôtel, où descendaient de nombreux voyageurs, était en communication directe avec les appartements, que les Gressac avaient convertis en chambres pour les passes, et permettait les entrées et les sorties des habitués, sans qu’ils éveillassent l’attention publique. Un soir, Jacques se trouva assis, à la table de roulette, à côté de La Férina ; personne de leur entourage n’était là, elle lui dit à demi voix :

— Demain, à trois heures, dans l’après-midi, je t’attendrai.

C’était la première fois que d’elle-même elle lui adressait la parole ; les yeux brillants, il lui répondit qu’il y serait. L’heure de la possession sonnait-elle enfin ? Il connaissait ce merveilleux corps, ces blancheurs laiteuses qu’il anima de frissons voluptueux sous la force de ses caresses. Son âme se rappelait, avec une vicieuse fièvre, comment ses baisers et ses suçons succédèrent au passage de l’amant dans ce con, qu’il brûlait de posséder.

Loin d’être dégoûté de ce souvenir, il en ressentait comme une attirance encore plus vive ; la décharge masculine provoquée dans son vagin versait un stimulant à sa luxure. Elle sortait d’être baisée lorsqu’il la mangea de minettes, de feuilles de rose, et elle vibra sous le jeu de sa langue, elle vibra avec tant d’intensité qu’elle lui offrit son amour.

Fort amateur de paillardises, ayant sous la main des femmes enchantées de s’y prêter, il voyait en La Férina un exquis poème à déchiffrer, que des amants antérieurs ne se donnèrent pas la peine d’étudier.

Plus rien n’existait devant le rendez-vous qu’elle lui fixait, et sa pensée ne s’en détacha ni dans la suite de la soirée, ni dans les heures à tuer avant de la voir. Aussi ce fut en proie à une très puissante émotion qu’introduit chez La Férina, il se revit dans le salon où pour la première fois il se reput de ses sexualités, après l’exécution de la danse du ventre par Thérèse, Léa et Lina.

Elle le rejoignit immédiatement, vision éblouissante de grâce et de gentillesse. Elle avait revêtu une originale toilette d’intérieur, bien faite pour exciter la luxure et les désirs de volupté, toilette rappelant l’antiquité et évoquant l’époque thermidorienne, pour se moderniser aux appétits sensuels de nos temps. Un tout mignon corsage enserrait les seins, sous lesquels était reportée la taille ; une longue jupe, très ouverte sur le côté droit, partait de la taille pour se terminer en superbe traîne par derrière et s’arrêter par devant, juste au-dessus des mollets ; des chaussettes de soie et de petites mules complétaient le costume de fines étoffes blanc-argent.

Par l’ouverture de la jupe, très échancrée, on apercevait la magnificence du corps nu, avec les rondeurs dodues des fesses, la délicatesse du contour des hanches, les séduisants appas des cuisses. Toilette de déesse accessible aux humains, toilette bien voulue pour jeter le feu des appétits vénériens dans le cœur d’un amant, toilette que soulignait la démarche souple et gracieuse de celle qui la portait !

Elle s’avança, souriante et amoureuse, elle ouvrit les bras, il s’y précipita, et ils échangèrent une brûlante caresse sur la bouche. Il s’enflammait déjà sous l’ardeur des désirs ; ses mains frissonnantes agrippaient les chairs ensorceleuses, elles couraient vers les sexualités, elles patouillaient avec fièvre ce corps qui s’abandonnait ; elle le pigeonnait, lui murmurait de doux propos, ne le contrariait pas dans la hâte de son pelotage.

Il s’écroula à ses pieds, ses lèvres parcoururent toute la féminité de l’horizontale, elles la chatouillèrent de ces experts suçons qu’elle aimait tant, et sous lesquels elle se pâmait. Elle se délectait de ses furieux baisers sur son con et sur son cul, elle lui livrait ses cuisses et ses fesses sous l’impulsion de ses mouvements, puis après quelques fortes lippées où il la secouait des pieds à la tête, elle lui toucha le visage d’un doigt tremblant, et dit :

— Assez, assez, pour le moment, j’ai quelque chose à te communiquer qui va bien te surprendre.

— Non, non, je ne m’arrêterai que pour te baiser, il y a assez de temps que j’aspire après cette joie.

— Patience encore, chéri, tu sais bien que je partage ton envie ! Il faut que je te parle, et je t’assure que cela t’intéressera beaucoup.

Pour appuyer sa volonté, elle frappa un léger coup de talon sur le tapis, le saisit par dessous les bras pour l’obliger à se relever, et il dut se résigner. Pour le consoler, elle glissa la main dans sa culotte, sortit sa queue, et eut un geste de regret en constatant combien elle bandait. Elle la branla avec mollesse, et reprit :

— J’attends quelqu’un et tu es à cent lieues de deviner qui ça peut être.

— Encore un ajournement.

— Je n’ai pu remettre le rendez-vous ; je ne savais rien hier quand je t’ai parlé. On m’a passé la lettre comme je partais ; tu n’étais plus là. Devine qui m’écrit.

— Ton ancien amant, Arthur des Gossins.

— Non, c’est une femme.

— Oh, alors, il n’y en a qu’une qui te tienne au cœur, Horacine des Tilleuls ; tu l’enverras au diable pour aujourd’hui.

— Tu n’y es pas, et je me garderai bien de ne pas recevoir celle qui m’a écrit ! Tiens, regarde, tu dois reconnaître l’écriture.

De la pochette qui enfermait son sein gauche, elle tira un billet et le lui tendit. Il le prit, mais la voyant sourire, il hésita de lire. Sur son signe de tête, qu’il pouvait le faire, il jeta les yeux sur l’épître. Il fut vite intéressé, c’était une très chaude déclaration d’amour de sa femme Thérèse, suppliant La Férina de la recevoir, à ce même moment où il se trouvait près d’elle, afin de lui fournir l’occasion de prouver combien elle l’adorait, par les ardentes et brûlantes caresses dont elle couvrirait tout son corps, caresses qu’elle apprécierait mieux que celles de son mari, jurant que si elle consentait à ce qu’elle la baisât avec le godemiché, elle ne voudrait jamais plus de personne, même d’Horacine. Quand il eût achevé sa lecture, elle dit :

— J’ai donné l’ordre de l’introduire, dès qu’elle se présenterait.

— Je ne supporterai pas cela, s’écria-t-il !

— Ne fais pas la bête ! Tu te cacheras derrière ce sopha, vis-à-vis de cette coucheuse ; ta femme ne soupçonnera pas ta présence, et tu verras si elle sait bien me déclarer son amour, et comment elle s’y prendra pour que je jouisse. Hein ? Je suis gentille ! Le spectacle t’enragera les sens, et quand elle s’en ira, si tu as été bien sage, si tu ne t’es pas montré, tu me tireras tant que tu voudras, tant que tu pourras.

Oh ! cette Férina, il était écrit qu’il n’arriverait jamais auprès d’elle qu’en second ! Jusqu’à sa femme qui se dressait, alors qu’il se croyait sur le point de la cueillir. Mais il recommençait son pelotage, ses caresses ; elle le frappa sur les doigts, le repoussa, simula une petite colère, et dit :

— Viens que je t’installe derrière ce sopha, pour qu’on ne se doute pas que tu es là.

— Encore quelques minettes.

— Non, ce n’est pas possible ; on m’a prévenue ; ta femme est dans la salle de billard, où on l’a introduite ; elle attend que je la fasse appeler, et il y a déjà assez longtemps. Veux-tu oui ou non te cacher ?

— Je veux ce que tu veux.

— À la bonne heure !

Elle l’installa on ne peut mieux pour qu’il suivit la scène sans se fatiguer, et de façon à ce que rien ne le trahît. Ensuite elle sonna, et retourna s’étendre sur sa coucheuse. Thérèse, très pâle, très émue, entra sous une toilette grise, la dessinant très bien dans l’harmonie de ses contours. La Férina, se soulevant avec nonchalance, murmura d’une voix langoureuse :

— Il est donc vrai que vous pensez à ma pauvre personne ?

Elle n’eût pas plus tôt prononcé ces mots, que Thérèse tombait à ses genoux, la baisait avec transports, et répondait :

— Ah ! dites, vous me pardonnez mon ancienne méchanceté ? Folle que j’étais ! je ne voulais pas reconnaître votre beauté, votre charme, et alors que je me croyais jalouse de mon mari, je n’en doute pas à cette heure, toute ma jalousie s’adressait à ceux qui vous aimaient, et qui m’empêchaient de découvrir ce qui se passait en moi. Oh, je saurai vous prouver la force de mon amour ! Laissez-moi me griser de vos trésors de femme !

— Vous rappelez-vous comme vous m’avez battue, fouettée ?

— Oubliez-le, je vous en supplie ! Songez aux sentiments qui me tuaient le cœur ! Mon mari se jouait de ma tendresse, de mon dévouement ; sous mes yeux il vous adorait, et affichait son dédain à mon égard ; la rage s’empara de mon âme ! Oh, cette rage, comme elle se serait vite transformée en cet amour qui me brûle, si je vous avais regardée ainsi que je le fais depuis que nous nous rencontrons avenue Matignon.

— Vous m’aimez vraiment ?

— Ne le sentez-vous pas ?

— Si, si, mais si je consens à écouter l’amour d’une femme, il faut que cette femme soit au moins aussi peu vêtue que je le suis ; il faut que je puisse juger si son corps frissonne réellement aux caresses que je lui permets de me faire.

En un bond Thérèse se redressa, et, sans hésiter, se dépouillant de toute sa toilette, se mit en complète nudité. La Férina, dans une pose énigmatique, demi-couchée, demi-assise, la laissait agir, la suivait des yeux. Nue, Thérèse s’approcha et s’agenouilla de nouveau, en disant :

— Suis-je comme vous le désirez ?

— Je veux vous voir debout, tout près. Venez, venez par ici que je contemple votre corps.

Thérèse s’empressa d’obéir : elle se plaça devant les yeux de La Férina avec grâce et finesse. Celle-ci lui toucha le minet, les fesses, les cuisses, les nichons, et reprit :

— Tu es belle, tu es jolie, tu mérites toi-même d’inspirer les désirs des femmes. Eh bien, puisque tu m’aimes, tâche d’effacer par tes caresses le doux et tendre souvenir que m’ont laissé celles de ton mari.

Elle se rejeta en arrière, en retirant vers son cou le faible voile qui cachait son con et ses cuisses, Thérèse s’accroupit entre ses jambes, et la gamahucha avec fougue, avalant sa motte, son clitoris, lorsqu’elle entendait sa voix murmurer :

— Plus fort, plus au fond, va, marche, je n’oublie pas encore ton mari.

À cette exclamation, une frénésie dominait Thérèse ; on eût juré qu’elle cherchait à se fondre dans cette femme qu’elle encensait de ses caresses, tant sa langue la picotait avec vélocité, tant ses mains la pelotaient avec passion, tant elle enfouissait le visage dans ses parties sexuelles. La Férina s’énamourait, malgré ses paroles ; elle commençait à se contorsionner, à secouer les jambes, à plisser le ventre, à appuyer les mains sur la tête de sa compagne, exigeant des caresses de plus en plus intimes, se convulsionnant pour lui tendre son cul, afin qu’elle lui en léchât toute la fente, lui reportant le con afin qu’elle suçât son clitoris et lui chatouillât le vagin avec le menton. Les impressions se succédaient de plus en plus ardentes. Si Thérèse ne pensait pas à son mari, La Férina ne se rappelait plus la présence de Jacques. L’émotion voluptueuse gagnait de façon impérieuse les deux femmes. Soudain La Férina demanda d’une voix haletante :

— As-tu un godemiché ? Je ne sais plus où est le mien.

— Tu veux que je te baise, mon amour, tu éprouves donc sous mes minettes et mes feuilles de rose ? Oh, ce que tu es belle, oh, oui, ma chérie, mon idole, j’espérais que tu me le demanderais : je l’ai apporté, et tu seras pour de bon ma petite maîtresse, mon adorée.

— Vite, vite, tire-moi ton coup, je suis à point, je jouis, vite, je veux décharger dans tes bras ! Oh, quel bon amant tu es !

Thérèse courut à sa robe, et dans une poche intérieure, ménagée dans un pli de la doublure, elle prit le godemiché et sa ceinture qu’elle accrocha rapidement à sa taille. Alors, apercevant La Férina qui étalait toute l’éblouissante blancheur de son corps par devant, elle lui conseilla de se coucher sur le tapis, où elles seraient plus à l’aise pour se mouvoir. L’horizontale ne se le fit pas répéter, mais elle se dépouilla d’abord de son original déshabillé et nue comme Thérèse, elle la reçut dans ses bras.

C’était bien là le contact d’un amant et de sa maîtresse. Avec habileté, Thérèse, juchée entre les cuisses de La Férina, pointait le godemiché, l’introduisait dans le con ; puis, se laissant aller, elles se saisirent toutes les deux à bras le corps, et le doux assaut s’engagea. Jacques, à demi sorti de sa cachette, distinguait la croupe de sa femme qui se soulevait et s’abaissait, comme quelques jours auparavant il avait vu celle d’Horacine le faire sur ce même corps.

Le godemiché remplissait à merveille son office ; il entrait dans le vagin, le chatouillait, et en ressortait, pour recommencer prestement la même besogne. Les deux femmes se tenaient pressées, poitrine contre poitrine, ventre contre ventre, et ne se ménageaient pas les baisers à la colombe. Plus petite que La Férina, Thérèse ne la maîtrisait pas moins. De tendres paroles s’échangeaient, la jouissance arrivait, les tressaillements se communiquaient de l’une à l’autre, le monde n’existait plus devant les sensations qui agitaient les deux lesbiennes, et cependant le monde ouvrait les yeux sur leur duo, non seulement par l’attention figée de Jacques, mais aussi par celle d’une troisième femme toute nue, qui venait de surgir et qui, pâle de colère, les bras croisés, assistait depuis une minute aux ébats de ce coït anormal.

Jacques l’avait aperçue, l’avait reconnue, et s’était recroquevillé derrière le sopha. Horacine, probablement en tendre conversation avec La Férina, avait dû être lâchée par celle-ci, courant d’abord recevoir Jacques et ensuite Thérèse. La décharge sous laquelle vibraient les deux femmes, la tira de la stupeur dans laquelle elle restait plongée : elle sauta sur la croupe de Thérèse et la frappa brutalement, en criant :

— Garce ! cochonne ! salope ! ah ! tu te permets de marcher sur mes brisées ; je te tuerai, chienne ! Tu sais, je suis l’amie de Margot depuis trop longtemps pour qu’elle me fasse une queue avec une impudente putain de ta famille !

La main claquait ferme sur les fesses de Thérèse, à qui, loin de déplaire, cette magistrale fouettée semblait produire un effet tout opposé ; les coups poussaient les ventres à se heurter plus violemment, les épidermes s’en électrisaient, et le godemiché s’enfonçait avec plus de vigueur ; la décharge finissait à peine qu’elle recommençait, et La Férina, dans un souffle, murmurait :

— Baise-moi encore, toujours, ma petite, je suis sûre que je t’aimerai plus qu’Horacine.

Le disait-elle pour exaspérer davantage celle-ci ? L’amie trompée repartait de plus belle :

— Ah, tu l’aimeras plus que moi, et tu oses le dire ! Attends, je m’en vais bien voir, garde-lui son godemiché, le mien va le chasser de ton con. Heureusement que je l’ai apporté.

Elle le tenait en effet dans une de ses mains ; elle se le rajusta au corps promptement, et se jetant à côte de Thérèse, elle lutta pour la chasser de sa position. Tout en résistant pour ne pas se laisser déposséder, Thérèse lui dit :

— Ne faisons pas les bêtes comme les hommes, entendons-nous plutôt ; pourquoi ne me baiserais-tu pas pendant que je la baise ! Moi, je sais faire pendant qu’on me le fait : nous jouirons bien plus toutes les trois.

Horacine abasourdie n’eût qu’une courte réflexion, puis s’écria :

— Tu es la plus chouette des filles de bordel ! Pour sûr, que je veux t’enfiler. Laisse-moi te le placer, et on rigolera en chœur.

La Férina, qui entendait ces propos dans un vague délicieux, murmura :

— Gigotons en chœur.

Thérèse la maintenait enfilée, et s’agitait légèrement pour que, derrière ses reins, Horacine guidât entre ses cuisses le godemiché qui appartenait à La Férina. Le nouvel enconnage fut vite chose accomplie ; d’un petit mouvement de dos, Thérèse donna à comprendre qu’on pouvait commencer la manœuvre ; elle formait le centre du trio, qui se mit à fonctionner avec beaucoup d’adresse dans le doux travail. Les deux baiseuses s’accordaient dans leurs gestes ; Thérèse chevauchait encore La Férina, Horacine la chevauchait, baisant avec volupté ses épaules, patouillant ses nichons, lui envoyant des langues sous les aisselles ; les trois femmes ne formaient plus qu’un groupe compact, où les sexualités s’accusaient en frissonnants contacts.

Jacques n’en perdait pas la vue. Le spectacle le ravissait à un tel degré qu’il n’éprouvait pas encore la tentation d’intervenir. Il admirait la prestance de sa femme sachant affirmer sa personnalité entre celle qui la baisait et celle qu’elle baisait. S’il apercevait surtout le cul d’Horacine, de temps en temps les fesses de Thérèse se dégageaient, comme si elles cherchaient à s’emparer de son attention, et il contemplait, la bouche sèche, ces cuisses féminines se tortillant, entendait avec émotion les soupirs, les râles d’amour, que les trois gougnottes ne contenaient plus ; les lascivités se déroulaient dans des postures enivrantes comme seules les femmes sont capables de les imaginer.

Elles s’actionnaient dans leurs caresses, elles se délectaient des rôles qu’elles remplissaient, ne se hâtaient pas de poursuivre les fougueuses décharges, combinant leurs efforts pour perdre à la même seconde la notion des choses de ce monde, et jouir ensemble.

Tribades incomparables, elles supprimaient toute jalousie, toute haine. Horacine s’extasiait sur la finesse des contours de Thérèse, et celle-ci tétait avec délices les nichons de La Férina. Elles s’appelaient : « m’amour », « chérie », « trésor », « mon chien », « feu de mon âme », « ma dragée céleste », « ma miniature », etc., et elles flanquaient du godemiché à tort et à travers, pour appuyer l’expression de leurs tendresses.

Les croupes bondissaient, fulgurantes de blancheurs ; les trois femmes s’allongeaient à côté les unes des autres, pour que le poids des corps ne portât pas tout sur La Férina, et elles se mignardaient, se patouillaient, se baisaient avec une science exquise. Les lèvres sifflaient sous les caresses énamourées et prolongées, les mains fouettaient, les voix se mouraient. Jacques, voyant les secousses qui se précipitaient, ne résista plus. Rapidement dévêtu, sans qu’elles s’en doutassent, il se rua sur Horacine, et avant qu’elle ne fut revenue de sa surprise, il fourrait sa queue dans les fesses, et l’enculait si brusquement qu’elle poussait un cri de douleur, tout en disant :

— Ah, ah, ah, quel est ce sot animal !

— Hein, qu’y a-t-il ? interrogea Thérèse.

— Ce qu’il y a ? Un monsieur qui ne se gêne guère et qui me fout sa marchandise dans le troufignon.

— Chut, taisez-vous, dit La Férina, comprenant ce qui arrivait. S’il y a un homme dans ton cul, ce ne peut être qu’un ami, laisse-le prendre sa part du festin. Je crois bien que ce doit être le mari de Thérèse, nous tenons sa femme à toutes deux, il est bien juste qu’il pisse son jus chez toi ou chez moi.

— Oh ! si c’est le mari de Thérèse, je ne proteste plus. Il peut bien m’enculer à sa fantaisie, on n’en jouira que davantage. Dis le monsieur, ne me tiens pas la tête, que je regarde et que je sache si tu es bien le mari de ma petite femme ? Ah ! c’est vrai, c’est lui. Va, chéri, ta queue est bien dans la place, chourine ferme, on jouira tous ensemble !

Les chairs se massaient ; les corps s’agrippaient ; les spasmes se poursuivaient ; une chaleur torride s’emparait des êtres ; la même soif de luxure les unissait, les empêchait de s’arrêter aux moites humidités qui collaient les membres. Les quatre paires de jambes gigotaient à qui mieux mieux ; la queue de Jacques ne le cédait en rien à la fermeté des godemichés ; elle manœuvrait, sans faiblesse, sans arrêt, luttant bravement, vigoureusement ; elle perforait sans pitié les fesses de la belle Horacine, qui s’époumonait à se maintenir en équilibre, entre l’enculage dont elle était l’objet et le coup qu’elle tirait à Thérèse.

Les ventres se heurtaient aux culs, et les têtes se cherchaient pour se pigeonner par-dessus les unes les autres. La Férina et Jacques formaient les extrémités du quatuor, l’une baisée par Thérèse, l’autre baisant Horacine. Un même souffle animait les jouteurs, faisant merveilleusement travailler celles qui, possédées, s’acharnaient à enfiler leurs compagnes ; Thérèse, le godemiché d’Horacine dans le con, enfonçait avec méthode le sien dans le vagin de La Férina, comme Horacine, enculée par Jacques, s’appliquait vis-à-vis d’elle à son rôle de baiseur.

Les femmes se montraient à la hauteur de leur mission de bonheur. Douce mission consistant à jouir et à faire jouir ! Le sperme gicla dans le cul d’Horacine, la cyprine suinta chez les trois femmes. On ne voulait pas terminer pareille fête, on voulait s’épuiser à l’œuvre de luxure. On se roula par le salon en folles postures érotiques, et si Jacques ne posséda pas encore cette fois La Férina, il accomplit des prodiges avec Horacine et Thérèse, qui rivalisaient à qui le ferait le mieux vibrer, pour le disputer à l’attirance de l’horizontale.

Était-ce un mari, cet homme qui s’excitait à provoquer les lascivités de sa femme, et jouissait de son érotisme enflammant les deux autres ? Était-ce un amoureux, cet être qui, réellement épris de La Férina, la laissait dévorer de minettes et de feuilles de rose par Thérèse et Horacine, enragées après sa féminité plus éblouissante et plus fine, et s’entendant pour ne pas se la disputer afin d’en profiter à leur aise ? Toutes les deux contractaient un pacte tacite, par lequel elles se réservaient La Férina pour leurs luxures personnelles, se promettaient assistance pour l’enlever à l’amour mâle qu’elle semblait prête à éprouver pour Jacques. Devant les plaisirs de la chair, devant le libertinage des paillardises, il n’y avait ni mari, ni famille, il y avait la soif de luxure.