Imprimé par ordre des paillards (p. 147-159).
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L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre
L’Amour paillard, Bandeau de début de chapitre


XII


Jacques rattrapa La Férina, avant qu’elle n’arrivât à la maison. À son pas pressé qu’elle entendit, elle se retourna, et lui souriant, murmura :

— Vous avez deviné que j’allais rentrer à Paris. Il le faut. J’ai soupé de cet animal de Bertrand. Arthur se repent, je serais une sotte de ne pas le reprendre comme amant. Mais, ne vous en inquiétez pas, nous lui tresserons ensemble une couronne de cornes.

Marchant à son côté, il avait saisi une de ses mains et la couvrait de baisers, tout en répétant :

— Pas encore aujourd’hui ! Il y a comme une fatalité qui se jette entre nous, lorsque j’espère enfin pouvoir te posséder.

— Ce ne sera que meilleur, quand nous le ferons. Modère-toi ; ne va pas empêcher ma réconciliation.

— N’aie pas peur, quelqu’un s’occupe de ton amant.

— Halte-là ! je ne veux pas qu’on me le souffle.

— Moi non plus. Il n’y a qu’une seule femme de ma famille en état de le faire, et celle-là, je la garde.

— Heureux pacha !

Il ne s’arrêtait pas de baiser sa main ; La Férina consentit à rentrer dans la maison par une petite porte, afin qu’il pût au moins adresser quelques dévotions à ses sexualités. Il espérait, dès qu’il aurait la bouche sur son cul ou sur son con, la grimper rapidement, et enfin jouir de cette femme, qu’il désirait depuis si longtemps. Comptait-elle de son côté qu’il saurait profiter de l’occasion ?

Ils traversèrent la cuisine, et apercevant dans un cabinet un canapé-lit, elle s’arrêta devant, et jeta un regard expressif à Jacques. Presto, il la retroussa par derrière, et voyant qu’elle tendait les fesses, il sortit la queue afin de la posséder en levrette. Elle ouvrit les cuisses, elle acceptait de se livrer. Il bandait dur. Les parties sexuelles de la jolie horizontale exerçaient leur attirance ; le cul, blanc et potelé, ressortait sous l’élégance de la toilette et des dessous, fascinait ses yeux, brûlait son ventre ; il pointait ferme ; elle s’affaissait légèrement, le buste en avant, pour qu’il s’appuyât bien à sa croupe, et qu’il pénétrât sans trop de difficulté dans son vagin ; elle s’émouvait en sentant la queue s’enfoncer, et se précautionnait néanmoins pour arranger sa robe afin d’éviter des plis accusateurs.

L’action débutait on ne peut mieux ; il la prenait et elle s’abandonnait ; la queue fouillait tout le vagin ; ils ne parlaient pas, mais échangeaient de hâtifs baisers et de très langoureux regards. Ils entendirent remuer dans une pièce peu éloignée, et ils tressaillirent à des petits rires étouffés ; d’un mouvement instinctif, ils se séparèrent ; la queue, sans débander, se trouva hors du con. Un certain émoi les troublait ; la même idée leur vint, se rendre compte de ce qui se passait ; les jupes de La Férina retombèrent, la queue de Jacques rentra dans la culotte.

Ils s’avancèrent sans bruit, et dans la salle qui servait pour les répétitions, ils virent Gaston Gressac juché sur l’estrade où l’on étudiait les postures érotiques, les jambes pendantes, et entre ses jambes écartées, Thérèse debout, la tête entre ses cuisses, le suçant de nouveau, tandis que par derrière elle, la petite Pauline, accroupie sur les talons, lui tenait les jupes relevées et lui léchait le cul.

Le spectacle valait la peine d’être contemplé pour l’ardeur que les trois personnages apportaient à leur œuvre de luxure. Jacques ressortit sa queue, et la montrant à La Férina lui demanda tout bas de la sucer. D’un signe de tête elle refusa, et murmura qu’elle ne savait pas caresser les autres, qu’elle préférait être caressée. Il affecta un tel dépit que levant les épaules, elle le menaça de reprendre son chapeau et de partir de suite. Mais Pauline, qui avait l’ouïe très fine, venait de percevoir le froissement des jupes et le chuchotement des voix. Elle se retourna, et les reconnaissant, se dressa tout à coup, en criant :

— Ah, zut ! elle est encore là, celle-là !

Thérèse suspendit son suçage, et, à la vue de son mari et de La Férina, elle eut un geste de désappointement et s’exclama :

— C’est bête de ne pas laisser les gens tranquilles, quand on cherche soi-même à commettre des sottises !

— Le hasard seul nous a conduits ici, riposta La Férina. Je venais chercher mon chapeau pour me retirer, et Jacques m’a suivie.

— Ah ben, il a un drôle de goût ! vociféra Pauline. Il te court après, alors qu’il fait l’amour avec ma tante !

— Qu’est-ce que c’est, que dit-elle ? hurla Gaston Gressac, assis sur l’estrade.

— Tu ne vas pas poser à la jalousie, continua la terrible Pauline. Tu fais des cochonneries avec Thérèse, avec Horacine, avec d’autres, et avec moi aussi, et ma tante a bien raison de vouloir être enfilée par le mari de Thérèse ! Mais moi, je ne veux pas qu’il tire des coups avec La Férina ; elle n’est pas de notre monde.

La jolie horizontale ne cachait pas que les apostrophes de la petite la tourmentaient fort ; elle avait déjà été très ennuyée du peu de politesse qu’elle lui témoignait, malgré ses avances très catégoriques ; elle surmonta l’embarras qu’elle ne parvenait pas à dissimuler, et dit :

— Je ne comprends pas, mademoiselle Pauline, pourquoi vous persistez à me montrer mauvais visage, et à me traiter de vilaine manière.

— Je te traite comme tu le mérites. Je n’aime pas qu’une ancienne domestique de mes parents se considère comme mon égale. Tu as été ma bonne, lorsque j’étais toute petite, et tu ne faisais pas ta fière à cette époque. Je sais bien que tu as mangé tout notre argent en faisant croire à mon père que tu l’aimais ! Ce n’est pas un motif, parce qu’il a payé ton genre, de te figurer avoir le droit de paraître dans les maisons où nous fréquentons. Je voulais te dire ça depuis longtemps. Cette fois-ci, c’est sorti. Tout le monde le saura. Oui, oui, oui, tu as été domestique chez mes parents, et tu as causé le chagrin de ma pauvre mère.

— Vous perdez le bon sens, Pauline. Je ne suis cause du chagrin de personne. Et si j’ai été domestique chez vos parents, je n’en suis pas moins plus instruite que vous ne le serez jamais, et élégante comme vous n’arriverez jamais à l’être. Le sort ne m’a pas permis de connaître mes parents. J’ai été très malheureuse dans mon enfance, et aussi chez vous. Maintenant je vis comme je l’entends, et je possède d’assez fortes économies pour me passer de qui me déplaît. Je ne mettrai plus les pieds chez votre oncle et chez votre tante, ni ici, puisqu’une mauvaise charogne de votre âge se déclare mon ennemie.

Gaston Gressac était descendu de l’estrade ; il attrapa sa nièce par une oreille et la secoua brutalement ; puis il lui allongea un coup de pied dans le derrière, en disant :

— Ah ! la sale teigne, elle pourrirait toute la terre ! Ah ! la vipère, elle se permet de faire du chahut chez les amis !

La nièce ne craignait pas l’oncle ; elle se recula pour éviter un second coup de pied qu’il lui destinait, et répliqua :

— Je pourrirai toute la terre, mon oncle ? Avec ça que ce n’est pas vous qui m’avez pourrie ! N’est-ce pas vous qui, quand j’avais dix ans, veniez m’éveiller dans mon petit lit pour que je vous suce la carotte, comme vous disiez ? N’est-ce pas vous qui vous cachiez derrière les rideaux, ou sous les meubles, pour me voir amorcer les hommes qui vous rendent visite ? Eh bien ! si je vous dénonçais tous, qu’est-ce qui ferait la tête ?

On pouvait craindre que Gaston Gressac ne suffoquât sous l’apoplexie qui lui gonflait les veines du cou ! Quant à Jacques, il était livide. La foudre éclatait sur sa maison par le fait de cette petite. Seule Thérèse gardait son sang-froid. Avec adresse, elle attira Pauline dans ses bras, et dit :

— Voyons, voyons, est-ce ainsi que tu me remercies de mes gentillesses ! Faudra-t-il que nous pleurions tous parce que tu es sottement en colère ! Si tu es froissée de te rencontrer avec Marguerite, et bien à tort, car il n’existe pas beaucoup d’aussi jolies femmes, pourquoi menacer ton oncle et nous tous ?

— Je ne menace que mon oncle, qui m’a battue, et qui ne doit pas se le permettre. Il est un ingrat ! Si je disais tout ce qu’il demande…

— Calme-toi, ma mignonne, et tais-toi. Viens, viens, allons dans ma chambre, nous raisonnerons les choses en bonnes petites camarades. Que ton oncle nous suive, tu verras, je vous ferai réconcilier.

Pauline se laissait entraîner, mais conservait son attitude mauvaise et menaçante ; Gaston Gressac marchait derrière comme un homme ivre. La Férina et Jacques demeuraient les seuls maîtres du terrain ; le sang bourdonnait aux tempes de celui-ci. La Férina s’approcha à petits pas, appuya une main sur son épaule, et murmura :

— Ne pense plus à cette scène ! Dis, Jacques, que veux-tu de moi ? Je te ferai tout ce que tu me commanderas, pour que tu m’aimes. Veux-tu… ce que tu me demandais tout à l’heure ? Je ne te refuserai plus ? Veux-tu me baiser, veux-tu que je me mette toute nue et que je t’excite ?

Il semblait ne pas entendre. La peur de la dénonciation proférée par Pauline pesait sur son esprit. La Férina se blottit contre sa poitrine, leva des yeux tendres sur les siens, et reprit tout bas :

— Dis, veux-tu que je te suce, pour chasser ton cauchemar ?

La douce chaleur de son corps agit sur les sens du montreur de plaisirs ; il pressa La Férina sur son cœur et son visage prit une ineffable expression admirative. Quoi, ce trésor de grâces féminines, qui se pressait entre ses bras, cela avait été une servante ! Sous ce luxe élégant et coquet de la toilette, sous ce cadre clair et de bon goût, se mouvait une femme issue de souche vulgaire ! Comprenait-elle sa pensée ? Elle dégrafait son corsage, elle ouvrait sa chemise, elle exhibait son cou, sa poitrine, ses seins, d’immaculée blancheur, et disait :

— Oui, je fus domestique, oui, je servis et j’eus de tristes débuts ! Cela empêche-t-il que je sois aussi pure, aussi fine, aussi délicate, aussi soignée qu’une dame de la haute aristocratie ? On m’a toujours adorée, Jacques, et je me suis toujours appliquée à me rendre belle et désirable, pour rester la jolie poupée qu’on me prétendait être ! Elle t’a conté que j’avais été sa bonne, que j’avais ruiné son père ; ce qu’elle n’a pu te dire, apprends-le. Dans un moment de noire misère, j’ai traversé cette épreuve, et c’est peut-être de là que je suis sortie la femme actuelle. Là où d’autres perdent leur personnalité, se salissent, je me suis élevée et instruite. On me gobait par périodes, mais j’étais si mignonne, si réservée, que jamais on n’exigea plus de moi que le service du coup à tirer. Je te le jure, et je sens que tu me croiras, je n’ai jamais caressé un homme, ni même une femme, parmi celles qui m’aimèrent, et on m’a toujours caressée avec de folles rages. Jacques, je n’ai vraiment éprouvé que le jour où je me livrai pour la première fois à tes caresses. Ah ! comme je parlais avec mon cœur en te proposant de tout quitter pour rester tous les deux seuls, ensemble ; et j’ai été bien fâchée de te voir courir après ta femme ! Dis, veux-tu maintenant ? Tu ne m’as pas encore eue depuis des mois que nous nous connaissons. Ah ! qu’as-tu ? Pourquoi me serres-tu si fort le bras ?

— Oh ! ne parle plus ainsi, ta voix me brûle l’âme et les sens ! Je ne puis plus rien, tant je te désire. Il faut que je te baise, que je jouisse de ton amour à ma soif. Viens, suis-moi chez moi, où nous serons seuls, et où nous oublierons tout, tout.

— Oui, oui, mène-moi au bout du monde.

Il l’entraîna dans sa chambre, et en quelques secondes ils se dépouillèrent de tous leurs vêtements. Il voulait se repaître de tout son corps, il voulait constater combien elle était vraiment déesse des pieds à la tête. Et alors, jouissant déjà de l’embarras qu’elle éprouvait à sa demande, il exigea le soixante-neuf, en se plaçant au-dessus d’elle. Ah ! les furibondes caresses ! Elle n’avait jamais sucé, mais elle ne se lassait pas de téter sa queue, pas plus que lui de fourrer la langue dans son vagin ; la frénésie des transports les emporta, ils roulèrent dans les bras l’un de l’autre, et enfin Jacques posséda La Férina, cette femme qu’on disait vibrer seulement sous les caresses d’Horacine, et qui faillit mourir suffoquée sous la sensation délirante qu’il lui procura.

L’amour accomplissait sa merveilleuse et réconfortante mission ; de l’époux dépravé qu’était Jacques, il faisait un amant ardent et tendre, épris de cette nouvelle maîtresse plus que de sa femme, de ses femmes de volupté ; il faisait de La Férina une amoureuse exquise et fine, apte à s’assurer la constance de l’amant sous les assauts duquel elle trouvait enfin la jouissance. Quelles fièvres ils vivaient ! Ils ne ressentaient pas de fatigue. Ils s’arrachèrent avec peine à leur passion, car la voix d’Antoine retentissait, criant :

— Ces dames au salon, dans la toilette où elles sont, ou je fous le feu à la baraque !

Un piétinement, des portes qui s’ouvrent, des pas de ci de là, étourdis et nus. La Férina et Jacques quittèrent leur chambre, accoururent ; ils se retrouvèrent avec Thérèse et Pauline, aussi peu vêtues qu’ils l’étaient. Antoine, seul costumé, avait une canne à la main.

— Mesdames, dit-il, je me moque de vous déranger ; mais ma femme Lina vient de m’administrer une paire de gifles, parce que je voulais monter tirer mon coup avec elle ; quant à la cousine Léa, occupée à jouer au tonneau avec ces messieurs, Bertrand Lagneux, Arthur des Gossins et Alexandre Brollé, à ma proposition de l’enculer, faite avec toute la discrétion convenable, elle a répondu : « zut ». Il ne me reste plus que vous ; quelle est celle qui me prête une de ses boîtes à décharge ?

— Tu nous appelles pour ça, cochon ? cria Thérèse.

— On voit bien que tu as ton affaire, toi ! Je suis sûr que Gressac te l’a foutu ailleurs que dans la bouche. Bast, ça ne t’estropiera pas de m’ouvrir ton petit paradis ! Non, tu ne veux pas ? La belle Férina me refuse ? Eh, oui ! ce n’est pas gentil. Le cousin vous a bouchée dans les grandes dimensions ! Bon, bon, ne vous fourrez pas dans son cul. Ben quoi, reste cette petite ! Hé, hé, elle a le poil qui pousse au ventre. Voyons, on a rigolé dans le jardin… tu ne dis pas non, mon enfant, ma chatte, ma petite tarte à la crème ?

— Je veux bien, moi, dit Pauline Turlu, mais tu me pousseras ta machine dans le trou du cul ; le reste est encore fermé, et il faut que ça soit un capitaliste sérieux qui crochète la serrure. Ma tante me tuerait autrement.

— Ô ! l’ange de ma pine, viens vite recevoir mon sperme !


FIN