XI

RIVALITÉ DE NEFERT-THI ET D’EFFIE DERMOTT


Je n’aurais pas voulu mêler à cette grave histoire des futilités indignes des lecteurs sérieux et réfléchis auxquels je m’adresse ; la psychologie des jeunes filles amoureuses n’a évidemment aucun attrait pour eux. Je m’excuse donc de la digression que je suis contraint de faire.

Après sa mésaventure de Charing Abbey, Effie n’avait pas cherché à revoir son cousin. Mais le lendemain du jour où parut un article de Pearson’s Magazine, mentionnant l’acquisition du Lexicon pour la somme de 500 livres, miss Dermott se hâta d’aller rendre visite à la mère de Rogers, qui l’invita à dîner pour le dimanche soir. Ce jour-là, le Rév. Amos Dermott prêchait à Manchester.

Effie était assise entre sa tante et son cousin ; je dois avouer qu’elle se montra fort coquette, ce qui n’était pas son habitude. Elle portait une robe Directoire vert foncé, qui contrastait agréablement avec la blancheur de son teint, et l’azur de ses yeux.

Elle avait mis un ruban violet dans ses cheveux blonds, ce qui en faisait ressortir la jolie couleur dorée.

Je ne raconterai pas en détail la conversation des jeunes gens, ce serait tout à fait inutile ; ils commencèrent par causer du temps, et parlèrent ensuite de leur santé.

— Je suis heureuse, Edward, de vous voir tout à fait rétabli.

— Oui, Effie, je suis bien maintenant.

— Mais vous travaillez beaucoup, ne craignez-vous pas de vous fatiguer ?

— Non, ma chère, je ne me suis jamais senti plus dispos.

— Comptez-vous bientôt retourner auprès de lord Charing ?

— Dans deux mois.

— Et qu’allez-vous faire en attendant ?

— Je termine ma grammaire égyptienne.

— Oh ! Edward, à propos, j’oubliais de vous complimenter. J’ai lu dans Pearson’s que vous étiez devenu un grand savant.

— Non, Effie, j’étudie seulement.

— Comment pouvez-vous dire cela ? On assure que vous avez fait un dictionnaire admirable.

— On n’en sait rien encore, je commence à peine à en corriger les épreuves.

— Je croyais qu’il avait déjà paru et qu’on vous l’avait payé ?

— Oui, on me l’a payé, mais il n’est pas encore publié.

— Ah ! et on vous l’a bien payé. Le journal dit 500 livres.

— Oui, Effie, 500 livres. C’est une bonne affaire pour moi.

— On peut s’installer en ménage avec 500 livres devant soi. Ne le pensez-vous pas ?

— Certainement, Effie.

— Alors on pourrait peut-être fixer une date ?

— Une date, Effie ? Pourquoi faire ?

— Mais pour la cérémonie, mon cher Edward.

— Quelle cérémonie, ma chère ?

Effie se mordit les lèvres. Son fiancé était-il distrait à ce point qu’il n’avait pas compris ses allusions, claires, mais délicates ? Rogers, qui avait l’air de penser à toute autre chose, reprit machinalement :

— De quelle cérémonie parlez-vous, Effie ?

— Vous ne le devinez pas ?

— Non !

— Alors, ce n’est pas à moi de vous le dire.

— Elle veut parler de votre mariage, Edward, intervint Mrs. Rogers.

— Notre mariage ! Ah ! sans doute. Notre mariage ? Croyez-vous, Effie, qu’il soit prudent de le fixer dès à présent ? Il vaudrait mieux attendre que j’aie fini de corriger les épreuves du lexique.

Effie rougit et ne répondit pas, mais après dîner, tandis que Mrs. Rogers sommeillait sur sa Bible, la jeune fille reprit l’entretien.

— Vous m’avez attristée, Rogers. Je supposais…

Elle s’arrêta, son cousin avait le regard fixe, la prunelle dilatée, ses lèvres murmuraient des paroles incompréhensibles. Un peu effrayée, Effie secoua son fiancé, qui tressaillit et sembla se réveiller d’un profond sommeil. Mais il conserva sa figure immobile, et son regard perdu dans le lointain.

— Qu’avez-vous, Edward ?

— Moi ! Mais rien. Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Avez-vous entendu ce que je viens de vous dire ?

— Vous m’avez dit, darling, de prendre copie du papyrus qui est dans votre cercueil, près de votre momie.

— De ma momie ! Oh ! Edward ! Est-ce exprès que vous me causez de la peine ?

— Moi, ma bien-aimée ? Vous savez que je n’ai qu’un désir : vous être agréable. Commandez-moi, j’obéirai. Je prendrai la copie du papyrus, quoiqu’il me soit pénible d’en demander la permission à M. Smith.

— Edward ! Edward ! devenez-vous fou ?

Effie était très alarmée. Évidemment la possession diabolique de son cousin continuait ; il croyait voir la momie et lui parler. Miss Dermott était courageuse, elle ne redoutait pas le diable quand il y avait de la lumière.

— Au nom de Dieu notre père, prononça-t-elle solennellement, je t’ordonne, esprit mauvais, impur, immonde, je t’ordonne de cesser ta persécution ! Respecte cette âme sauvée par les mérites de Notre-Seigneur Christ !

Elle prit en même temps la carafe qui servait à la confection de l’eau sucrée de Mrs. Rogers, et elle la renversa sur la tête de son cousin en continuant ses exorcismes.

L’effet fut immédiat. Edward se secoua comme un chien qui sort de la mer et reprit en frissonnant son aspect habituel.

— Pour l’amour de Dieu, Effie, quelle stupide plaisanterie !

— Va-t’en, esprit infernal ! Va-t’en, laisse ce chrétien ! Va-t’en !

Elle recommença dans l’ardeur de sa foi l’aspersion de Rogers qui dut s’emparer de la carafe.

— Êtes-vous folle, Effie, ma chère ? Pourquoi roulez-vous ces yeux terribles et prononcez-vous ces imprécations ?

— Oh ! Edward, vous ne vous souvenez donc pas de ce qui vient de vous arriver ?

— Qu’y a-t-il, mes enfants ? interjeta Mrs. Rogers que le bruit avait rappelée du pays des songes.

— Edward est possédé du diable, tante !

— Que chantez-vous là, Effie ! Edward possédé du diable ?

— Oui, j’ai voulu lui parler de notre mariage, il a pris l’air d’un homme dans la lune et m’a répondu comme si j’étais la momie.

— Effie se trompe, mère, c’est elle qui perd l’esprit. Nous venions de nous asseoir sur le canapé, quand elle a eu l’idée de me verser sur la tête l’eau de votre carafe.

— Effie, chère, pourquoi avez-vous fait cela ?

— Pour chasser le démon, tante ! Le démon qui possédait Edward. Voyez, il ne se rappelle plus ce qu’il a dit.

— Vous travaillez trop, mon enfant fit alors Mrs. Rogers. Il y a déjà quelque temps que vos distractions me préoccupent. Accompagnez votre cousine chez elle et allez vous reposer. Ne soyez pas inquiète, Effie ; votre cousin est un peu fatigué, mais il se remettra bientôt.

Effie ne fut pas rassurée tant qu’elle resta dans la compagnie de Rogers ; elle le quitta toute tremblante et raconta aussitôt à son père, qui venait d’arriver, son étrange expérience.

— Oh ! père, allez voir Edward, je vous en prie ; son âme court les plus grands dangers.

— Cette momie, ma fille, est un véritable démon. Mais soyez tranquille, j’irai voir Edward et je l’arracherai aux intrigues d’Astaroth. J’irai dès demain.

L’espoir revint au cœur d’Effie, mais ses jolis yeux étaient rouges quand le doux sommeil vint les clore.

Le lendemain soir, après dîner, le Rév. Amos Dermott pénétra chez son neveu. Celui-ci était à sa table de travail et corrigeait les épreuves de son lexique. Il fut ennuyé de la visite du clergyman, qui avait des tendances à la prolixité ; mais il fit bonne contenance et l’invita à s’asseoir.

— Comment vont ma tante et Effie, oncle Amos ?

— Bien, mon garçon, quoique Effie soit très tourmentée de vous.

— Ah ! elle vous a raconté notre histoire d’hier ?

— Oui, et je suis venu vous voir à cause de cela. Je crains beaucoup pour votre âme, Edward ; vous êtes en butte aux attaques de Belzébuth.

— Effie se monte la tête, mon oncle, elle a des hallucinations.

— N’en croyez rien, mon pauvre Edward, l’halluciné, c’est vous et non pas elle…

— Je vous assure, mon oncle, que vous vous trompez.

— Je suis inquiet de votre amnésie. Comment se fait-il que vous n’ayez pas la mémoire de vos actes ? Votre étrange état d’esprit ne me paraît pas justiciable uniquement de la médecine humaine, Edward, mon fils, il faut s’adresser à la médecine divine.

— Mais, mon oncle, je me porte très bien !

— Voilà où est votre erreur. Depuis bien longtemps, vous ne mettez plus les pieds à l’église ; cela m’afflige. Il faut venir régulièrement aux services, réciter vos prières matin et soir et cesser absolument tout commerce impur avec cette momie infernale.

— Vous me demandez une chose impossible ! C’est grâce à Nefert-thi que j’ai réussi à faire mon lexique, elle se montre pour moi une excellente amie, un professeur admirable. Rompre toute relation avec elle serait de l’ingratitude, mon oncle ; vous n’y songez pas !

— Malheureux enfant ! Vous ne vous apercevez pas de l’absurdité de vos paroles ! Tout autre qu’un ministre méthodiste vous tiendrait pour fou, pour irrémédiablement fou ! Je sais heureusement que vous êtes une simple victime du démon.

Mécontent et surtout inquiet, le Rév. Amos Dermott quitta son neveu, résolu à le secourir malgré lui. Il organisa dans sa congrégation des prières publiques et désireux d’unir la science humaine à l’omniscience divine, il alla voir le docteur Martins, pour le prier de se rendre chez Rogers dont l’état devenait alarmant.

Muni des renseignements donnés par Amos Dermott, le médecin alla chez son ami. Il le trouva, comme toujours, dans les choses d’Égypte.

— Bonjour, Rogers. Je vois que vous ne m’écoutez pas ; votre santé devient de plus en plus mauvaise. Vous jouez avec votre raison, mon cher ami.

— Au contraire, je me sens très bien portant et le travail que je fais est très apprécié par les personnes compétentes. Mon Lexicon linguæ ægyptiacæ

— Oui, oui ! Le lexique ! l’article du Pearson’s ! Tout cela est bien, mais ne vaut pas un fifrelin en comparaison de la santé. Or vous êtes malade… Taisez-vous, Rogers ! j’ai vu le père de miss Dermott. Il est très inquiet de vous.

— De moi ? Pourquoi pas d’Effie ? Elle est assurément plus malade que moi !

— Mon pauvre Rogers, votre état s’est aggravé singulièrement. Vous n’avez plus maintenant conscience de vos aberrations. Vous avez pris miss Dermott pour la momie, vous l’avez appelée ma momie chérie, je crois, ou ma petite momie bien-aimée, je ne suis pas certain de l’expression. En tout cas vous lui avez dit : « Oui, oui, je copierai le papyrus trouvé dans votre cercueil ! »

— Mon cher Martins, je vous remercie de votre sollicitude, mais je crois que vous vous alarmez bien inutilement ; je n’ai jamais eu un meilleur cerveau et je suis devenu une autorité en matière d’égyptologie. J’ai montré les erreurs d’hommes aussi considérables que John Smith. Si je suis fou, vous avouerez que ma folie est préférable à l’équilibre mental.

— Vous en revenez toujours à votre égyptologie, la question n’est pas là. Vos accès de somnambulisme sont, j’en suis sûr, plus fréquents et plus profonds.

Martins se leva, se promena dans la chambre, alluma une pipe ; il chercha, sur la table, les allumettes, et aperçut l’album de Rogers ; il était ouvert à la page sur laquelle le précepteur avait dessiné et peint Nefert-thi, telle qu’il la voyait.

— Qu’est ceci, mon vieux ? dit le médecin, en examinant l’aquarelle.

— C’est la momie !

— La momie ? Mais vous avez peint une ravissante Égyptienne qui a l’air de sommeiller et de faire de jolis rêves. Mon pauvre garçon ! vous croyez réellement avoir copié la momie ?

— Sans aucune espèce de doute !

— Comment voyez-vous les autres momies ?

— Vieilles, ridées, recroquevillées, parcheminées.

— Eh bien, celle de la princesse égyptienne est pareille aux autres.

— Vous faites erreur, Martins ! Elle a conservé toute sa fraîcheur. On a dû l’embaumer par des procédés spéciaux, inconnus au reste des Égyptiens.

— Vous voyez bien que votre hallucination persiste ! Sérieusement, mon cher Rogers, il faut vous soigner. Voyagez, allez dans quelque coin d’Écosse, d’Irlande, du Pays de Galles, allez n’importe où, pourvu que ce soit dans un endroit où il n’y ait pas de momie, pas de bibliothèque, et pas trace d’égyptologie.

— Impossible ! j’ai des travaux importants à terminer.

— Vous ne pensez qu’à vous ! Songez que vous avez une mère, une fiancée !

— Une fiancée ?… Ah ! oui ! Effie. Rien ne presse, Martins, rien ne presse.

— Votre indifférence est bien coupable ! Miss Dermott est la perfection même. Elle a pour vous beaucoup d’affection, et votre état lui cause un chagrin inexprimable.

— Elle est cent fois plus folle que moi, Martins ! C’est elle qu’il faut soigner.

— Vous ne savez pas ce que vous dites. Allons ! ayez un bon mouvement. Envoyez promener votre momie…

— Jamais de la vie, Martins ! Jamais, entendez-vous !…

— Vous allez froisser miss Dermott, je vous en préviens, et cela aura peut-être des conséquences sérieuses. Elle refusera de vous épouser.

— Miss Dermott fera ce qu’elle voudra, je m’en fiche…

— Vous n’êtes pas poli ; je lui répéterai vos paroles…

— Tenez, Martins, vous me crispez ! Dites à miss Dermott tout ce que vous voudrez. dites-lui — et Rogers s’excitait, son regard devenait fixe — dites-lui…

— Quoi ?

— Qu’elle aille à tous les diables, et vous avec elle !

C’est sur ce souhait déplacé que Rogers rompit l’entretien. Martins se retira, convaincu que le jeune homme était très malade. Il voyait cependant une consolation personnelle dans la possibilité de la libération d’Effie. Et alors, dame ! si Rogers faisait l’imbécile, lui, Martins, D. M. épouserait miss Dermott.

Le révérend et sa fille furent consternés par le récit exact que Martins leur fit de son entrevue avec leur parent. On tint conseil et on décida qu’une intervention collective devait être tentée. Amos Dermott agirait comme ministre de Dieu, le docteur comme représentant de la science humaine, Effie comme le héraut de la paix et de l’amitié.

Après une première tentative infructueuse, déjouée par la méfiance de Rogers, qui refusa obstinément d’ouvrir sa porte, les confédérés purent s’introduire dans la place et aborder carrément la question qui les préoccupait.

— Mon cher fils, dit Amos Dermott, le docteur nous a renseignés sur votre conversation de l’autre jour : vous l’avez envoyé au diable en compagnie de ma fille, ce qui est un blasphème, Edward, un véritable blasphème.

— Je le regrette, mon cher oncle, et j’en fais mes excuses à Effie ainsi qu’à Martins. Cependant ce dernier s’est montré si désagréable que ma colère a été excitée.

— J’ai étudié votre état, Edward. Je suis aujourd’hui persuadé qu’il vous faut un traitement spirituel. Vous allez prier avec nous.

Rogers se mit à rire.

— Vous me croyez possédé, comme Effie ?

— J’ai de sérieuses raisons pour le croire, mon fils. Allons, élevons notre voix vers Dieu ; et supplions-le de venir à notre aide.

Joignant l’exemple à la parole, Amos Dermott se dressa sur ses longues jambes, étendit ses bras comme des ailes de moulin à vent, et leva les yeux vers le plafond, symbole du ciel intercepté.

— Ô Seigneur ! Nous venons, comme Job dans la douleur, comme Tobie dans son infortune, comme les trois jeunes saints dans la fournaise, te supplier de chasser le démon qui s’est emparé de ce jeune homme. Il est baptisé ! Il porte sur son front le signe sacré de la rédemption !

— Mon oncle ! Mon oncle ! Vous perdez véritablement l’esprit.

Mais Amos n’écoutait pas : plein d’une fougue pieuse, il continuait à évoquer l’aide du Seigneur. Puis il entonna un hymne. Effie ajouta sa voix claire à la voix sonore du clergyman ; le docteur Martins, dans une intention de complaisante flatterie, reprenait l’antienne de sa voix de basse profonde.

Rogers regardait cet étrange spectacle ; amusé d’abord, il ne tarda pas à s’impatienter. Vainement il essaya d’arrêter les chants pieux de son oncle et de sa cousine ; animés d’un zèle incompréhensible, ils continuaient, continuaient, continuaient…

Rogers s’exaspérait ! Tout à coup sa figure, qui était devenue rouge sous l’influence de la colère, pâlit, ses traits se détendirent, son regard devint fixe, il parla…

Il parla une langue inconnue de ceux qui l’écoutaient.

Martins s’aperçut du changement survenu dans la physionomie du précepteur.

— Le voilà en somnambulisme, dit-il.

— Oh ! il a repris son air de possédé, s’écria Effie très émue.

— Satan est là ! j’arrive ! clama Amos Dermott vibrant d’une, sainte ardeur. Arrière, Belzébuth ! Arrière, Astaroth ! Arrière, les diables qui sont ici ! Moi, Amos Dermott, ministre du Tout-Puissant, je vous somme de disparaître…

Le Malin n’avait pas l’air de prêter grande attention à l’invective du clergyman ; en effet, Rogers semblait converser à haute voix avec une personne qu’il était seul à voir ; il s’exprimait dans l’idiome inconnu dont les sonorités étaient étranges.

Amos Dermott continuait son apostrophe : mais la voix s’arrêta dans sa gorge : les lampes venaient de s’éteindre subitement, et là, à côté de Rogers, brillait une lueur phosphorescente. Elle éclairait une jeune femme au teint ambré, aux longs yeux noirs.

— La momie ! la momie ! cria Effie en ouvrant la porte pour s’enfuir.

— Satan, arrière ! Arrière ! hurlait Amos, surexcité.

— Pur Jupiter ! la bohémienne qui m’a roulé ! s’exclama Martins.

Et le docteur se jeta sur la jeune femme pour la saisir. Mais les trois visiteurs se sentirent poussés par une force invisible, par des mains irrésistibles, et ils reculèrent. Ils franchirent le seuil, ils se trouvèrent hors de l’appartement de Rogers, dont la porte se referma avec un bruit terrible.

— Quelle impudente fraude !

— Ne parlez pas de fraude, docteur Martins, nous avons vu le démon en personne !

— Allons-nous-en, papa, dit Effie. J’ai réellement peur maintenant.

— Soit, partons, ma fille ! Ces émotions vous font mal. Nous reviendrons seuls, docteur Martins.

— Avec plaisir, monsieur. Mais il faut prévenir Mrs. Rogers de l’état de son fils.

— Oui, il le faut.