L’Amérique aux Américains

L’Amérique aux Américains
Revue pour les Français1 (p. 215-220).

L’AMÉRIQUE AUX AMÉRICAINS


Les origines de la doctrine de Monroë

La doctrine de Monroë que l’opinion des Deux-Mondes a résumée dans cette formule : l’Amérique aux Américains est et demeurera une actualité tant que les puissances européennes posséderont des colonies dans la mer des Antilles. Il s’agit actuellement, en effet, pour les États-Unis de s’assurer la maîtrise incontestée et exclusive des routes qui mènent au Panama. Aussi croyons-nous intéressant de donner à nos lecteurs des indications précises sur la naissance et l’évolution de la doctrine de Monroë.


En 1821, le tsar Alexandre ier, désireux de donner une pleine consistance à des tentatives de colonisation déjà anciennes, rendait un ukase aux termes duquel il étendait jusqu’au cinquante et unième degré de latitude, dans la direction du sud, les prétentions de la Russie sur la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord et interdisait à tout bâtiment étranger l’approche à moins de cent milles des côtes ainsi délimitées.

En 1822, dès sa restauration sur le trône d’Espagne, Ferdinand vii demandait aux signataires de la Sainte-Alliance de réduire à l’obéissance ses colonies révoltées dont certaines, comme les Provinces-Unies du Rio de la Plata et le Chili, avaient proclamé et maintenu leur indépendance, et une intervention européenne semblait imminente dans les pays hispano-américains.

Dans son Message au Congrès, à la date du 2 décembre 1823, Monroë, alors président des États-Unis, fit à ces deux ordres de faits une réponse qui, dans la suite, devait être désignée sous le nom de « Doctrine de Monroë » et résumée dans ces trois mots : America for American, c’est-à-dire l’Amérique aux Américains. Remarquons-le dès maintenant : dans le Message de 1823, les deux questions sont traitées séparément et sans qu’il soit possible de relever entre elles une relation quelconque. Elles ne sont pas rattachées à un principe abstrait de politique a priori.

Voici en quels termes Monroë exposa l’attitude adoptée par les États-Unis à l’égard de la Russie :

— « Sur la proposition du gouvernement impérial de Russie, transmise par le ministre du tsar en ce pays, un plein pouvoir et des instructions ont été adressés au ministre des États-Unis à Saint-Pétersbourg pour régler dans une négociation amicale les droits et les intérêts respectifs des deux nations relativement à la côte nord-ouest de ce continent. En adoptant cette amicale procédure, le gouvernement des États-Unis a voulu témoigner à la fois la grande importance qu’il a toujours attachée à l’amitié de l’empereur et son soin empressé à entretenir la meilleure entente avec le gouvernement russe. Tant dans les discussions auxquelles le point de litige a donné naissance que dans les arrangements qui le trancheront, nous avons jugé qu’il était bon d’affirmer, comme un principe dans lequel sont renfermés les droits aussi bien que les intérêts des États-Unis, que les continents américains, en raison de la situation libre et indépendante qu’ils ont acquise et qu’ils ont su conserver, ne peuvent plus désormais être considérés comme des territoires ouverts à la colonisation future d’aucune puissance européenne. »




Après une longue digression sur d’autres sujets, Monroë aborde la question de l’intervention imminente des puissances alliées dans l’Amérique du Sud.

— « Il a été annoncé au début de la dernière session qu’on faisait un grand effort en Espagne et en Portugal pour améliorer la condition des habitants de ces pays et que cet effort paraissait conduit avec modération. Il est à peine besoin de remarquer que le résultat jusqu’à présent obtenu a été tout différent de celui qu’on attendait. Les événements qui se passent dans cette Europe avec laquelle nous avons tant de relations et dont nous tirons notre origine ont toujours trouvé en nous des spectateurs intéressés et pleins de sollicitude. Les citoyens des États-Unis éprouvent les sentiments les plus amicaux pour tout ce qui peut amener la liberté et le bonheur de leurs semblables de l’autre côté de l’Atlantique. Nous n’avons jamais pris part aux guerres entre les puissances européennes et nous ne nous sommes jamais mêlés des affaires de ces puissances, cela serait d’ailleurs incompatible avec notre politique. Vis-à-vis des Européens nous ne nous sentons offensés et nous ne nous apprêtons à nous défendre que lorsque nos droits sont transgressés ou sérieusement menacés. Mais, nécessairement, nous sommes plus directement touchés, et pour des raisons qui paraîtront évidentes à tous les esprits impartiaux et éclairés, par les mouvements qui se produisent dans notre hémisphère. Or le système politique de la Sainte-Alliance est essentiellement différent du système américain et cette différence résulte de l’état de choses qui prévaut dans les gouvernements respectifs des puissances alliées. D’un autre côté, pour la défense de notre système politique obtenu au prix de tant de sang et de tant d’argent, mûri grâce à la sagesse de nos plus éclairés concitoyens et sous le régime duquel nous avons éprouvé un bonheur sans exemple, notre nation est prête à se dévouer tout entière. Aussi devons-nous à la vérité et aux relations amicales qui existent entre les États-Unis et les puissances alliées de déclarer que nous considérerions comme dangereuse pour notre paix et notre sécurité toute tentative de leur part dans le but d’étendre leur système politique à une partie quelconque de notre hémisphère. Nous ne nous sommes point immiscés ni ne nous immiscerons dans les affaires des colonies ou des contrées appartenant actuellement à des puissances européennes. Mais il nous serait impossible de considérer autrement que comme la manifestation d’un état d’esprit inamical envers les États-Unis toute tentative pour opprimer ou régenter des gouvernements qui ont proclamé et maintenu leur indépendance et dont, après mûre réflexion, et suivant toute justice, nous avons reconnu l’indépendance. Dans la guerre qui a éclaté entre ces nouveaux gouvernements et l’Espagne, nous avons déclaré notre neutralité au moment même de leur reconnaissance. Nous avons été et nous serons fidèles à cette politique pourvu qu’au regard des autorités compétentes des États-Unis, il ne se produise (du fait de la Sainte-Alliance) une modification de nature à entraîner de la part du gouvernement une variation de conduite correspondante. »

— « Les derniers événements en Espagne et en Portugal ont montré que l’Europe était encore agitée. On n’en saurait apporter une preuve plus décisive que le fait, pour les puissances alliées d’avoir jugé opportune une intervention armée dans les affaires de l’Espagne. Jusqu’à quelle limite une intervention basée sur les mêmes principes peut être poussée, est une question qui intéresse toutes les puissances indépendantes dont les systèmes politiques diffèrent de celui de la Sainte-Alliance, même les plus éloignées, et aucune puissance assurément au même degré que les États-Unis. Notre politique vis-à-vis de l’Europe, adoptée au premier moment des guerres qui l’agitèrent si longtemps, demeure la même, et elle consiste à ne pas intervenir dans les affaires intérieures d’une puissance quelconque, à considérer le gouvernement existant comme le gouvernement légitime, à entretenir avec lui des relations amicales, à maintenir ces relations par une politique loyale, ferme et virile, à accueillir dans toutes les circonstances les justes réclamations des pays étrangers, mais à ne souffrir d’injustice d’aucun d’eux. Mais en ce qui concerne les continents Nord et et Sud de l’Amérique, les circonstances sont éminemment et visiblement différentes. Il est impossible que les puissances alliées étendent leur système politique à une partie quelconque de ces deux continents sans mettre en danger notre paix et notre honneur, et personne ne peut croire que, laissés à eux-mêmes, nos frères du Sud adopteront spontanément ce système. Il est également impossible que nous considérions une semblable intervention, quelle que soit sa forme, avec indifférence. Si l’on compare les forces et les ressources respectives de l’Espagne et des nouveaux gouvernements, ainsi que de leur éloignement, on doit reconnaître comme évident que jamais l’Espagne ne parviendra à les soumettre. Il est de la vraie politique des États-Unis de laisser les parties à elles mêmes, dans l’espoir que d’autres puissances suivront la même ligne de conduite. »




Ainsi Monroë affirmait, en termes catégoriques, que les puissances européennes ne pourraient plus établir de colonies sur les continents américains Nord et Sud, ni ne pourraient intervenir dans les affaires intérieures de ces continents. Et il basait son droit de protestation contre une intervention européenne quelconque sur son abstention des affaires européennes. Ces déclarations, si formelles qu’elles fussent, admettaient un tempérament, car Monroë repoussait toute idée d’hostilité contre les colonies européennes alors existantes en terre américaine. En somme, les déclarations de Monroë constituaient une réponse à l’attitude actuellement agressive de la Russie et prochainement menaçante de la Sainte-Alliance ; elles définissaient la position prise par les États-Unis à un moment déterminé, devant un groupe de faits déterminés. Et il ressort manifestement de la lecture et de l’analyse du texte que Monroë n’avait nullement pour objet de régler pour toujours et d’une manière invariable le principe sur lequel devait être basée la politique extérieure des États-Unis. La déclaration de 1823 relève au premier chef de l’opportunisme.

Unanimement approuvée par tous les partis politiques aux États-Unis, le message présidentiel reçut un fort mauvais accueil de l’Europe continentale indignée qu’une nation de parvenus voulut, au mépris des puissances civilisées du monde, faire prévaloir des principes inadmissibles. L’Angleterre donna sa pleine approbation à la partie du message qui avait trait à l’intervention européenne en Amérique, mais, suivant le mot de Canning, elle jugea « extraordinaire » la prohibition relative à la colonisation future des Européens en terre américaine.

Si, au contraire, le verdict d’approbation fut unanime aux États-Unis, c’est que Monroë avait résumé en quelques formules des idées qui, depuis des années déjà, trouvaient un écho dans le cœur des Américains. Il serait aisé de relever les éléments de la « Doctrine » dans des écrits remontant à 1780, comme par exemple, le Mémoire de Pownall aux souverains de l’Europe, et depuis cette époque on les trouverait maintes fois exprimés dans la correspondance ou dans les discours de Jefferson, de Washington, de Madison et de John Adams. D’ailleurs, ces idées elles-mêmes avaient été imposées par des nécessités politiques. Leur faiblesse matérielle avait contraint les États-Unis à suivre, à leur début, une politique d’isolement. Mais la résolution de se tenir à l’écart des affaires de l’Ancien Monde avait eu pour corollaire de ne pas permettre à l’Ancien Monde de s’immiscer dans les affaires du Nouveau.

Les déclarations de Monroë obtinrent, en l’espèce, le but qu’elles avaient visé. La Sainte-Alliance n’intervint pas et la Russie, dans un traité conclu à Saint-Pétersbourg, le 17 avril 1824, accepta les cinquante-quatre degrés de latitude comme limite méridionale de ses possessions sur la côte ouest de l’Amérique du Nord.

Nous étudierons, dans un prochain numéro, comment les successeurs de Monroë reprirent et transformèrent ses idées.

L’AMÉRIQUE AUX AMÉRICAINS[1]


Les transformations de la doctrine de Monroë

Si l’on voulait écrire un historique complet des transformations que subirent au cours du dernier siècle les déclarations premières de Monroë relatives à l’attitude des États-Unis à l’égard de l’Europe, il faudrait entrer dans le détail de toutes les relations extérieures de la grande république américaine, et une pareille étude est incompatible avec le cadre de cette Revue. Aussi devons-nous borner notre examen à quelques-uns des épisodes les plus intéressants auxquels ont donné lieu les rapports de l’Ancien et du Nouveau Monde, et nous ne croyons pas qu’il soit possible d’en trouver de plus suggestifs que la question de l’Orégon en 1845, la guerre franco-mexicaine, et le conflit anglo-vénézuélien de 1895.

En 1845, on désignait sous le nom d’Orégon une large bande de territoire compris entre les Montagnes Rocheuses et l’Océan pacifique et couvrant ce qui constitue actuellement la Colombie britannique, les États de Washington, d’Orégon et d’Idaho. Les États-Unis basaient leurs prétentions à la possession de ce territoire sur des titres divers : explorations de Gray sur la rivière Colombia en 1792, acquisition de la Louisiane, découvertes de Lewis et de Clark de 1804 à 1806, établissements fondés à Port Hall et Astoria en 1808 et 1811, traité de 1819 aux termes duquel l’Espagne avait renoncé à la contrée située au nord du quarante deuxième parallèle. En 1824 la Russie, comme on l’a vu dans notre précédent article, accepta de reconnaître comme possessions des États-Unis toutes les terres situées au sud du 54° 40′ de latitude nord. L’Angleterre protesta aussitôt et d’un commun accord il fut admis que les États-Unis et la Grande-Bretagne exerceraient une souveraineté conjointe sur la contrée disputée. Mais à mesure que les ressources de l’Orégon furent mieux connues, le désir des Américains d’y être souverains incontestés s’accrut. Aux élections présidentielles de 1844 le parti démocratique réclama « tout l’Orégon ou rien » ; Polk prit pour plate-forme « le cinquante-quatrième degré ou la guerre » et fut élu. Il entreprit aussitôt des négociations dans ce sens, affirmant dans son discours inaugural que le droit des Américains était clair et incontestable. Mais l’Angleterre ne se laissa pas intimider, et la résolution de recourir aux armes pour trancher le différend se manifesta d’un bout à l’autre des États-Unis. C’est alors que Polk invoqua la doctrine de Monroë. Il reprit cette affirmation que « les continents américains, en raison de la situation libre et indépendante qu’ils ont acquise et qu’ils ont su conserver, ne peuvent plus désormais être considérés comme des territoires ouverts à la colonisation future d’aucune puissance européenne ». Il ajouta que la conjoncture actuelle était bonne pour affirmer de nouveau ce principe auquel il donnait son entière adhésion. Mais il faut immédiatement observer que le principe invoqué portait à faux, car l’Orégon n’était pas res nullius : c’était un territoire que l’Angleterre réclamait comme sien en vertu de droits antérieurs et non une contrée qu’elle prétendait pour la première fois, en 1845, ouvrir à ses colons, et Monroë lui même avait déclaré n’élever aucune objection contre les colonies actuelles des puissances européennes. Aussi Polk avait pris soin d’ajouter au mot colonie le mot souveraineté. Ainsi la doctrine de Monroë revêtait un caractère plus restrictif. Ce fut d’ailleurs sans grand effet, car le gouvernement américain accepta la transaction proposée par l’Angleterre et qui consistait à prendre le quarante-neuvième parallèle comme limite des deux souverainetés.

La guerre du Mexique est un fait trop connu de notre histoire pour que nous nous y arrêtions longuement. Mais, considérée en se plaçant au point de vue de la doctrine de Monroë, l’attitude du gouvernement américain fut remarquable en ce sens que, contrairement à Polk, en 1846, le secrétaire d’État Seward n’invoqua jamais la fameuse doctrine dans sa correspondance avec le gouvernement français, et, tout en s’inspirant sans cesse des précédents, n’y fit pas la moindre allusion. Après avoir déclaré, au début de l’incident, que les États-Unis entendaient « laisser la nation mexicaine décider des destinées du Mexique » et bien qu’il en arrivât en 1863 à menacer d’en appeler aux armes si la France ne retirait pas ses troupes, il basa sa conduite politique sur la théorie générale du droit des nations américaines de choisir la forme de leur gouvernement et sur l’hostilité que manifestait la France vis-à-vis des États-Unis en prétendant établir sur leurs frontières un gouvernement à la fois étranger et despotique, Seward, affirme un historien américain, sentait sa position assez forte pour ne point invoquer la doctrine de Monroë. Dans la presse, on avait réclamé une affirmation nouvelle et énergique de la doctrine et le Congrès avait répondu par un vote unanime à cet appel de l’opinion sans que l’exécutif répondit à ces vœux, mais il n’en fut pas moins fidèle au grand principe « l’Amérique aux Américains ».

Le conflit anglo-vénézuélien, qui passa à l’état de crise aiguë en 1895, tirait son origine d’un traité conclu en 1814 entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas par lequel la première acquérait les établissements de Demerara, d’Essequibo et de Berbice. Depuis cette date, la ligne de démarcation entre ces établissements et les territoires vénézuéliens donna lieu à des discussions constantes entre leurs possesseurs respectifs. En 1895, la rupture paraissait imminente. C’est alors que le président Cleveland intervint, par la déclaration suivante, dans son Message du 2 décembre : « La politique traditionnelle et bien établie du gouvernement des États-Unis est nettement opposée à tout accroissement territorial et violent des possessions d’une puissance européenne sur le continent américain ; cette politique est aussi bien fondée en principe qu’elle est bien justifiée par des précédents nombreux. En conséquence, les États-Unis sont obligés de protester contre l’accroissement du territoire de la Guyane britannique établi contrairement aux droits et à la volonté du Venezuela. » Le Président concluait en proposant de soumettre à un arbitrage la solution du conflit. Toute la correspondance qui fut alors échangée entre le secrétaire d’État Olney et lord Salisbury n’est qu’une discussion de la doctrine de Monroë, celui-ci prétendant que ladite doctrine n’avait aucun rapport avec le conflit présent, que créée pour résoudre jadis un certain ordre de faits — ceci est historiquement vrai — elle n’avait plus de raison d’être, que ni les intérêts ni la sécurité des États-Unis n’étaient menacés et que dès lors l’ingérence du gouvernement américain dans la dispute anglo-vénézuélienne n’était aucunement justifiée. Olney, au contraire, reprenant le texte même de Monroë, soutenait le droit des États-Unis d’intervenir, et, élargissant la doctrine primitive, il déclarait « qu’une union politique permanente entre un État européen et un État américain était contre nature », que les intérêts « de l’Europe étaient absolument inconciliables avec ceux de l’Amérique », que « les États-Unis étaient en fait souverains de ce continent et que leur volonté avait force de loi sur toute matière qui impliquait leur intervention », enfin qu’« ils étaient les maîtres de la situation ». L’Angleterre finit par accepter l’arbitrage : le tribunal rendit sa sentence le 3 octobre 1899 et trancha la question par un compromis.

Comme on l’a vu au cours de cette étude, les déclarations premières de Monroë ont été singulièrement amplifiées et élargies, et, de ses réponses, destinées à résoudre des cas déterminés, on a fait dans la suite un corps de doctrine et un principe de politique générale. Que le nom de Monroë soit invoqué, comme le firent Polk et Cleveland, qu’il soit passé sous silence comme le préféra faire Seward, il est certain que l’opinion publique considère que la politique extérieure du pays, au moins en ce qui concerne les relations des territoires américains avec les puissances étrangères, est et doit être dirigée par la doctrine de Monroë. La formule « l’Amérique aux Américains » résume admirablement dans l’esprit populaire l’essence de la doctrine, et c’est sous cette forme qu’elle s’est répandue dans le monde. Les diplomates, gens d’opportunisme par excellence, et les hommes politiques, qui portent le poids des responsabilités, invoquent le nom de Monroë ou le passent sous silence suivant le procédé qui leur paraît le meilleur pour la solution du conflit qu’ils ont à régler, mais dans le fond, et au point de vue pratique, c’est ce qu’il y a d’intéressant à retenir, homme de la rue et ministre sont d’accord pour réduire de plus en plus au minimum et pour écarter définitivement à la longue toute intervention étrangère dans les affaires et sur le sol de l’Amérique. L’un et l’autre y sont puissamment aidés par l’autorité magique d’un nom, autorité qu’on peut discuter, sans doute, mais dont on ne peut nier l’influence très efficace.


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  1. Nous nous sommes servi pour cette étude de l’ouvrage de Henderson, American diplomatic questions, et de l’ouvrage de Bushnell Hart, Foundations of American foreign policy.