L’Allemand après la Guerre. L’Anglais et le Français, langues Internationales/Avant-propos

AVANT-PROPOS



J’avertis que s’il eût existé un « Bureau des Suggestions », comme il fonctionne en ce moment, assure-t-on, un « Bureau des Inventions de Guerre », c’est là que j’aurais envoyé le Mémoire dont ces quelques lignes sont la préface.

Je me fais illusion, peut-être, mais il m’a paru que c’était encore « faire œuvre de guerre », de loin, certes, modestement et à la façon de l’arrière, que de combattre sur le terrain universitaire pour la suprématie de la langue française, en chassant la langue allemande de nos programmes, comme seront chassés de nos frontières ceux dont elle est l’idiome.

Je crois fermement à l’adage ainsi modifié : « Si vis pacem, para pacem. » Et je crois fermement à la victoire qui nous donnera cette paix.

Pourquoi l’un des plus beaux fruits de cette paix ne serait-il pas, comme le seconde partie de ce Mémoire s’essaie à le prouver possible, — la réalisation, au profit des deux grandes langues mondiales, unies et alliées, du grand désir qui possède depuis mille ans tous les peuples modernes, et qu’ont exprimé tous les savants, de Bacon et de Descartes à Renan, Tolstoï et Novicow, de posséder pour les communications internationales — un idiome commun, une langue internationale ?

La condamnation qui va atteindre la langue allemande en expiation du mensonge allemand, de l’improbité intellectuelle, politique et économique allemandes, de la sottise épaisse de l’âme allemande et en expiation, surtout, de la sauvagerie allemande, écarte le seul obstacle qui pourrait s’opposer à l’adoption mondiale du français et de l’anglais comme langues internationales.

Saura-t-on saisir cette occasion, unique à ce heure unique de l’histoire du Monde, de briser à jamais toute possibilité de retour de l’Allemagne à ses rêves pangermaniques ?

J’ai voulu signaler aux négociateurs de la paix victorieuse le « nœud vital » où l’Allemagne devrait être frappée.

À nos consuls de veiller et d’agir.

Tarbes, 1er septembre 1915.
P. M.