Nouvelles poésies (Van Hasselt)/L’Adieu de la fiancée

Études rhythmiques
Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 283-284).


L’adieu de la fiancée.

SUR UNE VIEILLE MÉLODIE ALLEMANDE.





Lebe wohl, lebe wohl, mein Lieb !
xxxxxxxMuss noch heute scheiden.
Uhland.





 
La montagne encor, de brouillard couverte,
Livre aux vents glacés son sommet transi.
Et le val déjà met sa robe verte.
Vois l’hiver là-haut, le printemps ici.

Quand l’oiseau de mai pend son nid aux branches,
Quand de frais parfums l’air est embaumé,

La montagne encore a ses neiges blanches,
Et tu veux partir, ô mon bien-aimé,

Dans mon cœur aussi, dans mon cœur rayonne
Un printemps charmant, un soleil d’amour.
Et tu veux aller où l’orage tonne,
Et tu veux quitter où t’attend le jour.

Ô soleil, répands sur sa route obscure
Tes rayons vermeils et tes gerbes d’or.
Sème, ô doux printemps, sème ta verdure
Sur les noirs sentiers où va mon trésor.

Oh ! descends sur moi, nuit profonde et sombre.
Brille pour lui seul, beau soleil de Dieu.
Laissez-lui le jour. Laissez-moi dans l’ombre.
Au revoir, mon cœur. Ô mon âme, adieu !



Juillet 1854.