L’Abbaye de Fontenay et l’architecture cistercienne/3.3


SALLE CAPITULAIRE


Ph. L. B.
34. Ensemble de la salle capitulaire.

Dans toute abbaye, la partie la plus importante, après l’église, était la salle capitulaire. C’est là, que chaque jour, sous la présidence de l’abbé, dont la chaire se dressait au milieu de la paroi orientale, en face de la porte d’entrée, les religieux se réunissaient, rangés sur les bancs de pierre, autour de la salle, pour tenir chapitre et délibérer au sujet des affaires de la communauté. Après la lecture de quelques articles de la règle, pour que nul ne pût alléguer l’ignorance du règlement auquel il devait strictement se conformer, la réunion se continuait par la « coulpe » ou confession publique des moines qui s’accusaient à haute voix de leurs fautes, souvent punies à l’instant même de la discipline que le coupable recevait de la main d’un frère. C’était le sanctuaire de la règle. Au Chapitre se donnaient les instructions de la journée ; on y faisait également part des décès survenus dans les autres monastères par la lecture des lettres connues alors sous le nom de « Rouleaux des Morts[1] ». La salle capitulaire donnait à la communauté sa forme et son esprit. On ne doit donc pas être surpris du soin apporté à la construction ni des vastes proportions de celle de Fontenay.

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35. Salle capitulaire, côté méridional.
Elle s’ouvre, par une grande arcade cintrée, sur la galerie orientale du cloître. Les quatre boudins de l’archivolte s’appuient sur autant de colonnettes dont les chapiteaux et les bases sont identiques à ceux des galeries. De chaque côté de la porte une double baie à plein cintre, flanquée de colonnettes, met la salle en pleine communication avec le cloître, les assemblées capitulaires étant toujours publiques (fig. 36). Cette disposition est constante dans les abbayes de l’Ordre,
ABBAYE DE FONTENAY
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SALLE CAPITULAIRE
comme à Noirac, à Sénanque, au Thoronet, à Fontfroide, etc., où l’on ne saurait constater des scellements destinés à fixer des clôtures ou des vitraux.

Primitivement, cette salle comprenait trois travées dont les voûtes sur croisée d’ogive, divisées par des arcs doubleaux, retombaient sur quatre faisceaux de colonnettes entourant un noyau central. La travée orientale a été démolie, peut-être lors de l’incendie de 1490[2], mais on voit distinctement les deux piliers engagés dans le mur extérieur percé de trois baies ouvrant sur le jardin. Contre les parois, des faisceaux de trois colonnettes répondent aux arcs d’ogive, aux doubleaux et aux formerets.

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34. Entrée de la salle capitulaire.

Des congés cintrés amortissent la naissance des arcs sur les tailloirs qui forment un octogone aux piles centrales. Les chapiteaux très simples sont ornés de feuilles lancéolées et nervées sur les bords.

Deux travées de construction semblable, mais à deux voûtes seulement et situées latéralement, forment deux petites salles annexes, dont l’une, qui s’ouvre par deux portes sur le transept de l’église, devait servir de sacristie, sacratorium, en même temps que de salle du trésor et des reliques. La seconde, à droite, était le petit parloir des moines exactement disposé comme sur le plan de Clairvaux, ou peut-être un simple magasin.

  1. Usus antiquiores ord. cister., cap. XX.
  2. J.-B. Corbolin, ouvrage cité, p. 17.