L’Abîme (Rollinat)/Le Spectre

L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 84-85).


LE SPECTRE


Devant ma porte, chaque soir,
C’est l’Effroi ! sans que je l’évite.
Je frissonne dès le couloir,
Et j’ai beau raisonner, vouloir,
Mon cœur bat plus fort et plus vite.

La clef tourne, il me va falloir
Entrer ! je recule, j’hésite
À franchir le bâillement noir
De ma porte.


Or, je finis par concevoir
Pourquoi je redoute mon gîte :
Dans le tourbillon qui m’agite
J’en viens à ne plus me Savoir !
C’est donc Moi que j’ai peur de voir
Derrière ma porte.