L’Abîme (Rollinat)/L’Étrangère

L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 250-251).


L’ÉTRANGÈRE


La maladie et la vieillesse
Nous font hideux — blocs ou fuseaux —
Et nous travaillant jusqu’aux os
Nous décomposent pièce à pièce.

Mais si saugrenus, si discords
Que nous rende le sort funeste,
Nous revoyons notre ancien corps
Dans le monstre qui nous en reste.


Hélas ! il n’en est pas ainsi
Quand le fond de l’homme est moisi.
Rien n’y paraît qu’une ombre infâme.

C’est en vain qu’on regarde en soi :
Et l’on s’avoue avec effroi
Qu’on ne reconnaît plus son âme.