L’Abécédaire du petit naturaliste/Yguane


Anonyme
Saintin, Libraire-Commissionnaire (p. 46-49).
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L’YGUANE.


L’Yguane forme, par l’éclat de ses couleurs et le brillant de ses écailles, un des principaux ornemens de ces immenses forêts qui couvrent une partie de l’Amérique méridionale. Cet animal ne cherche point à nuire, et ne se nourrit que de végétaux et d’insectes. Il ne laisse pas cependant d’intimider, lorsque, agité par la colère et animant son regard, il fait entendre un sifflement, secoue sa longue queue, gonfle sa gorge, et redresse ses écailles hérissées de pointes. Lorsqu’il a reçu quelque éducation, il reste volontiers dans les jardins, et passe même la plus grande partie du jour dans les appartemens. Sa chair est excellente à manger. La femelle pond depuis treize œufs jusqu’à ving-cinq. Les Yguanes se retirent dans des creux de rochers ou dans des trous d’arbres. On les voit s’élancer avec une agilité merveilleuse jusqu’au plus haut des branches, autour desquelles ils s’entortillent de façon à cacher leur tête au milieu des replis de leur corps. Lorsqu’ils sont repus, ils vont se reposer sur les rameaux qui avancent au-dessus de l’eau, et demeurent comme engourdis. C’est ce moment que l’on choisit au Brésil pour les prendre. Lorsqu’un chasseur voit un de ces animaux ainsi étendu sur des branches, et s’y pénétrant de l’ardeur du soleil, il commence à siffler : l’Yguane, qui semble prendre plaisir à l’entendre, avance la tête peu à peu ; le chasseur s’approche en continuant de siffler, et chatouille la gorge de l’animal avec le bout d’une perche. Celui-ci souffre cette espèce de caresse sans témoigner aucune peine, se retourne même comme pour en jouir avec volupté. Lorsqu’il a porté sa tête hors des branches, le chasseur lui passe au cou une corde noire en forme de lacs, qu’il a au bout d’un bâton, et le fait tomber à terre par une violente secousse.