L’Abécédaire du petit naturaliste/Marmotte


Anonyme
Saintin, Libraire-Commissionnaire (p. 26-31).
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MARMOTTE.


La Marmotte habite les Alpes, les Pyrénées. Le lieu de sa retraite est de préférence l’exposition du levant et du midi. Cet animal se nourrit d’insectes, de fruits, de légumes, n’a point d’appétit véhément, vit en petite société, sommeille presque toujours. Son domicile est construit avec un art singulier sur le penchant d’une colline. Il creuse un trou en forme d’y. Une des branches plus élevée sert d’entrée. Le fond, en cul-de-sac, est sa retraite. L’autre branche, disposée en pente, plus basse que la première, sert à faire écouler dehors les excrémens et les urines. Mollesse, propreté, règnent dans son habitation. Il repose sur des couchettes d’herbes fines et de mousse. Plusieurs se réunissent ensemble pour construire le domicile. L’un creuse, d’autres vont chercher la mousse. On a prétendu que chacun d’eux servait de voiture à son tour. Il se met, dit-on, sur le dos ; on le charge de mousse, de foin ; ses jambes servent de ridelles. On traîne ainsi la provision. C’est, dit-on, la raison pour laquelle leur dos est toujours pelé. Comme ces animaux habitent continuellement sous terre, cette raison seule suffit pour expliquer le fait. Le domicile une fois préparé, est pour tous les descendans de chaque famille, à moins que quelque chasseur, ou quelque bouleversement souterrain ne le détruisent. Chaque femelle met bas cinq ou six petits. On ne sort que lorsque le temps est chaud, beau, serein. On va jouer, se divertir, brouter l’herbe avec sécurité. Une sentinelle, placée sur le sommet d’un rocher, avertit la troupe du moindre danger. Aperçoit-elle un aigle, un chien, un homme : elle donne un coup de sifflet. Toute la gent marmottine se retire dans sa tanière. La sentinelle ne rentre que la dernière. À l’approche de l’hiver, les Marmottes bouchent les deux ouvertures de leur domicile avec de la terre si exactement, qu’on n’en peut distinguer la place. Ces petits animaux se roulent les uns à côté des autres, à trois ou quatre pouces de distance. Leur sang n’a que le degré de chaleur de la température de l’air. Dès que le froid commence, il circule avec plus de lenteur, et cette lenteur suit la progression du froid. Pendant l’hiver, ils restent engourdis dans un état de léthargie sans prendre de nourriture. Comme ils ne perdent alors presque rien par la transpiration, ils n’ont pas besoin de réparer. C’est pendant l’hiver qu’on les saisit dans leur retraite. En été, ils creuseraient sous terre, à mesure qu’on avancerait. Ces animaux deviennent familiers. Ils s’asseyent sur le derrière, se servent de leurs pates de devant comme de mains pour manger. Les Savoyards indigens dressent cet animal à plusieurs petits exercices, et le promènent dans toute l’Europe. L’adresse avec laquelle il grimpe entre deux rochers, leur a, dit-on, servi de leçon pour grimper dans les cheminées.