L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Sur la mode qu’on a de monter à cheval

Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 194-195).

SUR LA MODE QU’ON A DE MONTER À CHEVAL

Aujourd’hui, la mode nous en est venue de France,
Et comme des cavaliers ou d’autres personnes
Les femmes montent à cheval hardiment,
Au trot, au galop, en avant, en arrière.

Mais ce qui me stupéfait davantage,
C’est qu’elles ont beau chevaucher longtemps,
Elles n’éprouvent pas de douleur et ne sentent pas
Que leur nature en soit endommagée.


Qu’est-ce à dire, qu’à ces folles de femmes,
Monter à cheval ne cause aucune lassitude,
Tandis qu’à d’autres cela brise les os et les fesses ?

Pour moi, je n’en puis trouver d’autre raison
Que celle-ci : c’est qu’elles sont habituées
À souvent tenir les jambes écartées.