L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Résolution

Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 112-113).

RÉSOLUTION

Je ne veux plus de femmes, je ne veux plus de filles,
Je veux jouir de ma liberté ;
Car, je le sais, elles sont toutes à chier dessus,
Elles m’enlèveraient jusqu’à la peau ;

Qu’on dise qu’elles sont bonnes et belles,
Pour moi je les ai toutes dans le cul ;
Soient-elles toutes bulgarisées,
Et tous ceux qui tiennent pour elles !

Je ne veux plus aller en cette puanteur,
Où l’on ne trouve, à parler franc,
Que pisse, marquis et écoulements !

Aille qui veut dans cette purée,
Pour moi, si j’ai à salir mon instrument,
Je veux plutôt le ficher en un cul ;
Comme ça, je serai plus serré,
Et je jouirai de la fraîcheur des fesses :
Le cul est vraiment un morceau de moine.
Pousser des bottes insensées,
Se sentir cette viande contre la panse,
Et mettre dans le cul tout ce qui dépasse,
Oh ! la benoîte coutume,

Digne de louange et digne d’une couronne !
C’est bien autre chose que cette bougresse de moniche !
D’ailleurs tout le monde,
Princes, Prélats, Cardinaux,
Tous mettent dans le cul leur machin :
Il n’y a que les serins
Pour aller en moniche, et les pauvres faquins :
Tous les autres bulgarisent comme des assassins.