L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Réflexion critique sur le précédent sonnet

Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 86-87).

RÉFLEXION CRITIQUE SUR LE PRÉCÉDENT SONNET

Dans ce sonnet, il y a fort à louer
La conduite, la phrase, le style,
Et les rimes et tout le reste, excepté
Ce qui est de vouloir cadenasser les belles.

Le meilleur cadenas, c’est l’honnêteté,
Précieux joyau de toute jolie femme,
Et si elle ne fait pas sentinelle,
Autant vaut les portes grandes ouvertes.

À quoi sert un tel expédient, réduit

À tenir seulement en bride la nature,
Si malgré lui j’emplis le cœur, la main et le sein ?

Quand le désir ne connaît plus de bornes,
La femme, je vous le jure, ouvre tout cadenas,
Au risque de briser la serrure.