L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Coûte que coûte l’auteur veut foutre

Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 28).

COÛTE QUE COÛTE L’AUTEUR VEUT FOUTRE

Plutôt il se peut faire que le Soleil ne luise,
Que dans le ciel ne se voie plus la Lune,
Que tombent les étoiles une à une,
Que sur la Terre il n’y ait plus un seul trou ;

Que tout soit confusion dans la Nature,
Que le Vent sur la Mer ne fasse plus de ses coups,
Qu’il n’y ait plus de poissons dans la lagune,
Que le Pont-de-Fer n’ouvre plus passage ;

Il se peut faire que plus la pluie ne mouille,
Il se peut faire que plus le feu ne cuise,
Que ne produise plus de fleurs la campagne,

Que redevienne crue la viande une fois cuite,
Que le fleuve rebrousse vers la montagne :
Mais il ne se peut jamais faire que je ne foute.