L’Île de Rotuma

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L’ÎLE DE ROTUMA.

Cette île, remarquable par sa fertilité et son aspect pittoresque, fut découverte par la Pandore en 1791. Depuis, elle a été visitée par des baleiniers anglais et américains, et par quelques autres vaisseaux qui y relâchaient pour faire de l’eau et renouveler leurs provisions. Elle est située au 12e degré 30’ de latitude méridionale, et au 177e 0’ de longitude orientale. L’île du groupe Fidji qui l’avoisine de plus près, est encore éloignée d’elle de deux cent soixante milles environ.

Rotuma est médiocrement élevée au-dessus de la mer ; des bois épais l’ombragent de tous côtés ; elle abonde en cocotiers ; elle a de trente à trente-cinq milles de circonférence. Cette île est entourée de récifs étendus, sur lesquels on voit, à la marée basse, les indigènes activement occupés à se procurer des coquillages et des poissons qu’ils trouvent en profusion, et qui constituent un des articles de leur nourriture journalière. La nuit, ils pèchent à la lueur des torches, allumant sur la grève des feux qui attirent le poisson vers les récifs. Ils se servent pour leur pêche de filets à main. Dans les idées naïves de ces insulaires, les poissons ne seraient pas attirés par le feu ; mais eux venir au récif la nuit pour manger, ensuite dormir, et s’en aller le lendemain. Ces nombreuses lumières, scintillant de tous côtés au milieu d’une nuit sombre, produisent un effet magique : on dirait une illumination des salles du Pandemonium. On trouve sur ces récifs une variété infinie de poissons, qui sont d’ordinaire fort petits. Nous en remarquâmes beaucoup qui étaient bigarrés de couleurs très-vives, et d’une forme extraordinaire. Nous nous dirigeâmes vers cette île le 21 février 1830 ; nous nous trouvions ouest par sud-demi-sud, à environ vingt-cinq milles de distance de l’île. À onze heures du matin, comme nous nous tenions à l’ancre, nous fûmes abordés par plusieurs indigènes qui vinrent nous visiter dans leurs canots. Ils nous surprirent en nous adressant la parole en anglais. Il paraît que la connaissance de notre idiome leur est en partie venue des relations qu’ils entretiennent avec les bâtimens qui visitent leurs parages ; mais c’est surtout aux matelots européens qui se sont fixés dans leur île pour y vivre d’une vie de luxe et d’indolence sauvages qu’ils sont redevables sous ce rapport. Un des naturels qui nous servait de pilote nous fit tourner autour de petites îles nommées Owa, et jeta l’ancre dans la baie d’Onhaf, située au nord-est de l’île, dans un fond de sable et de corail ayant quinze brasses de profondeur, à deux milles environ du rivage. Quand nous jetâmes l’ancre, nous nous trouvâmes auprès d’une île assez élevée, taillée en forme de coin de mire, habitée, et située à peu de distance de la terre. Les insulaires lui donnaient le nom d’Ouer. Non loin de là se trouvaient aussi deux îles assez élevées, mais de peu d’étendue ; elles étaient plantées de cocotiers, étaient jointes ensemble par des rochers, et tenaient à la terre par un récif. Elles garantissent la baie des vents d’est. Un des chefs indigènes dit au capitaine, au moment où nous jetâmes l’ancre : Si Rotuman voler, le pendre sur-le-champ. Si nous eussions suivi littéralement cette sévère injonction, il y aurait eu une dépopulation considérable dans l’île pendant notre séjour, et même j’ai tout lieu de croire que quelques chefs auraient été victimes de cette mesure.

Dans une seconde visite que nous fîmes à cette île en mars 1830, nous jetâmes l’ancre dans une belle baie de l’aspect le plus pittoresque, située à l’ouest de l’île nommée Thor, dans quatorze brasses sur un fond de sable et de corail ; mais je recommanderai fortement aux vaisseaux de ne pas jeter l’ancre pendant les mois de février, de mars et d’avril, et pendant la première partie de mai, les vents qui dominent alors soufflant d’ouest et nord-ouest. Ce fut contre ces vents impétueux que nous eûmes à lutter le 30 mars, ainsi que nous le rapporterons dans le cours de ce récit. Les vaisseaux feront mieux de se tenir en panne près du rivage, d’où ils seront facilement approvisionnés. Un récif s’étend à quelque distance de la grève de cette baie, qui est presque à sec lors de la marée descendante ; et, comme cette baie est battue à son entrée par des brisans, il est plus difficile de s’y procurer de l’eau et du bois qu’à la baie d’Onhaf. Au sud de l’île se trouve un autre endroit appelé Fangwot, résidence habituelle du roi ou principal chef, qui fournit un mouillage aux vaisseaux ; mais sa situation, exposée à tous les vents, ne permet pas d’y jeter l’ancre en sûreté. C’est, du reste, la partie de l’île où l’on peut se procurer le plus facilement des provisions. À cinq ou six milles de distance de la principale terre au sud-ouest, sont situées plusieurs petites îles qui sont visitées de temps en temps par les indigènes, qui y vont faire des provisions de coquillages et de poissons. Ces petites îles se nomment Ofliwa, Athana, Hothahois, et un rocher à fleur d’eau, contre lequel se brise la mer, est appelé Hoth-Fakteringa. La première de ces îles est d’une forme très-remarquable : elle ressemble à un rocher divisé en deux portions qui seraient cependant jointes ensemble par une partie commune à toutes les deux, formant un pont naturel.

Lorsque je pris terre, l’île ne se présenta pas à mes regards sous un aspect moins flatteur que lorsque j’en étais à quelque distance ; la végétation me parut des plus vigoureuses, et les arbres et les arbrisseaux, parés d’une verdure dont les teintes différaient peu entre elles, charmaient les yeux par des contrastes peu tranchés. C’était aussi une douce vue que ces petites maisons si propres des indigènes, entremêlées de cocotiers aux panaches flottans, de plantains aux longs rameaux, et de plusieurs arbres superbes qui ne viennent que sous les tropiques. Parmi eux, je remarquai le callophyllum inophyllum, ou fifau, comme l’appellent les indigènes. Cet arbre magnifique, à feuillage vert et sombre, porte d’énormes bouquets de fleurs d’une blancheur éclatante, qui répandent les plus doux parfums. Les Rotumans ont une prédilection marquée pour cet arbre. Quand le charpentier d’un vaisseau en abattait un, ils en plantaient aussitôt un jeune de la même espèce à l’endroit où l’ancien avait déployé son éclatante parure, voulant ainsi assurer à leur postérité les mêmes jouissances qu’ils avaient eues. Avouons que cet exemple de prévoyance d’un peuple sauvage pourrait être mis à profit par plus d’une nation civilisée.

Quand j’étendis mes courses dans l’intérieur des terres, à travers des sentiers étroits et parfois raboteux, je ne m’aperçus pas que le luxe de la végétation diminuât le moins du monde, et les grands arbres qui ombrageaient la route, défendaient le piéton des ardeurs d’un soleil brûlant, rendant ainsi la promenade sous ces voûtes de feuillage aussi agréable par la fraîcheur de l’air que par la beauté du paysage. Les fleurs brillantes de l’hibiscus tiliaceus et de l’huth ou barringtonia speciosa, dont les pétales sont blancs et les étamines rayées de rouge, mélangées à d’autres espèces moins remarquables et aux plantations de Vahan ou taro, arum esculentum, enchantent la vue par une variété infinie de couleurs. Ces insulaires possèdent plusieurs espèces de la canne à sucre, et la mangent dans son état naturel. Une petite variété de l’igname, plus ordinairement connue sous le nom de pomme de terre de Rotuma, l’ulé des indigènes, est très-abondante ; l’ulu ou arbre à pain, le péri ou plantain, et plusieurs autres espèces de fruits témoignent suffisamment de la fertilité de l’île. Des petits bouquets d’arbres composés de toa ou casuarina equisetifolia, plantés près des villages ou des cimetières environnans, ajoutent encore à la beauté du paysage.

Quelques jours après mon arrivée, le hasard me fit découvrir un endroit qui attira mon attention. Je venais de traverser un village nommé Shoulnau. Après avoir gravi une colline qui était ombragée par des arbres magnifiques, je descendis vers la grève ; de là j’aperçus une espèce de lac formé par les eaux de la mer, enfermé d’un côté par une grande île couverte de cocotiers et de divers arbres, et qui touchait presque à la terre ; seulement on remarquait tout autour de petits espaces pour laisser passer les canots. Les bords opposés étaient couverts des maisons des naturels, entremêlées d’arbres et de différentes espèces d’arbustes en fleur. Le calme de l’eau, la tranquillité de ce lieu solitaire, qui n’était interrompue que par le gazouillement des oiseaux, entretenaient l’âme dans de douces rêveries. Ce fut avec un vif regret que je m’éloignai de ce délicieux coin de terre ; il est situé au sud-est de l’île, et est appelé Shaulcopé par les indigènes. Je voulus me procurer le plaisir de le visiter de nouveau, mais cette fois j’étais en canot. Pendant cette promenade navale, je fus régalé d’une chanson par quelques naturels que j’avais à mon bord. Elle me parut passablement monotone, mais cependant agréable. Je m’aperçus aussi que ces insulaires battaient fort bien la mesure avec leurs pagaies.

Les maisons des Rotumans sont très-propres ; elles sont formées de perches et de troncs d’arbres ; le toit est couvert de feuilles d’une espèce de palmier qu’ils appellent hoat, et qu’ils estiment beaucoup à cause de sa solidité ; elles ont ordinairement deux entrées, l’une pratiquée dans la façade du bâtiment, et l’autre vis-à-vis ; ces entrées sont très-basses. Elles ont, en outre, une porte suspendue horizontalement qu’ils tiennent ouverte pendant le jour, mais qu’ils ferment la nuit ; l’intérieur des maisons est d’une propreté remarquable, les planchers sont couverts ou de branches entrelacées de cocotier, ou d’une espèce ordinaire de natte appelle ehap. Près de leurs maisons, ils plantent les arbres qu’ils affectionnent. La plante du tabac qui a été récemment introduite dans l’île, y vient très-bien, mais les habitans ne savent pas encore la préparer.

Le débarquement se fait sans peine sur une grève sablonneuse. Non loin de la mer, on peut se procurer du bois à brûler ; l’eau est d’une excellente qualité, mais comme il se trouve peu de ruisseaux dans cette île, les habitans ont creusé des puits pour ne pas se voir exposés à en manquer.

Les indigènes sont d’une figure agréable et d’une taille avantageuse ; ils ressemblent beaucoup aux habitans de Tongatabou ; ils sont doux, mais très-adonnés au vol : c’est un penchant général chez eux. Leur teint est légèrement cuivré. Les hommes portent les cheveux longs, et en teignent les extrémités d’une couleur rouge et brune ; quelquefois il leur arrive de retenir par un nœud leurs cheveux sur le derrière de la tête ; mais la coutume dominante est de les laisser pendre sur les épaules. On peut dire que les femmes sont belles et bien faites ; et, bien qu’elles aient un air de modestie très-marqué, elles n’en vinrent pas moins en foule à bord de notre vaisseau, à notre arrivée. Leur babil intarissable nous fut une preuve suffisante que, même dans cette partie éloignée du globe, l’organe lingual de la femme est singulièrement développé.

Le roi, auprès duquel nous nous rendîmes, habitait le village de Fangwot. C’était un homme bien pris dans sa taille, d’une belle figure, et qui ne paraissait pas avoir plus de trente ans. La partie supérieure de son corps avait été enduite d’épaisses couches de rang, espèce de peinture qui s’obtient en mélangeant ensemble du curcuma et de l’huile. C’était là une preuve non équivoque de la haute considération qu’il avait pour les étrangers qui lui rendaient visite. En plein air, sous les larges branches de leur arbre favori, le fifau (callophyllum inophyllum), se tenait sa majesté, accroupie sur la terre, et environnée d’une foule de ses sujets. Il n’y avait rien là qui sentît l’étiquette ou la pompe des cours. Il y eut aussi beaucoup de simplicité dans notre présentation. Un des indigènes qui nous avait accompagnés depuis notre débarquement dans l’île, nous dit avec un accent passablement anglais, et en faisant un signe indicateur de la main : « Voilà le roi. »

Comme notre langue était tout-à-fait étrangère à sa majesté, un de ses serviteurs, qui la parlait avec beaucoup de facilité, se chargea du rôle d’interprète. Après avoir répondu à quelques questions d’usage, telles que celles-ci : « D’où vient votre vaisseau ? Où va-t-il ? De quelles provisions a-t-il besoin ? » nous nous rendîmes à l’habitation du roi, qui ne différait en aucune façon de celle des autres indigènes. Les ignames, les fruits à pain, et les poissons enveloppés de feuilles de plantain, dans lesquelles on les avait fait cuire, furent étalés devant nous. Nous avions des feuilles de ce même arbre pour assiettes, et de l’eau de coco pour boisson. Mais avant que nous eussions eu le temps de faire honneur à cette chère royale, nous fumes entourés d’une foule d’indigènes qui nous semblaient d’autant plus incommodes que la chaleur était extrême. On croira facilement que nous nous estimâmes heureux de mettre un terme à l’entrevue en opérant notre retraite.

Les chefs sont appelés successivement à la royauté, et cette haute charge n’est exercée par le même individu que pendant six mois. Cependant il arrive quelquefois qu’un chef gouverne pendant deux ou trois ans, si les autres chefs y consentent. Le titre correspondant au mot roi est Sho. Le roi auquel nous avions été présentés se nommait Mora. Nous eûmes aussi une entrevue avec son prédécesseur Riemko. C’est un chef très-distingué, et qui paraît doué d’une rare intelligence. Il parle anglais très-correctement. Riemko, dont la mémoire égale la curiosité, s’empresse auprès des voyageurs européens qui abordent dans l’île, leur adresse une foule de questions, et les réponses qu’il reçoit se gravent dans son esprit d’une manière ineffaçable. C’est ainsi qu’il nous rapporta une multitude de faits et d’anecdotes relatifs à Napoléon et à plusieurs grands personnages de l’époque. Ce fut sans doute pour ne nous rien cacher de ses connaissances qu’il nous demanda très-sérieusement si nous demeurions dans Russel-Square, à Londres.

Un étranger qui parcourt cette petite île, à peine connue des Européens, est tout surpris d’entendre parler l’anglais à la plupart des indigènes, et de voir le désir extrême qu’ils montrent de l’apprendre. Je me suis souvent amusé à voir ces sauvages essayer de s’entretenir entre eux dans mon idiome national. Un aveugle qui vint à notre bord, « non pour voir le vaisseau, » suivant ses expressions, « mais pour le sentir, » parlait anglais très-correctement. Il me demanda comment s’appelait le propriétaire du vaisseau, s’il possédait encore d’autres vaisseaux. Ensuite, voulant sans doute me donner un échantillon du savoir qu’il avait acquis, soit dans la conversation des marins européens qui résidaient dans l’île, soit dans les récits des voyageurs, il me dit : « Vous voyagez au compas, et prenez le soleil avec un cadran… vous avez des cartes… et c’est là le moyen d’aller aux différens pays. » Il me répéta aussi les jours de la semaine et les mois de l’année avec beaucoup d’exactitude.

Il existe chez les femmes de cette île une coutume très-gracieuse : elles se montrent uniformément parées de fleurs ; tantôt elles les mettent isolément dans leurs cheveux, tantôt elles en font d’élégans pendans d’oreilles, ou bien elles les tressent en couronnes ou en colliers ; mais, à quelque forme qu’elles les plient, elles font preuve d’un esprit ingénieux et d’un goût délicat. Les principaux arbustes qui leur fournissent leurs plus belles fleurs sont le fifau, le kowa (hibiscus rosa sinensis), le mouscoi[1], et le gardenia. Il paraît que la coutume orientale, de communiquer les affections par le moyen des fleurs, leur est tout-à-fait inconnue.

L’habit des hommes et des femmes n’est autre chose qu’un apé ou natte qui dessine la taille et descend jusqu’à la cheville : la partie supérieure du corps demeure entièrement exposée. Cependant les femmes font encore usage d’un vêtement que leur fournissent les feuilles du plantain ou du curcuma, qu’elles font sécher et blanchir au soleil. Ce vêtement, qui leur ceint la taille, ne descend pas ordinairement au-dessous du genou. Avant leur mariage, les femmes sont dans l’usage de se couper les cheveux, et de se barbouiller la tête de shoroi, qui n’est qu’un mélange de corail brûlé et de gomme d’arbre à pain ; après le mariage, elles enlèvent cette couche incommode, et laissent croître leurs cheveux, qu’elles rasent encore, en signe de deuil, à la mort d’un chef ou de leurs parens.

La cérémonie du mariage se pratique de la manière suivante : les deux futurs époux se rendent sur le bord de la mer, se mettent dans l’eau jusqu’à la ceinture, revêtus chacun de sa natte. Là, ils sont barbouillés de rang ; ils sortent ensuite de l’eau, après quoi on leur présente de nouvelles nattes ; on donne un grand repas pour terminer la cérémonie. La polygamie est permise à Rotuma, comme dans la plupart des autres îles polynésiennes.

Au milieu de leurs villages se trouve un terrain vide qu’ils balaient soir et matin : ce terrain est planté de fifaus, leur arbre favori, ou de toas (casuerina equisetifolia), dont le bois est fort estimé chez eux, et que les Européens ont nommé bois de fer, à cause de sa consistance et de sa durée. C’est là que les indigènes viennent, par les fraîches brises du soir, exprimer les douces émotions de l’amour dans des danses molles, vives et légères, ou entremêlent des pas brusques et saccadés de hurlemens épouvantables, quand la danse est comme un présage de guerre.

Les Rotumans sont d’une grande propreté, et l’habitude qu’ils ont de frotter leur corps d’huile de cocotier et d’essence de curcuma fait que leurs vêtemens, comme leurs personnes, répandent une odeur très-agréable. Les articles de commerce qui leur plaisent le plus sont les grains de collier de grande dimension et à brillantes couleurs. Ils recherchent aussi beaucoup les haches, les ciseaux, les dents de baleine, les hameçons, les petits miroirs, etc.

On me pria, un matin, de rendre visite à un chef de haut rang, qui souffrait depuis long-temps d’un mal qu’on n’avait pu guérir. J’accueillis cette demande avec empressement ; et, après une marche entreprise par un soleil brûlant, j’arrivai à sa demeure, dans un village appelé Shoar. Ce chef, qui se nommait Moeta, se plaignait d’affections rhumatismales aux articulations ; il me montra plusieurs cicatrices qui provenaient du traitement en usage dans le pays, lequel se réduit tout simplement à appliquer un fer chaud sur les parties souffrantes. Ce traitement, au reste, n’avait été pour lui d’aucune efficacité. Je lui en indiquai un autre, et lui prescrivis un régime. Il m’offrit alors une belle natte ; et, comme je refusai de la recevoir, il parut mécontent, et me dit que c’était l’usage de faire un cadeau aux médecins. De peur de le désobliger, j’acceptai son présent ; mais depuis il ne me fut jamais fait par mes malades de l’île d’offre de ce genre. La dyssenterie exerce de grands ravages parmi les habitans de Rotuma ; et c’est sans doute parce que plusieurs d’entre eux en avaient été guéris par des médecins européens que je fus assailli d’un grand nombre de demandes relatives au traitement de cette cruelle maladie. Si l’on veut avoir une idée des priviléges dont jouirait un médecin qui s’établirait dans cette île, il me suffira de rapporter les paroles que m’adressait Ufangnot, chef du canton de Saflé, pour me déterminer à embrasser ce parti : « Vous rester à Rotuma, » disait ce chef ; vous faire gens bien portans, ainsi que vous avoir déjà fait : trop personnes mourir ici ; mais vous guérir toutes personnes, et vous avoir beaucoup femmes, beaucoup ignames et cochons, et vous être heureux comme un roi. » Bien supérieur était le langage d’un chef, nommé Mare, qui, pour la même raison, voulait me retenir à Eimeo, une des îles de la Société, lors de mon voyage en 1829 : « Vous guérisseur de maladies, demeurez dans cette terre, pour que ses habitans ne soient pas consumés par la mort, et qu’ils puissent marcher la tête levée. » Comme je lui demandais quels seraient les avantages que me promettrait cette détermination : « Vous aurez, » répondit-il, « ce que la terre produit ; nous ne possédons pas autre chose. »

Outre la brûlure, les Rotumans sont dans l’habitude de se faire de profondes incisions. L’ophtalmie est une maladie commune chez eux. J’observai aussi que l’ophtalmie purulente exerçait de grands ravages chez les enfans ; mais ce fut en vain que je préparai des lotions pour que les mères leur en baignassent les yeux : elles montrent une aversion insurmontable pour tous les remèdes appliqués extérieurement ; elles ont, au contraire, une confiance aveugle dans ceux qu’on prend à l’intérieur. Les causes de ce dégoût d’une part, et de cette prédilection de l’autre, me sont tout-à-fait inconnues.

Sur une colline située dans l’intérieur des terres, à une petite distance du village de Shoar, je visitai la sépulture des rois, que les indigènes nomment Shisoul. Le sentier qui y conduit est délicieusement ombragé par des arbres de différentes espèces. Du reste, cette dernière demeure des rois n’est remarquable, ni sous le rapport du paysage au milieu duquel on l’a placée, ni sous celui de l’art. Cette sépulture est simplement un petit tertre entouré de pierres, et sur les tombeaux sont placés de gros blocs de corail, marquant la situation de chacun d’eux. En quelques endroits du tertre sont plantés des arbres, que les naturels nomment chinical (dracœna terminalis), et dont les feuilles sont très-remarquables par leur beau rouge foncé. Les rois seuls jouissent de la prérogative d’en porter autour du corps, en guise de ceinture. À quelques pas de là, des arbres à pain dessinaient un cercle autour du tertre, qui se trouvait ainsi singulièrement ombragé. Les cimetières ordinaires touchent aux villages, et ne sont pas sans ressemblance avec les nôtres. On y voit des monticules entourés de pierres, et sur les tombes sont étendus de grands blocs de corail, les uns dans le sens horizontal, les autres dans le sens vertical, comme c’est la coutume en Europe. Les morts sont enveloppés dans une natte. Beaucoup d’arbustes, parmi lesquels je distinguai le toa, ombragent les tombeaux. Je remarquai aussi en certains endroits des amas de pierres entassées les unes sur les autres, et sur lesquelles on avait construit des huttes. J’appris que ces pierres et ces huttes indiquaient la sépulture de quelques chefs fameux.

On fabrique dans cette île quatre espèces de nattes : la première se nomme ehap, et se fait avec les vieilles feuilles du sahang, espèces de pandanus. La seconde s’appelle apé-sala ; elle se fabrique aussi avec les feuilles du sahang, que l’on fait blanchir d’abord, en les arrosant plusieurs fois, et en les exposant au soleil. Cette natte est d’une belle qualité. La troisième est l’apéniau ; celle-ci est encore plus belle que la précédente, et s’obtient de l’arbuste hibiscus tiliaceus, le vinghou des indigènes. La quatrième est l’amea, et c’est la plus estimée ; elle se fait de l’écorce d’un arbre appelé urtica, mais que les indigènes nomment amea, et c’est de ce dernier mot qu’elle a emprunté son nom. Les nattes de guerre sont de la même texture que celles appelées apé-sala, mais elles sont plus petites que ces dernières. Les Rotumans en portent jusqu’à quatre autour de leur ceinture. Ce sont les femmes ordinairement qui sont chargées de fabriquer ces nattes, et il ne leur faut pas moins de six mois pour en confectionner une seule. Elles fabriquent aussi du drap de différens degrés de finesse, qu’elles obtiennent de l’écorce de l’ulu ou arbre à pain, du chal ou mûrier à papier. Ils donnent le nom de wor à ce drap, qui est tacheté de diverses couleurs qu’ils tirent des plantes indigènes. C’est avec un instrument de bois nommé ia qu’ils battent cette écorce.

Le goût des voyages paraît invinciblement enraciné dans le cœur de ces insulaires. Je demandai alternativement à un grand nombre d’entre eux quelle raison leur faisait quitter l’île de Rotuma, pour s’exposer aux dangers de la mer ; ils répondirent invariablement : « L’homme de Rotuma avoir besoin de voir terre nouvelle. » C’est ainsi que, dominés par ce penchant irrésistible, on les a vus courir sous le vent dans de frêles embarcations, aborder dans quelque île ou périr dans la tempête.

Les Rotumans paraissent n’avoir que des idées très-confuses en matière de religion ; ils croient que les âmes des morts viennent les visiter après la mort, et pour les apaiser, ils leur font des offrandes, et suspendent dans leurs maisons des branches d’un arbre appelé teuten. Ils portent aussi sur leurs personnes quelques parties de cet arbre, auxquelles ils attribuent la vertu d’écarter les mauvais esprits. Ils ne paraissent pas avoir la moindre idée de la vie future, « Blancs, disent-ils, assurer nous y avoir ciel pour les bons et enfer pour les méchans, mais le Rotuman pas savoir. » Comme je demandais à l’un d’eux si un homme qui était à la dernière extrémité avait peur de mourir : « Non, » répondit l’indigène ; « pourquoi lui avoir peur ? » — « Mais où croyez-vous qu’il aille après sa mort ? » repris-je. — « Mais, monsieur, si un homme mourir au rivage, aller dans la terre ; si un homme mourir à bord de vaisseau, aller dans la mer. »

Je remarquai que, dans cette île, les femmes portaient sur leurs corps des cicatrices de forme circulaire, qui avaient été causées par l’application du feu. Ces cicatrices se voyaient sur l’estomac de quelques-unes, tandis que le corps de plusieurs autres en était presque entièrement couvert. Pour produire ces brûlures, les femmes donnent à un morceau de wor, ou drap du pays, une forme circulaire ; puis y mettent le feu, et s’en frappent la peau quand il est bien enflammé. Cette pratique s’observe à la mort d’un chef ou d’un parent. À la mort de sa mère, une femme ne manque jamais de livrer son estomac et sa gorge à ces morceaux de drap brûlant ; si c’est son père qu’elle vient de perdre, ce sera son dos seulement qu’elle soumettra à cette opération ignée. Au reste, cette coutume barbare n’est point suivie par les hommes.

Quand un étranger entre dans la maison d’un de ces indigènes, ceux-ci ne manquent jamais de lui servir des noix de coco, des ignames, etc. Je fus un jour attiré dans une de leurs habitations par des cris et des gémissemens qui retentissaient avec force au dehors : j’y trouvai une pauvre vieille femme étendue à terre ; et versant des larmes amères en abondance. Elle venait de perdre son fils unique qui, cédant à une ardeur inquiète de voir terre nouvelle, était parti sur un vaisseau pour l’île d’Erromanga. Là, une fièvre cruelle l’avait emporté. Même, au milieu de sa douleur, la pauvre vieille femme remplissait les devoirs de l’hospitalité, plaçant devant moi des fruits à pain, des bananes, auxquels cependant je ne touchai pas. Je lui donnai quelques grains de collier avant mon départ, dans le dessein de faire diversion à sa douleur. Les habitans de cette île emploient comme boisson le kava ou ava, et le cultivent soigneusement ; mais je ne me suis jamais aperçu qu’ils en aient mésusé. Les tasses dans lesquelles ils boivent ce kava sont proprement fabriquées avec le bois de fifau.

Les danses de cette île sont très-curieuses, et ont lieu à la lueur des torches. Comme j’assistai avec grand plaisir à un de ces divertissemens terpsychoriens, qui fut des plus brillans, je puis entrer dans quelques détails à ce sujet. D’abord, les hommes, dans des danses, tantôt lentes, tantôt vives, montrèrent une exquise fidélité à suivre le chant monotone, mais agréable de l’orchestre. Ils accompagnaient tous leurs pas de claquemens de mains répétés. Des spectateurs encourageaient à propos les danseurs par les cris retentissans de mariai ! mariai ! (fort bien ! fort bien !). Les femmes, parées de fleurs, suivant leur coutume, déployèrent ensuite une grâce et une agilité remarquables. Mais mon attention fut singulièrement excitée, lorsque je vis que les deux sexes allaient danser concurremment. Les femmes étaient rangées sur une ligne, et les hommes sur deux. Dans un mouvement grave et mesuré, les femmes imitèrent avec beaucoup de vérité les révérences des dames européennes. À cette mesure lente et gracieuse en succéda une autre très-vive et très-animée. Ce fut le tour des Rotumans. Les femmes se contentèrent alors de chanter, de frapper des mains, et de faire un léger mouvement du pied qui correspondait parfaitement à la mesure. Ce ne fut pas sans une vive satisfaction que je remarquai que ces danses, si diversement ingénieuses, étaient pures de ces gestes indécens, si familiers aux habitans de Tahiti, de la Nouvelle-Zélande et des autres îles polynésiennes.

On nous donna un jour le double divertissement d’une danse guerrière et d’un combat simulé. La description du combat simulé aura son utilité, en ce qu’elle donnera une idée de la manière de faire la guerre de ces insulaires. Une troupe d’une centaine d’hommes armés de massues (hoiheluongs) et de lances, et portant des paniers remplis de pierres, défilèrent devant nous. À leur tête était placé le chef le plus élevé en dignité ; et, cette fois, c’était le frère du roi. Avant d’engager le combat, cette troupe se mit à pousser des cris et des hurlemens épouvantables, auxquels se mêlait le bruit d’horribles trépignemens. Ce prélude barbare n’avait d’autre but que d’intimider l’ennemi. Il fut suivi d’un chant religieux qui fut entonné en grande pompe pour se rendre propices les esprits de la victoire.

Un petit nombre de guerriers se détachèrent du corps commandé par le frère du roi, pour en venir aux mains avec un nombre égal du parti opposé. Tous étaient armés de lances et de massues. La victoire dépend tout entière ordinairement de cette espèce de combat singulier, livré par des hommes d’élite. Lorsque les champions d’un parti ont succombé, les frondeurs s’élancent aussitôt pour harceler l’ennemi de leurs pierres, qui, dans leurs mains quotidiennement exercées, deviennent des armes terribles. Les frondeurs sont promptement suivis par les autres guerriers armés de leurs massues, et l’œuvre du carnage s’accomplit. Lorsqu’on rencontre parmi les morts un chef ennemi, on lui enlève sa massue et les écailles blanches, qui, entourées d’un réseau brillant, décoraient sa tête. Ce sont là les trophées recueillis par le vainqueur. Lorsque le combat a cessé, tous les morts de l’ennemi, aussi bien que ces trophées, sont présentés au chef le plus éminent du parti victorieux.

Même, en ce combat simulé, c’était chose terrible à voir que ces milliers de massues brandies en l’air par des bras d’athlète doués d’une adresse merveilleuse ; c’était un bruit étrangement assourdissant que les cris et les hurlemens de ces peuples sauvages. Ces massues et les lances qui ont jusqu’à vingt pieds de longueur, sont faites de bois de toa (casuarina equisetifolia). Même dans cette petite île, les hommes ont la fureur de s’entre-détruire, et cette disposition cruelle n’est pas médiocrement excitée par leurs chansons de guerre.

Un fait confirmera ce que nous avons dit du penchant irrésistible de ces peuples à quitter leur terre natale. Lorsque nous faisions nos préparatifs pour nous rendre à Erromanga, ils vinrent en grand nombre offrir au capitaine du vaisseau des paniers de pommes de terre et des cochons, pour qu’il les emmenât avec lui. Nous en prîmes avec nous deux cents dans le dessein de les employer à Erromanga à couper du bois de sandal. Cependant, lorsque nous arrivâmes dans cette île, la mort y exerçait ses plus cruels ravages. Des troupes entières des naturels des îles voisines, qui y avaient été transportés par d’autres vaisseaux, avaient succombé. Dans cette extrémité, nous retournâmes à Rotuma, où nous arrivâmes tous sains et saufs. Je n’ai jamais pu m’expliquer cette parfaite indifférence avec laquelle ils quittent leurs parens et leurs connaissances pour suivre des hommes qui diffèrent avec eux de couleur, de langage, de coutumes. Ils ne s’informent même pas de la longueur du trajet. Une jeune et timide Rotumane vint un jour visiter notre vaisseau (le premier qu’elle eût jamais vu) ; elle ne tarda pas à manifester ce désir inquiet des voyages qui possède ses compatriotes ; et comme il lui fut observé que ce vaisseau était destiné à un voyage de long cours : « Oh ! tant mieux », répondit-elle.

Le 25 mars, le vent fraîchissant, un bateau chargé de bois à brûler qui revenait joindre le vaisseau (la Sophie), fut renversé dans les brisans. Le midshipman qui le conduisait, M. Lamb, et un marin, périrent. Aussitôt qu’on se fut aperçu de cet accident à bord du vaisseau, on dépêcha des bateaux, qui parvinrent à sauver le reste de l’équipage. Cet accident était un présage fâcheux. Dès le 25, le vent souffla très-fort d’ouest nord-ouest et nord-nord-ouest ; la mer était très-grosse, et, en se précipitant dans la baie, elle empêchait notre départ. Le 27, le vent devenant plus violent, on jeta les autres ancres, le perroquet et le mât de hune furent abaissés, et la grande vergue et la vergue de misaine furent descendues sur le pont. Tandis que nous craignions que les câbles ne vinssent à rompre sur l’avant du vaisseau, des vagues énormes roulaient derrière nous avec fureur, et rendaient notre position très-périlleuse. Du 27 au 29, le vent souffla par intervalles ; mais comme il était constamment dirigé contre la baie, toutes nos tentatives de sortie furent infructueuses. Le 30 mars, la mer était encore très-houleuse ; mais le temps était clair et beau, le vent était un peu tombé, et nous épiions avec une vive anxiété le moment de mettre à la voile. Vers onze heures, le ciel se couvrit, et tout nous annonçait une violente bourrasque venant du nord-ouest. Un vent furieux s’éleva, accompagné d’une forte pluie ; et au milieu de cette tourmente, la mer roulait avec fracas dans la baie. Nos câbles de chanvre furent bientôt brisés, et nous ne tardâmes pas à voir que le vaisseau chassait sur son ancre, et qu’il était poussé vers le rivage. Comme le vaisseau approchait des brisans, il roulait et enfonçait d’une manière terrible ; tous les bras étaient réunis à la poupe, à travers laquelle on jeta des câbles de salut ; car le premier choc pouvait consommer notre perte. Beaucoup de gens de l’équipage désirèrent qu’on coupât l’ancre, et qu’on laissât marcher le vaisseau ; les officiers acquiescèrent à cette demande en laissant le vaisseau chasser sur son ancre, comme il avait la tête au vent. Aussitôt que nous nous aperçûmes que nous étions poussés sur le rivage, nous tirâmes le canon d’alarme, pour engager les insulaires à envoyer des canots à notre secours ; mais la mer était trop grosse pour que la chose fût praticable. Cependant nous les voyions tous assemblés sur la grève. Nous nous aperçûmes alors que nous avions un rocher tout près de notre poupe, et, comme nous étions chassés très-avant dans la baie, nous nous attendions à tout moment à un choc ; heureusement, en haussant le gouvernail, et en dérivant un peu, nous passâmes à côté sans le toucher. Nous n’échappâmes à ce danger que pour tomber dans un autre. Vers une heure du matin, le vaisseau heurta violemment contre un autre rocher. Le gouvernail fut perdu, le vaisseau s’enfonça un peu ; mais cependant il se remit à flot. Il paraît qu’il fut relevé par son ancre, qui probablement s’était attaché à quelque rocher. Dans ce moment critique, la tempête redoubla de fureur, et rendit inutiles tous les efforts que nous fîmes pour gagner le rivage. Vers quatre heures du matin, M. Jones, le capitaine en second, et quatre marins, résolurent de risquer le trajet en se jetant dans la chaloupe, qui allait encore la tête au vent, étant maintenue dans cette position par son ancre. Ce trajet périlleux s’effectua sans accident.

Le succès de cette entreprise engagea un bâtiment baleinier à gagner aussi le rivage. Il fit deux fois le trajet sans accident, et emmena à terre quelques malades de la Nouvelle-Zélande qui se trouvaient à notre bord ; mais à son troisième voyage, les vagues étant devenues plus impétueuses avec la marée montante, ce bâtiment fut brisé contre les rochers ; heureusement les deux hommes qui le montaient furent sauvés, à l’aide de cordes qui leur furent jetées. Ce ne fut qu’à la pointe du jour du 31 mars que cette tempête se relâcha un peu de sa fureur ; et comme elle reprit de sa violence pendant ce jour, notre débarquement n’eut lieu que dans la soirée.

Les indigènes nous donnèrent une preuve de leur bon naturel dans cette circonstance : ils nous aidèrent à débarquer nos effets, à dresser nos tentes, et nous apportèrent des provisions de toute espèce. Après avoir passé dans cette île quelques jours que nous employâmes à radouber notre vaisseau et à disposer tout pour un nouveau voyage, nous quittâmes cette baie funeste le 8 avril. Quelques bâtimens baleiniers vinrent après nous dans cette île. Les dangers que nous avions courus ne perdirent rien de leur gravité dans la bouche des sauvages de Rotuma, amis de l’hyperbole, ce semble, autant que des voyages : et ils assurèrent depuis, d’un ton pénétré, que ce fut chose affreuse pour eux que de voir notre vaisseau voler en mille éclats dans les airs.

(Military and Naval Magazine.)


George Bennet,
Membre du Collége de chirurgie de Londres.


  1. Les fleurs de cet arbuste exhalent un parfum délicieux, et même, quand elles sont desséchées, elles le conservent pendant plusieurs années. Les indigènes se servent de ces fleurs pour aromatiser leur huile de coco. L’arbuste qui les produit se trouve dans les terrains montagneux.