Gérard Machelosse (p. 113-114).


L’obole

Le jour finit.

Au déclin crépusculaire,
Sur le chemin uni,
Il lit son bréviaire,
Notre digne curé.
Il se promène
Près de son jardin muré,
Quand un mendiant s’amène
Et d’un ton de gueux
La charité demande.
L’homme pieux
Lui donne son offrande.
Ah ! notre bon curé.
Il n’est pas riche !
Et non plus, pas chiche
Mais son don est mesuré
À son humble ressource
Et ses pauvres nombreux.
Il donne donc à ce gueux
Le fond de sa bourse :

UN SOU !

Lui disant que c’est tout

L’argent qu’il porte.
Ce mendiant étranger

En prenant congé,
Grogne de la sorte
À part lui, tout bas,
Ne croyant pas
Que le curé puisse l’entendre :
— Oui !… J’vas faire loin avec ça !
Le prêtre aussitôt dénicha
Un autre sou qu’il court tendre
À l’homme et l’arrête à point :

— Tenez ! vous pourrez faire un peu plus loin !