L’église habillée de feuilles/Rosaire 1
Par l’arc-en-ciel sur l’averse des roses blanches,
par le jeune frisson qui court de branche en branche
et qui a fait fleurir la tige de Jessé ;
par les Annonciations riant dans les rosées
et par les cils baissés des graves fiancées :
Je vous salue, Marie.
Par l’exaltation de votre humilité
et par la joie du cœur des humbles visités ;
par le Magnificat qu’entonnent mille nids,
par les lys de vos bras joints vers le Saint-Esprit
et par Elisabeth, treille où frémit un fruit :
Je vous salue, Marie.
Par l’âne et par le bœuf, par l’ombre et par la paille,
par la pauvresse à qui l’on dit qu’elle s’en aille,
par les nativités qui n’eurent sur leurs tombes
que les bouquets du givre aux ailes de colombes ;
par la vertu qui lutte et celle qui succombe :
Je vous salue, Marie.
Par votre modestie offrant des tourterelles,
par le vieux Siméon pleurant devant l’autel,
par la prophétesse Anne et par votre mère Anne,
par l’obscur charpentier qui, courbé sur sa canne,
suivait avec douceur les petits pas de l’âne :
Je vous salue, Marie.
Par la mère apprenant que son fils est guéri,
par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid,
par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
par le baiser perdu par l’amour redonné,
et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je vous salue, Marie.