L’église habillée de feuilles/On voit, quand vient l’automne, aux fils télégraphiques

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On voit, quand vient l’automne, aux fils télégraphiques
de longues lignes d’hirondelles grelotter.
On sent leurs petits cœurs qui ont froid s’inquiéter.
Même sans l’avoir vu, les plus toutes petites
aspirent au ciel chaud et sans tache d’Afrique.

… Sans l’avoir jamais vu ! dis-je. C’est comme nous
qui désirons le Ciel dans notre inquiétude.
Elles sont là, perchées, pointues, faisant l’étude
de l’air, ou décrivant le vol d’un cercle doux,
pour venir repercher à l’endroit qu’elles quittent.

C’est dur d’abandonner le porche de l’église !
dur qu’il ne soit plus tiède ainsi qu’aux mois passés…
Oh ! Comme elles s’attristent ! Oh ! Pourquoi le noyer
les a-t-il donc trompées en n’ayant plus de feuilles ?
La nichée de l’année ne le reconnaît point,
ce printemps que l’automne a recouvert de deuil.

Ainsi l’âme qui a souffert de tant de choses,
avant de traverser les Océans divins
et de gagner le Ciel des éternelles Roses,
s’essaye, hésite, et, avant de partir, revient.