Augustin Côté & Cie (p. 105-119).

XIII

Départ des Hurons pour la Ville


Leurs diverses stations à Québec et aux environs — Sympathies qu’ils

rencontrent — Discours de Taiaeronok à la Supérieure des

Ursulines — Autre perfidie des Iroquois.


Après sept années environ de séjour dans l’île d’Orléans, les Hurons demandèrent néanmoins à aller s’établir dans Québec, sous la protection du canon du Fort, afin de n’être plus exposés aux attaques de leurs ennemis. Le gouverneur, M. Louis d’Aillebout, accueillit leur demande et leur accorda, pour asseoir leurs cabanes, un certain terrain où ils demeurèrent pendant plusieurs années. Un ancien plan de Québec, que nous avons sous les yeux, nous indique les cabanes des Hurons. Elles étaient sur le terrain qu’occupent les maisons qui bornent la rue Buade, depuis environ l’Hôtel Saint-Georges jusque vis-à-vis la cour de l’église cathédrale. De là, ils passèrent à un endroit appelé alors Notre-Dame des Anges, près Beauport. C’est là que les retrouva leur ancien et bien-aimé missionnaire, le R. P. Chaumonot, après quelques années d’absence.

Voici comment il nous en parle dans ses intéressants mémoires :

« Ma mission militaire étant terminée (en 1666), on me renvoya à mes Hurons établis alors en deçà de Beauport, sur nos terres de Notre-Dame des Anges, à une lieue de Québec. Mais il fallut bientôt les placer ailleurs pour les mettre plus commodément. On leur fit don de grands champs (en 1668) à la côte Saint-Michel, à Notre-Dame de Foye (Cap-Rouge), à cinq quarts de lieue de Québec. Les Français abattaient les bois qu’ils vendaient à la ville et les sauvages nettoyaient le terrain. Ils en ont eu le profit sept ans. La chapelle en ce lieu n’était que d’écorces et trop petite pour contenir tous ces pauvres Hurons, de sorte qu’il fallait dire deux messes les dimanches et fêtes.

« Six années après que nous fûmes établis à Notre-Dame de Foye, le bois et la terre commençant à leur manquer, il fallut transporter ce village plus loin de Québec et plus avant dans les forêts. Eux-mêmes en choisirent le lieu, dans la seigneurie Saint-Gabriel, (à l’endroit appelé aujourd’hui l’Ancienne-Lorette.) Alors j’écrivis les raisons qui me portèrent à bâtir là une chapelle de Lorette sur les dimensions de la Casa Santa, appelée la maison de Lorette, en Italie. Le père Dablon, recteur du collège, et supérieur des missions du Canada, approuva mon dessein et, ayant communiqué avec nos pères, conclût de bâtir la chapelle en briques. Commencée en 1674, vers la Saint-Jean, elle fut ouverte et bénite le 4 novembre, de la même année. »

Les Hurons n’occuppèrent ce lieu que pendant quelques années. Le besoin de se rapprocher du bois, d’avoir des endroits de chasse plus productifs, de l’eau plus salubre, et leurs terres étant devenues épuisées faute d’engrais, leurs chefs choisirent, à la fin de l’hiver 1693, un terrain appelé depuis Lorette, parce qu’on y édifia une nouvelle chapelle sous le nom de Notre-Dame de Lorette, semblable en tout à celle qu’on venait de quitter. On groupa les cabanes autour d’une place quarrée, au milieu de laquelle s’élevait le temple qu’ils venaient de bâtir suivant les dimensions et les proportions de Notre-Dame de Lorette en Italie. Ce qui fait que ces localités ont pris toutes deux le nom de Lorette qu’elles portent encore aujourd’hui et que ces sauvages appelaient dans leur langage, Maliebtion dasa, c’est-à-dire l’appartement de Marie.[1]

Certains volumes sont devenus très-rares, soit qu’ils aient été tirés à petit nombre d’exemplaires, ou qu’ils aient été perdus dans les diverses maisons religieuses de France, lors des bouleversements amenés par les guerres des Calvinistes, ou par les orages révolutionnaires. La grande difficulté qu’on a éprouvée à s’en procurer une série complète, a fait soupçonner que les gouverneurs, les intendants, ou autres administrateurs de la colonie, auraient réussi à faire détruire bon nombre d’exemplaires de certaines années, et même à en supprimer la publication en certains cas, parce que ces documents révélaient certains faits qui compromettaient leur réputation. Avouons, néanmoins, qu’il n’y a rien de plausible dans ces allégués, et que nous ne trouvons rien qui puisse les justifier.

Quoiqu’il en soit, les pauvres débris de la nation huronne, bien que sous l’égide titulaire de la compagnie de Jésus, et assurée de la protection bien faible, il est vrai, du gouverneur de la colonie, ne trouvèrent pas une grande sécurité dans l’Île. Les Iroquois n’abandonnèrent pas aussi facilement leur proie ; et plusieurs fois ils vinrent porter la désolation et la mort dans cette paisible retraite, où quelques centaines de barbares, devenus chrétiens, s’étaient réunis pour apprendre avec l’enseignement de la foi, les connaissances et les bienfaits de la civilisation.

Le 15 mai 1656, les Iroquois s’approchèrent de l’île d’Orléans, puis un matin, avant le lever du soleil, ces perfides et implacables ennemis tombèrent sur une troupe de quatre-vingt-dix Hurons, de tout âge et des deux sexes, qui travaillaient dans un champ, en tuèrent d’abord six, lièrent les autres et les embarquèrent dans leurs canots. Comme pour défier le gouverneur, ils passèrent devant Québec, et firent chanter leurs prisonniers vis-à-vis du fort. Tout le monde s’apitoyait sur le sort des malheureuses victimes, mais personne ne put entreprendre de les délivrer des mains de leurs féroces ravisseurs, qui les conduisirent jusque dans leur village, sans avoir été inquiétés pendant leur voyage. Là les infortunés Hurons furent brûlés pour la plupart, et ceux qui échappèrent à leurs cruels traitements, furent distribués dans leurs cantons, et retenus dans une rude captivité. (Charlevoix, Histoire de la Nouvelle-France, tome Ier page 223.) On a blâmé le gouverneur de Lauzon, d’avoir souffert une telle insolence de la part des barbares, mais les Hurons trop confiants, s’étaient laissés surprendre, et pour les arracher des mains de leurs sanguinaires ennemis, il eût fallu armer un bon nombre d’hommes déterminés, et le gouverneur ne les avaient pas sous la main. Eût-il pu les armer, le temps de faire les préparatifs et de se procurer des embarcations en nombre assez considérable aurait donné aux barbares une avance plus que suffisante, pour rendre inutiles tous les efforts de ceux qui les auraient poursuivis.

À l’occasion des citations des Mémoires ou Relations des Jésuites, on répète encore de graves erreurs, en affirmant de nouveau que ces rapports annuels, les Relations, n’avaient pas été rédigés pour être mis sous les yeux du public, « writings which were never intended for the public eye. »

Nous croyons, bien au contraire, que les écrivains auxquels était dévolu la tâche de rédiger ces mémoires, savaient qu’ils seraient publiés. Avant qu’on eût imprimé les Relations de la Nouvelle-France, on avait celles des Missions des Indes-Orientales, etc. Ces publications, imprimées pour édifier et pour instruire, étaient répandues surtout dans les provinces du Nord de la France. On en trouve la preuve dans les citations qui en sont faites dans divers ouvrages, et encore mieux dans la permission d’imprimer donnée à chaque livraison, pendant quarante ans et plus ; et enfin par les démarches qu’on faisait auprès des autorités pour avoir le privilège de l’impression. Au reste, voyez l’Extrait du « Privilège du Roy, » à la suite de la Relation de 1666.

Le Journal des Supérieurs des Jésuites rapporte encore un autre fait de cette nature :

« 1661. Le 18 juin, à huit heures du matin, se commença le massacre de plusieurs personnes à Beaupré et à l’île d’Orléans, par les Iroquois, venus de Tadoussac, après le coup qu’ils avaient fait, (Vide Supra). »

« On parlait ce jour là de huit personnes tuées à Beaupré et de trois à l’île d’Orléans, ce qui s’est trouvé vrai. »

C’est ainsi que tombaient, tous les jours, sous les coups de leurs cruels bourreaux, plusieurs de ces fervents néophytes, dont la piété et la candeur faisaient l’admiration des Français. Jadis, nation puissante et redoutable, son nom commandait le respect et la crainte ; et, dans les luttes sanglantes que se livraient, dans les forêts encore vierges du Canada, les peuples qui habitaient son sol, les guerriers hurons avaient plus d’une fois remporté des victoires signalées. Trop faibles, maintenant, pour lutter avec avantage contre un ennemi toujours croissant, l’orgueil sauvage aima mieux accepter la séparation et l’exil que de donner à son ennemi la satisfaction de les voir périr jusqu’au dernier. Une partie dit adieu à ses champs et à ses forêts, et vint chercher la paix et le repos, sous la protection des hommes généreux et dévoués qui leur avaient donné un Dieu.

« À la défaite de leur pays, dit un des missionnaires de l’époque, de 30 à 40 milles qu’ils étaient, la famine, la guerre, et pardessus tout les Iroquois aidant, en avaient anéanti la plus grande partie et dispersé le reste. » Dissipata sunt ossa nostra, pouvaient-ils dire en toute vérité avec le prophète. Cependant, ils n’oublièrent jamais les services que leur avaient rendus les PP. Jésuites, même avant leur établissement dans l’île.

Pour en donner un exemple, on emprunte ordinairement au Révérend Père Ragueneau le récit de la belle conduite des Hurons, lors de l’incendie du monastère des Ursulines, au mois de décembre, 1650. (Relations des Jésuites, année 1651.)

« Cet incendie me fait souvenir des ressentimens que témoignèrent les Hurons, et des compassions qu’ils eurent pour les Mères Ursulines, en cette occasion. La façon des sauvages est de porter quelques présens publics pour consoler les personnes d’un plus grand mérite dans les malheurs qui les ont accueilly. Nos Chrestiens hurons s’assemblèrent pour cet effet, et n’ayant point de plus grandes richesses que deux colliers de porcelaine, chacun de douze cents grains — ce sont les perles du païs — ils vont trouver les Mères, qui pour lors s’estoient retirées à l’Hospital, et leur portent ces deux colliers pour leur en faire deux présens. »

Vn capitaine, nommé Louys Taiaeronok, parla au nom de tous ses compatriotes en ces termes :

« Vous voyez, sainctes filles, de pauvres carcasses, les restes d’vn païs qui a esté florissant, et qui n’est plus : du païs des Hurons. Nous auons esté déuorez et rongez iusques aux os par la guerre et par la famine : ces carcasses ne se tiennent debout qu’à cause que vous les soustenez ; vous l’aviez appris par des lettres, et maintenant vous le voyez de vos yeux, à quelle extrémité de misères nous sommes venus. Regardez-nous de tous costez, et considérez s’il y a rien en nous qui ne nous oblige de pleurer sur nous-mêmes, et de verser sans cesse des torrents de larmes. Hélas, ce funeste accident qui vous est arrivé, va rengregeant nos maux et renouvelant nos larmes, qui commençaient à tarir. Avoir ueu réduite en cendres en un moment cette belle maison de Jésus, cette maison de charité, y auoir veu régner le feu sans respecter vos personnes toutes saintes qui y habitiez ; c’est ce qui nous fait ressouvenir de l’incendie vniversel de toutes nos maisons, de toutes nos bourgardes et de toute nostre patrie. Faut-il donc que le feu nous suive ainsi partout ? Pleurons, pleurons, mes chers compatriotes, ouy, pleurons nos misères, qui de particulières sont deuenues communes avec ces innocentes filles. Sainctes filles, vous voilà donc réduites à la mesme misère que vos pauvres Hurons, pour qui vous avez eu des compassions si tendres.

« Vous voilà sans patrie, sans maisons, sans provisions et sans secours, sinon du Ciel, que jamais vous ne perdrez de veuë. Nous sommes entrez icy dans le dessein de vous y consoler, et autant que d’y venir, nous sommes entrez dans vos cœurs, pour y reconnoistre ce qui pourrait davantage les affliger depuis vostre incendie, afin d’y apporter quelque remède. Si nous avions affaire à des personnes semblables à nous, la coustume de nostre pais eust esté de vous faire vn présent pour essuyer vos larmes, et vn second pour affermir vostre courage ; mais nous avons bien veu que vos courages n’ont iamais esté abattus sous les ruines de cette maison, et pas de nous n’a pu voir mesme vne demy larme qui ait paru dessus vos yeux pour pleurer sur vous mesme à la veuë de cette infortune. Vos cœurs ne s’attristent pas dans la part des biens de la terre, nous les voyons trop eslevez dans les désirs des biens du Ciel ; et ainsi de ce costé là nous n’y cherchons aucun remède. Nous ne craignons rien qu’vne chose qui serait vn malheur pour nous ; nous craignons que la nouvelle de l’accident qui vous est arrivé, estant porté en France, ne soit sensible à vos parens plus qu’à vous-mesmes ; nous craignons qu’ils ne vous rappellent et que vous ne soyez attendries de leurs larmes.

« Le moyen qu’vne mère puisse lire, sans pleurer, les lettres qui luy feront sçauoir que sa fille est demeurée sans vestements, sans viures, sans lict, et sans les douceurs de la vie, dans lesquelles vous avez esté esleuées dès vostre ieunesse ; les premières pensées que la nature fournira à ces meres toutes désolées, c’est de vous rappeler auprès d’elles, et de se procurer à elles-mesmes la plus grande consolation qu’elles puissent receuoir au monde, procurant aussi vostre bien. Vn frère fera de mesme pour sa sœur, vn oncle ou vne tante pour sa nièce, et ensuite nous serons en danger de vous perdre, et de perdre en vos personnes le secours que nous auions esperé pour l’instruction de nos filles à la foy, dont nous avons commencé avec tant de douceur de gouster les fruits. Courage ! Sainctes filles, ne vous laissez pas vaincre par l’amour des parens, et faites paroistre aujourd’huy que la charité que vous avez pour nous, est plus forte que les liens de la nature. Pour affermir en cela vos résolutions, voicy un présent de douze cens grains de pourcelaine, qui enfoncera vos pieds si avant dans la terre de ce païs, qu’aucun amour de vos parens ny de vostre patrie ne les en puisse retirer ! Le second présent que nous vous prions d’agréer, c’est d’un colier semblable, de douze cens grains de pourcelaine, pour jetter de nouveaux fondemens à vn bastiment tout nouveau où sera la maison de Jésus, la maison de prières, et où seront vos classes dans lesquelles vous puissiez instruire nos petites filles huronnes. Ce sont là nos désirs, ce sont les vostres, car, sans doute, vous ne pourriez mourir contentes, si en mourant on vous pouvoit faire ce reproche, que pour l’amour trop tendre de vos parens, vous n’eussiez pas aidé au salut de tant d’âmes que vous avez aimées pour Dieu, et qui seront vostre couronne dans le Ciel. »

Le Révérend Père ajoute à cette citation :

« Voilà la harangue que fit ce Capitaine huron, je n’y adiouste rien, et mesme je n’y puis ioindre la grace que luy donnait le ton de sa voix, et les regards de son visage. La nature a son éloquence, et quoyqu’ils soient barbares ils n’ont pas dépouillé ny l’estre d’homme, ny la raison, ny vne âme de mesme extraction que les nostres. »

Les Iroquois continuaient cependant leurs courses et leurs ravages. Enhardis par le succès, ils ne craignaient plus rien et faisaient tout trembler à la seule pensée de leur approche. Les alarmes incessantes qu’ils causaient partout, dans la colonie, avaient fini par lasser les Français et décourager complètement les Hurons. Enfin, le désastreux événement de samedi, 20 mai 1656, les accabla de douleur et porta la consternation dans toutes les parties du pays. C’est encore aux Relations des Jésuites que ce récit est emprunté. Nous nous permettons seulement de l’abréger en le reproduisant.

— Le 18 mai, 1656, ces perfides s’étant cachés dans le bois, à 10 ou 12 lieues au-dessus de Québec, laissèrent passer des Français qui montaient au pays des Onnontserons… ils se jettent sur les canots qui font l’arrière-garde, et maltraitent ceux qui les conduisent ; mais se voyant menacés des Français, ils firent semblant de s’être mépris. Dans la nuit du 19 au 20 de may, ils descendirent sans bruit, passant devant Québec sans être aperçus ; ils prirent terre au-dessus de la bourgade des Hurons, et cachèrent leurs canots dans la grande anse, un peu plus bas que la terre du Fort. Le matin, tous les Hurons ayant assisté à la messe, comme de coutume, sortirent pour le travail ; les Iroquois se jetèrent sur eux, en massacrèrent quelques-uns sur la place, et emmenèrent quelques captifs… La perte des Hurons fut de soixante-et-onze personnes, avec un grand nombre de jeunes femmes qui étaient la fleur de la colonie ! (Voir Relation de 1661, chap. iii)

La mission des Hurons, en 1669, fut réduite à un petit nombre de personnes. Depuis que la paix est faite avec les Iroquois, ils ont abandonné le fort qu’ils avaient dans une grande place de Québec et se sont retirés dans les bois, à une lieue et demie de cette ville pour y cultiver des champs ; ils y ont fait un bourg nouveau, et comme une nouvelle colonie, (voir Relation de 1669.) qui prit successivement les noms de missions des Hurons, missions de l’Annonciation, Notre-Dame de Foye, puis enfin Sainte-Foye. On aimera à lire sur ce sujet l’extrait suivant de la Relation de 1670, par le Révérend Père Le Mercier.

« L’an passé, on envoya à nostre Révd. Père Supérieur vne statue de la bienheureuse Vierge, faite du chesne dans lequel il y a plusieurs années on trouva vne image miraculeuse de Nostre-Dame de Foye, près de la ville de Dinan, au païs de Liège ; et comme ceux qui nous envoient cette statue, avaient témoigné qu’ils souhaitaient qu’elle fust placée en quelque chapelle, où les sauvages font ordinairement leurs exercices de piété,… le Révd. Père Supérieur ne douta point, que la divine Providence ne luy eust ménagé ce précieux don, pour vne petite église qu’on venait d’achever dans vne bourgade des Hurons, que Monseigneur notre Evesque avoit voulu qu’on dédiast à Nostre-Dame, sous le titre de l’Annonciation. » (Voyez encore les Relations de 1671, ch. iv) « La petite colonie huronne, composée d’environ 150 âmes, est un reste des peuples que la cruauté des Iroquois a épargnés… La providence les a ramassez à la coste de Saint-Michel, fort peuplée de Français… Leur bourgade est située auprès de leur chapelle, qu’ils ont bâtie conjointement avec les habitans du lieu, où est honorée une image en bois de la sainte Vierge, faite du bois d’un chesne, dans le cœur duquel il s’en trouva, il y a soixante ans, une de pareille grandeur, au bourg de Foye dans le pays de Liège, à une lieue de la ville de Dinan. »

Avenant le 5 décembre, 1696, les Hurons, par l’entremise de leur missionnaire, le Révd. Père Germain Découvert, de la compagnie de Jésus, demandèrent à l’intendant M. Bochard de Champigny, un autre terrain plus spacieux, mieux complanté en bois de haute futaie.

Pauvre nation huronne ! elle a édifié les bons et paisibles Français de l’île d’Orléans, puis elle se trouve encore dispersée, assimilée à d’autres nations barbares qu’elle a encouragé à embrasser le christianisme ! Pour être déchue comme nation, elle a été bien glorifiée car plusieurs de ses enfants ont été élevés aux fonctions de l’apostolat auprès des immenses tribus de la forêt et leurs principes et leurs exemples ont conduit à la vraie Foi des milliers de barbares.


  1. M. Bowen, qui, à la page 24 de son livret, nous rappelle les discours éloquents des Hurons (qu’on peut lire à la page 45, du tome 22, Relations des Jésuites 1654, édition de Québec), probablement pour en finir avec eux, les fait passer, à la page 33, de l’île d’Orléans à Sainte-Foye et de Sainte-Foye à Lorette où ils se trouvent encore. Mais il oublie dans ce trajet la station que cette peuplade fit à Québec et son séjour à Beauport, avant de se rendre à N.-D. de Foye. Encore semble-t-il méconnaître la résidence de cette tribu à l’Ancienne Lorette avant que ces derniers débris se soient fixés sur les bords de la rivière Saint-Charles, à l’endroit appelé aujourd’hui Jeune Lorette. Comme on le voit la narration pèche par certains endroits et l’exactitude des faits n’est pas toujours sa qualité dominante.