La Renaissance du livre (p. 219-232).


CHAPITRE XVI



Par cet humide mais doux après-midi de novembre, Bernard s’en retournait du fond de Molenbeek à la quincaillerie quand, aux abords de la porte de Ninove, il vit un gros rassemblement devant les anciens pavillons de l’octroi, qui commandent toujours le pont du canal. Surpris, une soudaine angoisse le serra à la gorge ; nul doute que cette foule ne commentât les affiches fraîchement placardées sur la façade des édicules.

— Une victoire allemande ? pensait-il ; oh ! alors, tout serait fini.

Pourtant, cette tourbe de badauds, avides liseurs de proclamations, n’avait pas son aspect ordinaire, celui de la stupeur ou de la résignation fataliste ; au rebours, elle était bruyante, gesticulante, violemment agitée de remous, d’où se détachaient à chaque instant des hommes et des femmes qui, éperdus, on ne savait de quoi, détalaient dans toutes les directions.

Le pauvre garçon, redoutant une affreuse nouvelle bien plus que d’être bousculé, se disposait à faire un long détour pour gagner la rue de Flandre, quand une bourgeoise qui fuyait le heurta au risque de le renverser si un arbre du boulevard ne s’était trouvé là juste à point pour l’aider à reprendre son équilibre.

— Oh ! Monsieur, je vous demande bien pardon, fit la jeune femme en suspendant sa course, mais je suis comme stupide… Est-ce que ça est bien vrai maintenant ? Moi, je ne sais tout de même pas le croire !

— Mais qu’est-ce qu’il y a ? interrogea le jeune homme en dévisageant cette petite dame qui lui semblait décidément un peu folle ; je sors de chez moi et ne suis au courant de rien.

— Comment, vous n’avez pas lu les affiches ?

— Je ne les lis jamais ! dit-il d’un ton sec.

— Moi non plus, savez-vous ! Mais aujourd’hui, ça n’est pas la même chose !

— Et pourquoi donc ?

— Mais c’est les affiches des soldats boches ! Ils ne veulent plus se battre. Le kaiser demande « l’amistrice » et, maintenant, la guerre est finie ! Quel bonheur, n’est-ce pas ? Mais, excusez-moi, je cours vite à la maison !

Abasourdi, le jeune homme demeurait là sans bouger, incapable de vaincre son inertie et de rassembler ses esprits. Puis, dans une brusque détente, son cerveau se reprit à réfléchir :

— Mais oui, dit-il en se parlant à lui-même, c’est la confirmation des dernières nouvelles de Lust… Plus de doute : cette fois, les Boches sont bien par terre, à genoux !

Et une joie immense se mit à bouillonner dans son cœur, colorant ses pâles joues, allumant dans ses beaux yeux tristes une flamme de triomphe. Tout à coup, se détachant de l’arbre contre lequel il était appuyé, l’infirme partit d’une course claudicante vers la ville.



— Ça y est ! Ça y est ! Madame Lust ! s’écria-t-il en s’affaissant dans les bras d’Adélaïde qui, chantonnante, époussetait le magasin d’un plumeau enivré :

— Oui, mon cher Bernard, dit-elle quand elle l’eut installé sur une chaise, Emma Vergust vient de nous apprendre la nouvelle. Ah, c’est une grande joie dans la maison ! Mon Jan s’habille justement pour aller une fois voir ce qui se passe dehors… C’est plus fort que lui, et je ne sais pas l’empêcher !

— Il faut que je monte chez les patrons, dit le jeune homme qui reprenait haleine.

— Non non, pas maintenant… Attendez, il y a déjà tant de monde là-haut !

— Alors, je sortirai avec M. Lust ! s’écria le commis.

Adélaïde le regarda avec une affectueuse pitié :

— Oh ! mon ami, ça serait une imprudence de votre part. Vous êtes déjà si fatigué d’avoir tant couru ! Et puis, ça doit être quelque chose sur la Grand’Place et dans le haut de la ville ! Restez seulement ici, ça ne vaut rien pour vous de courir dans les bagarres !

— Non, non, je veux aller avec M. Lust, répétait le commis avec entêtement, je dois sortir, je dois voir, je dois crier avec tout le monde !

— Mais Jan sera gêné avec vous, mon cher garçon !

— Hé, dit-il en redressant son maigre torse, je suis solide maintenant. Je marche comme un autre et même très vite… Et je n’ai pas peur, vous savez !

En ce moment, Lust entra précipitamment dans le magasin par la porte dérobée :

— Femme, je suis prêt, dit-il en faisant sonner sur le parquet sa grosse canne ferrée ; alors je…

Il s’interrompit à la vue de Bernard qui venait de se lever et s’élançait vers lui :

— Ah ! Monsieur Lust, s’écria le commis avec exaltation, quel beau jour, n’est-ce pas ? Il me semble que vous y êtes pour quelque chose : vous l’aviez tant prédit !

— Mon cher ami ! fit le contremaître d’une voix assourdie et comme étranglée par une subite émotion.

Ils se regardaient, heureux d’être réunis dans la joie après tant de soucis, intimidés du geste irrésistible que leur commandait une amitié fortifiée par de si longues épreuves supportées en commun…

Soudain, d’un mutuel élan, les deux hommes plongèrent dans les bras l’un de l’autre…



— Non, mon cher Bernard, dit le brave homme quand l’infirme eut manifesté son désir de le suivre ; Adélaïde a raison : ce serait trop dangereux pour vous… Et moi, je ne saurais pas vous protéger dans les bousculades. Restez ici bien tranquillement. Et puis, les patrons auront peut-être besoin de vous tout à l’heure… Oui, je comprends que ça est bisquant de rester au magasin un jour comme celui-ci, mais, patience mon garçon, on sortira ensemble demain !

Le jeune homme baissait la tête dans une attitude de profonde déception :

— Pourtant, murmura-t-il, je ne suis pas une poule mouillée…

— Oh ! on le sait bien que vous êtes un brave, s’exclama Adélaïde, mais soyez raisonnable… Jan aura déjà trop à faire de prendre garde à lui !

— C’est vrai, dit le commis résigné ; eh bien ! puisque vous me le conseillez…

— D’ailleurs, ajouta le contremaître, je n’en aurai pas pour longtemps : dans une heure au plus je suis de retour !

— C’est cela, fit Adélaïde ; allons Jan, partez seulement pour être plus vite revenu ! Mais soyez sage et n’allez pas vous faire des disputes avec les sales boches !…

— Pas peur, Laïde ! Mais je veux tout de même une fois voir la tête qu’ils font aujourd’hui !

Sur ces mots, il embrassa sa bonne femme, appliqua une affectueuse tape sur l’épaule du commis et disparut par la porte du vestibule.

— Les hommes, soupira l’opulente maritorne, on ne sait qu’à même pas les retenir quand ils ont quelque chose dans leur tête…

Et s’adressant à l’infirme qui était retombé sur sa chaise : — Je vais jusqu’en haut voir après Madame Camille… Elle semblait si fatiguée, si drôle au milieu de tout ce monde… Et Péro aussi n’était pas comme d’habitude…

Elle dressait l’oreille :

— Mais écoutez une fois ce tapage qu’ils font dans la salle à manger !

En effet, le plafond résonnait sous les pas des visiteurs qui s’agitaient dans l’appartement du premier étage, tandis que les instruments d’acier suspendus aux solives du magasin, principalement les grandes scies de long, modulaient par moment toute une gamme de plaintes discrètes, très harmonieuses.

— Allons, je vais dire que vous êtes ici avec vos compliments… Attendez-moi, Monsieur Bernard, je reviens dans une minute.

Mais à peine avait-elle quitté le magasin que le jeune homme s’était remis debout. Il boutonna fébrilement son paletot, mit son chapeau et, gagnant à pas furtifs la petite porte entr’ouverte, passa dans l’étroit vestibule.

En ce moment, un aboi retentit du fond de la cuisine et. brusquement, Tom apparut bondissant, tout joveux de revoir son ami. Bernard semblait plutôt contrarié des démonstrations du brave animal : — Silence, silence ! fit-il à voix basse ; retourne vite auprès de Miaoutte !

Puis, se ravisant tout à coup :

— Hé ! tu veux venir avec moi ? Oui ? Alors, en avant !

Et tous deux s’élancèrent dans la rue.



La ville, morne depuis si longtemps, retournée presque, en certains endroits, à l’aspect d’une cité du moyen âge avec ses charrettes attelées de bœufs, lesquelles, après la réquisition des chevaux, cahotaient lentement le long des rues silencieuses, la ville assoupie venait de se réveiller. À l’annonce de la délivrance, les maisons s’étaient soudainement vidées, et une foule exultante, démentielle, roulait en tous lieux

Sans s’attarder, à force de coudes bien souvent, Lust avait déjà traversé le quartier de la Bourse ainsi que la Grand’Place et gravissait maintenant, d’un pas accéléré, les rampes qui mènent à la ville haute. Car il venait d’apprendre que le « soviet » des soldats mutinés siégeait à la Chambre des Représentants. Il contourna Sainte-Gudule, enfila le Treurenberg et la rue Royale pour atteindre enfin à l’entrée de la rue de la Loi où une foule innombrable, vociférante d’allégresse et toute pavoisée déjà de petits drapeaux tricolores, l’empêcha un moment d’avancer plus loin. Mais il n’était pas homme à reculer ; se faufilant à travers cette cohue, entraîné au gré des lents courants qui la sillonnaient, il arriva devant les Chambres dont le péristyle, le grand escalier et les entre-colonnes du premier étage étaient occupés par une multitude de soldats, lesquels écoutaient la harangue qu’éructait, d’un accent guttural, mais d’une voix étonnement puissante, un jeune autant que robuste sous-officier debout au milieu du balcon et gesticulant comme un automate.

Chacune des périodes du tribun improvisé provoquait des rumeurs d’approbation, des applaudissements, des levées de calots, des hochs qui, à certains moments, devenaient frénétiques. Il parlait depuis longtemps sans que son auditoire ni lui-même parussent le moins du monde fatigués.

Quoique Lust ne comprît rien à cette langue croassante, dont les sons ne sortent du gosier qu’au prix d’un effort laborieux et plein d’à coups, il regardait de toute son attention écarquillée et frémissante cette soldatesque imprécatoire, révoltée.

Et sa surprise redoubla en voyant circuler, au milieu de cette tourbe crasseuse et nauséabonde, quelques élégants officiers qui essayaient encore d’imposer par une attitude de sarcasme et de mépris. Mais cette nargue hautaine intimidait moins les soldats qu’elle ne les excitait à la châtier sur-le-champ. Aussi, comme l’orateur venait d’achever sa péroraison au milieu d’acclamations et de hochs formidables, les insolents feldgraus, et les capitaines et les majors aux moustaches en crocs se virent soudainement cernés par ces hommes en délire et sommés de rendre leurs armes. Aucune résistance possible : ils devaient obéir. Ceci n’était du reste que le prélude d’une manifestation de rancune encore plus insultante et cruelle. Des escouades s’étaient reformées qui acculèrent les chefs aux façades du Palais pour arracher leurs insignes hiérarchiques, les parements, les épaulettes, les croix de guerre… Supplice atroce, qui verdissait la face de ces odieux martyrs.

Certes, Lust ne songeait pas à s’apitoyer sur leur sort ; n’empêche qu’il en avait assez vu. Rassasié de revanche, il se dégagea de la foule pour gagner le boulevard du Régent où la circulation devenait plus facile.

Or, comme il traversait la voie asphaltée, un chien bondit au-devant de lui avec des aboiements de joie.

— Tom ! s’exclama le contremaître ; mais d’où sors-tu mon brave ? Comment es-tu venu jusqu’ici ?

En même temps, il s’entendit héler :

— Monsieur Lust ! Monsieur Lust !

Et c’était Bernard qui accourait en clopinant, le visage empourpré de fièvre, tout ruisselant de sueur, les yeux exorbités par une exaltation voisine de la démence.

— Oh ! mon garçon, fit le contremaître avec sévérité, vous m’aviez pourtant bien promis de… Quelle imprudence !

Mais sans répondre à ce reproche :

— J’ai vu ! J’ai vu leur dégradation ! s’écria l’infirme. Ah ! les scélérats sont maintenant punis comme ils le méritent ! Non, non, je suis content : je n’aurais pas voulu manquer ça !

— Du calme, du calme, mon petit… Prenons garde au milieu de tous ces bougres. Oui, il sont furieux contre les chefs ; ils font « kamarades », mais ça ne les empêchera pas de nous porter de mauvais coups, si on les excite par des railleries…

Il l’empoigna sous le bras :

— Venez, nous retournons à la quincaillerie.

Soudain, des clairons retentirent ; une petite compagnie de soldats cyclistes approchait qui s’arrêta brusquement devant eux, indécise sur le chemin qu’elle devait prendre. Le sergent qui la commandait descendit de machine et, dans son baragouin farouche, interpella les deux hommes qui s’éloignaient déjà par la route du boulevard :

— Louvain ? interrogeait-il. Nach Leuven ? Nach Leuven ?

Lust se retourna à demi, consentit à faire un geste indiquant la rue de la Loi. Mais Bernard, saisi d’une sorte de rage sacrée, avait fait volte-face et, imitant le geste du contremaître :

— Nach Paris ? Nach Paris ? cria-t-il d’un fausset aigu et dérisoire ; Nach Paris ? Oui, oui, c’est par là. Nach Paris !

Sous cette avalanche de lazzis, cinglants comme des coups de cravache, une affreuse grimace contracta la face barbue et carnassière du sous-officier qui, laissant tout à coup tomber sa machine, se rua sur l’infirme. Mais Lust s’était retourné et, prompt comme un prévôt d’armes, fit mouliner sa grosse canne qu’il appuya rudement sur la poitrine du soudard enragé. Déjà celui-ci empoignait son revolver quand l’attitude des spectateurs prêts à la rescousse et l’apparition soudaine de Tom qui, ramassé sur ses pattes, les crocs découverts et menaçants, n’attendait qu’un signe de ses amis pour lui sauter à la gorge, fit réfléchir ce gorille déguisé en homme. Il recula en sacrant d’inintelligibles injures puis, lançant un coup de sifflet, il enfourcha sa machine et s’enfuit, stratégiquement, par la rue de la Loi avec son escouade, tandis que le populaire ivre de revanche, soulevé d’une allégresse furieuse, reprenait en chœur à tue-tête, le sarcasme corrosif du pauvre bancroche :

— Nach Paris ! Nach Paris !



Cependant Bernard ne soufflait mot tandis que le contremaître, son bras passé sous le sien, le ramenait vers la ville basse par des chemins détournés, moins tumultueux.

— Monsieur Lust, dit-il enfin, je vous demande bien pardon, mais ça été plus fort que moi !

— Oui, oui, je comprends mon garçon… Mais vous voyez n’est-ce pas qu’il valait mieux rester à la quincaillerie. Sacrebleu, on l’a échappé belle, nous autres ! Mais sa figure se détendit aussitôt :

— Tout de même, le « métekau » n’a pas demandé son reste ! Hein, comme ils ont tous f… le camp !

— Ah ! sans vous, mon cher ami…

— Non, non, laissez… C’était bien facile pour moi. Hé, je sais encore tirer de la canne et du sabre comme à la caserne du Petit-Château ! Mais, à présent, tranquille, savez-vous !

Il l’entraînait :

— Est-ce que je ne vais pas trop vite ? Vous n’êtes pas fatigué ?

Mais le jeune homme, sous la galvanisation de sa fièvre, surmontait l’essoufflement et ne ralentissait pas.

Il était cinq heures environ et, chose étrange en ce mois de novembre, une grande clarté demeurait ; la nuit ne se décidait que lentement à obscurcir ce beau jour… Cependant, Tom attardé sans doute auprès d’amies chiennes, ne les accompagnait plus : mais ils ne s’en souciaient pas, bien persuadés qu’il les rejoindrait quelque part à moins qu’il ne retournât directement à la maison.

— C’est dommage, dit le contremaître que je n’ai pas attaché un billet à son collier pour prévenir Adélaïde que je vous ai rencontré… Bah, je serai vite de retour…

Ils traversèrent la place du Congrès, descendirent dans le quartier du May Boom où, arrêtés par des barrages, ils furent obligés de se détourner de nouveau pour déboucher tout à coup, par la rue des Cendres, sur le boulevard Botanique

Et là un spectacle inoubliable, à la fois grotesque et peut-être sublime, les immobilisa sur place au milieu des curieux pressés sur le trottoir. Et c’était un bataillon de reîtres sordidement dépenaillés qui, oublieux du pas de l’oie, gravissaient maintenant pêle-mêle, à la débandade, la rampe du boulevard derrière une file de chariots hétéroclites traînant des bœufs et des vaches à la remorque tandis que là-haut, en tête de la horde, une formidable musique tonitruait une marche triomphale ainsi qu’aux premiers jours de l’invasion…

Dans la nuit maintenant venue, à la lumière des torches de résine, dans le lamentable beuglement des bestiaux qui brochait sur le vacarme des grosses caisses, le tableau de cette bande en retraite empoignait d’une incoercible émotion. Et la foule, si heureuse pourtant, oubliait de sourire, prête à s’apitoyer peut-être sur ces pauvres Huns déchus, qui lui avaient causé de si cruels, de si longs maux, encore que ceux-ci eussent rencontré chez elle des courages plus forts que leurs tourments… Après tout, est-ce que ces hommes-là avaient voulu la guerre ?

Ils étaient passés…

— Dire, fit le contremaître en sortant de sa torpeur rêveuse et quasi hébétée, dire que je les ai vus ici même, en août 1914, descendre ce boulevard, commandés au sifflet comme des forçats et marchant d’un seul bloc qu’on aurait dit que c’était une immense mécanique ! Ah ! est-ce qu’il y aurait tout de même un bon Dieu ? Alors, j’y crois et je le remercie, car il a accompli ce que je lui ai demandé ce jour-là, et tant d’autres depuis, c’est-à-dire mon vœu de les voir remonter ce boulevard en vaincus, sales et dégoûtants, couverts de boue et de loques, comme de vrais « scandaules » !

— Ah ! soupira l’infirme les larmes aux yeux, si Monsieur Prosper avait pu assister à cela !

Alors Lust, posant les mains sur les épaules pointues du jeune homme et le regard planté dans ses prunelles mouillées :

— Monsieur Prosper est vengé, dit-il d’un accent étrange. C’est toujours ça… en attendant mieux !

— Que voulez-vous dire ?

Mais le contremaître parut ne pas entendre :

— Venez ! Nous prendrons là-bas le tram chocolat… Je vais vous reconduire chez vous à Molenbeek.

— Oh ! mais non, Monsieur Lust ! se récria le commis ; je retournerai bien tout seul !

— Taisez-vous, s’exclama gaîment le brave homme ; avec un gaillard comme vous, on ne peut pas se fier… Alors, je vous accompagne, pour votre punition…

Il le saisit sous le bras et, les sourcils froncés, d’une voix comiquement impérative qui essayait d’imiter le fausset dérisoire dont le commis s’était servi tout à l’heure :

— Par là, mon petit ! Nach Molenbeek, je vous dis ! Nach Molenbeek !