P. F. Fauche et compagnie (Tome IVp. 215-216).


LETTRE CLXIV.

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Melle Émilie
à la
Comtesse de Longueil.


J’ai reçu, madame sa Comtesse, le paquet que vous m’avez envoyé. J’y ai trouvé le portrait de mon amie, et une lettre du Marquis écrite avant son départ, mais, Madame, je n’ai pas la force de parler d’autre chose que de la Comtesse : elle est instruite comme vous le verrez par une lettre du Commandeur que je vous envoie ; son état est très-alarmant, et sa raison est comme égarée. La fièvre et l’abattement se succèdent, et les plus noires vapeurs l’obsèdent ; échafaud, bourreaux, voilà les mots qu’elle prononce sans cesse. Tâchez de venir au plutôt ; elle me parle souvent de vous ; elle vous parle comme si vous étiez présente. On m’appelle pour retourner auprès d’elle, et je ne puis vous écrire que ce peu de lignes qui vous perceront le cœur ; le mien est déchiré. Hélas ! je sens vivement le malheur de mon amie, et je songe que je pourrais être aussi malheureuse. Adieu, madame la Comtesse.

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