Éditions La Belle Cordière (p. 129-142).

IX


Le jour de la comédie arriva.

Elle devait se jouer dans une grande salle située dans un bâtiment désaffecté qui servait de débarras. On y rangeait des instruments aratoires hors d’usage et de vieilles ferrailles. Ce fut pour les enfants un joyeux divertissement que de pousser dehors toutes ces inutilités et d’aider un menuisier du pays à y installer une scène.

Il y avait derrière cette estrade une loge qui servait de coulisses et de vestiaire. Au-dessus de la salle se trouvait un vaste grenier où l’on abritait quelques fourrages. Faisant suite à ce grenier se trouvait une petite mansarde où pouvait loger un domestique de ferme.

La scène était fort joliment décorée et l’on attendait les invités. Des chaises et des bancs garnissaient la salle. Les acteurs n’étaient pas émus, mais excités et mis en verve par une bouteille de champagne que M. Ladoume avait débouchée pour leur donner du cran.

Par groupes, les invités arrivèrent et prirent place. Quand la salle fut pleine, les trois coups résonnèrent et la représentation commença.

Malgré le manque d’habitude scénique, les artistes montrèrent beaucoup de maîtrise.

Le jeune garçon travesti en jeune fille eut un succès mérité. Les applaudissements ne lui manquèrent pas. Il chantait un couplet, et comme sa voix était agréable, on ne lui ménagea pas les bravos.

Les invités eurent le bon goût cependant d’être im­partiaux. L’admiration fut distribuée également. Se sentant stimulés, les jeunes comédiens jouèrent avec brio et réussirent au delà des prévisions. Nil s’amusait franchement. Il ne connaissait pas la pièce et s’était réservé la joie de la surprise. Il admirait ses amis qu’il trouvait parfaits dans leurs rôles et il se disait que jamais il n’aurait pu les égaler.

Quant à Legrise, il était fort dépité. En voyant ce succès, en entendant ces louanges, il regrettait de n’avoir pas tenu bon pour obtenir sa part des félicitations.

Quand, à l’issue de la représentation, les éloges éclatèrent plus nourris et que chacun eut son ovation, sa fureur intérieure fut à son comble.

Il chercha des défauts au jeu qu’on louait et tenta de faire partager ses critiques à quelques jeunes garçons venus avec leurs parents, mais il ne trouva pas d’écho. C’étaient d’excellents voisins et un bon public.

Il aurait voulu se venger, mais c’était difficile. Il ne pouvait s’attaquer à Nil au milieu d’une foule, mais il s’y risqua cependant en se voyant subitement en face de lui.

— Tu n’as pas assez de cette salle empoussiérée ? Tu ne viens pas faire un tour avant que l’on goûte ?

— Non… merci !

— Viens donc, j’ai des cigarettes…

— Je ne fume pas encore.

— Ah ! oui, il te faut la permission de papa ! ce que tu peux être nigaud !

Nil lui tourna le dos en se disant que deux jours plus tard, Legrise serait loin.

Plus furieux que jamais, ne pouvant rejoindre ses camarades Ladoune, trop occupés à répondre à leurs invités, Legrise fureta dans la loge et les coulisses en quête de quelque niche à réaliser.

Étant seul, et bien que ce fût interdit, il alluma une cigarette. Il s’amusa durant quelques minutes à manier les accessoires de toilette servant à se grimer, essaya les moustaches postiches et les perruques, puis il jeta son bout de cigarette sur le sol avec in­souciance.

Il vit un escalier et il pensa que visiter le haut de ce bâtiment pouvait avoir quelque charme, et monta. Il fut dans une mansarde où quelques rayons suppor­tant des livres s’offrirent à sa vue.

Il aimait lire et, pris soudain d’un désir de solitude, il s’installa. Cette bibliothèque rudimentaire était composée d’almanachs datant de plusieurs années, mais une chose est toujours neuve, pour qui ne la connaît pas.

Legrise passa quelques minutes, absorbé par sa lec­ture. Il en fut distrait par le grand silence qui se fit soudain autour de lui.

Il comprit que tout le monde avait regagné l’habitation pour le goûter. Il ne voulut pas manquer cette heure de délices et il ouvrit précipitamment la porte pour redescendre.

Un flot de fumée le fit reculer. Il s’étonna tout d’abord.

De la fumée ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Il es­saya d’avancer, mais un nuage l’étouffa et, de nou­veau, il recula.

« Le feu est en bas, murmura-t-il, dans une épouvante. » Une sueur glacée l’inonda.

« Il faut à tout prix que je descende. Comment le feu a-t-il pris ? Est-ce mon bout de cigarette ? »

Il avança de nouveau, mais n’osa pas continuer parce qu’il craignit soudain de s’évanouir dans la fumée et de brûler sans secours.

Un frisson terrible le secoua. Tout le mal qu’il avait commis passa devant son esprit.

Puis il secoua les épaules, comme pour jeter à terre le fardeau de ses remords.

« Bah ! je finirai bien par trouver une issue. Il ouvrit alors la porte qui communiquait avec le grenier à fourrage, et il le vit envahi par une fumée opaque qui le fit tousser et l’aveugla. Il referma vivement la porte en pensant :

« Pourvu que le feu ne vienne pas là-dedans, sans quoi, tout le bâtiment brûlerait. »

Il s’approcha de la fenêtre de la mansarde et cons­tata en se penchant au dehors que des flammes léchaient le mur. Il mesura la hauteur du saut qu’il devrait faire. Il y avait bien six mètres.

Il resta terrorisé. Qu’allait-il devenir ? Il craignait tant de se briser les jambes sur le sol qu’il ne pouvait se déterminer à tenter le saut. Et cependant, devait-il se laisser entourer par les flammes ? Il se sentait devenir fou.

Le silence continuait autour de lui. Personne ne se doutait du feu. Tout le monde était autour de la table du goûter, en train de deviser joyeusement, alors que lui était en proie aux affres d’une mort aussi proche qu’horrible.

Il se tordit les mains de désespoir et, pour la première fois, il invoqua Dieu de son propre élan. Alors il se rappela tous les péchés qui assombrissaient sa conscience et il frémit à la pensée que Dieu lui en tiendrait compte et que ce serait sa punition de mourir là, seul, brûlé, sans que personne s’en aperçût.

« Maman » ! cria-t-il dans un hurlement désespéré.

À ce moment même, une voix troua la paix que le crépitement des flammes troublait.

Puis des exclamations suivirent et tous les invités se ruèrent vers le bâtiment embrasé.

Legrise, qui tournait comme un toton dans la man­sarde brûlante, se montra à la fenêtre.

Des cris d’horreur le saluèrent et des femmes couvrirent leur visage de leurs mains pour ne pas voir l’écroulement du jeune garçon dans le brasier.

Legrise criait, et sa voix devenait rauque et sans force. Un homme apporta une échelle et l’appuya contre le mur alors que les flammes montaient tou­jours plus haut.

— Descends ! N’aie pas peur ! lui cria son père.

Louis ne savait plus ce qu’il faisait. Son cerveau percevait à peine ce qu’on lui conseillait. Les gestes tremblants, les yeux brouillés par les larmes et la fumée, l’épouvante qui le paralysait le transformaient en un être sans énergie.

Cependant, l’instinct de la conservation fut le plus fort, quand il sentit sous ses pieds une chaleur plus violente. Affolé de terreur, il enjamba la fenêtre, et chercha du pied le premier barreau de l’échelle.

Des cris de soulagement éclatèrent, venus de toutes les poitrines, dominés par deux mots, jetés par la bouche de la mère : Mon fils !

Legrise descendit cinq échelons, puis le bâtiment s’écroula, et si un homme ne s’était pas trouvé là pour saisir le malheureux, il s’écrasait dans le bra­sier. Il fut emporté, évanoui.

Nil qui avait suivi le drame était pâle comme un mort. Doué de réflexion comme il l’était, il ne pouvait s’empêcher de penser à une justice immanente qui le vengeait de tout ce que ce camarade lui avait fait souffrir, et non pas seulement à lui, mais aussi aux autres.

Legrise venait de côtoyer une fin terrible, et Nil se demandait si à ce moment suprême, il reconnaissait ses fautes en sollicitant leur pardon ?

Le reste de l’après-midi se passa à commenter ce tragique événement, bien qu’une réaction de soulage­ment se fût abattue sur tous les assistants.

On se demandait surtout comment le feu avait pris. On s’enquérait de la santé de Legrise qui était cou­ché, mais qui avait repris conscience.

Un docteur se trouvait par bonheur parmi les invités et il pansait les blessures du jeune garçon, dont la plupart étaient superficielles. Une, cependant, était assez sérieuse.

Quand Nil se retrouva le soir entre ses parents, son père lui dit durant le dîner :

— Que penses-tu de ces circonstances, Nil, et com­ment crois-tu que cet incendie a commencé ?

— On peut envisager une hypothèse, répondit Nil, mais ce serait peut-être un jugement téméraire dont il faut s’abstenir.

La prudence de Nil était dans ces paroles. Son père n’insista pas, car il avait deviné la pensée de son fils.

Mme Bompel dit avec conviction :

— Vous donnez bien du souci à vos mères, Legrise et toi ! Depuis cette algarade de Mme Legrise à ton sujet, je suis très mal à l’aise. Il n’aurait plus man­qué qu’aujourd’hui elle t’accusât d’avoir mis le feu à ce hangar !

Nil se posait une terrible question. Connaissant les sentiments de Legrise, il se demandait si ce dernier, quand il aurait recouvré la santé, oublierait le destin atroce qui avait failli être le sien, et s’il le dénonce­rait, lui Nil, comme le coupable de ce drame ?

Un frisson courut le long de l’échine du jeune garçon et dans cette appréhension, il eut le geste de repousser son assiette, mais il se reprit et, de nouveau se confia à Celui qui dirige les vies.

Il termina son repas tranquillement, et laissa ses parents, ainsi que M. Tradal, épiloguer sur ce douloureux événement.

Le lendemain, il reprit ses cours. Avant de commencer sa leçon, son professeur lui dit :

— Vous n’avez aucune idée sur la manière dont le feu a pris ?

— Oh ! si, j’ai une idée, mais ce serait mal de ma part d’affirmer un fait dont je ne suis pas sûr… et il vaut mieux, dans ces cas-là, user de prudence…

— Cela m’aurait surpris que vous n’ayiez pas quelque lueur à ce sujet ! Quant à moi, je suis étonné que Legrise se soit trouvé dans cette mansarde.

— Dieu nous mène…

— Oui, mais tous vos amis étaient en train de goûter et il est gourmand. Que faisait-il ?

— C’est que vous ne connaissez pas bien Legrise, Monsieur ! Le malheureux était très mortifié de ne pas être parmi les héros du jour. Il a quelque présomption et, bien que paresseux, il eût été enchanté de récolter quelques éloges. Ennuyé de tous les compliments qui bruissaient à ses oreilles en faveur de ses amis, il a éprouvé le besoin de ne plus les entendre et il a fait une incursion dans cette mansarde.

Nil n’ajouta pas que la cigarette défendue avait sans doute causé le malheur. Il préférait s’abstenir de cette accusation et ne parler que des suppositions anodines que son bon sens lui suggérait.

— Vous êtes bien au courant de l’esprit de votre condisciple !

— J’ai souvent vérifié sa façon de procéder…

Il y eut un silence, puis M. Tradal reprit :

— Fume-t-il ?

Nil regarda son professeur. Dans ce regard ils se comprirent, mais ne parlèrent pas.

M. Tradal prit un livre et l’ouvrit à la page voulue en disant :

— Nous en étions restés là…

La leçon se poursuivit.


Legrise eut le délire toute la nuit. La secousse avait été rude. Dans son cerveau surexcité passaient des images sinistres que la fièvre dramatisait encore. Il poussait des cris affreux ou bondissait hors de son lit pour fuir un danger atroce. Vers le matin, il s’assoupit, et quand il s’éveilla vers midi, le docteur qui était là, constata un état moins aigu.

Legrise put parler. Le docteur, cependant, exigea qu’on ne lui posât pas de questions. Son cerveau ne battait plus la campagne, mais son corps exigeait des ménagements. Il fallait un grand repos pour ne pas compromettre l’état général.

Legrise réfléchissait durant ce temps de réclusion relative. Il était persuadé qu’il allait mourir et s’il n’abordait pas la vérité avec sa mère, c’était par respect humain. Il souffrait beaucoup de ses brûlures et pour lui, souffrance égalait mort.

Au bout du 4e jour après son accident, il dit à sa mère :

— Maman, je voudrais que la famille Ladoume, au complet, vienne dans ma chambre, ainsi que Nil avec ses parents, sans oublier M. Tradal. Je voudrais aussi que papa soit là…

Bien que la parole de Legrise fût claire et facile, Mme Legrise eut peur d’un nouvel accès de délire. Cette requête lui paraissait tellement anormale qu’elle ne se l’expliquait que par une recrudescence de fièvre.

— Mon chéri, cela te fatiguera.

— Non… non, fais ce que je te demande, je t’en prie, il est temps…

— Il est temps ?

— Oui, oui… insista Louis sans autres commen­taires.

Un peu décontenancée, Mme Legrise chercha ceux que son fils désirait voir, et bientôt tous furent réunis autour du lit du malade.

Chacun se disait : « Louis va nous révéler comment le feu a pris. »

Personne ne s’attendait à la confession que le jeune garçon préparait.

Il commença :

— Je vous ai priés de venir, parce que craignant de mourir, je veux avouer mes affreux péchés devant vous.

Il y eut divers murmures et la mère cria :

— Mon petit ! mon petit ! Tu n’as jamais rien fait de mal ! Et tu ne mourras pas ! Tu vas guérir !

— Laisse-moi parler, maman, il le faut.

Nil avait jeté un coup d’œil à son père, puis à M. Tradal. Legrise, poussé par des remords qu’il ne songeait pas à dissimuler, reprit sa vie depuis l’incident de la règle. Ce fut une série de méfaits qu’il déroula devant ses auditeurs interdits.

Mme Legrise pleurait, et son mari était muet d’étonnement. Mme Bompel contemplait son Nil avec extase et se repentait d’avoir douté de lui.

Les enfants Ladoume étaient les moins surpris, parce qu’entre eux, ils avaient jugé leur camarade.

Nil baissait le front. Il était bien heureux intérieurement, de cette justice enfin rendue, et il se félicitait de ne pas l’avoir provoquée, bien qu’il eût, parfois, fait appel à la conscience de Legrise. Les événements, menés par le Maître divin, accomplissaient leurs rôles.

Chacun pouvait se rendre compte de la force d’âme de Nil, ayant supporté des avanies sans jamais dénoncer son camarade. Legrise souligna cet héroïsme.

L’émotion empoignait tous les assistants.

Si on ressentait quelque éloignement pour ce jeune garçon si fertile en méchants tours, on ne pouvait que le louer pour sa franchise présente.

Quand il eut cessé de parler, il ferma les yeux, exténué. Les consolations, les félicitations abondèrent vers lui, et il s’efforçait de sourire, bien que honteux de ses révélations.

Mme Legrise n’était pas fière. Elle vint près de Nil et s’excusa de l’avoir suspecté avec véhémence. Il accepta ses regrets avec la dignité froide qui le caractérisait et répondit avec son originalité habituelle :

— Je sais que souvent les mères trouvent beaucoup de qualités à leurs propres enfants, sans vouloir convenir de celles des autres.

La réponse était un peu dure, mais Nil disait toujours ce qu’il voulait faire entendre. Il s’était assez retenu pour qu’une phrase lapidaire sortît de sa bouche. Il était foncièrement ému et satisfait du repentir de Legrise et souhaitait qu’il s’amendât sincèrement.

On quitta le malade, dont les progrès vers la santé furent rapides à partir de ce moment. Débarrassé de ce fardeau moral, il y joignit une communion fervente qui l’apaisa encore.

Puis les Legrise repartirent pour leur campagne habituelle, en attendant la rentrée. Leur séjour s’était allongé par suite des circonstances, mais personne ne le regretta, parce que leur fils ayant changé d’allures, sa compagnie devenait un plaisir.

Nil continua ses cours, et si son professeur lui parlait parfois de son camarade, il écoutait de sa manière profonde et répondait :

— Il est merveilleux de constater que l’homme a peu de chose à faire. Tout vient à son heure, et parfois les événements qui nous paraissent saugrenus deviennent les instruments de réparation.

La rentrée survint et l’ambition de Nil se réalisa. Quand son examen d’entrée fut passé avec succès, le directeur le fit appeler.

— Ainsi, élève Bompel, vous avez réussi à ce que vous vouliez ! Vos anciens condisciples sont laissés en route, et vous allez faire peau neuve.

— Je l’espère, Monsieur…

— D’ailleurs, vous me paraissez moins ironique et peut-être moins sûr de vous…

— C’est l’âge, Monsieur ! riposta Nil avec son sourire en coin.

— Ah ! je vous retrouve !

— Et on dirait que vous en êtes enchanté, Monsieur le Directeur !

— C’est tout à fait vous ! Le vieil homme n’est pas mort ! Je n’ai pas besoin de vous recommander l’assiduité au travail, vos vacances ont prouvé que vous savez vous tenir à votre tâche.

— Nous parlerons de cela à la distribution des prix et cette fois le palmarès imprimera mon nom.

— Oh ! oh ! Pas trop de présomption, mon jeune ami ! N’oubliez pas que vous aurez à lutter avec des élèves d’un an plus âgés que vous.

Nil ne répondit pas.

Ce fut, au courant de l’année, une émulation pleine de vertige. Les anciens n’avaient eu cure de ce jeune nouveau qui avait eu l’aplomb de sauter une classe. Ils constatèrent rapidement qu’il fallait compter avec lui. Nil, en effet, réfléchi et doué de bonne mémoire, avait dépassé le programme de sortie et arrivait bien placé, La première surprise passée, il fallut se rendre à l’évidence et les anciens rivalisèrent de tra­vail. Cependant, le pli était pris et Nil ne laissa pas sa place, et c’est ainsi qu’il en imposa.

Loin de rire de sa manière originale, ses condisciples admirèrent en lui sa façon de s’exprimer, toujours claire et précise.

À la distribution des prix que ne craignait plus sa mère, il obtint tous les premiers.

Ce fut une Mme Bompel rayonnante qui aida à porter les beaux volumes que son fils recevait.

Nil fut acclamé et il salua les assistants avec le plus parfait sang-froid, sans l’ombre de vanité.

Le Directeur lui demanda, alors que son élève se faisait encore une fois couronner par lui :

— Vous êtes content, Bompel ? Vous jouissez de vos lauriers ?

— À ce point, Monsieur le Directeur, que j’ai presque envie de recommencer ma prouesse !

Et Nil eut une de ses moues expressives qui provoquaient le rire.


Saint-Donat, août 1943.