L’Église chrétienne (Renan)/XIX. L’apologie catholique

Calmann Lévy (p. 364-389).


CHAPITRE XIX.

L’APOLOGIE CATHOLIQUE. — SAINT JUSTIN.


Un fait capital, qu’on voit dès à présent se dessiner avec évidence, c’est que, au milieu de ces flots agités, il y a une sorte de rocher immuable, une doctrine moyenne, qui résiste aux attaques les plus diverses, aux exagérations judéo-chrétiennes, aux exagérations gnostiques, et constitue une orthodoxie centrale, destinée à triompher de toutes les sectes[1]. Cette doctrine universelle, dont la prétention est d’être antérieure à toutes les doctrines particulières et de remonter aux apôtres, constitue l’Église catholique[2], en opposition avec les hérésies. Le gnosticisme surtout trouva dans cette espèce de tribunal ecclésiastique un obstacle invincible. C’était ici pour la religion chrétienne une question de vie ou de mort. Les tendances désordonnées des novateurs eussent été l’anéantissement de toute unité. Cette fois, comme il arrive presque toujours, ce fut l’anarchie qui créa l’autorité. On peut dire ainsi que, dans la formation de l’Église catholique, le gnosticisme et le marcionisme jouèrent par antithèse le rôle principal.

Un homme hautement estimé pour ses études profanes et sa connaissance des Écritures, Justin de Néapolis en Samarie, établi à Rome depuis plusieurs années, tenait école de philosophie chrétienne[3], et combattait énergiquement pour la majorité orthodoxe. La polémique était dans ses goûts et ses habitudes. Valentiniens, marcionites, juifs samaritains, philosophes païens furent tour à tour l’objet de ses attaques. Justin n’était pas un grand esprit ; il manquait à la fois de philosophie et de critique ; son exégèse surtout passerait aujourd’hui pour très-défectueuse ; mais il fait preuve d’un sens général assez droit ; il avait cette espèce de crédulité médiocre qui permet de raisonner sensément sur des prémisses puériles et de s’arrêter à temps, de façon à n’être qu’à moitié absurde. Son traité général contre les hérésies, ses écrits particuliers contre les valentiniens et les marcionites se sont perdus[4] ; mais ses ouvrages pour la défense générale du christianisme eurent parmi les fidèles un succès extraordinaire[5] ; on les copia, on les imita ; Justin fut de la sorte le premier docteur chrétien, dans le sens classique du mot, dont les œuvres relativement complètes nous aient été conservées.

Justin, nous l’avons dit, était un esprit faible ; mais c’était un noble et bon cœur. Sa grande démonstration du christianisme, c’était la persécution dont cette doctrine, à ses yeux toute bienfaisante, ne cessait d’être l’objet. Ce fait que les autres sectes, les juifs en particulier, n’étaient point poursuivis, la joie que montraient les chrétiens dans les supplices, la monstruosité de ces supplices, les calomnies répandues sur le compte des fidèles, le nombre des délateurs, la haine particulière que les princes du monde témoignaient envers la religion de Jésus, haine que Justin ne pouvait expliquer que par la rage des mauvais esprits[6], tout cela lui paraissait constituer en faveur de l’Église un signe éclatant de vérité divine[7]. Cette préoccupation lui inspira une démarche hardie, à laquelle il dut être encouragé par l’exemple antérieur de Quadratus et d’Aristide[8]. Ce fut de s’adresser à l’empereur Antonin et à ses deux associés, Marc-Aurèle et Lucius Verus, pour obtenir le redressement d’une situation qu’il jugeait avec raison inique et en contradiction avec les principes libéraux du gouvernement. La sagesse accomplie de l’empereur, les goûts philosophiques de l’un au moins de ses associés, Marc-Aurèle, âgé alors de vingt-neuf ans, lui donnaient l’espérance qu’une si grande injustice serait réparée. Telle fut l’occasion de la supplique éloquente[9] qui débute ainsi :


À l’empereur Titus Ælius Hadrianus Antoninus, Pius, Augustus, Cæsar, — et à Verissimus, son fils, Philosophe, — et à Lucius, Philosophe[10], fils de Cæsar[11] selon la nature et de Pius par l’adoption, ami du savoir[12], — et au sacré Sénat, — et au peuple romain tout entier, — pour un groupe d’hommes de toute race que l’on hait et persécute injustement, — moi, l’un d’entre eux, Justin, fils de Priscus, petit-fils de Bacchius, citoyens de Flavia Néapolis de Syrie-Palestine, — j’ai fait ce plaidoyer et cette requête.

Les deux titres de Pius et de Philosophas obligent ceux qui les portent à n’aimer que le vrai et à renoncer aux opinions anciennes, s’ils les trouvent mauvaises. Les chrétiens sont victimes d’un préjugé invétéré, de calomnies mises en circulation par la ligue de toutes les superstitions réunies[13]. Il faut les punir, si on les trouve coupables de crimes ordinaires, mais ne pas s’en tenir à des rumeurs malveillantes. Un nom par lui-même n’est pas un délit ; il ne devient tel que par les actes qui s’y rattachent[14]. Or on punit les chrétiens pour le nom qu’ils portent, nom qui n’implique que des idées honnêtes[15]. Celui qui, poursuivi, déclare n’être pas chrétien, est absous sans enquête ; celui qui déclare l’être est supplicié. Quoi de plus inconséquent ? Il faudrait scruter la vie du confesseur et celle du renégat pour voir ce qu’ils ont fait de bien ou de mal.

La cause de la haine contre les chrétiens est toute simple ; elle vient des démons. Le polythéisme ne fut autre chose que le règne des démons. Socrate le premier voulut renverser leur culte ; les démons réussirent à le faire condamner comme athée et impie. Ce que Socrate avait fait chez les Grecs au nom de la raison, la Raison elle-même, revêtue d’une forme, devenue homme et s’appelant Jésus-Christ, l’a fait chez les barbares[16]. Voilà pourquoi on appelle les chrétiens athées. Ils le sont, si l’on entend par athéisme la négation des faux dieux de l’opinion ; mais ils ne le sont pas au sens véritable, puisque leur religion est la religion pure du Créateur, admettant en second rang[17] le culte de Jésus, Fils de Dieu, et en troisième rang[18] le culte de l’Esprit prophétique. Le royaume qu’ils attendent n’est pas terrestre ; il est divin. Comment l’autorité ne voit-elle pas qu’une telle croyance lui est un bon auxiliaire pour maintenir l’ordre dans le monde ? Quelle barrière plus forte contre le crime que la doctrine chrétienne ?

Justin trace ici un tableau de la morale du Christ, d’après les textes de Matthieu, de Marc et de Luc, surtout de Matthieu. Il en établit l’innocuité et montre combien elle est utile à l’État. Il n’y a pas un des dogmes chrétiens qui n’ait été enseigné par quelque école philosophique, et pourtant ces écoles n’ont pas été persécutées pour cela. Le titre de Fils de Dieu n’est pas aussi insolite qu’il en a l’air. Un Dieu crucifié, né d’une vierge, cela n’est pas inouï[19]. Les mythologues grecs, les mille religions du monde ont dit des choses bien plus fortes[20]. N’a-t-on pas vu un personnage nommé Simon, du bourg de Gitton, en Samarie, passer pour Dieu à Rome, sous le règne de Claude, à cause de ses miracles, opérés par la puissance des démons ? Ne lui a-t-on pas élevé, dans l’île du Tibre, entre les deux ponts, une statue avec cette inscription latine : simoni deo sancto[21] ? Presque tous les Samaritains et quelques-uns des autres nations l’adorent comme le premier Dieu et regardent comme sa première Ennoia une certaine Hélène, en son temps prostituée, qui le suivait partout. Un de ses disciples, Ménandre, du bourg de Capparétée, opéra d’étranges séductions à Antioche par l’art des démons. Alarcion, originaire du Pont, qui vit encore, autre suppôt des démons, enseigne à un grand nombre de disciples à retirer au Père le titre de Créateur et à transférer ce titre à un autre prétendu dieu. Tous ces gens-là s’appellent chrétiens, comme on appelle du nom commun de philosophes des personnes qui professent des doctrines opposées entre elles. Pratiquent-ils les monstruosités qu’on reproche aux chrétiens, lampes renversées, embrassements nocturnes, promiscuités, festins de chair humaine ? Nous l’ignorons, répond Justin ; en tout cas, on ne les persécute pas pour le fait même de leurs opinions.

La pureté des mœurs chrétiennes fait avec la corruption générale du siècle un admirable contraste[22]. Les fidèles qui s’interdisent le mariage vivent dans une chasteté parfaite. On en a vu un frappant exemple à Alexandrie. Un jeune chrétien, voulant opposer une réponse péremptoire aux calomnies que l’on répandait sur les prétendus mystères obscènes des réunions nocturnes, adressa une requête à Félix, préfet d’Égypte, pour qu’un médecin qu’il désignait eût la permission de lui faire l’opération des testicules. Félix refusa ; le jeune homme persista dans sa virginité, content du témoignage de sa conscience et de l’estime de ses frères. Quel contraste avec le dieu Antinoüs !

Le tableau des réunions chrétiennes est beau et chaste[23]. D’abord a lieu l’introduction parmi les frères de ceux qui viennent de recevoir le baptême, c’est-à-dire des « illuminés »[24]. Puis on fait de longues prières pour le genre humain tout entier.


Quand nous avons cessé de prier, nous nous donnons le baiser les uns aux autres[25]. Puis on porte à celui qui préside le pain, une coupe d’eau et de vin. Celui-ci, les prenant dans ses mains, fait monter louange et gloire vers le Père de toute chose, par le nom de son Fils et de l’Esprit Saint ; puis il adresse à Dieu une longue action de grâces sur ces dons qu’il a bien voulu nous faire[26]. Le peuple témoigne son assentiment en disant Amen. Alors ceux qui sont appelés parmi nous diacres présentent à chacun des assistants le pain, le vin et l’eau sur lesquels les actions de grâces ont été prononcées, et les portent aux absents.

Et cette nourriture-là est appelée chez nous Eucharistie. Il n’est permis d’y participer qu’à ceux qui croient à la vérité de nos doctrines, qui ont été lavés au bain régénérateur établi pour la rémission des péchés, et qui vivent selon les préceptes du Christ. Car nous ne prenons pas ces aliments comme un pain ordinaire ni comme un breuvage ordinaire ; mais, de même que Jésus-Christ, notre sauveur incarné, a pris chair et sang pour notre salut par la parole de Dieu, de même on nous enseigne que la nourriture sur laquelle a été prononcée en actions de grâces la prière composée des paroles de Jésus, on nous enseigne, dis-je, que cette nourriture, de laquelle notre sang et nos chairs sont nourris par une intime transformation, n’est pas autre chose que la chair et le sang de Jésus incarné. Car les apôtres, dans les mémoires[27] qu’ils ont composés et que l’on appelle Évangiles, nous apprennent que Jésus leur fit la recommandation suivante. Prenant le pain, il rendit grâces et dit : « Faites ceci en mémoire de moi ; ceci est mon corps ; » semblablement prenant la coupe, il rendit grâces et dit : « Ceci est mon sang[28], » et ce dogme, il le réserva pour eux seuls. Si pareille chose se passe dans les mystères de Mithra, c’est parce que de méchants démons, imitant l’institution du Christ, ont enseigné à le faire ; car vous savez ou pouvez savoir que le pain et la coupe pleine d’eau, avec certaines paroles que l’on prononce dessus, font partie des cérémonies de l’initiation[29].

Pendant les jours qui suivent les réunions, nous nous rappelons sans cesse les uns aux autres le souvenir de ce qui s’y est passé ; et ceux qui ont de quoi subviennent aux besoins des indigents, et nous vivons habituellement les uns avec les autres. Dans nos oblations, nous bénissons le Créateur de toute chose par son fils Jésus-Christ et par l’Esprit saint. Et le jour qu’on appelle du Soleil, tous ceux qui habitent les villes ou les campagnes se réunissent en un même lieu, et on lit les mémoires des apôtres ou les écrits des prophètes, autant que le temps le permet. Quand le lecteur a fini, le président adresse aux assistants des paroles d’admonition et d’exhortation, pour les engager à se conformer à ces beaux enseignements. Puis nous nous levons tous ensemble, et nous envoyons au ciel nos prières, et, comme nous l’avons déjà dit, la prière étant terminée, on fait circuler le pain, le vin et l’eau ; de son côté, celui qui préside émet de toute sa force des prières et des actions de grâces, auxquelles le peuple donne son assentiment en disant Amen. Alors a lieu la distribution des offrandes sur lesquelles l’action de grâces a été prononcée, chacun en reçoit sa part, et l’envoi s’en fait aux absents par les diacres. Ceux qui sont dans l’aisance et qui veulent donner donnent ce qu’ils veulent, chacun dans la mesure qu’il a fixée. Le produit de la collecte est déposé entre les mains de celui qui préside ; celui-ci vient au secours des orphelins et des veuves, de ceux qui sont dans la détresse par maladie ou pour toute autre cause, de ceux qui sont dans les chaînes, des étrangers qui surviennent ; bref, il a soin de tous ceux qui sont dans le besoin. Nous faisons cette réunion en commun le jour du Soleil, d’abord, parce que c’est le premier jour, le jour où Dieu, ayant métamorphosé les ténèbres et la matière, fit le monde ; en second lieu, parce que Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita ce jour-là d’entre les morts. Ils le crucifièrent, en effet, le jour qui précède celui de Saturne[30], et, le jour qui suit celui de Saturne, c’est-à-dire le jour du Soleil, étant apparu à ses apôtres et à ses disciples, il enseigna les choses que nous venons de soumettre à votre examen.


Justin terminait son plaidoyer en citant la lettre d’Adrien à Minicius Fundanus[31]. Croyant comme il l’était, il devait s’étonner qu’on ne se rendît pas à des arguments si clairs, et la façon dont il s’exprime prouve qu’il ne visait pas à moins qu’à convertir les Césars[32]. Sûrement le frivole Lucius Verus ne toucha pas du bout du doigt ce sérieux écrit. Antonin et Marc-Aurèle le lurent peut-être[33] ; mais furent-ils aussi coupables que le croit Justin de ne pas se convertir ? On ne saurait le prétendre. Justin a beau jeu contre les fables immorales du paganisme[34] ; il démontre sans peine que la religion grecque et la religion romaine n’étaient plus guère qu’un tissu de honteuses superstitions. Mais la démonologie effrénée qui fait le fond de tous ses systèmes est-elle beaucoup plus sensée ? Sa confiance dans l’argument tiré des prophéties[35] est singulièrement naïve. Antonin et Marc-Aurèle ne connaissaient pas la littérature hébraïque ; s’ils l’avaient connue, ils auraient certainement trouvé l’exégèse du bon Justin bien légère. Ils eussent remarqué, par exemple, que le psaume xxii (xxi) ne renferme les clous de la Passion que moyennant une interprétation puérile des contre-sens des Septante[36]. L’assertion que les Grecs ont emprunté toute leur philosophie aux Juifs[37] les aurait laissés incrédules. Ils eussent trouvé au moins étrange le passage[38] où le pieux écrivain, voulant prouver que la croix est la clef de toute chose, retrouve cette forme mystérieuse dans le mât des navires, dans la charrue et la pioche du laboureur, dans l’outil de l’ouvrier, dans le corps humain, quand les bras sont étendus, dans les enseignes et les trophées des Romains, dans l’attitude des empereurs morts et consacrés par l’apothéose[39]. L’endroit où Hérode et Ptolémée Philadelphe sont censés avoir été contemporains[40] leur eût sans doute aussi inspiré quelques doutes sur l’exactitude du récit relatif à la version des Septante, version qui sert de base à tous les raisonnements messianiques de Justin. S’ils se fussent avisés de chercher dans les archives de l’empire les registres de Quirinius[41], les actes de Pilate relatifs à Jésus[42], ils auraient eu de la peine à les trouver. Enfin, les écrits de la Sibylle et d’Hystaspe[43] leur eussent paru de faibles autorités. Ils eussent été surpris d’apprendre que les démons, effrayés du tort que ces livres allaient leur causer, avaient fait édicter la peine de mort contre ceux qui les liraient[44].

Il semble que Justin joignit à son plaidoyer des exemplaires de ces apologies apocryphes[45] et s’imagina qu’elles exerceraient sur l’esprit des Césars une influence décisive. Son espérance allait plus loin encore : il demandait que sa supplique fût communiquée au sénat et au peuple romain, en particulier que la fausseté de la divinité de Simon le Magicien fût reconnue et que la statue qu’il avait à Rome (quelque cippe de Semo Sancus) fut officiellement renversée[46].

L’ardente conviction de Justin ne lui laissait point de repos. Il s’imaginait être responsable de toutes les erreurs qu’il ne combattait pas[47]. Les juifs qui persistaient à ne pas se faire chrétiens étaient l’objet perpétuel de ses préoccupations. Il écrivit contre eux, sous forme de dialogue[48], peut-être à l’imitation d’Ariston de Pella, un ouvrage de polémique qui peut compter entre les plus curieux monuments littéraires du christianisme naissant.

Justin suppose que, dans son voyage de Syrie à Rome, vers le temps de la guerre de Bar-Coziba, retenu par un accident de navigation à Éphèse[49], il se promenait dans les allées du xyste, lorsqu’un inconnu, entouré d’un groupe de disciples, fut frappé de l’habit qu’il portait, et l’aborda en lui disant : « Salut, philosophe ! » Il lui apprit en même temps qu’un socratique dont il avait suivi les leçons à Argos lui avait dit de respecter toujours le manteau de philosophe et de tâcher de s’instruire auprès de ceux qui le portaient. La conversation s’engage sur un ton fort littéraire, et il se trouve que l’inconnu n’est autre que le célèbre rabbin Tryphon ou Tarphon[50], qui a fui la Judée pour éviter la fureur de la guerre de Bar-Coziba, s’est réfugié en Grèce et demeure le plus souvent à Corinthe. On cause de Dieu, de la Providence, de l’immortalité de l’âme. Justin raconte comment, après avoir essayé de toutes les écoles et de tous les systèmes, il n’a rien trouvé de meilleur que d’adhérer au Christ. La controverse est vive alors. Justin accumule contre les juifs les plus sanglants reproches. Non contents d’avoir tué Jésus, ils ne cessent de persécuter les chrétiens. S’ils ne les tuent pas, c’est que le pouvoir les en empêche ; mais ils les accablent d’avanies, les chassent des synagogues, et, toutes les fois qu’ils le peuvent, les maltraitent, les assassinent, les supplicient. Les préjugés que les païens ont contre le christianisme, ce sont les juifs qui les leur ont inspirés ; ils sont plus coupables des persécutions que les païens mêmes qui les ordonnent. Ils ont envoyé de Jérusalem des hommes choisis pour répandre dans le monde entier les calomnies dont on accable les chrétiens[51]. Ils ont fait pis : ils ont mutilé la Bible pour en retrancher les passages qui prouvaient la messianité et la divinité de Jésus[52]. Ils repoussent la traduction des Septante, uniquement parce qu’elle contient les preuves de cette même divinité[53]. Dans les controverses, ils jettent les hauts cris sur des arguties, sur de petits détails qu’ils ne comprennent pas, et refusent de voir la force de l’ensemble[54].

L’impartialité nous oblige de dire que, si Justin était dans ses disputes orales tel que nous le voyons dans son livre (et malheureusement ce que nous savons de ses controverses avec Crescent porte à le croire), les juifs avaient tout à fait raison de se plaindre de son inexactitude[55]. On ne fut jamais plus faible interprète de l’Ancien Testament. Non-seulement Justin ne sait pas l’hébreu, mais il n’a aucun sentiment de critique ; il admet les interpolations les plus évidentes[56]. Ses applications messianiques des textes de la Bible sont du plus complet arbitraire et fondées sur les erreurs des Septante[57]. Son livre assurément ne convertit pas un seul juif ; mais, dans le sein du catholicisme, il fonda l’exégèse apologétique. Presque tous les raisonnements de cet ordre ont été inventés par saint Justin ; on n’y a plus guère ajouté après lui.

Inutile de dire que la scission entre le judaïsme et le christianisme apparaît dans ce livre comme absolue. Le judaïsme et le christianisme sont deux ennemis occupés à se faire tout le mal possible[58] La Loi est abrogée ; elle a été toujours impuissante à produire la justification. La circoncision, le sabbat non-seulement sont des choses abolies, ce ne furent même jamais de bonnes choses. La circoncision a été imposée par Dieu aux juifs en prévision de leurs crimes contre le Christ et les chrétiens : « Ce signe vous a été donné afin que vous soyez séparés des autres nations et de nous-mêmes, et que vous souffriez seuls ce que vous souffrez maintenant avec justice, pour que votre pays fût rendu désert, que vos villes fussent livrées aux flammes, que des étrangers mangent vos fruits en votre présence, et que personne d’entre vous ne puisse monter à Jérusalem[59] » Cette prétendue marque d’honneur est ainsi devenue pour les juifs un fléau, un caractère visible qui les désigne au châtiment. La loi et les prescriptions mosaïques n’ont été instituées qu’à cause des iniquités et de la dureté de cœur du peuple[60]. Le sabbat et les sacrifices n’ont pas eu d’autre cause[61]. L’impossibilité qu’il y avait pour un juif, tenant à ses vieilles Écritures, d’admettre que Dieu ait pu naître et se faire homme n’est pas même comprise de Justin[62]. Tarphon eût été vraiment de bonne composition, si, après une pareille controverse, il eût quitté son adversaire en avouant, comme le prétend Justin, qu’il avait beaucoup profité à son entretien[63].

Les conversions, du reste, devenaient de plus en plus rares[64]. Les partis étaient pris[65] Le moment où la dispute s’organise est d’ordinaire celui où déjà chacun est endurci dans son sentiment. Les transfuges avaient été nombreux, tant que le christianisme avait été une colonie mal définie, à peine séparée du judaïsme. Quand il est une place complète, munie de ses fortifications, en face de sa métropole, on ne passe plus d’un côté à l’autre. Le juif, comme le musulman, sera le plus inconvertissable des êtres, le plus antichrétien.

Justin vécut encore des années, disputant toujours[66] contre les juifs, contre les hérétiques, contre les païens, écrivant des ouvrages de polémique sans fin[67]. Un acte de sévérité juridique de Q. Lollius Urbicus, préfet de Rome, lui remettra encore la plume d’avocat ecclésiastique à la main, dans les dernières années du règne d’Antonin. Comme presque tous les apologistes, il ne fut pas membre de la hiérarchie. Cette situation sans responsabilité convenait mieux à des volontaires de la foi, et au besoin permettait à l’Église de les désavouer. Justin fut toujours cher aux catholiques. Son éloignement des sectes le préserva des aberrations que ne surent pas éviter Tatien, Tertullien. Sa théologie est loin d’être la théologie orthodoxe des siècles suivants ; mais la sincérité de l’auteur fit qu’on se montra facile pour lui. La Trinité, chez saint Justin, est à l’état d’embryon mal conformé[68] ; ses anges et ses démons sont conçus d’une façon prodigieusement matérialiste et enfantine ; son millénarisme est aussi naïf que celui de Papias[69] ; il ignore systématiquement saint Paul. Il croit que Jésus est né d’une façon surnaturelle ; mais il connaît des chrétiens qui ne l’admettent pas[70]. Son Évangile différait considérablement des textes aujourd’hui consacrés ; il ne faisait pas usage de l’Évangile dit de Jean, et l’écrit qu’il cite, quoique se rapprochant le plus souvent de Matthieu, parfois de Luc, n’est précisément aucun des trois synoptiques[71]. C’était probablement l’Évangile des Hébreux, dit « Évangile des douze Apôtres », ou « de Pierre[72] », non sans analogie avec la Genna Marias, ou Protévangile de Jacques[73], et peut-être identique à l’Évangile des ébionites. Les fables, en tout cas, y abondaient[74] ; on était à deux pas des puérilités qui remplissent les Évangiles apocryphes. Mais un certain sens droit fait éviter à Justin les erreurs extrêmes. Son érudition païenne, toute frelatée qu’elle était, frappait les gens peu instruits En somme, c’était un précieux avocat. Tous les apologistes qui suivirent s’inspirèrent de lui[75].

Son admiration pour la philosophie grecque ne pouvait être du goût de tout le monde ; mais elle paraissait d’une bonne tactique. On n’était pas encore au temps des injures envers les sages de l’antiquité ; on prenait le bien où on le trouvait ; on voyait dans Socrate un précurseur de Jésus, et dans l’idéalisme platonicien une sorte de préchristianisme[76]. Justin est autant un disciple de Platon et de Philon que de Moïse et du Christ[77] ; Moïse étant plus ancien que les sages grecs, ceux-ci lui ont emprunté leurs dogmes de religion naturelle[78] ; voilà toute sa supériorité. Jamais théologien n’a ouvert aussi largement que Justin les portes du salut[79]. La révélation, selon lui, est dans l’humanité un fait permanent, elle est le fruit éternel du Logos spermaticos, qui éclaire naturellement l’intelligence humaine. Tout ce que les philosophes et les législateurs, les stoïciens, par exemple, ont jamais trouvé de bon, ils le doivent à la contemplation du Logos. Le Logos n’est autre chose que la raison universellement répandue ; tous ceux qui, en quelque temps et en quelque pays que ce soit, ont aimé et cultivé la raison ont été chrétiens[80]. Socrate brille au premier rang dans cette phalange des chrétiens avant Jésus. « Il ne connut le Christ qu’en partie. » Il ne vit pas toute la vérité[81] ; mais ce qu’il vit fut une fraction du christianisme ; il combattit le polythéisme, comme les chrétiens le combattent, et il eut l’honneur comme eux de donner sa vie dans ce combat. Le Logos est descendu et a résidé tout entier en Jésus. Il s’est disséminé dans les âmes humaines qui ont aimé le vrai et pratiqué le bien ; en Jésus il s’est ramassé tout entier.

Avec une telle idée de la raison, il était naturel d’admettre la philosophie comme un élément dans la composition des dogmes chrétiens. Les traces de philosophie grecque sont faibles encore dans saint Paul et dans les écrits pseudo-johanniques. Dans la gnose, au contraire, chez Marcion, chez l’auteur du roman pseudo-clémentin, chez Justin, la philosophie grecque coule à pleins bords. On trouvait tout naturel de mêler à la théorie du Logos juif des idées du même genre qu’on croyait rencontrer dans Platon ou même dans le stoïcisme[82]. Loin de renoncer à la raison, on prétendait se donner à elle sans partage. On tenait la saine philosophie pour l’alliée la plus sûre du christianisme ; les grands hommes du passé étaient considérés comme des disciples anticipés du Christ, qui était venu non renverser, mais au contraire épurer, compléter, achever leur œuvre. On admirait Socrate, Platon[83] ; on était fier du courage des grands contemporains, tels que Musonius[84]. On disait avec un juste et large sentiment de la vérité : « Tout ce qui a été pensé ou senti de bien avant nous chez les Grecs et chez les barbares nous appartient. »

Une sorte d’éclectisme, fondé sur un rationalisme mystique, tel fut donc le caractère de cette première philosophie chrétienne[85]. L’apologiste s’appliquait à montrer que les points fondamentaux du christianisme n’avaient pas été étrangers à l’antiquité païenne, que les dogmes sur l’essence divine, sur le Logos, sur l’Esprit divin, sur la providence spéciale, la prière, les anges, les démons, la vie future, la fin du monde, pourraient s’établir par des textes profanes. Même les enseignements tout spécialement chrétiens sur la naissance, la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ avaient des analogues dans les religions de l’antiquité[86]. On soutenait que Platon avait exprimé, dans le Timée, la doctrine du Fils de Dieu[87]. On faisait remarquer que, dans toutes les religions, les cérémonies se ressemblent, que la morale est la même partout. Loin de trouver là une objection, on concluait de cette universalité l’existence d’une révélation permanente, dont le christianisme avait été l’acte le plus éclatant.

  1. Voir Justin, Dial., 35, 39, 80.
  2. Ἡ καθολικὴ ἐκκλησία. Épître pseudo-ignatienne Ad Smyrn., 8 ; Mart. Polyc., 1, 5, 8, 16, 19 ; Anonyme contre les montanistes, dans Eus., V, xvi, 9, 19 ; xvii, 4 ; Canon de Muratori, lignes 61-62 ; Clément d’Alex., Strom., VII, 17. Cf. Justin, Dial., 63 ; Celse, dans Orig., V, 59.
  3. Eus., H. E., IV, 11 ; saint Jér., De viris ill., c. 23.
  4. Apol. I, 26 ; Irénée, IV, vi, 2 ; V, xxvi, 2 ; Tertullien, In Val., ch. 5 ; Eus., H. E., IV, xi, 10 ; xviii, 9 ; saint Jér., De viris ill., ch. 23 ; Théodoret, I, ch. 2 ; II, 2 ; Photius, Cod. cxxv. Cf. Lipsius, Die Quellen der ælt. Ketzergeschichte (Leipzig, 1875).
  5. Irénée, I, xxviii, 1.
  6. Apol. II, 1.
  7. Dial., 18, 39, 46. Comp. Irénée, IV, xxxiii, 9 ; saint Cyprien, Epist. 57, 58.
  8. V. ci-dessus, p. 39 et suiv.
  9. Il s’agit de l’Apologia I, la plus étendue, L’Apol. II, adressée au Sénat, est postérieure (voir ci-après, p. 485 et suiv.) La date approximative de l’Apologia I résulte des ch. 1, 29, 31, 46. On a conclu d’Οὐηρισσίμῳ (nom que Marc-Aurèle cessa de porter à partir de son adoption par Antonin en 138, un peu avant la mort d’Adrien) et de l’absence du nom de César (que Marc-Aurèle reçut en 139) que l’Apol. I a dû être écrite très peu de temps après la mort d’Adrien, à une date où l’on ne savait pas encore dans le public le changement de nom du jeune César, et antérieurement à l’an 140, où ce dernier fut consul pour la première fois sous le nom de M. Æelius Aurelius Verus Cæsar. Mais la suscription de l’Apol. I renferme bien d’autres fautes. Justin put conserver à dessein ce nom caractéristique de Verissimus comme une flatterie délicate. Il semble que Marc-Aurèle se complut à ce surnom ; il le prit sur ses médailles (Vaillant, Num. græc., p. 58 ; Eckhel, VII, p. 69). L’état des hérésies qui résulte de l’Apol. I (ch. 26, 35, 39, 58, 80), convient bien mieux à l’an 150 qu’à l’an 138. En cette dernière année, les flatteries adressées dans le titre à Lucius Verus, né l’an 130, eussent été ridicules. Enfin, ce n’est qu’après huit années d’adoption, en 147, que Marc-Aurèle fut réellement associé à l’empire par la collation de la puissance tribunitienne. Noël Desvergers, Essai sur Marc-Aurèle, p. 24 et suiv., note.
  10. Lucius Verus ne méritait guère cette épithète ; Justin la lui donne, ce semble, pour ne pas avoir l’air de le moins estimer que son frère par adoption et pour prêter de la force à son raisonnement (ch. 2). Comparez Apol. II, 2, 15.
  11. Du César Æelius Verus.
  12. Comp. ch. 2, où ces titres reviennent, et Eus., H. E., IV, 12. Sur les fautes ou particularités de ce protocole, qui remontent probablement à Justin lui-même, voir Mém. de l’Acad. des inscr., nouv. série, XXVI, 1re part., p. 264-265, et Otto, ad loc. (3e édit.).
  13. Δεισιδαίμονες.
  14. La question se posait, on le voit, dans les mêmes termes que du temps de Pline et de Trajan. V. les Évangiles, ch. xxi, Comp. Apol. II, 2 ; Athénagore, init. ; Lettre des Égl. de L. et V., dans Eus., V, i, 33 ; Lettre apocr. de Marc-Aurèle, p. 102 B.
  15. Jeu par iotacisme sur χρηστοί. Cf. le Philopatris, 23, peut-être Suétone (Claude, 25) et les inscriptions d’Asie Mineure (saint Paul, p. 363 ; voir aussi Arch. des miss. scient., iiie série, t. III, p. 136). Cf. Clém. d’Alex., Strom., II, ch. 4 ; Tert., Ad nat., I, 3 ; Lact., Inst. div., IV, 7.
  16. Apol. I, 5.
  17. Ἐν δευτέρᾳ χώρᾳ, ch. 13.
  18. Ἐν τρίτῃ τάξει, ibid.
  19. Apol. I, 22.
  20. Ibid., 24 et suiv.
  21. Ibid., 26, 56, 58. Cf. les Apôtres, p. 275 et ci-dessus, p. 326.
  22. Apol. I, 27, 29.
  23. Apol. I, 65 et suiv. Cf. ch. 13.
  24. Οἱ φωτισθέντες.
  25. Ἀλλήλους φιλήματι ἀσπαζόμεθα. Comp. Athénagore, Leg., 32 ; Clem. d’Alex., Pædag., III, xi, fin ; Constit. apost., II, 57 ; VIII, 11 ; saint Cyrille, Catech. myst., 5.
  26. Comparez Irénée, I, xiii, 2 ; Firmilien, Ép. 75 de saint Cyprien ; Orig., Contre Celse, VIII, 32.
  27. Ἐν τοῖς γενομένοις ὑπ’ αὐτῶν ἀπομνημονεύμασιν, ἃ καλεῖται εὐαγγέλια. Pour le mot ἀπομνημονεύματα, comp. Papias (Eus., H. E., III, xxxix, 15) ; Eus., V, viii, 8.
  28. Comp. Matth., xxvi, 26 et suiv. ; Marc, xiv, 22 et suiv. ; Luc, xxii, 19 et suiv. ; I Cor., xi, 23 et suiv.
  29. Cf. Dial. cum Tryph., 70.
  30. Il évite par pruderie de dire « le jour de Vénus ».
  31. Voir ci-dessus, p. 32 et suiv.
  32. Apol. I, 68. Il n’y a pas de raison suffisante pour rejeter l’authenticité de ce paragraphe, quoique l’ouvrage finisse bien par ἀνεδώκαμεν (ch. 67).
  33. C’est gratuitement qu’on a supposé (Orose, VII, 14) que l’Apologie de Justin amena un relâchement de persécution de la part d’Antonin.
  34. Apol. I, 5, 21, 25. Comp. Apol. II, 12, 14.
  35. Apol. I, 31 et suiv.
  36. Apol. I, 35.
  37. Ibid., 44.
  38. Ibid., 55.
  39. Idées analogues dans Tertullien, Apol., 16 ; Ad nat., I, 12 ; Minucius Félix, 29.
  40. Apol. I, 31.
  41. Apol. I, 34 ; Tertullien, Adv. Marc., IV, 7, 19.
  42. Apol. I, 35, 48.
  43. Ibid., 20, 44.
  44. Voyez ci-dessus p. 299. Il est probable que quelques chrétiens furent condamnés à mort pour le fait d’avoir possédé ces oracles, où la justice put voir des livres de sorts, comme ceux que l’on consultait sur la vie et la mort des empereurs. Il résulte, du reste, de l’Apol. II, 14, que la police exerçait une surveillance sur les écrits.
  45. Ch. 44 : ὡς ὁρᾶτε.
  46. Apol. I, 56. Cl. Apol. II, 14.
  47. Apol. I, 3, 57.
  48. Le Dialogue est sûrement, postérieur à la première Apologie. Dial., 120 (cf. Apol. I, 26).
  49. Dial., 1 et 142. C’est Eusèbe (H. E., IV, 18) qui nous apprend que la ville où a lieu la rencontre est Éphèse. Si la Cohortatio ad Græcos est de Justin, il aurait aussi passé par Alexandrie (ch. 13).
  50. Voir les Évangiles, p. 69 et suiv. Cf. Eusèbe, IV, 18. C’est là, du reste, une simple fiction littéraire. Justin fait parler son docteur à sa guise. Les doctrines et la méthode du Tryphon de Justin n’ont rien de commun avec celles du Tarphon talmudique.
  51. Justin, Dial., 16, 17, 108, 117, 133. Cf. Apol. I, 31, et Tertullien, Ad nationes, I, c. 14 (et credidit vulgus judæo. Quod enim aliud genus seminarium est infamiæ nostræ ?) ; Adv. Marc., III, c. 23 ; Adv. Jud., c. 13. La mort de Polycarpe, arrivée en 155, ne donna que trop raison à cette manière de présenter les choses. Voir ci-après, p. 458 et suiv. Comp. les Actes de saint Pione, dans Acta SS. febr., I, p. 43.
  52. Dial., 72, 73, 74, 75.
  53. Ibid., 71, 84.
  54. Ibid., 115. Comparez le trait de R. Saphra, Talm. de Bab., Aboda zara, 4 a.
  55. Μὴ πρὸς τὸ ἀκριϐές.
  56. Par exemple, Dominus regnavit [a ligno]. Ps. xcv, 10 (hébr., xcvi) ; Dial., 73.
  57. Ainsi l’ὤρυξαν du Ps. xxxii, Comp. Tertullien, Adv. jud., 10 ; Adv. Marc., III, 19.
  58. Dial., 11 et suiv.
  59. Dial., 16, 19, 46. Cf. Tertullien, Adv. Jud., 3.
  60. Ibid., 18 et suiv.
  61. Ibid., 21, 22.
  62. Ibid., 63, 68, etc.
  63. Ibid., 142.
  64. Voir cependant Eusèbe, H. E., III, xxv, 5, et le curieux récit d’Épiphane, hær. xxx.
  65. Cf. Kohéleth rabba, ch. i.
  66. Dial., 64.
  67. Eus., H. E., IV, 11, 14, 18 ; saint Jér., De viris ill., 23 ; Photius, cod. cxxv, sans parler des allégations, ce semble erronées, d’Anastase le Sinaïte, de saint Maxime, de Jean de Damas, etc. Nous traiterons, au livre VII, du Logos parænétikos et du De monarchia, attribués à saint Justin.
  68. Cf. ci-dessus, p. 373, et Apol. I, 22, 32, 33, 35, 44, 60 ; Apol. II, 10 ; Dial., 7, 65, 68.
  69. Dial., 80, 81.
  70. Dial., 48. Comp. Apol. I, 21, 22.
  71. Voir De Wette, Einl. in das N. T., § 66 a et suiv. Pour les singularités de son histoire apostolique, voir Apol. I, 39, 50.
  72. Nicolas, Évang. apocr., p. 49 et suiv.
  73. Hilgenfeld, Krit. Untersuch. über Evang. Justin’s, p. 153 161 ; Tischendorf, Evangel. apocr., p. xiii, xxxviii, xxxix. Notez surtout la flamme du Jourdain, trait caractéristique de l’Évangile des Hébreux (Épiph., xxx, 13).
  74. Ainsi la caverne de Bethléhem, le feu du Jourdain, les charrues de Jésus. Dial., 78, 88. Voir ci-dessus, p. 344 et suiv.
  75. Tatien, Athénagore, Irénée, Minucius Félix, Tertullien, peut-être Méliton. Voir les index d’Otto, p. 595-596.
  76. Apol. I, 46.
  77. Apol. I, 59, 60.
  78. Apol. I, 44.
  79. Apol. I, 46.
  80. Comparer Philon, Quod omnis probus liber, § 12.
  81. Apol. II, 8, 10 ; Cf. Apol. I, 5.
  82. Apol. I, 12, 13, 21, 32, 46, 63 ; Apol. II, 6, 8, 13 ; Dial., 46, 48, 56, 61, 62, 105, 128, 184.
  83. Voir l’index d’Otto, aux mots Socrate, Platon, Pythagore, Stoïciens, etc.
  84. Apol. II, 8, 40.
  85. Justin, Apol. II, 13. Cf. Lactance, Inst. div., VII, 7.
  86. Apol. I, 21.
  87. Apol. I, 60. Cf. Cohort. ad Græc, 32.