L’Église chrétienne (Renan)/VIII. Le millénarisme. - Papias

Calmann Lévy (p. 123-139).


CHAPITRE VIII.


LE MILLÉNARISME. — PAPIAS.


Les tendances les plus diverses se manifestaient dans l’Église de Jésus, montrant l’étonnante fécondité de la jeune conscience qui se produisait au sein de l’humanité, mais en même temps créant pour l’institution naissante un immense danger. Des milliers de bras écartelaient pour ainsi dire la religion nouvelle, les uns ne voulant pas qu’elle sortît du cercle juif, les autres cherchant à rompre tout lien entre elle et le judaïsme, qui l’avait engendrée. La réapparition de Jésus et l’idée du règne de mille ans, couronnement des apocalypses juives, étaient les deux questions où se remarquaient le mieux ces deux esprits contraires. Les gnostiques et, jusqu’à un certain point, l’auteur de l’Évangile johannique ne pensent plus au dogme fondamental du premier siècle. La fin du monde ne les préoccupe guère ; elle est reléguée sur un arrière-plan, où elle n’a presque aucun sens. Il s’en fallait pourtant que ces grands rêves fussent oubliés de tous. En Asie Mineure, le plus grand nombre des chrétiens en vivaient et ne voulaient pas qu’on cherchât ailleurs le vrai de la pensée de Jésus. À deux pas de l’école où s’élaboraient, ce semble, les écrits johanniques, un homme qui peut avoir eu des relations avec les auteurs de ces écrits travaillait dans un ordre d’idées entièrement différent ou, pour mieux dire, tout à fait opposé.

Nous voulons parler de Papias, évêque d’Hiérapolis[1], la personnalité la plus frappante d’un temps où deux chrétiens pouvaient encore différer l’un de l’autre à un point dont nous n’avons plus d’idée. On a souvent supposé que Papias fut disciple et auditeur de Jean[2]. C’est là sûrement une erreur. Papias n’a vu aucun apôtre ; il appartient à la troisième génération chrétienne ; il consulta ceux qui avaient vu les apôtres. C’était un homme soigneux, connaissant à fond les Écritures, chercheur à sa manière. Recueillir avec zèle et, à certains égards, avec critique les paroles de Jésus, commenter ces paroles au sens le plus littéral, les classer méthodiquement par ordre de matières, rassembler en un mot les traditions de l’âge apostolique déjà disparu, ce fut son œuvre. Il institua pour cela une vaste enquête, qu’il conduisit selon quelques-unes des règles qu’eût prescrites un sain jugement. Mécontent des petits livres que l’on présentait comme le tableau exact de la vie de Jésus, il crut pouvoir mieux faire et prétendit donner l’idée même de l’enseignement de Jésus. Il ne voulait croire que les renseignements originaux. Aussi passa-t-il sa vie à interroger ceux qui pouvaient savoir quelque chose de la tradition primitive.

Je n’étais pas, disait-il dans sa préface, comme la plupart, qui se laissent prendre au flux de paroles ; je n’aimais que ceux qui enseignent des choses vraies. Plein de défiance pour les préceptes bizarres qu’on fait circuler, je ne voulais connaître que ceux qui ont été confiés par le Seigneur à la foi de ses disciples et qui proviennent de la vérité elle-même. Si, par exemple, je rencontrais quelqu’un qui avait suivi les anciens, je le questionnais sur les discours des anciens. Que disait André ? Que disait Pierre ? Que disaient Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu ou tel autre des disciples du Seigneur ? [J’y joignais] ce que disent Aristion et Presbytéros Joannes, disciples [des disciples] du Seigneur. Car je ne pensais pas que tous les livres pussent m’apporter autant de profit que les données recueillies de la tradition vivante et permanente[3].


Aucun apôtre, en effet, n’existait plus depuis longtemps quand Papias conçut ce projet ; mais il y avait des personnes qui avaient encore connu des membres du cénacle primitif. Les filles de Philippe, parvenues à l’extrême vieillesse et l’esprit un peu égaré, avaient rempli Hiérapolis de leurs récits merveilleux. Papias les avait vues. À Éphèse et à Smyrne, Presbytéros Joannes et Aristion se prétendaient également dépositaires de précieuses traditions, qu’ils disaient, à ce qu’il semble, tenir de l’apôtre Jean. Papias n’était pas de l’école qui se rattachait à Jean et d’où sortit, dit-on, le quatrième Évangile. Il est probable cependant qu’il connut Aristion et Presbytéros[4]. Son livre était composé en grande partie de citations empruntées aux conversations de ces deux personnages[5], qui étaient évidemment à ses yeux les meilleurs représentants de la chaîne apostolique et de l’authentique doctrine de Jésus. Inutile d’ajouter que le judéo-chrétien Papias ne mentionne ni directement ni indirectement l’apôtre saint Paul.

Cette tentative de reconstruire l’enseignement de Jésus par la seule tradition orale, cent ans après sa mort, eût été un paradoxe, si Papias se fût interdit l’usage des textes écrits. Sa méthode, à cet égard, ne fut pas aussi exclusive qu’il semble le dire dans la préface. Tout en préférant la tradition orale, et bien que n’accordant à aucun des textes en circulation une valeur absolue, il lut les Évangiles dont les copies tombèrent sous sa main. Certes, il est fâcheux que nous ne puissions juger par nous-mêmes de l’état de ses connaissances à cet égard. Mais l’œil d’Eusèbe paraît avoir été ici fort sagace. Eusèbe a lu la plume à la main, selon sa méthode ordinaire, l’ouvrage de Papias, pour y relever les citations d’écrits canoniques. Il n’y a trouvé mentionnés que deux de nos Évangiles, celui de Marc et celui de Matthieu. Sur Marc, Papias rapportait un curieux jugement du Presbytéros et les allégations par lesquelles ce dernier traditionniste croyait excuser le désordre et le caractère fragmentaire de la rédaction dudit évangéliste[6]. Quant à l’Évangile dit de Matthieu, Papias le regardait comme une traduction libre et médiocrement fidèle de l’ouvrage composé en hébreu par l’apôtre de ce nom. Il l’estimait surtout à cause des paroles authentiques de Jésus qu’on y trouvait. Eusèbe rencontra de plus dans Papias une anecdote qui faisait partie de l’Évangile selon les Hébreux ; mais il n’est pas sûr que l’évêque d’Hiérapolis l’eût prise dans cet Évangile[7].

Ainsi, cet homme si instruit, si au courant des Écritures[8], qui avait fréquenté, dit-on, les disciples de Jean et tenait d’eux des paroles de Jésus[9], ne connaissait pas encore l’Évangile de Jean, ouvrage qui naquit, ce semble, à quelques lieues de la ville même qu’il habitait[10]. Certainement, si Eusèbe en eût découvert des traces dans les écrits de l’évêque d’Hiérapolis, il le dirait, comme il nous dit qu’il y a trouvé des citations de la première épître johannique. Ce qui est singulier, en effet, c’est que Papias, qui ne connaît pas l’Évangile de Jean, connaît l’épître supposée de Jean[11], qui est, en quelque sorte, une pièce destinée à préparer l’Évangile. Peut-être les faussaires lui communiquèrent-ils la lettre, mais non encore l’Évangile, pour lequel ils craignaient sa sévère critique. Peut-être y eut-il un intervalle entre la composition de l’épître johannique et celle de l’Évangile. On ne touche jamais à cette question des écrits attribués à Jean sans tomber dans les contradictions et les anomalies.

De cet ensemble de consciencieuses recherches, Papias composa cinq livres qu’il intitula : Exégèses ou « Expositions des paroles du Seigneur »[12], et qu’il regarda sûrement comme la parfaite image des enseignements de Jésus. La disparition de cet écrit est la plus regrettable perte qui ait été faite dans le champ de la primitive littérature chrétienne. Un grand nombre des difficultés qui nous arrêtent dans cette obscure histoire seraient sans doute levées, si nous possédions le livre de Papias. C’est probablement pour cela que nous ne l’avons plus. L’ouvrage de Papias était écrit à un point de vue si personnel, qu’il devint un scandale pour l’orthodoxie. Les quatre Évangiles prirent une autorité exclusive de toute autre. Dans cinquante ans, on trouvera des raisons mystiques pour prouver qu’il devait y en avoir quatre et qu’il ne pouvait y en avoir que quatre. Un auteur qui déclarait avoir tenu peu de compte de ces textes sacramentels ne pouvait rester en faveur.

Papias, d’ailleurs, malgré ses apparences de critique difficile, était d’une crédulité extrême. Il ajoutait aux Évangiles des choses qui, n’étant pas couvertes par l’autorité de l’inspiration, semblaient choquantes et absurdes. Auprès de son merveilleux, allant jusqu’à l’extravagance, Marc lui-même, avec sa lourde thaumaturgie, paraissait sobre. Les enseignements et les paraboles qu’il prêtait à Jésus étaient bizarres. L’ensemble avait cet air de fable[13] que les récits des Évangiles, au moins ceux des trois premiers, savent si bien éviter. Les miracles qu’il prêtait à Philippe, sur l’autorité de vieilles filles à demi folles, dépassaient la mesure ; ceux qu’il attribuait à Justus Barsabbas étaient en dehors de la tradition ; il racontait la mort de Jean[14] et surtout la mort de Judas[15], d’une façon dont personne n’avait entendu parler. Il n’y avait pas jusqu’aux rêveries gnostiques où il ne semblât verser parfois, au moins quand il prétendait que Dieu avait donné le gouvernement de la terre à des anges, qui s’étaient mal acquittés de leur devoir[16].

Mais ce qui contribua surtout à perdre Papias dans l’opinion orthodoxe, ce fut un millénarisme effréné. Son tort était de prendre l’Apocalypse de l’an 68 dans le sens où l’avait entendue son auteur. Il admettait, avec le voyant de Patmos, que, après la première résurrection des morts, il y aurait un règne corporel du Christ sur la terre, devant durer mille ans[17]. Voici ce qu’il faisait dire à Jésus, conformément à une tradition transmise par les presbyteri[18] :


Il viendra des jours où naîtront des vignes, dont chacune contiendra dix mille ceps, et dans chaque cep il y aura dix mille bras, et dans chaque bras dix mille rejetons, et dans chaque rejeton dix mille grains, et chaque grain pressé donnera vingt-cinq mille muids de vin. Et, quand un des saints saisira une des grappes, une autre criera : « Je suis meilleure, prends-moi ; bénis Dieu à mon sujet. » De même, chaque grain de froment produira dix mille épis, et chaque épi donnera dix mille grains, et chaque grain dix mille livres de farine. Il en sera de même pour les arbres fruitiers, pour les graines, pour les herbes, selon leurs propriétés particulières. Et tous les animaux, usant pour nourriture des simples fruits de la terre, seront pacifiques, bienveillants les uns pour les autres, soumis et respectueux envers l’homme.

On ajoutait que Judas refusa de croire à ces belles choses et fut, à partir du jour où il entendit son maître parler ainsi, à demi incrédule[19].

Papias n’usait pas non plus, dans le choix des paroles de Jésus, d’un discernement bien rigoureux, quand il attribuait au Christ des paroles qui paraissent avoir traîné dans les apocalypses juives, et se lisent en particulier dans l’Apocalypse de Baruch[20]. Son livre prouvait contre la thèse qui lui était si chère, et montrait quel service rendaient les Évangiles écrits, en arrêtant la dégradation des paroles traditionnelles de Jésus. Déjà les idées montanistes apparaissaient avec leur matérialisme naïf. Comme certains gnostiques, Papias ne conçoit pas la parfaite innocence de la vie sans l’abstinence de la chair des animaux. Le bon sens relatif des rêves galiléens a disparu pour faire place aux énormités du haut Orient. On vise à l’impossible, à une sorte de douceur subversive de l’humanité, comme celle que l’Inde seule a pu, au prix de son anéantissement politique, réaliser dans la vie.

L’Église orthodoxe aperçut très-vite le danger de ces chimères ; le millenium surtout devint pour tout chrétien sensé un véritable objet d’antipathie. Ne pas prêter à Jésus et aux apôtres une opinion qui, chaque jour, devenait une absurdité de plus en plus évidente ; écarter du seuil du christianisme cette colossale objection que l’idée dominante de ses fondateurs fut un rêve manifeste, devint la perpétuelle préoccupation des esprits qui, comme Origène, Denys d’Alexandrie, Eusèbe et les Pères hellénistes, ne virent dans la doctrine de Jésus qu’une philosophie révélée. On chercha tous les moyens possibles pour se débarrasser de l’Apocalypse[21]. Quant à Papias, qui, de tous les écrivains ecclésiastiques, était le plus fortement pénétré de la pensée primitive, sa fidélité à la tradition lui devint funeste. On s’efforça de le faire oublier ; on cessa de le copier ; les curieux seuls le lurent. Eusèbe, tout en ayant pour lui du respect, le déclare sans façon un petit esprit, un homme sans jugement[22].

Le tort de Papias fut d’être trop conservateur. À force d’être ami de la tradition, il parut arriéré. Le progrès du christianisme devait faire de lui un homme incommode, un témoin à supprimer. De son temps, il répondit sûrement à l’état de bien des esprits. Les millénaires le tinrent pour leur principale autorité[23]. Irénée l’estime hautement, le place immédiatement après les apôtres, sur le même pied que Polycarpe, et l’appelle, d’un nom fort bien approprié à son caractère, « un homme ancien[24] ». Le discours sur les vignes du royaume de Dieu paraît à l’évêque de Lyon beau et authentique. Irénée admet ces rêves d’un idéalisme concret, dans ce qu’ils ont de plus grossier[25]. Justin n’y est pas étranger[26] ; Tertullien[27] et Commodien[28] dépassent en matérialisme Papias lui-même. Saint Hippolyte[29], Méthodius[30], Népos, évêque d’Arsinoé en Égypte[31], Victorin de Pettau[32], Lactance[33], les apollinaristes[34], saint Ambroise[35], Sulpice-Sévère[36], ou si l’on veut saint Martin, sont à cet égard de la vieille tradition. Jusqu’au ve siècle, des fidèles très-authentiquement chrétiens soutiennent encore[37] que, après la venue de l’Antechrist et la ruine de toutes les nations, il y aura une première résurrection pour les seuls justes ; que ceux qui seront alors sur la terre, bons et méchants, seront conservés en vie, les bons pour obéir aux justes ressuscités comme à leurs princes, les méchants pour leur être assujettis. Une Jérusalem, toute d’or, de cyprès et de cèdre, rebâtie par les nations, qui viendront, conduites par leurs rois, travailler à relever ses murailles, — un temple restauré et devenu le centre du monde, — des tas de victimes autour de l’autel, — les portes de la ville ouvertes nuit et jour pour recevoir les tributs des peuples, — les pèlerins arrivant à leur rang, selon qu’il leur sera permis de venir toutes les semaines, tous les mois ou tous les ans, — les saints, les patriarches et les prophètes passant mille ans, au milieu d’un sabbat perpétuel, dans un parfait contentement avec le Christ, qui leur rendra au centuple ce qu’ils ont quitté pour lui, — voilà le paradis essentiellement juif, que plusieurs rêvaient encore du temps de saint Jérôme et de saint Augustin. L’orthodoxie combattait ces idées ; cependant, elles étaient exprimées dans un si grand nombre de passages des Pères, que l’on n’en fit jamais une hérésie strictement qualifiée. Saint Épiphane, rigoureux inquisiteur, qui cherche tous les moyens d’enrichir son catalogue d’hérésies en faisant deux et trois sectes avec une seule, n’a pas de chapitre spécial pour les millénaires. Il lui eût fallu, pour être conséquent, chasser préalablement l’Apocalypse du Canon. Or, malgré les plus ingénieux efforts des Pères grecs, on n’y put jamais réussir.

Il y avait, du reste, des degrés dans le matérialisme de ces naïfs croyants. Les uns, comme saint Irénée, ne voyaient dans la première résurrection qu’un commencement d’incorruption, un moyen de s’accoutumer à la vue de Dieu, un âge durant lequel les saints jouiraient de la conversation, de la compagnie des anges, et s’exerceraient avec eux dans les choses spirituelles. D’autres rêvaient un grossier paradis de buveurs et de mangeurs. Ils prétendaient que les saints passeraient ce temps dans des festins tout charnels ; que, durant ce règne du Messie, il naîtrait des enfants[38] ; que les seigneurs de ce monde nouveau rouleraient sur l’or et les pierres précieuses, toutes les créatures obéissant sur un signe à leur moindre désir.

Les idées de l’infini, de l’immortalité de l’âme, étaient si absentes de ces rêves juifs[39], que mille ans semblaient devoir suffire aux plus exigeants. Il eût fallu être bien avide de vie pour ne pas être, au bout de ce temps, « rassasié de jours » ! À nos yeux, un paradis de mille ans serait peu de chose, puisque chaque année nous rapprocherait du terme où tout s’évanouirait. Les dernières années qui précéderaient le néant nous paraîtraient un enfer, et la perspective de l’an 999 suffirait pour empoisonner le bonheur des années qui auraient précédé. Mais il ne faut pas demander de logique aux solutions que l’homme imagine pour sortir de l’intolérable destinée qui lui est échue. Invinciblement porté à croire au juste, et jeté dans un monde qui est l’injustice même, ayant besoin de l’éternité pour ses revendications, et brusquement arrêté par le fossé de la mort, que voulez-vous qu’il fasse ? Il s’accroche au cercueil, il rend la chair à l’os décharné, la vie au cerveau plein de pourriture, la lumière à l’œil éteint ; il imagine des chimères dont il rirait chez un enfant, pour ne pas avouer que Dieu a pu se moquer de sa création jusqu’à lui imposer le fardeau du devoir sans compensation.

  1. Irénée, V, xxxiii, 3-4 ; Eusèbe, III, xxxvi, 2 ; xxxix entier ; saint Jérôme, De viris ill., 18 ; cf. Epist. 28 et 29 (52, 53) ; Chron., p. 162, 163, Schœne. Le nom de Papias est fréquent en Asie Mineure, et en particulier à Hiérapolis. Le Bas, Inscr., III, 1690 ; Wagener, Inscr., p. 19. V. Saint Paul, p. 364, note 1 ; Gebh. et Harn., Patres apost., I, 2e partie, p. 103-104, note.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., III, xxxix, 2, rectifiant Irénée et sa propre Chronique. Voir les Évangiles, p. 424, note 2. Ses relations avec Polycarpe (Irénée, l. c.) n’ont pas plus de solidité ; elles ne reposent que sur une induction d’Irénée.
  3. Dans Eus., H. E., III, xxxix, 3 et 4.
  4. Eus., H. E., III, xxxix, 4, 7, 14 ; Irénée, V, xxxiii, 3-4. Le passage de Papias cité par Eusèbe n’implique pas, au premier coup d’œil, que Papias ait eu des rapports personnels avec Aristion et le Presbytéros. Mais Eusèbe, pour adopter cette interprétation, avait l’ensemble de l’ouvrage, où Aristion et Presbytéros Joannes étaient fréquemment allégués et où il pouvait y avoir des preuves de ces relations plus fortes que dans le passage cité. Irénée appelle les disciples qui étaient dépositaires de la tradition de Jean du nom de presbyteri. On suppose que, sous cette expression, se cache plus d’une fois le nom de Papias. Patres apost., de Gebh. et Harn., I, ii, p. 106, 113-114.
  5. Les citations de Presbytéros Joannes étaient amenées par ces mots : Καὶ τοῦτο ὁ πρεσϐύτερος ἔλεγε.
  6. Il est difficile de distinguer, dans ce passage, ce qui est du Presbytéros et ce qui est de Papias. Ce qui suit Οὔτε γάρ peut être de Papias.
  7. Eus., H. E., III, xxxix, 16. C’est probablement cette phrase d’Eusèbe qui a fait croire à Vartan Vartabed que Papias était l’auteur de l’anecdote de la femme adultère. V. Vie de Jésus, 13e édit. et suiv, p. 501, note 2 ; Journal asiatique, févr-mars 1867, p. 168.
  8. Ἀνὴρ τὰ πάντα ὅτι μάλιστα λογιώτατος, καὶ τῆς γραφῆς εἰδήμων. Eus., H. E., III, xxxvi, 2 (voir l’édition de Heinichen).
  9. Irénée, V, xxxiii, 3-4. Pour achever la singularité, le concours de Jésus qui serait ainsi parvenu à Papias de la bouche de Jean ou plutôt de ses disciples est, par le messianisme tout matériel qu’il respire, en flagrante contradiction avec l’Évangile dit de Jean.
  10. Le passage copié par Thomasius dans un manuscrit de la reine Christine, au Vatican, et relevé par M. Aberle, est sans aucune valeur. V. Zeitschrift für wiss. Theol., 1865, p. 77 et suiv. ; Gebh. et Harn., Patres apost., I, 2e part., p. 101-103.
  11. Eus., H. E., III, xxxix, 16. Eusèbe parle de citations directes (κεχρῆται μαρτυρίαις), et non d’allusions.
  12. Λογίων κυριακῶν ἐξηγήσεις. Les fragments ont été recueillis par Grabe, Routh, Münter, Pitra, et plus récemment par MM. de Gebhart et Harnack, Patr, apost., I, 2e partie, p. 87 et suiv., Leipzig, 1878, Plusieurs des passages qu’Irénée rapporte d’après les Presbyteri venaient de Papias. Gebh. et Harn., p. 105-114.
  13. Μυθικώτερα.
  14. Passage conservé par Georges Hamartolus. Cf. l’Antechrist, p. 562-563 ; les Évang., p. 431, note 2 ; Gebh. et Harn., p.96 et suiv.
  15. Œcumenius, In Act., i, 18 ; Théophylacte, In Matth., xxvii, 5, V. Vie de Jésus (13e édit. et suiv.), p. 454 ; Gebh. et Harn., p. 93 et suiv.
  16. Passage cité par André de Césarée, In Apoc., xii, 7 (ch. 34) ; Gebh. et Harn., p. 94.
  17. Cérinthe était dans les mêmes idées. Voir les passages de Caïus et de Denys d’Alexandrie, dans Eus., H. E., III, xxviii, 2-5. Cf. les Évangiles, 418 et suiv.
  18. Irénée, V, xxxiii, 3-4 (trad. arménienne, dans Spicil. Sol., I, p. 1-3).
  19. Irénée, V, xxxiii, 4.
  20. V. les Évangiles, p. 521-522. La coïncidence est évidente entre le morceau sur les vignes messianiques, prêté à Jésus par Papias, et le morceau de l’Apocalypse de Baruch, xxix, 5. Mais Papias n’a pas copié pseudo-Baruch. Son morceau est plus développé et plus original que celui de pseudo-Baruch. Tout cela venait probablement d’apocalypses écloses dans la crise de 68, 69, 70, apocalypses que plusieurs attribuaient à Jésus et dont les discours apocalyptiques, Matth., xxiv, Marc, xiii, sont des formes écourtées. V. l’Antechrist, p. 293 et suiv. Comparez aussi Hénoch, x, 19, et diverses chimères rabbiniques, dans Gebhardt et Harnack, Patres apost., 2e partie, p. 88-89.
  21. Vie de Jésus, p. 293, note 3 ; l’Antechrist, 374-375, note, 460-461.
  22. Σφόδρα γάρ τοι σμικρὸς ὢν τὸν νοῦν, ὡς ἂν ἐκ τῶν αὐτοῦ λόγων τεκμηράμενον εἰπεῖν, φαίνεται.
  23. Eus., H. E., III, xxxix, 13.
  24. Ἀρχαῖος ἀνήρ.
  25. Livre V, ch. xxxii-xxxvi. Ces chapitres sont supprimés dans la plupart des manuscrits. Voir Hist. litt. de la Fr., I, p. 346 ; comp. II, p. 111-112.
  26. Dial., 80, 81.
  27. Tertullien, In Marc., III, 24 ; De resurr. carnis, 25 ; De monog., 10.
  28. Commodien, Instr., ch. 43, 44, 45, 80 ; décret de Gélase, dans Labbe, Conc., IV, col. 1265.
  29. Dans Photius, cod. ccii.
  30. Conv. dec. virg., ix, p. 698 (Bibl. max. Patr., Lugd., III).
  31. Eus., H. E., VII, 24, 25 ; saint Fulg., Pro fide cathol., c. 2 ; Théodoret, III, 6.
  32. Saint Jérôme, In Ezech., xxxvi. Dans l’ouvrage que nous avons sous le nom de Victorin, le millénarisme est plutôt combattu.
  33. Instit., l. VII, c. 14, 19, 20, 24, 25, 26.
  34. Saint Jérôme, In Is., l. XVIII, proœm. ; In Ezech., xxxvi ; De viris ill., 18 ; saint Basile, Epist. 263 ; saint Grég. de Naz., Or., xxii, 13 ; Epist. 101, 102 ; Conc. de Labbe, III, col. 838, 842 ; décret de Gelase, dans Conc., t. IV, col. 1265.
  35. Enarr. in Psalm., i, c. 54 ; De fide resurr., II, 59.
  36. Dial. ii, c. 16.
  37. Origène, De princ., II, c. 11 ; In Matth., t. XVII, 35 ; Epiph., hær, lxvii, 36 ; Saint Augustin, De civ. Dei, XX, 7, 9 ; Sermon cclix, 2 ; saint Jérôme, In Is., liii, liv, lx ; proœm. in l. XVIII ; In Jer., xxxi ; In Ezech., xxxvi, xxxviii ; In Zach., xiv ; In Matth., xix ; Epist. ad Hedib., quæst. 2 ; Jules Hilarion, dans Bibl. Patr. de Gallandi, t. VIII, p. 238 ; Philastre, c. 19 ; Marius Victorinus, dans Maï, Script. vet., III, 2e part., p. 39. Pour l’épigraphie et la liturgie, voir Le Blant, Inscr. chrét. de la Gaule, II, p. 81 et suiv.
  38. Jésus combattait déjà cette conception. Marc, xii, 25 ; Matth., xxii, 30 ; Luc, xx, 35.
  39. L’éternité absolue des êtres n’entre pas non plus dans l’idée des sectes hindoues (Journ. des Sav., nov. 1878).