L’Église arménienne orientale/Troisième Partie


Troisième Partie


TROISIÈME PARTIE.




LITURGIE
DE NOTRE BIENHEUREUX PÈRE SAINT GRÉGOIRE L’ILLUMINATEUR,
REVISÉE ET AUGMENTÉE
PAR LES SAINTS PATRIARCHES ET DOCTEURS SAHAG (ISAAC),
MESROB, KUD ET JEAN MANTAGOUNI,
ou
ORDINAIRE DE LA SAINTE MESSE
À L’USAGE DE L’ÉGLISE ORTHODOXE ARMÉNIENNE ORIENTALE.




Avant de commencer le saint Sacrifice, le prêtre officiant doit se confesser à un autre prêtre ; puis, suivi des diacres, il entre dans la sacristie, et, pendant que ceux-ci revêtent les ornements sacrés, il récite à voix basse, alternativement avec un des diacres, les versets du psaume CXXXI :

Seigneur, souvenez-vous de David et de sa mansuétude.

Souvenez-vous qu’il a juré au Seigneur et a fait vœu au Dieu de Jacob :

Je n’entrerai point dans l’intérieur de mon palais, je ne monterai point sur la couche où je prends mon repos ;

Je n’accorderai point le sommeil à mes yeux, ni assoupissement à mes paupières,

Ni le repos à mon corps, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour le tabernacle du Seigneur, Dieu de Jacob.

Voilà que nous avons appris que l’arche a été dans Éphrata, et nous l’avons trouvée dans des plaines couvertes de forêts.

Nous entrerons dans son tabernacle, nous l’adorerons dans le lieu où ses pieds se sont reposés.

Levez-vous, ô Seigneur, pour entrer dans votre repos, vous et votre saint Testament.

Que vos prêtres se revêtent de justice, et que vos saints tressaillent d’allégresse.

À cause de David, votre bien-aimé, ne détournez pas votre face de votre Christ.

Le Seigneur a juré à David en vérité, et il ne l’a pas trompé.

Je placerai sur ton trône le fruit de tes entrailles.

Si tes fils observent ma loi et le témoignage que je leur enseignerai, leurs fils resteront assis sur ton trône, dans les siècles des siècles.

Car Sion a plu au Seigneur, et il y a choisi sa demeure.

Il a dit : C’est là qu’est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles ; c’est là que j’ai habité, parce que je m’y suis convenu.

Je comblerai ses veuves de mes bénédictions, et je rassasierai ses pauvres de pain.

Je revêtirai ses prêtres de salut, et ses saints seront dans les transports de la joie.

Là je ferai paraître la corne de David, et je préparerai le flambeau de mon Christ.

Je couvrirai ses ennemis de confusion ; mais sur lui brillera ma sainteté.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Unissons-nous pour prier le Seigneur de répandre sur nous les grâces de sa miséricorde ; que le Seigneur tout-puissant nous vivifie et ait compassion de nous.

Ayez pitié de nous, Seigneur notre Dieu, suivant la grandeur de votre miséricorde.

Disons tous ensemble :

Seigneur, ayez pitié de nous !

Cette invocation se répète douze fois.

Vous qui, enveloppé de lumière comme d’un vêtement, ô Jésus-Christ notre Seigneur, êtes apparu sur la terre dans une indicible humilité, et avez vécu parmi les hommes ; vous qui avez été le pontife éternel, selon l’ordre de Melchisédech, et avez orné votre sainte Église ; qui nous avez accordé, ô Seigneur tout-puissant, de nous parer du même vêtement céleste, rendez-moi digne maintenant, moi, votre pauvre serviteur, du ministère spirituel de votre gloire, dont j’ose m’approcher. Faites que je me dépouille de toutes mes iniquités, qui sont le vêtement de l’abomination, et que je sois brillant de votre lumière. Éloignez de moi toute souillure, effacez mes péchés, afin que je devienne digne de la splendeur que vous avez préparée. Faites-moi la grâce d’entrer avec la pompe sacerdotale dans votre sanctuaire, où je vais offrir le saint Sacrifice, en compagnie de ceux qui ont observé vos commandements avec un cœur pur, afin que je sois trouvé convenablement préparé pour entrer dans la chambre nuptiale, avec les vierges sages, et afin de vous glorifier, ô Jésus-Christ ! vous qui avez expié les péchés du monde ; car vous êtes la sanctification de nos âmes. C’est à vous, ô Dieu de miséricorde, que conviennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Avant de s’habiller, le prêtre ôte ses chaussures, et met des bas blancs et des sandales que l’on conserve pour cet usage à l’église. (Ce n’est qu’en sandales qu’il peut se présenter à l’autel pour dire la messe.) En même temps, les diacres s’approchent de lui et le revêtent des habits sacerdotaux. À chacune des parties du costume sacré, le diacre qui en est chargé dit :

Prions encore en paix le Seigneur.

Un autre diacre répond :

Seigneur, faites miséricorde.

Le prêtre. Bénédiction et gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Puis le prêtre dit, en mettant sur sa tête la couronne sacerdotale :

Placez sur ma tête, Seigneur, le casque du salut, afin que je combatte les forces de l’ennemi, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui sont dus gloire, puissance et honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre se revêtant de l’aube[1], dit :

Revêtez-moi, Seigneur, du vêtement de salut et de la tunique d’allégresse, et ceignez-moi de l’habit de rédemption, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Pour l’étole[2] :

Seigneur, entourez mon cou de justice, et purifiez mon cœur de toute souillure du péché, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Pour la ceinture :

Que la ceinture de la foi ceigne mon cœur et mon esprit, y détruise les pensées impures, et que la vertu de votre grâce y réside toujours, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Pour les manipules :

Seigneur, accordez la force à ma main, et lavez-moi de toute souillure, afin que je puisse vous servir avec une parfaite pureté d’âme et de corps, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Pour le vagas[3], mêmes oraisons que pour l’étole.
Pour la chasuble :

Seigneur, par votre miséricorde, couvrez-moi du vêtement de splendeur, et fortifiez-moi contre les assauts de l’Esprit du mal, afin que je sois digne de glorifier votre nom glorieux, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Après avoir revêtu tous les vêtements sacerdotaux, le prêtre ajoute :

Mon âme se réjouira dans le Seigneur, parce qu’il m’a revêtu du vêtement de salut et du manteau d’allégresse ; il a placé sur mon front, comme sur celui d’un époux, la couronne, et il m’a paré d’ornements, comme une mariée, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Pendant que le célébrant s’habille dans la sacristie, les clercs chantent à l’église l’hymne suivante :

Ô Mystère profond, incompréhensible et sans commencement, qui avez placé les Principautés célestes dans le séjour de la lumière impénétrable ; les chœurs des esprits de feu, entourés d’une gloire éclatante ;

Qui, par votre ineffable et merveilleux pouvoir, avez créé Adam à votre image souveraine, et l’avez entouré de pompe et de gloire, dans l’Éden, le jardin de délices ;

Par la passion de votre Fils unique, toutes les créatures ont été renouvelées, l’homme a repris de nouveau l’immortalité, et il a été paré d’un vêtement dont il ne pourra plus être dépouillé ;

Ô Esprit-Saint, Dieu, qui, sous la forme d’une pluie de feu d’une ineffable fécondité, êtes descendu sur les apôtres dans le cénacle sacré, répandez aussi sur nous votre sagesse, en même temps que nous nous revêtons de cette tunique.

À votre demeure appartient la sainteté, et puisque vous seul êtes enveloppé de splendeur et entouré d’une sainteté glorieuse, ceignez-nous de vérité.

Vous, qui avez étendu vos bras créateurs vers les étoiles, armez de force nos bras, afin qu’en levant nos mains, nous puissions nous rendre intercesseurs auprès de vous.

Par le diadème qui ceint notre tête, protégez notre pensée, et par l’étole, qui porte le signe de la croix, gardez nos sens, étole semblable à celle d’Aaron, belle, brillante de fleurs d’or pour l’ornement du sanctuaire.

Ô Dieu unique, véritable maître souverain de toutes les créatures, qui nous avez revêtus de la chasuble, symbole d’amour, pour nous rendre dignes ministres de votre saint mystère ;

Conservez, ô Roi céleste, votre Église inébranlable, et gardez en paix les adorateurs de votre saint nom.

Prières avant la liturgie.
Le prêtre, précédé du diacre, qui a dans la main gauche un cierge et à la main droite l’encensoir, sort de la sacristie et va se placer au milieu du chœur, au pied de l’estrade sur laquelle s’élève l’autel. On lui présente de l’eau pour se laver les mains ; et tandis qu’il remplit cette cérémonie, il dit à haute voix le psaume XXV :

Le prêtre. Je laverai mes mains avec sainteté, ô mon Dieu, et je me présenterai devant votre autel, ô Seigneur.

Le prêtre et le diacre alternent les versets suivants :

Jugez-moi, Seigneur, parce que j’ai marché dans l’innocence ; j’ai mis mon espérance dans le Seigneur, je ne serai pas confondu.

Éprouvez-moi, Seigneur, et sondez mon âme : éprouvez par le feu mes reins et mon cœur, car votre miséricorde est toujours devant mes yeux, et j’ai mis ma joie dans votre vérité.

Je ne siégerai pas dans les assemblées de vanité, et je n’entrerai point dans le conseil des méchants.

Je hais l’assemblée des pervers, et je n’ai pas pris place avec les impies.

Je laverai mes mains avec sainteté, et je me présenterai devant votre autel, ô Seigneur ;

Afin que j’entende la voix de vos louanges, et que je raconte moi-même vos merveilles.

Seigneur, j’ai aimé la beauté de votre maison, et le lieu où réside votre gloire.

Seigneur, ne perdez pas mon âme avec les impies, et ma vie avec les hommes de sang.

Leurs mains sont souillées d’iniquités, et leur droite est remplie de présents corrupteurs.

Pour moi, j’ai marché dans l’innocence ; délivrez-moi, et faites-moi miséricorde.

Mes pieds ne se sont pas détournés de votre voie ; je vous bénirai, Seigneur, dans l’assemblée de vos enfants.

Le prêtre continue seul à haute voix : Mon Dieu, par l’intercession de votre sainte Mère, daignez recevoir nos prières et sauvez-nous.

Le diacre. Que par l’intercession de la très-sainte Vierge et de tous les Saints auprès du Père céleste, il daigne avoir pitié de nous, et que dans sa bonté il sauve ses créatures ; Seigneur, notre Dieu tout-puissant, sauvez-nous et faites-nous miséricorde.

Le prêtre. Recevez, Seigneur, nos prières par l’intercession de la très-sainte Vierge, mère immaculée de votre Fils unique, et par l’intercession de tous vos Saints ; écoutez-nous, Seigneur, ayez pitié de nous, pardonnez-nous, purifiez-nous, effacez tous nos péchés, et rendez-nous dignes de vous glorifier avec actions de grâces, vous, votre Fils, et votre Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

L’officiant, se tournant vers le peuple, dit :

Je confesse devant Dieu, la sainte Vierge et tous les Saints, et devant vous, mes pères et frères, toutes les fautes que j’ai commises. J’ai péché par pensée, par parole et par action, et j’ai commis tous les péchés dont l’homme se rend coupable ; j’ai péché, et je vous en supplie, demandez pardon à Dieu pour moi.

Un des prêtres assistants répond à l’officiant :

Que le Dieu tout-puissant te fasse grâce, et daigne te remettre tous tes péchés passés et présents ; qu’il t’en préserve à l’avenir, te raffermisse dans la pratique de toutes les bonnes œuvres, et que dans la vie future il te reçoive dans son sein. Amen.

L’officiant, toujours tourné vers les fidèles, ajoute :

Que Dieu, dans son amour pour les hommes, vous affranchisse aussi, qu’il vous remette vos péchés et vous donne le temps de faire pénitence.

En se retournant vers l’autel :

Que le Dieu tout-puissant et miséricordieux dirige à l’avenir votre vie par la grâce du Saint-Esprit, lui, à qui appartient la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs. Souvenez-vous de nous, en présence de l’immortel agneau de Dieu.

Le prêtre. Vous ne serez pas oubliés devant l’immortel agneau de Dieu.

Les clercs chantent le psaume XCIX :

Vous tous, habitants de la terre, chantez le Seigneur, servez le Seigneur avec joie.

Présentez-vous devant lui avec allégresse ; sachez qu’il est le Seigneur notre Dieu.

C’est lui qui nous a créés et nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes, nous qui sommes son peuple et les brebis de ses pâturages.

Venez, en chantant, aux portes de son palais, venez avec des actions de grâces dans son parvis ; célébrez-le, bénissez son saint nom ;

Car le Seigneur est rempli de bonté ; sa miséricorde est éternelle, et sa vérité s’étend d’âge en âge.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Au nom de la sainte Église, nous prions Dieu qu’il nous délivre du péché et nous vivifie par la plénitude de sa grâce. Seigneur, Dieu tout-puissant, sauvez-nous et ayez pitié de nous.

Le prêtre. Dans ce temple et en présence de ces insignes vénérés, splendides et sacrés, et dans ce saint lieu, nous nous prosternons avec crainte devant vous, en glorifiant votre sainte, admirable et victorieuse résurrection, et nous vous offrons bénédiction et gloire, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles.

Le diacre encense le prêtre pendant que celui-ci dit la prière qui précède, puis tous les deux montent par les degrés de droite sur l’estrade où s’élève l’autel, le diacre étant en avant. Le prêtre, en montant vers l’autel, commence le psaume XLII :

Je m’approcherai de l’autel de Dieu, du Dieu qui remplit ma jeunesse de joie.

Avec le diacre alternativement :

Jugez-moi, Seigneur, et faites-moi justice dans ma cause ; sauvez-moi d’un peuple impie et de l’homme inique et trompeur.

Vous êtes ma force, ô mon Dieu ! Pourquoi m’avez-vous repoussé ? Pourquoi me laissez-vous marcher dans la tristesse, sous l’oppression de mon ennemi ?

Envoyez-moi votre lumière et votre vérité ; elles me guideront et me conduiront jusqu’à votre montagne sainte, dans vos tabernacles.

Je m’approcherai de l’autel de Dieu, du Dieu qui remplit de joie ma jeunesse ; je te confesserai avec bénédiction, ô Dieu, mon Dieu.

Pourquoi te troubler, ô mon âme ? Pourquoi gémir en moi ? Espère dans le Seigneur, je veux le louer encore. Le salut vient de son regard, il est mon Dieu.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Le diacre. Maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Prions encore en paix le Seigneur, et bénissons le tout-puissant Créateur, Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a rendus dignes d’avoir accès dans ce lieu de louanges, et d’y chanter des cantiques spirituels. Seigneur tout-puissant, notre Dieu, sauvez-nous et ayez pitié de nous.

Le prêtre. Dans ce tabernacle de sainteté, et dans ce lieu de louanges, habitation des Anges, sanctuaire d’expiation et de propitiation pour les hommes, à la vue de ces insignes splendides et divins, prosternés au pied du saint autel, nous adorons en tremblant et nous glorifions votre sainte, admirable et victorieuse résurrection, et nous vous offrons bénédiction et gloire, ainsi qu’au Père et à l’Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Après ces prières, on tire le rideau, qui reste fermé pendant tout le temps que dure l’oblation[4].
Oblation.
Pendant que le rideau est fermé, les clercs chantent des hymnes, suivant la solennité du jour. — Le prêtre va dans le sanctuaire derrière l’iconostase par la porte du nord, où se trouve la table de l’offertoire, et la baise.

Le diacre, à demi-voix : Prions en paix le Seigneur.

Le prêtre, à demi-voix : Bénédiction et gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre prend des mains du diacre le pain, et, le plaçant sur la patène, dit à demi-voix :

En mémoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Le diacre, en présentant le vin, prononce, ainsi que le prêtre, les mêmes paroles que pour le pain. Le prêtre prend le vin des mains du diacre et dit à demi-voix :

En mémoire de l’incarnation salutaire de Notre-Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ.

Il verse le vin dans le calice, puis il récite à voix basse la prière de l’oblation de saint Jean Chrysostome :

Ô Dieu ! notre Dieu, qui nous avez envoyé le pain céleste, la nourriture du monde entier, Notre-Seigneur et Dieu Jésus-Christ, notre Sauveur, Rédempteur et bienfaiteur, pour nous bénir et nous sanctifier ; vous-même, ô Seigneur, daignez bénir cette offrande et la recevoir sur votre autel céleste. Souvenez-vous, dans votre bonté et votre miséricorde, de ceux qui vous offrent ces dons, ainsi que de ceux pour lesquels ils sont offerts, et conservez-nous purs de toute faute, dans la célébration de vos divins mystères : car votre nom très-glorieux et sublime est sanctifié et glorifié, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Couvrant le calice avec le voile, il dit à voix basse le psaume XCII :

Le Seigneur règne, il s’est revêtu de gloire et de majesté ; le Seigneur s’est revêtu de force, il est sorti de son repos.

Il a affermi la vaste terre, et elle ne sera pas ébranlée. Ton trône, ô Jehovah ! était fondé avant tous les temps : tu es de toute éternité.

Ô Dieu ! la mer a fait entendre sa voix, la mer a soulevé ses flots au bruit de ses longs mugissements.

Admirables sont les soulèvements de la mer ; mais le Seigneur, qui est en haut des cieux, est encore plus admirable.

Ô Dieu ! tes oracles sont infaillibles ; la sainteté est l’ornement de ta demeure pendant toute la durée des siècles.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre bénit le calice en faisant par-dessus le signe de la croix trois fois de suite, et dit à voix basse :

Que le Saint-Esprit descende sur ces dons et que la puissance de Dieu les bénisse.

Le diacre présente l’encensoir au prêtre en disant :

Prions encore en paix le Seigneur qu’il nous exauce, nous sauve et ait pitié de nous.

Le prêtre. Que la bénédiction et la gloire soient au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Prenant l’encensoir, il encense les saintes espèces qui sont sur la table de l’offertoire, et dit à demi-voix :

Je vous offre cet encens, ô Notre-Seigneur Jésus-Christ, ce parfum spirituel ; acceptez-le dans votre sainte, céleste et immatérielle demeure, en odeur de suavité, et envoyez-nous en retour le don et la grâce du Saint-Esprit, car nous vous glorifions avec votre Père et le Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Tout en disant cette prière, il quitte la table de l’offertoire, et avec le diacre s’approche de l’autel, qu’il encense. À ce moment, le rideau s’ouvre et le prêtre descend de l’estrade où s’élève l’autel, et, précédé du diacre, qui tient un cierge, il fait le tour de l’église en encensant les saintes images et les fidèles.
Pendant cette cérémonie, les clercs chantent :

Ô Christ ! qui par votre sang avez rendu votre Église plus lumineuse et plus splendide que les cieux, et qui, à l’instar des chœurs célestes, y avez disposé les chœurs des apôtres, des prophètes et des saints docteurs ; maintenant réunis, nous prêtres, diacres, clercs et ecclésiastiques, nous vous offrons, ô Seigneur, l’encens, comme autrefois Zacharie ; que nos prières, qui montent vers vous, à travers ces nuages d’encens, vous soient agréables comme les sacrifices d’Abel, de Noé et d’Abraham ; et par l’intercession de vos Dominations célestes, soutenez pour toujours et rendez inébranlable le siége (patriarcal) d’Arménie.

Vers la fin de cette hymne, le prêtre, ayant fait le tour de l’église, remonte, par les degrés de droite, vers l’autel qu’il encense trois fois et baise, puis il prend l’encensoir des mains du diacre et se tient devant l’autel, tandis que le diacre est à sa droite.
Office divin de la Liturgie.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre. Béni soit le règne du Père, du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs. Fils unique et Verbe de Dieu immortel, vous qui avez voulu pour notre salut vous incarner dans le sein de votre sainte Mère, Marie toujours vierge, et devenir homme comme nous ; vous qui, dans votre crucifiement, ô Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, avez détruit la mort par votre mort, vous, l’une des trois personnes de la Trinité, et glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.

Le diacre. Prions encore en paix le Seigneur : recevez-nous, Seigneur, secourez-nous et faites-nous miséricorde. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre. Que la bénédiction et la gloire soient au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre, se tournant vers les fidèles, les bénit avec la main[5], et dit :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Prosternons-nous devant le Seigneur.

Les clercs. Devant vous, ô Seigneur.

Le prêtre. Seigneur notre Dieu, dont le pouvoir est sans limites et la gloire incompréhensible, dont la miséricorde est immense et la tendresse infinie, jetez les yeux, dans votre amour ineffable, sur votre peuple et sur ce saint temple, et usez envers nous et envers ceux qui sont unis à nous dans la prière, de miséricorde et de clémence. Car à vous appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs chantent les psaumes et les cantiques propres du jour, ainsi que les hymnes suivantes :

Que toute la terre glorifie notre Roi Jésus-Christ, qu’elle offre ses actions de grâce au Créateur du ciel et de la terre. Nous offrons à la sainte Trinité, Dieu unique, l’hommage et l’adoration dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre, pendant que les clercs chantent, dit à voix basse :

Seigneur, notre Dieu, sauvez votre peuple et bénissez votre héritage, conservez votre Église dans sa plénitude, sanctifiez ceux qui saluent avec amour la magnificence de votre maison ; rendez-leur gloire pour gloire par votre divine toute-puissance ; et ne nous abandonnez pas, nous qui mettons notre espérance en vous. Car à vous appartiennent la puissance, la force et la gloire, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Il ajoute à haute voix :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Amen.

Le prêtre, à haute voix. Vous qui nous avez enseigné à prier en commun et dans un même esprit, qui nous avez promis que les demandes de deux ou trois, unis en votre nom, seront exaucées, ô Seigneur, accueillez avec faveur les instances de vos serviteurs, en nous accordant en ce monde la connaissance de votre vérité, et en nous donnant dans le monde futur la vie éternelle ; parce que vous êtes un Dieu bienfaisant et plein d’amour, et qu’à vous appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles, des siècles. Amen.

Le prêtre se retourne et bénit les fidèles.
Les clercs chantent les hymnes propres du jour ; pendant ce temps, le prêtre dit à voix basse :

Seigneur notre Dieu, qui avez établi les ordres célestes et les légions des Anges et des Archanges pour le service de votre glorieuse Majesté, faites qu’à notre entrée s’unissent par leur présence vos saints Anges, pour vous servir avec nous et célébrer votre bonté.

Le diacre, à haute voix. Bénissez-nous, Seirgneur.

Le prêtre, à haute voix. Car à vous appartiennent le règne, la puissance et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Tous deux baisent l’autel.

Le diacre, à haute voix. Soyons attentifs.

Les clercs. Dieu saint, Dieu tout-puissant, Dieu éternel, crucifié pour nous, ayez pitié de nous[6].

Le trisagion se répète trois fois.
Pendant que les clercs chantent trois fois de suite le trisagion, l’archidiacre reçoit l’Évangile des mains du prêtre, et, l’élevant au-dessus de sa tête, il entre par la porte du nord dans le sanctuaire, fait le tour de l’autel derrière l’iconostase, et sort par la porte du sud. S’avançant à l’extrémité de l’estrade où s’élève l’autel, il présente l’Évangile à baiser au plus ancien des prêtres qui sont dans le chœur[7]. Puis le diacre rapporte l’Évangile sur l’autel, et le prêtre donne sa bénédiction à celui qui vient de baiser l’Évangile.
Pendant que les clercs chantent le trisagion, le prêtre prie à voix basse :

Dieu saint, qui vous reposez dans les Saints, et dont les Séraphins célèbrent les louanges par le chant du trisagion, à qui les Chérubins rendent gloire, à qui toutes les armées célestes offrent le tribut de l’adoration ; vous qui du néant avez appelé à l’existence toute créature, et fait l’homme à votre image et à votre ressemblance, et l’avez orné de toute votre grâce, en lui enseignant à chercher la sagesse et la prudence ; qui ne l’avez pas abandonné lorsqu’il devint pécheur, mais lui avez imposé une pénitence salutaire ; qui nous avez rendus, nous vos serviteurs vils et sans mérites, dignes de nous présenter en ce moment devant la gloire de votre saint autel, et de vous offrir l’adoration et la louange prescrites ; ô Seigneur, acceptez des lèvres de nous, pécheurs, cette bénédiction du trisagion, et conservez-nous par votre bonté ; pardonnez-nous toutes nos fautes volontaires et involontaires ; purifiez notre âme, notre esprit et notre corps ; et accordez-nous de vous servir dans la sainteté tous les jours de notre vie, par l’intercession de la très-sainte Mère de Dieu, et de tous vos saints, qui dès l’éternité vous ont été agréables.

À haute voix :

Car vous êtes saint, ô mon Dieu, et à vous appartiennent la gloire, le règne et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Prions encore en paix le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour la paix du monde et l’affermissement de la sainte Église, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour tous les évêques, saints et orthodoxes, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour monseigneur le très-saint patriarche N., afin qu’il lui soit accordé longue vie et salut pour son âme, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour notre archevêque ou évêque N. (le titulaire du siége auquel appartient l’église dans laquelle la messe est célébrée), prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour les docteurs, les prêtres, archidiacres et diacres et pour tous les serviteurs de l’Église, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

[Dans l’empire de Russie.

Le diacre. Pour notre très-pieux, très-puissant, très-auguste monarque Alexandre II Nicolaïevitch, empereur de toutes les Russies, afin qu’il lui soit accordé longue vie, puissance, paix et santé.

Le diacre mentionne nominativement tous les membres de la famille impériale.

Pour toute sa maison et son armée, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.]

Le diacre. Pour le repos des âmes des trépassés qui se sont endormis en Jésus-Christ, dans la foi véritable et orthodoxe, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Pour l’union de notre véritable et sainte foi, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Recommandons-nous tous, et chacun de nous mutuellement au Seigneur, le Dieu tout-puissant.

Les clercs. Nous nous recommandons à vous, ô Seigneur.

Le diacre. Seigneur Dieu, nous nous écrions tous d’une seule voix : Ayez pitié de nous, suivant votre grande miséricorde.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde. (Trois fois.)

Pendant ces prières, le prêtre, les mains levées, dit a voix basse :

Seigneur, daignez agréer cette fervente prière, que vous adressent vos serviteurs ; ayez pitié de nous, selon votre grande miséricorde. Répandez vos grâces sur nous et sur tout votre peuple, qui est dans l’attente, ô mon Dieu, de votre abondante miséricorde.

À haute voix :

Car vous êtes un Dieu bon et miséricordieux, et à vous appartiennent la gloire, la royauté et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs chantent les hymnes propres du jour.
Le lecteur lit l’Épître[8], après quoi le diacre dit :

Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre se tourne vers les assistants, les bénit en faisant le signe de la croix, et dit :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Écoutons avec crainte.

L’archidiacre. Le saint Évangile selon saint Matthieu ou l’un des trois autres évangélistes.

Les clercs. Gloire à vous, Seigneur, notre Dieu.

Le diacre. Soyons attentifs.

Les clercs. C’est Dieu qui parle.

L’archidiacre lit l’Évangile en se tenant au bord de l’estrade où s’élève l’autel. Pendant ce temps, le prêtre ôte sa couronne. La lecture étant finie, les clercs disent :

Gloire à vous, Seigneur notre Dieu.

Le prêtre remet sa couronne.
L’archidiacre, aussitôt après avoir lu l’Évangile, s’approche de l’autel, à la droite du prêtre, et, élevant l’Évangile au-dessus de sa tête, récite le symbole de Nicée :

Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né de Dieu le Père, avant tous les siècles ; Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui ont été faites toutes choses dans le ciel et sur la terre, visibles et invisibles ; lequel, pour nous autres hommes et pour notre salut, étant descendu du ciel, s’est incarné et fait homme, est né de la très-sainte Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit, a pris d’elle corps, âme et esprit, et tout ce qui est dans l’homme, en réalité et non figurativement ; qui a souffert, a été crucifié et enseveli, et est ressuscité le troisième jour ; est monté avec le même corps au ciel, où il est assis à la droite du Père, d’où il viendra avec le même corps, dans la gloire du Père, pour juger les vivants et les morts ; et dont le règne n’aura pas de fin. Nous croyons aussi au Saint-Esprit, incréé, souverainement parfait, qui a parlé dans la loi par les prophètes et dans les Évangiles ; qui est descendu au Jourdain, a annoncé l’Envoyé (le Christ) et a habité dans les saints.

Nous croyons aussi en une seule Église universelle, sainte et apostolique, à un baptême, à la pénitence pour l’expiation et le pardon des péchés, à la résurrection des morts, à l’éternel jugement des âmes et des corps, au royaume des cieux et à la vie éternelle.

Ceux qui disent qu’il y a eu un temps où le Fils n’existait pas, et qu’il y a eu un temps où l’Esprit-Saint n’existait pas, ou bien qu’ils ont été créés de rien ; ou bien que le Fils de Dieu et l’Esprit-Saint sont d’une essence différente ; ou encore qu’ils sont sujets au changement ou à l’altération : ceux-là sont excommuniés par l’Église catholique et apostolique.

Pendant que l’archidiacre récite le symbole de Nicée, un diacre encense l’autel et les clercs. Après que le symbole est fini, l’archidiacre donne l’Évangile à baiser au prêtre et dit :

Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre ajoute tout haut la profession de foi de saint Grégoire l’Illuminateur :

Oui, nous glorifions celui qui a été avant tous les siècles, en adorant la sainte Trinité et l’unique divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Prions encore en paix le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Prions encore avec foi, et demandons au Seigneur Dieu et notre Rédempteur Jésus-Christ, à cette heure du sacrifice et de la prière, qu’il rende nos vœux acceptables et qu’il écoute la voix de nos supplications ; qu’il accueille les demandes de notre cœur, efface nos péchés et ait pitié de nous ; que nos oraisons et nos prières soient admises toujours devant sa souveraine Majesté, et qu’il nous accorde de nous appliquer, dans l’unanimité de la foi et de la justice, aux bonnes œuvres, afin que le Seigneur tout-puissant répande sur nous les grâces de sa miséricorde, nous sauve, et ait pitié de nous.

Les clercs. Sauvez-nous, Seigneur.

Le diacre. Demandons au Seigneur qu’il nous accorde de passer en paix ce temps du saint Sacrifice et ce jour d’aujourd’hui.

Les clercs. Accordez-nous cela. Seigneur.

Le diacre. Demandons à Dieu l’ange de paix, pour gardien de nos âmes.

Les clercs. Accordez-nous cela, Seigneur.

Le diacre. Demandons à Dieu le pardon et la rémission de nos péchés.

Les clercs. Accordez-nous cela, Seigneur.

Le diacre. Demandons à Dieu, pour venir en aide à notre âme, les grandes et puissantes forces de la sainte Croix.

Les clercs. Accordez-nous cela, Seigneur.

Le diacre. Prions encore pour l’union de notre vraie et sainte foi.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Recommandons-nous tous et chacun de nous mutuellement au Seigneur Dieu tout-puissant.

Les clercs. Nous nous recommandons à vous, Seigneur.

Le diacre. Seigneur, nous nous écrions d’une commune voix : Ayez pitié de nous dans votre grande miséricorde.

Les clercs. Seigneur Dieu, faites miséricorde. (Trois fois.)

Pendant ces prières, le prêtre dit à voix basse :

Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur, si riche en miséricordes, et si généreux des dons de votre bonté, vous qui de votre propre volonté avez à cette heure même souffert la passion de la croix et la mort pour nos péchés ; vous qui avez abondamment départi les dons de votre Esprit-Saint aux bienheureux apôtres ; Seigneur, nous vous en supplions, faites-nous participants de vos dons divins, de la rémission des péchés, et de la réception de votre Saint-Esprit.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre. Afin que nous soyons dignes de vous glorifier en toute action de grâces, avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Se tournant vers les fidèles, le prêtre dit :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Adorons le Seigneur.

Les clercs. Nous vous prions, ô Seigneur.

À ces mots, les clercs et les assistants se mettent à genoux.

Le prêtre, à voix basse. Ô Christ, notre Rédempteur, vous qui êtes inaccessible à notre intelligence et au-dessus de toute parole humaine, raffermissez-nous et préservez-nous de tout mal ; placez-nous au rang de vos vrais adorateurs, qui vous rendent hommage en esprit et en vérité. Car à la très-sainte Trinité appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

À haute voix :

Béni soit Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre. Que le Seigneur Dieu vous bénisse tous.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Qu’aucun des catéchumènes et de ceux dont la foi est imparfaite ; qu’aucun des pénitents et des impurs ne s’approche de ce mystère divin.

Les clercs. Le corps de Notre-Seigneur, et le sang de notre Rédempteur sont prêts à se montrer à nous. Les Puissances célestes chantent, invisibles, et s’écrient sans interruption : Saint, Saint, Saint, est le Seigneur des armées.

Pendant que les clercs chantent cette hymne, le diacre ôte la couronne de la tête du prêtre, et lui retire aussi ses décorations, s’il en a, et même la croix pastorale avec l’image de Notre-Seigneur Jésus-Christ[9]. Le prêtre quitte en même temps ses sandales, et ne conserve aux pieds que ses bas.

Le diacre. Chantez des psaumes au Seigneur, notre Dieu, et des hymnes avec harmonie.

Les clercs chantent le trisagion.

Nous qui représentons d’une manière mystique les Chérubins, et qui chantons l’hymne trois fois sainte à la sainte Trinité, mettons de côté en ce moment toute sollicitude temporelle, afin d’accueillir le Roi du ciel et de la terre, auquel des légions d’Anges font une escorte invisible.

L’archidiacre[10], assisté d’un sous-diacre, encense l’autel et entre dans le sanctuaire où est placée la table de l’offertoire ; il encense le calice, rend l’encensoir au sous-diacre, et lui-même baise la table de l’offertoire ; il prend le calice qui soutient la patène, sur laquelle est le pain recouvert du voile, l’élève au-dessus de sa tête et se dirige à pas lents par la porte du sud vers l’autel ; dans sa marche, il est précédé du sous-diacre, qui encense devant lui.
Pendant qu’on chante le trisagion, et que les saintes offrandes sont apportées, le prêtre dit à voix basse :

Aucun de nous, qui sommes souillés des passions et des désirs charnels, ne peut être digne de s’approcher de votre autel, ou de servir votre glorieuse Majesté ; votre service étant quelque chose de grand et de terrible, même pour les armées célestes. Néanmoins, vous, ô incompréhensible Verbe du Père, dans votre infinie bonté, vous vous êtes fait homme, et notre souverain pontife. Maître de tous, vous nous avez confié le sacerdoce pour accomplir ce saint ministère et votre immolation non sanglante, parce que vous êtes le Seigneur notre Dieu, qui dominez sur toutes les créatures du ciel et de la terre, qui êtes assis sur les Chérubins comme sur un trône, Seigneur des Séraphins et roi d’Israël ; qui seul êtes saint et vous reposez dans les saints. Je vous supplie, vous qui êtes le seul miséricordieux et enclin à exaucer les vœux que l’on vous adresse, tournez, dans votre pitié, un regard sur moi, pauvre pécheur, et votre serviteur indigne, et purifiez mon âme et mon esprit de toute souillure du mal ; et, par la vertu de votre Esprit-Saint, rendez-moi digne d’être présent devant ce saint autel, moi qui suis revêtu de la grâce sacerdotale, et de consacrer votre corps immaculé et votre sang précieux. Baissant humblement mon front devant vous, je vous supplie de ne pas détourner de moi votre visage et de ne pas m’exclure du nombre de vos serviteurs ; mais de me rendre digne de vous offrir cette oblation, tout pécheur et indigne serviteur que je suis, puisque vous-même vous êtes offrant et offert, acceptant et donnant, ô Jésus-Christ notre Dieu ; vous à qui nous rendons gloire avec le Père sans commencement et l’Esprit très-saint et bienfaisant, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Après cette prière, le prêtre se place de côté, le visage tourné vers la porte du sud, par où l’on apporte les saintes offrandes ; il reçoit des mains du diacre l’encensoir avec lequel il encense l’autel et les saintes offrandes qui sont entre les mains de l’archidiacre. Puis il prend le calice recouvert du grand voile, avance vers l’extrémité de l’estrade où s’élève l’autel, et bénit les assistants avec le calice, qu’il replace ensuite sur l’autel. Après quoi, on lui présente à laver ses mains, et il dit à voix basse le psaume XXV : « Je laverai mes mains avec sainteté, etc., etc. » (Voir p. 114.) Les clercs et les fidèles, qui étaient à genoux, se relèvent.

Le diacre. Avec foi et sainteté, prosternons-nous pour prier, devant le saint autel de Dieu, pénétrés d’une crainte profonde, avec une conscience pure et sans scandale, sans hypocrisie et sans astuce, sans fourberie et sans duplicité, avec un esprit non chancelant ni douteux dans la foi ; mais avec une âme pleine de droiture, un esprit sincère, un cœur soumis, et une foi parfaite. Remplis de charité, comblés surabondamment de toutes les bonnes œuvres, persistons dans la prière devant ce saint autel de Dieu, et nous trouverons grâce au jour de la manifestation et à la seconde apparition de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; qu’il nous sauve et nous fasse miséricorde.

Les clercs. Seigneur, sauvez-nous et faites miséricorde.

Le prêtre, élevant ses bras vers le ciel, dit à voix basse l’oraison de saint Athanase, patriarche d’Alexandrie.

Seigneur, Dieu des armées et créateur de tout ce qui existe, qui avez tiré toutes choses du néant, et leur avez donné l’être ; qui, honorant la nature terrestre, l’avez élevée dans votre bonté jusqu’au ministère de ce redoutable et ineffable Sacrement ; vous, Seigneur, à qui nous offrons ce Sacrifice, recevez de nous ces précieux dons et faites qu’ils deviennent le mystère du corps et du sang de votre Fils unique ; accordez-nous que ce pain et ce calice deviennent pour nous la guérison et la rémission de nos péchés.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre finit sa prière à haute voix :

Par la grâce et la bonté de notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ, à qui appartiennent, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Se tournant vers les fidèles, il dit :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit. Amen.

Le diacre. Adorons Dieu.

Les clercs. En votre présence, ô Seigneur.

Le diacre. Donnez-vous les uns les autres le saint baiser de paix, et que ceux qui ne peuvent participer à ces divins mystères sortent et aillent prier dehors.

Le prêtre baise l’autel et se range un peu de côté ; le diacre baise l’autel et la main du prêtre ; il descend du côté des clercs, encense le plus ancien des prêtres assistants, lui baise la main et dit : « Jésus-Christ est avec nous. » Un des prêtres se tourne vers les fidèles et, s’adressant à l’un d’entre eux, lui donne la bénédiction : « Jésus-Christ est apparu parmi nous, » et ce mot solennel est répété par tous les fidèles, qui se saluent réciproquement, comme gage de paix.
Pendant ce temps, les clercs chantent :

Le Christ se manifestera parmi nous ; l’Être par essence, Dieu, élèvera ici son trône. La voix annonciatrice de la paix a retenti ; la sainte salutation a été publiée, l’Église est devenue un seul corps, et notre baiser le gage de cette union ; l’inimitié a été éloignée, et la charité a pénétré partout. Maintenant ouvrez vos lèvres, ô ministres du Seigneur, bénissez tous, d’un concert unanime, la Divinité consubstantielle, indivisible, pour qui les Séraphins chantent le trisagion.

Le diacre. Tenons-nous respectueusement et avec crainte, soyons attentifs pour offrir la sainte oblation.

Les clercs. À vous, ô Seigneur.

Le diacre. Le Christ, l’agneau immaculé de Dieu, s’offre comme victime.

Les clercs. La miséricorde, la paix et le sacrifice de bénédictions.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre, se tournant vers les assistants, les bénit en faisant le signe de la croix, et dit :

Que la grâce, l’amour, et la puissance sanctifiante du Père, du Fils et du Saint-Esprit soient avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Gardez les portes, les portes ! avec le plus de vigilance et de circonspection possible ; élevez en haut votre esprit dans la crainte de Dieu.

Les clercs. Nous le tenons élevé vers vous, ô Dieu tout-puissant.

Le diacre. Rendez grâces au Seigneur de tout votre cœur.

Les clercs. Il est digne et juste de l’adorer.

Le prêtre, à voix basse. Il est vraiment juste et raisonnable de vous adorer toujours et avec une ardeur incessante, de vous glorifier, ô Père tout-puissant, qui, par l’œuvre de votre Verbe inscrutable et créateur avec vous, avez détruit l’obstacle que faisait peser sur nous la malédiction. Le Verbe, ayant de son peuple formé l’Église, s’est approprié ceux qui croient en vous ; et, par la nature humaine qu’il a prise dans le sein de la sainte Vierge, s’est plu à habiter parmi nous ; daignant accomplir une œuvre toute nouvelle, il a fait de la terre le ciel. Ainsi celui en présence duquel n’osaient se tenir les légions qui veillent sans cesse (les anges), atterrées par la splendeur fulgurante et inaccessible de sa divinité, celui-là, ayant daigné se faire homme pour notre salut, nous a fait la grâce de nous unir avec les habitants du ciel en un même chœur spirituel.

À haute voix :

Les Séraphins et les Chérubins, d’un concert unanime, chantent à haute voix l’hymne sacrée, et redisent sans cesse : Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées.

Les clercs. Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées. Votre gloire remplit le ciel et la terre ; Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ; Hosanna au plus haut des cieux !

Le prêtre, à voix basse, et en élevant ses bras vers le ciel, dit :

Saint, Saint, Saint vous êtes véritablement, et plénitude de sainteté. Y a-t-il quelqu’un qui puisse jamais donner l’idée par la parole des profusions répandues sur nous du sein de votre infinie bonté, vous qui, dès le premier âge, étendant votre providence sur l’homme pécheur, l’avez secouru en diverses manières, et par les prophéties, et par la sanction de la loi, et par le sacerdoce, et par l’oblation des génisses, comme figure d’un autre sacrifice ? Au terme des jours fixés, voulant effacer la condamnation que nos dettes avaient attirée sur nous, vous nous avez donné votre Fils unique, dette et débiteur, immolé et consacré, agneau et pain céleste, souverain pontife et victime ; car il est le distributeur, et c’est lui qui est distribué parmi nous sans cesse et sans jamais être épuisé. S’étant fait homme en vérité et non en apparence, et par une union sans confusion s’étant incarné dans le sein de la Mère de Dieu et toujours vierge Marie, il a cheminé en voyageur à travers toutes les passions de la vie humaine, pur de péché ; et il s’est dirigé spontanément vers la croix, salut du monde et notre rédemption.

Le prêtre baise l’autel, soulève le voile qui recouvre le calice, prend de dessus la patène le pain entre les mains, et continue ainsi :

Il prit le pain entre ses mains saintes, divines, immaculées et vénérables, et lorsqu’il eut rendu grâces, et l’eut béni, sanctifié et rompu, il le donna à ses saints disciples et apôtres, en disant :

En prononçant ces paroles, le prêtre bénit le pain et trace avec le doigt quatre parts sur l’Hostie, puis il ajoute à haute voix :

Prenez et mangez, ceci est mon corps, qui est rompu pour vous et pour tous, pour la rémission des péchés.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre continue à voix basse :

Pareillement, il prit le calice qu’il bénit, et le présenta à ses fidèles et saints disciples qui étaient réunis avec lui, en disant :

Tout haut :

Buvez-en tous, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour vous et pour tous, pour la rémission des péchés.

Les clercs. Amen.

Les clercs. Père céleste, qui avez livré votre Fils en holocauste pour nous, en le chargeant du poids de nos dettes, par l’effusion de son sang nous implorons votre miséricorde en faveur de votre troupeau.

Le prêtre finit cette prière à voix basse.

Votre Fils unique, notre Sauveur, nous prescrivit de faire ceci en mémoire de lui, et, descendu dans le tombeau avec un corps de même substance que le nôtre, il renversa la puissance de l’enfer et vous manifesta à nous, comme l’unique et vrai Dieu, le Dieu des vivants et des morts.

Le prêtre, prenant dans ses mains les saintes offrandes, dit à voix basse :

C’est pourquoi en commémoration de ce commandement salutaire, de sa passion, de son crucifiement, de son ensevelissement pendant trois jours, de sa résurrection, de son ascension, par laquelle il monta au ciel pour s’asseoir à votre droite, ô Père ; de son second et glorieux avénement, célébrant ce divin mystère de son corps et de son sang, nous vous confessons et nous vous bénissons.

Le diacre. Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre, posant le calice sur l’autel, ajoute à haute voix :

Nous vous offrons ces dons qui sont les vôtres, en toutes choses et pour tout.

Les clercs. Vous êtes béni en tout, ô Seigneur ; nous vous bénissons, nous vous rendons grâces, nous vous louons, et nous vous adressons nos supplications à vous, notre Seigneur Dieu.

Pendant que les clercs chantent, le prêtre, élevant les mains vers le ciel, dit à voix basse :

Il est juste, Seigneur Dieu, de vous louer, de vous remercier toujours ; car vous n’avez pas dédaigné notre indignité, et vous nous avez admis au ministère de ce saint et ineffable Sacrement, non pour aucun mérite à nous appartenant, dont nous sommes et nous nous reconnaissons, hélas ! exempts et privés, mais confiants uniquement dans votre miséricorde sans bornes, nous osons nous acquitter du ministère du corps et du sang de votre Fils unique, notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Prosternons-nous devant Dieu.

Les clercs. Devant vous, Seigneur. Fils de Dieu, qui, vous étant offert au Père en sacrifice pour opérer notre réconciliation, êtes distribué parmi nous comme le vrai pain de vie ; nous vous prions, par l’effusion de votre sang divin, d’avoir pitié du troupeau racheté par vous.

Le prêtre, inclinant la tête, dit :

Nous vous adorons, nous vous supplions et vous prions, ô Dieu clément, de faire descendre votre Esprit-Saint sur nous et sur ces dons que nous vous offrons.

Le prêtre, s’inclinant, bénit le pain, et dit à voix basse :

Par l’œuvre duquel vous ferez du pain consacré le corps véritable de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. (Trois fois.)

Le diacre, à voix basse. Amen. (Trois fois.) Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre bénit le vin, et dit à voix basse :

Par l’œuvre duquel vous ferez du calice consacré le sang véritable de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. (Trois fois.)

Le diacre, à voix basse. Amen. (Trois fois.) Seigneur, bénissez-nous.

Le prêtre, bénissant les deux saintes espèces, dit à voix basse :

Par l’œuvre duquel vous ferez du pain et du vin consacrés le corps et le sang véritable de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, en vertu de la transsubstantiation accomplie par votre Saint-Esprit.

Le diacre. Amen. (Trois fois.)

À partir d’à présent, le prêtre, en priant, ne lève plus ses bras vers le ciel.

Le diacre, tout haut. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Afin que ces saints mystères deviennent pour nous, qui ici communions, l’expiation et la rémission de nos péchés et ne tournent pas à notre condamnation.

Les clercs. Ô Saint-Esprit, descendu du ciel, et opérant par nos mains le mystère de celui qui est glorifié avec vous, nous vous prions, par l’effusion de son sang, de donner la paix aux âmes de nos trépassés.

Le prêtre, pendant ce temps, prie à voix basse.

Par lui, accordez la charité, la stabilité et la paix, dans tout l’univers, à votre sainte Église, à tous les évêques orthodoxes, aux prêtres, aux diacres, rois de ce monde, aux princes, aux peuples, aux voyageurs, aux navigateurs, aux prisonniers, à ceux qui sont exposés aux périls ou qui succombent sous la fatigue, et à tous ceux qui sont en guerre avec les barbares.

Par ce sacrifice, accordez aussi une bonne température à l’air, la fertilité aux campagnes, et à tous les malades une prompte guérison.

Par ce même sacrifice, donnez le repos à ceux qui se sont déjà endormis dans la paix du Seigneur, évêques, prêtres, diacres, et tout le clergé de votre sainte Église, ainsi qu’à tous les laïques, hommes et femmes, qui ont quitté cette vie dans la foi.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre, haut. Daignez aussi nous visiter, Dieu de bonté, nous vous en supplions.

Les clercs. Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde.

Le prêtre. Nous vous prions de faire mémoire, dans ce saint Sacrifice, de la Mère de Dieu, la sainte Vierge Marie, de saint Jean-Baptiste, de saint Étienne, protomartyr, et de tous les Saints.

Les clercs. Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde.

Le diacre. Nous vous prions de faire mémoire dans ce saint Sacrifice des apôtres et prophètes, des saints pères, des martyrs, de tous les saints patriarches, des évêques apostoliques, des prêtres et diacres orthodoxes et de tous les Saints.

Les clercs. Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde.

Le diacre. Adorons la résurrection bénie et digne de louanges, glorieuse, admirable et divine, de Notre-Seigneur Jésus-Christ[11].

Les clercs. Gloire à ta résurrection, ô Seigneur.

Le diacre. Nous vous prions de faire mémoire dans ce saint Sacrifice de ceux qui nous ont annoncé les premiers la parole de l’Évangile, les premiers pontifes nos illuminateurs, les saints apôtres Thaddée et Barthélemy, de notre illuminateur Grégoire, des saints Aristacès, Verthanès, Houssig, Grigoris, Nersès, Sahag (Isaac), Daniel et Khat, Mesrob, du docteur Grégoire de Nareg et de saint Nersès Glaïetsi, Jean Orodnetsi, Grégoire et Moïse Dathevatsi, ainsi que des saints Grégoire et Nersès et de leurs disciples, et de tous les pères et prélats de l’Arménie.

Les clercs. Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde.

Le diacre. Nous vous prions de faire mémoire de nos pères les anachorètes, des saints moines inspirés de Dieu, Paul, Antoine, Paul, Macaire, Onuphre, Marc abbé, Sérapion, Nil, Arsène, Évagre, Barsouma, des martyrs qui eurent pour chefs Jean, Siméon[12], Osgui[13], et Soukias[14] ; ainsi que de tous les saints pères et de leurs disciples dans le monde entier.

Les clercs. Seigneur Dieu, souvenez-vous et faites miséricorde.

Le diacre. Nous vous prions encore de faire mémoire des rois Abgare, Constantin, Tiridate, Théodose, et de tous les saints et fidèles monarques, princes pieux et orthodoxes.

Les clercs. Seigneur Dieu, souvenez-vous et faites miséricorde.

Le diacre. Nous vous prions de faire mémoire dans ce saint Sacrifice de tous les fidèles, en général, hommes et femmes, vieillards et enfants, et de ceux de tout âge, qui se sont endormis saintement en Jésus-Christ dans la foi.

Les clercs. Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde.

Pendant ces commémorations, le prêtre dit à voix basse :

Souvenez-vous, Seigneur, et ayez pitié de votre sainte Église, catholique et apostolique, que vous avez rachetée par le sang sacré de votre Fils unique, et que vous avez délivrée par sa sainte Croix ; bénissez-la et donnez-lui une paix inaltérable. Souvenez-vous, Seigneur, de tous les évêques orthodoxes qui, suivant la véritable doctrine, nous distribuent la parole de vérité.

Le prêtre. Seigneur, bénissez-nous.

[Dans l’empire de Russie.

Le prêtre, à haute voix. Avant tout et en particulier nous vous prions, Seigneur Dieu, de vous souvenir de notre très-pieux, très-puissant, très-auguste monarque, l’empereur Alexandre II Nicolaïevitch, et de toute la famille impériale, chaque membre nominativement, de toute sa maison et de son armée chrétienne ; qu’il leur soit accordé santé, salut, et une paix inaltérable dans une longue vie.

Les clercs. Amen.]

Le prêtre continue. Nous vous prions encore, Seigneur, pour le très-vénérable patriarche de la nation arménienne, le saint catholicos N. ; conservez-le pour votre sainte Église, à laquelle il dispense fidèlement la parole de vérité.

Les clercs. Amen.

Le prêtre continue. Nous vous prions encore, Seigneur, pour notre archevêque l’éminentissime N. (avec le nom de son siége) ; conservez-le de longues années, lui qui nous distribue fidèlement la parole de vérité.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Nous vous offrons, Seigneur Dieu, nos actions de grâces et nos adorations pour le Sacrifice saint non sanglant offert sur cet autel ; qu’il soit pour nous la sanctification de notre vie, et que nous en recevions l’amour, la constance, et une paix inaltérable en faveur du monde entier, de la sainte Église, de tous les évêques et archevêques orthodoxes, du très-vénérable patriarche de la nation arménienne, le saint catholicos N., de notre archevêque l’éminentissime N. (avec le nom du siége), ainsi que du prêtre qui célèbre aujourd’hui vos saints mystères.

[Dans l’empire de Russie.

Accordez la force et la victoire à notre très-pieux, très-puissant et très-auguste monarque Alexandre II Nicolaïevitch, empereur de toutes les Russies, et à toute la famille impériale, chaque membre nominativement, à toute sa maison, ses chefs militaires et à son armée chrétienne.]

Nous vous supplions et nous vous prions pour le repos de l’âme des fondateurs de cette Église, et pour ceux dont les corps reposent ici ou en tout autre lieu. Nous vous demandons la délivrance de nos frères captifs, le bonheur de tout le peuple ici présent, et le repos pour tous ceux qui dans la foi et la sainteté ont terminé leur carrière mortelle en Jésus-Christ. — Veuillez faire mémoire dans ce saint Sacrifice de tous ceux que nous venons de mentionner.

Les clercs. En tout et de tous.

Pendant ces commémorations, faites par le diacre, le prêtre dit à voix basse :

Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde ; bénissez votre peuple ici assemblé, ceux qui vous présentent et ceux qui ont fourni les offrandes pour la célébration de ce saint Sacrifice, et soyez-leur propice en tout ce qui peut leur être utile et nécessaire.

Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde ; bénissez les hommes pieux, ceux qui dispensent leurs dons à notre sainte Église, et ceux qui ont des entrailles compatissantes pour les pauvres ; et rendez-leur, dans la mesure de votre libéralité spontanée, une récompense centuple dans le siècle présent et dans la vie à venir.

Souvenez-vous, Seigneur, et faites miséricorde ; soyez propice aux âmes des défunts ; donnez-leur le repos et la lumière, et placez-les avec vos Saints dans le royaume des cieux, en les rendant dignes de votre miséricorde.

Souvenez-vous encore, Seigneur, de l’âme de vos serviteurs N. N.

Ici le prêtre nomme les défunts dont c’est l’anniversaire, ayant été averti d’avance par leurs parents.

Souvenez-vous aussi, Seigneur, de tous ceux qui, vivants ou morts, se sont recommandés à nos prières ; dirigez leurs désirs et les nôtres vers la fin la plus droite et la plus profitable, en les comblant tous des biens d’une félicité impérissable. Purifiez nos pensées, et faites de nous des temples dignes de recueillir le corps et le sang de votre Fils unique, notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ, à qui, comme à vous, Père tout-puissant, et à l’Esprit de vie et de sainteté notre libérateur, appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre, bénissant le peuple. Que la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Prions encore en paix le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre, ayant fait la commémoration de tous les Saints, dit : Prions encore en paix le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Prions le Seigneur pour ceux qui offrent en ce moment le saint et divin Sacrifice sur cet autel.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Prions le Seigneur, notre Dieu, lui qui a daigné recevoir ces dons dans sa sainte, céleste et immatérielle demeure, afin qu’il répande sur nous, en retour, sa grâce divine et l’effusion de son Esprit-Saint.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Protégez-nous et conservez-nous, Seigneur ; faites-nous miséricorde par votre grâce.

Les clercs. Seigneur, sauvez-nous, et faites miséricorde.

Le diacre. Ayant fait mémoire de la très-sainte Mère de Dieu, toujours vierge, Marie, et de tous les Saints, prions le Seigneur.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Prions tous ensemble pour l’unité de notre véritable et sainte foi.

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde.

Le diacre. Recommandons-nous tous et chacun de nous mutuellement au Seigneur Dieu tout-puissant.

Les clercs. Nous nous recommandons à vous, ô Seigneur.

Le diacre. Mon Dieu, ayez pitié de nous, selon votre grande miséricorde, et écrions-nous tous d’une seule voix :

Les clercs. Seigneur, faites miséricorde. (Trois fois).

Pendant ce temps, le prêtre prie à voix basse :

Dieu de vérité et Père de miséricorde, nous vous remercions pour la faveur que vous nous avez faite d’honorer notre race coupable en l’élevant au-dessus des bienheureux patriarches. Par eux vous avez été appelé Dieu, mais par nous, vous vous plaisez à être affectueusement nommé Père. Maintenant nous vous prions, ô Seigneur, de faire chaque jour resplendir de plus en plus, au milieu de votre sainte Église, ce nom nouveau et si honorable pour nous.

Le diacre. Bénissez-nous, ô Seigneur.

Le prêtre, à haute voix. Et permettez-nous d’ouvrir la bouche d’un ton filial, en vous invoquant comme notre Père céleste, de chanter et de dire :

Les clercs. Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien, et pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, et ne nous induisez point dans la tentation, mais délivrez-nous du mal.

Pendant que les clercs chantent l’Oraison dominicale, et que le diacre encense, du haut de l’estrade où s’élève l’autel, les clercs et les assistants, le prêtre dit à voix basse :

Seigneur des Seigneurs, Dieu des Dieux, Roi éternel et créateur de tous les êtres, Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ne nous induisez pas dans la tentation, mais délivrez-nous du mal et sauvez-nous des embûches du démon.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre, à haute voix. Car à vous appartiennent la royauté, la puissance et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Se tournant vers le peuple, il dit :

Que la paix soit avec vous tous.

Les clercs. Et avec votre esprit.

Le diacre. Inclinez vos têtes devant le Seigneur.

Les clercs. En votre présence, ô Seigneur.

Les clercs, ainsi que le peuple, s’agenouillent, et le prêtre, s’étant incliné, dit à voix basse :

Esprit-Saint, source de vie, effusion de miséricorde, ayez pitié de tout ce peuple ici présent, prosterné devant votre Divinité, conservez-le dans l’innocence ; imprimez dans l’âme de chacun d’eux cette humilité qu’il montre extérieurement, pendant qu’il demande à recevoir la sainte communion comme gage de son salut à venir.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre, à haute voix. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur, auquel, ainsi qu’au Saint-Esprit et au Père tout-puissant, appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Soyons attentifs.

Le prêtre, élevant la sainte Hostie. Aux Saints, les choses saintes !

Les clercs. Un seul Saint, un seul Seigneur Jésus-Christ dans la gloire de Dieu le Père. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Béni soit le Père saint, vrai Dieu.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Béni soit le Fils saint, vrai Dieu.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Béni soit l’Esprit-Saint, vrai Dieu.

Les clercs. Amen.

Le diacre. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre. Bénédiction et gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs. Amen.

Les clercs continuent :

Le Père est saint, le Fils est saint, l’Esprit est saint. Bénédiction au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.

Pendant que les clercs chantent, le prêtre dit à voix basse :

Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, du haut de votre sainte demeure et du trône de gloire où vous régnez, jetez un regard sur nous ; venez nous sanctifier, vous qui êtes assis avec votre Père au plus haut des cieux, et qui, en même temps, êtes présent ici avec nous invisiblement ; par votre toute-puissance, rendez-nous dignes, nous et tout votre peuple, de participer à la communion de votre corps immaculé et de votre sang précieux.

Ayant fini cette prière, le prêtre baise l’autel et le calice, et, ôtant le voile du calice, il trempe le corps de Jésus-Christ dans le sang sacré, et continue à voix basse :

Seigneur notre Dieu, qui avez bien voulu nous appeler chrétiens, du nom de votre Fils unique ; vous qui nous avez donné le baptême spirituel pour la rémission des péchés, et qui avez daigné nous admettre à la communion du corps immaculé et du sang précieux de votre Fils unique ; nous vous prions aujourd’hui, Souverain céleste, de ne pas nous juger indignes de recevoir ces saints mystères pour la rémission de nos péchés, et de vous glorifier, avec reconnaissance, vous, votre Fils et votre Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre, prenant le calice dans ses mains, se tourne vers les assistants, et dit à haute voix :

Communions au saint, très-saint corps et au sang précieux de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qui est descendu des cieux et se livre à nous. Ceci est la vie, l’espérance, la résurrection, l’expiation et la rémission des péchés.

Chantez des louanges au Seigneur notre Dieu ; entonnez des psaumes au Roi des cieux, qui est assis sur le char des Chérubins.

Le prêtre s’en revient à l’autel ; on tire le rideau pendant que le diacre dit à haute voix :

Chantez les louanges du Seigneur notre Dieu ; entonnez en chœur des hymnes sacrées, car à lui il appartient d’être glorifié par des psaumes, des bénédictions et des cantiques spirituels.

Ministres des autels, chantez des psaumes, et louez le Seigneur qui est dans les cieux.

Les clercs et les assistants, qui étaient agenouillés, se relèvent.

Les clercs. Le Christ, offert en sacrifice, est distribué parmi nous. Alleluia.

Il nous donne son corps en nourriture et nous désaltère de son sang précieux. Alleluia.

Approchez-vous du Seigneur et recevez sa lumière. Alleluia.

Mangez et voyez combien le Seigneur est bon. Alleluia.

Bénissez le Seigneur dans les cieux. Alleluia.

Bénissez-le dans le haut des cieux. Alleluia.

Bénissez-le, ô vous, ses Anges. Alleluia.

Bénissez-le, ô vous, ses Dominations. Alleluia.

Pendant que les clercs chantent, le prêtre prend la sainte Hostie dans ses mains, la baise et dit à voix basse :

Quelles bénédictions et quels remercîments vous adresserai-je pour ce corps et pour cette coupe ?

Ô Jésus, c’est vous seul que nous bénirons avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Je crois et je confesse, Seigneur, que vous êtes le Christ, Fils de Dieu, et que vous avez racheté nos péchés.

Le prêtre, rompant la sainte Hostie en quatre parcelles, les met dans le calice, et dit à voix basse :

La plénitude du Saint-Esprit.

Prenant une parcelle de l’Hostie dans ses mains, il prie à voix basse :

Ô Père saint, qui nous avez appelés du même nom que votre Fils unique, et nous avez éclairés par le baptême régénérateur ; rendez-nous dignes de recevoir ce saint Sacrement de l’autel en rémission de nos péchés. Imprimez en nous la grâce de votre Esprit-Saint, comme en vos saints apôtres, qui, en s’en nourrissant, sont devenus les purificateurs de tout l’univers. Maintenant, ô Père bienfaisant, faites que cette communion ait pour moi l’effet de la cène des disciples, et qu’elle dissipe les ténèbres de mes péchés. Ne regardez point mon indignité, et n’arrêtez pas la grâce de votre Esprit-Saint ; mais, selon votre amour infini, accordez-nous que ce sacrement soit pour l’expiation de nos péchés et l’absolution de nos fautes, comme l’a dit et promis Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Celui qui mangera de mon corps et boira de mon sang vivra éternellement. » Faites donc que ceci devienne pour nous la purification de toute souillure, afin que ceux qui en mangeront et en boiront rendent bénédiction et gloire à vous, ô Père, ainsi qu’au Fils, et à votre Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Toujours à voix basse :

Que la paix soit avec vous tous.

Je vous remercie, Christ roi, de ce que, tout privé de mérite que je suis, vous m’avez rendu digne de participer à votre corps et à votre sang sacrés. Je vous supplie maintenant, ô Seigneur, de faire que ces dons ne soient pas ma condamnation, mais servent d’expiation et de pardon à mes péchés, de salut à mon âme et à mon corps, et d’accomplissement de toute œuvre de vertu. Que ce divin mystère sanctifie mon âme, mon esprit et mon corps, afin que je puisse devenir le temple et la demeure de la très-sainte Trinité, et me trouver digne, en union avec vos Saints, de vous glorifier, ainsi que le Père et l’Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Oraison de saint Jean Chrysostome.

Je vous rends grâce, je vous exalte, je vous glorifie, ô Seigneur mon Dieu, parce que, de très-indigne que j’étais, vous m’avez rendu digne en ce jour de participer à vos divins et redoutables mystères, à votre corps immaculé et à votre précieux sang. Maintenant, prenant pour intercesseurs ces saints et sacrés mystères, je vous supplie de me conserver tout ce jour et à toute heure de ma vie dans votre sainteté ; afin qu’ayant toujours souvenir de votre bonté, je vive avec vous, qui, pour l’amour de nous, avez souffert, êtes mort et êtes ressuscité. Ne laissez point approcher de moi, ô Seigneur Dieu, l’exterminateur infernal, vous qui avez déjà imprimé en mon âme le signe de votre précieux sang. Vous qui êtes tout-puissant, purifiez-moi par la vertu de ce divin mystère de toute œuvre de mort, vous qui seul êtes sans péché. Fortifiez ma vie contre toute tentation, afin que l’ennemi se retire plein de honte et de confusion toutes les fois qu’il voudra s’élever contre moi. Guidez les mouvements de ma pensée et de ma langue, et chacun des pas de mon corps. Séjournez toujours en moi, selon votre infaillible promesse : « Celui qui mange mon corps et qui boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. » Vous l’avez dit, ô très-clément, oh ! faites que l’effet réponde à ces divines et irrévocables paroles ; parce que vous êtes un Dieu de miséricorde, de clémence et d’amour, le dispensateur de tout bien, et qu’à vous appartient la gloire, ainsi qu’au Père, et à votre Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre, faisant le signe de la croix, communie de la première parcelle du saint corps, ainsi que du sang sacré, et dit :

Que votre corps incorruptible soit pour moi la source de vie, et votre sang sacré la propitiation et la rémission de mes péchés.

Aussitôt que le prêtre a communié, le rideau s’ouvre et le diacre dit à haute voix :

Approchez avec crainte et avec foi, et communiez avec sainteté.

Les clercs. Notre Dieu et notre Seigneur nous est apparu. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Le prêtre, prenant des deux mains[15] le calice, se tourne vers les assistants, et, les bénissant, dit à haute voix :

Sauvez, mon Dieu, votre peuple, et bénissez votre héritage ; conservez-les et protégez-les maintenant et à jamais.

S’il y a des communiants, après que le diacre a dit : « Approchez dans la crainte de Dieu et avec foi, » et pendant que les clercs chantent : « Notre Dieu et notre Seigneur nous est apparu, » le prêtre prend le calice et s’avance jusqu’à l’extrémité de l’estrade où s’élève l’autel ; le diacre prend de dessus l’autel le voile du calice, et, se plaçant à la gauche du prêtre, soutient aussi le calice en laissant pendre un bout du voile. Alors les fidèles s’approchent, les bras croisés sur la poitrine, se prosternent à plusieurs reprises, et reçoivent une parcelle du corps et du sang de Jésus-Christ, que le prêtre prend du calice et leur met dans la bouche, en disant à chacun :

Que le corps incorruptible de Jésus-Christ te donne la vie éternelle, et que son précieux sang soit pour la rémission de tes péchés.

Chaque fidèle, après avoir communié, s’essuie la bouche avec le bout du voile et baise le pied du calice. La communion étant finie, le prêtre dit, en bénissant avec le calice les communiants et tous les assistants :

Sauvez, mon Dieu, votre peuple, et bénissez votre héritage, etc.

Après quoi il reporte le calice sur l’autel.
Le rideau se ferme encore une fois et les clercs chantent :

Nous sommes comblés, Seigneur, de vos biens, étant nourris de votre corps et de votre sang. Gloire au plus haut des cieux, à vous qui nous avez rassasiés, à vous qui nous nourrissez sans cesse, qui répandez sur nous votre bénédiction spirituelle. Gloire au plus haut des cieux, à vous qui nous avez rassasiés.

Pendant que les clercs chantent, le prêtre dit la prière d’action de grâces à voix basse :

Nous vous remercions, Père tout-puissant, qui nous avez préparé ce port assuré, la sainte Église, temple de sainteté où est glorifiée la très-sainte Trinité. Alleluia.

Prenant la seconde parcelle de la sainte Hostie, il communie et dit à voix basse :

Nous vous remercions, Christ roi, de nous avoir donné la vie par votre corps et votre sang vivifiants et sacrés. Accordez-nous le salut et usez envers nous de miséricorde. Alleluia.

Prenant la troisième parcelle de la sainte Hostie, il communie et dit à voix basse :

Nous vous remercions, Esprit-Saint, qui avez renouvelé la sainte Église. Conservez-la sans tache dans la foi en la sainte Trinité, dès à présent et jusqu’à la fin des siècles. Alleluia.

Il communie de la quatrième parcelle.
Puis il consomme ce qui reste dans le calice, l’essuie, le recouvre du voile et le donne à l’archidiacre, qui le reporte sur la table de l’offertoire.

Le diacre, à haute voix. Prions en paix le Seigneur, après avoir participé aux mystères divins, célestes, immortels, très-saints et incorruptibles, et remercions-en dignement le Seigneur.

Les clercs. Nous vous remercions, ô Seigneur, vous qui nous avez nourris à votre sainte table. Vous nous avez donné votre corps et votre sang pour le salut du monde entier et pour la vie de nos âmes.

Pendant que les clercs chantent, le prêtre dit à voix basse :

Nous vous remercions, Christ Dieu, qui nous avez accordé une telle nourriture, don de bonté, pour vivre saintement. Grâce à elle, conservez-nous purs et immaculés, demeurant en nous avec votre divine protection. Dirigez-nous dans la voie de votre sainte et bienfaisante volonté, par laquelle, aguerris contre toute attaque de Satan, nous puissions jouir de l’avantage d’écouter uniquement votre voix, de ne suivre que vous seul, puissant et vrai pasteur, et d’obtenir de vous le lieu préparé dans votre royaume céleste, ô notre Dieu, Seigneur et Rédempteur, Jésus-Christ, qui êtes béni avec le Père et l’Esprit-Saint, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Il continue à voix basse :

Que la paix soit avec vous tous.

Puis encore à voix basse :

À l’inscrutable et incompréhensible Divinité en trois personnes ; à la sainte, consubstantielle, vivifiante et indivisible Trinité, appartiennent la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

On donne au prêtre à laver ses mains, après quoi il remet sa couronne, sa croix pastorale et ses décorations, s’il en a. Le rideau s’ouvre.

Le diacre, à haute voix. Bénissez-nous, Seigneur.

Le prêtre baise l’autel, ayant dans ses mains le saint Évangile, et, précédé du diacre qui encense, il descend par les degrés de droite et vient dans le chœur, qui est au bas de l’estrade de l’autel, se place la face tournée vers l’autel, et dit à haute voix :

Seigneur, qui daignez bénir ceux qui vous bénissent, et sanctifier ceux qui mettent en vous leur espérance, sauvez votre peuple et bénissez votre héritage. Conservez votre Église dans sa plénitude ; purifiez ceux qui aiment la gloire et la magnificence de votre maison ; glorifiez-nous par votre divine puissance, et ne nous abandonnez pas, nous qui mettons en vous toute notre espérance. Donnez la paix au monde, aux Églises, aux prêtres, aux princes chrétiens et à leurs sujets qui sont sous les drapeaux, [Dans l’empire de Russie, on ajoute : à notre très-pieux souverain Alexandre II Nicolaïevitch, empereur de toutes les Russies, à ses armées], et à tout votre peuple, parce que toute grâce et tout don parfait viennent d’en haut et émanent de vous, ô Père des lumières. Nous vous rendons gloire, actions de grâces et adoration, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Les clercs. Amen. Que le nom du Seigneur soit béni dès à présent, et jusque dans l’éternité. (Trois fois.)

Le prêtre, se tournant vers les assistants, dit :

Seigneur Jésus-Christ notre Dieu qui êtes la sanctification de la loi et des prophètes, qui avez accompli l’œuvre de la volonté de votre Père pour notre salut, remplissez-nous aussi de votre Esprit-Saint.

Le diacre. Debout !

Le prêtre, tourné vers le peuple, le bénit avec l’Évangile :

Que la paix soit avec vous tous.

Le diacre. Écoutons avec respect.

Le prêtre. Lecture du saint Évangile selon saint Jean.

Les clercs. Gloire à vous, Seigneur notre Dieu.

Le diacre. Soyons attentifs.

Les clercs. C’est Dieu qui parle.

On ôte au prêtre sa couronne, et, la tête découverte, tourné vers le peuple, il lit le saint Évangile : « Au commencement était le Verbe[16], » etc. Après quoi il remet sa couronne.

Les clercs. Gloire à vous, Seigneur notre Dieu.

Le diacre. Prions le Seigneur notre Dieu, par la sainte Croix, qu’il nous délivre de nos péchés et nous sauve par la grâce de sa miséricorde. Dieu tout-puissant, notre Seigneur, sauvez-nous et faites miséricorde.

Le prêtre bénit les assistants en faisant avec l’Évangile le signe de la croix, et dit :

Conservez-nous en paix, ô Jésus-Christ notre Dieu, sous la protection de votre sainte Croix ; défendez-nous contre nos ennemis visibles et invisibles, et daignez nous permettre de vous glorifier avec votre Père et votre Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Le diacre. Je bénirai le Seigneur en tout temps ; que toujours sa louange soit sur mes lèvres.

Le prêtre bénit encore une fois les assistants avec l’Évangile, et dit :

Que la bénédiction du Seigneur repose sur vous par l’opération du Saint-Esprit ; allez en paix, et que le Seigneur soit avec vous tous. Amen.

Le prêtre baise l’Évangile, puis le donne à baiser aux prêtres et aux clercs, et ensuite à tous les assistants. Après quoi les assistants reçoivent du pain bénit, que leur distribue le diacre. Dans l’intervalle, les clercs chantent en entier le psaume XXXIII.

Je bénirai en tout temps le Seigneur ; sa louange sera toujours dans ma bouche, etc.

Après ce psaume, les clercs ajoutent :

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.

Alleluia. Alleluia. Alleluia. Gloire à vous, Seigneur Dieu.

Le prêtre se rend dans la sacristie, quitte ses habits sacerdotaux et puis dit, en s’inclinant trois fois, l’Oraison dominicale.


NOTIONS ADDITIONNELLES
SUR
LA LITURGIE, LES SEPT SACREMENTS,
LES OBSERVANCES,
LA HIÉRARCHIE ECCLÉSIASTIQUE, LES VÊTEMENTS SACERDOTAUX,
ET LA FORME INTÉRIEURE DES ÉGLISES
CHEZ LES ARMÉNIENS.




I. L’Église arménienne orientale n’a qu’une seule liturgie, dont l’origine remonte au premier siècle du christianisme, et qui a été tirée de celle de Jérusalem. Plus tard, au commencement du quatrième siècle, saint Grégoire l’Illuminateur y ajouta diverses prières, et y introduisit le symbole de Nicée, avec l’addition des paroles suivantes, que prononce le prêtre après le symbole : « Oui, nous le glorifions, celui qui était avant tous les siècles, en adorant la sainte Trinité et l’unique divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen[17]. »

En 430, cette liturgie fut revisée par le patriarche arménien Sahag (Isaac), en collaboration avec le savant archimandrite Mesrob, et un peu plus tard par les patriarches Kud et Jean Mantagouni. Ils y ajoutèrent beaucoup de prières d’après saint Jean Chrysostome et saint Basile le Grand. C’est cette même liturgie qui est, jusqu’à présent, en usage chez les Arméniens.

II. L’Église d’Arménie a sept sacrements : 1° le baptême ; 2° la confirmation ; 3° l’eucharistie ; 4° la pénitence ; 5° l’ordre ; 6° le mariage ; 7° l’extrême-onction. À ce sujet, voici en quoi elle diffère des Églises grecque et latine.

Le baptême se fait par immersion dans l’eau, répétée trois fois comme emblème de l’ensevelissement de Jésus-Christ pendant trois jours. Puis, l’enfant reçoit l’onction du saint chrême, ensuite la communion sous les deux espèces[18].

La confirmation est administrée aux enfants immédiatement après le baptême.

L’eucharistie est donnée à tous, sous les deux espèces, mais avec du pain azyme et du vin sans mélange d’eau. Nul n’est admis à la communion sans confession préalable, excepté les enfants au-dessous de sept ans.

La pénitence s’accomplit par le jeûne et la confession.

Dans le sacrement de l’ordre, le prêtre est consacré par le saint chrême.

Le mariage a lieu de la même manière que chez les Grecs, mais avec quelques changements dans les prières.

L’extrême-onction n’est pratiquée dans l’Église arménienne que pendant les maladies et au lit des prêtres mourants. Les simples fidèles ne sont pas administrés par l’huile sacrée ; mais les prêtres lisent au chevet du malade les prières qui accompagnent ce sacrement.

L’Église d’Arménie, dans sa croyance sur la vie à venir et le jugement dernier après la résurrection des morts, se base sur les paroles des évangélistes saint Jean, V, 28 et 29, et saint Matthieu, XXV, 46. Elle adresse à Dieu des prières pour les morts et pour le pardon de leurs péchés, mais elle n’admet pas de purgatoire[19], et ne reconnaît pas les indulgences.

III. Elle solennise le dimanche et toutes les grandes fêtes, aux mêmes jours que l’Église grecque[20]. Elle prescrit le jeûne le mercredi et le vendredi, et a les mêmes carêmes que les Grecs ; mais la durée de quelques-uns n’est pas pareille. Ces temps d’abstinence forment en tout dans l’année vingt-sept semaines, qui sont réparties de la manière suivante :

Une semaine pour le carême de Noël.

Sept semaines pour le grand carême avant Pâques, en comptant la semaine de la Passion.

Une semaine pour le carême institué par saint Grégoire l’Illuminateur, en mémoire de la conversion de l’Arménie au christianisme. Ce carême est nommé aradchavork, c’est-à-dire, qui précède. (Voir pages 102 et 183.)

Une semaine pour le carême de saint Élie.

Une semaine pour celui qui précède la fête de saint Grégoire l’Illuminateur.

Une semaine pour celui de la Transfiguration.

Une semaine pour celui de l’Assomption de la sainte Vierge.

Une semaine pour l’Exaltation de la sainte Croix.

Une semaine pour l’Apparition de la Croix sur le mont Varak (dans la Grande-Arménie).

Une semaine pour le carême de saint Jacques de Nisibe.

Une semaine pour le carême nommé Hisnagats.

Et dix semaines, qui se composent des mercredis et vendredis des semaines de l’année qui ne sont pas d’abstinence en entier.

En tout, cent quatre-vingt-neuf jours de jeûne et de maigre.


Pendant les carêmes et les jours maigres, c’est-à-dire les vendredis et les mercredis, il est strictement défendu de manger d’aucune sorte de viande et de poisson, de faire usage de beurre, de fromage et de lait. Il n’y a que deux jours d’abstinence dans l’année où l’Église arménienne permette, en considération de la solennité de la fête prochaine, le poisson, le laitage et les œufs. Ces deux jours sont les veilles de Noël et de Pâques, après les vêpres et la messe du soir, jours où la messe se dit aussitôt après vêpres, ainsi que chez les Grecs ; et comme on lit à cette liturgie l’Évangile de la résurrection, l’Église autorise l’adoucissement de la sévérité du carême, après l’office et dès que le soleil est couché, vers les sept heures du soir.

IV. La hiérarchie, dans le clergé arménien, compte trois degrés : l’épiscopat, le sacerdoce et le diaconat.

L’épiscopat se subdivise en trois degrés : archevêque, évêque et archimandrite ou vartabed (docteur)[21]. Ce n’est qu’un archevêque qui peut être élu catholicos, c’est-à-dire chef suprême de l’Église arménienne.

Le diaconat a deux rangs : les archidiacres, qui seuls ont le droit de lire l’Évangile et de porter le calice de la table de l’offertoire à l’autel, et les diacres.

Le clergé se partage encore en deux classes distinctes : le clergé noir et le clergé blanc, comme s’expriment les Grecs. Les évêques et les archimandrites, qui sont moines, constituent le clergé noir. Les prêtres et les diacres appartiennent au clergé blanc. Parmi les moines, il y a aussi des archidiacres et des diacres.

Les prêtres et les diacres, avant leur ordination, doivent indispensablement avoir contracté mariage ; mais une fois veufs ils n’ont plus la liberté de se remarier. Ils peuvent rester alors dans leur paroisse. S’ils veulent parvenir à un rang plus élevé, il faut qu’ils embrassent la vie monastique.

V. Le costume des moines et celui du clergé blanc sont à peu près les mêmes que chez les Grecs, sauf que les bonnets ou calottes des moines sont recouverts d’un capuchon noir en forme de cône.

Le clergé arménien porte les cheveux longs et se laisse croître la barbe. Lorsqu’un prêtre se trouve à l’église pendant la messe ou les vêpres, il ne peut rester avec le costume qu’il a dans la vie ordinaire : il doit, pour chanter dans le chœur, se revêtir du philon (manteau) d’étoffe noire.

Dans l’empire de Russie, les prêtres du clergé blanc obtiennent des distinctions pour leur zèle et les services qu’ils rendent dans leurs fonctions. Si l’archevêque de leur diocèse juge à propos de les leur accorder, il doit en demander l’autorisation au catholicos. La première récompense est un manteau en étoffe violette, que les prêtres reçoivent et portent à l’église, lorsqu’ils se placent dans le chœur. La seconde est la croix pastorale en or, qu’ils mettent au cou, attachée à une chaîne du même métal. La troisième est le bonnet ou calotte hémisphérique qui recouvre le haut de la tête, et se nomme thassag ou bien skouphia ; elle est en velours violet. Cette distinction existe aussi parmi le clergé grec.

Le vêtements sacerdotaux se rapprochent beaucoup de ceux des Grecs. La principale différence est :

Pour les évêques. Ils ont conservé la chasuble (schourschar) en velours broché d’or, et n’ont point adopté le sakkos des Grecs, sorte de dalmatique ressemblant à celle des diacres, portée jadis par les patriarches de Constantinople, et qui n’a été adoptée que fort tard dans l’Église grecque pour tous les évêques. Ils ont de plus la mitre latine que les évêques ont prise en 1181, pour se distinguer des archimandrites et des prêtres, qui, en célébrant la messe, portent aussi la mitre grecque surmontée d’une croix[22]. Quant aux autres parties de l’habit sacerdotal, elles sont tout à fait les mêmes que chez les Grecs.

Pour les prêtres. Les archimandrites et les prêtres, pendant qu’ils célèbrent la messe ou qu’ils administrent les sacrements du baptême, de la confirmation, du mariage et de l’extrême-onction, doivent avoir la mitre grecque, qui est l’emblème de leur dignité, et la chasuble, qui est plus longue que celle des Grecs et qui s’agrafe sur la poitrine. Le prêtre officiant doit revêtir aussi le collier, qui se place sur les épaules autour du cou, et qu’on nomme vagas en arménien. Il rappelle un peu l’amict des Latins, mais il est ordinairement en métal et demi-circulaire ; sur sa partie extérieure sont représentées le plus souvent les figures des douze apôtres, comme emblème des douze tribus d’Israël.

Le prêtre à l’autel a aux pieds des sandales ; mais, à partir du trisagion, il doit les quitter et ne garder que ses bas. Dès ce moment, il ôte aussi ses décorations, et même la croix pastorale que les prêtres grecs et arméniens ont au cou, comme insigne de distinction ; il dépose aussi la couronne, et ne la remet qu’après avoir consommé le sacrifice non sanglant.

Les habits des diacres sont absolument les mêmes que ceux des diacres grecs.

VI. Les églises arméniennes, dans leurs dispositions intérieures, rappellent à très-peu de chose près les églises grecques. L’autel, tourné toujours vers l’orient, est placé sur une estrade élevée nommée Pem, le βῆμα des Grecs. Cette estrade a de sept à huit pieds carrés. La cloison à laquelle sont attachées les saintes images ou l’iconostase n’est pas avancée comme chez les Grecs, mais elle est sur la même ligne que l’autel, qui y est enclavé pour ainsi dire, précisément à l’endroit où, chez les Grecs, se trouvent les portes saintes ; à l’autel est adossée toujours une grande image.

L’autel est recouvert, comme celui des Grecs, sur tous les côtés, d’une étoffe brochée d’or ou d’argent : au-dessus s’élèvent deux gradins sur lesquels sont placés des images, des croix et des cierges. Ordinairement il y a douze cierges.

La cloison du sanctuaire a deux portes, l’une du nord, et l’autre du sud. Devant la cloison, dans toute la longueur de l’estrade où s’élève l’autel, il y a un rideau qu’on tire pendant l’oblation, et ensuite au moment où le prêtre communie. Derrière cette cloison, à gauche, se trouve un espace où est placée la table de l’offertoire, et sur laquelle se fait l’oblation. C’est de là que l’archidiacre, après le trisagion, transporte le calice, par la porte du sud, sur l’autel.

Les églises arméniennes sont surmontées de la croix, qui est toujours tournée vers l’orient.



FIN.
  1. En grec, στοιχάριον ; en russe, stikhar.
  2. En grec, ἐπιτραχήλιον ; en russe, epitrakhil.
  3. Le vagas est un ornement demi-circulaire, qui se place sur les épaules et autour du cou, et qui a quelque analogie avec l’amict des prêtres latins. Il est ordinairement en métal, et à l’extérieur sont représentées souvent les figures des douze apôtres.
  4. En grec, προσϰομιδή ; en russe, proskomidia. — Si c’est un évêque qui dit la messe, le rideau se ferme un peu plus tard. Monté à l’autel, l’évêque ôte sa mitre, se met à genoux et récite à haute voix deux prières de saint Grégoire de Nareg, puis il se relève, et le diacre dit : « Seigneur, bénissez-nous. » — L’Évêque. « À vous, Seigneur, appartiennent la grâce, la puissance, l’amour des hommes et la gloire dans les siècles des siècles. » Ce n’est qu’alors qu’on tire le rideau.
  5. Si c’est un archevêque ou un évêque qui officie, il bénit avec la croix jusqu’au moment du trisagion.
  6. Cette formule du trisagion est celle qui est employés pour le dimanche et les jours ordinaires ; mais, dans certaines solennités, on remplace les mots crucifié pour nous, par d’autres paroles appropriées à la fête du jour. (Voir 1re partie, Précis de l’histoire de l’Église arménienne, p. 43.)
  7. Chez les Grecs, c’est le prêtre officiant qui baise l’Évangile et fait le tour de l’autel avec le diacre.
  8. Celui qui fait la lecture de l’Épître et de l’Évangile doit être tourné vers les assistants et non vers l’autel, comme chez les Grecs.
  9. C’est l’insigne que reçoivent les prêtres grecs et arméniens en Russie pour prix de leur zèle dans leurs fonctions.
  10. L’archidiacre a seul le privilége de lire l’Évangile, et de porter les saintes offrandes de la table de l’offertoire à l’autel. S’il n’y a pas d’archidiacre, alors c’est le prêtre officiant lui-même qui accomplit cette double cérémonie.
  11. Ce n’est que les dimanches qu’on fait cette prière commémorative de la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; les autres jours, le diacre dit : « Que la mémoire de tel saint (dont c’est la fête) soit glorifiée dans cette liturgie, prions le Seigneur. » Les clercs répondent : « Souvenez-vous, Seigneur, et ayez pitié de nous. »
  12. Jean et Siméon étaient deux solitaires qui, avec leurs disciples, habitaient une petite colline appelée Dchoréhankisd (Halte des mulets), et auprès desquels se rendit saint Grégoire l’Illuminateur. On peut voir la tradition relative à ce lieu, dans la Vie des saints, par le R. P. Jean-Baptiste Aucher, t. III, p. 359.
  13. Osgui, traduction arménienne du mot grec χρύσος, or, est le nom d’un officier du palais impérial à Rome, qui, avec quatre de ses compagnons, se rendit en Arménie. Convertis au christianisme par saint Thaddée, ils furent immolés par les ordres d’Ardavazt et de ses frères, fils d’Ardaschès, roi d’Arménie. Vie des saints, t. II, p. 121 et 127.
  14. Soukias et ses compagnons étaient des princes ou des chefs considérables du pays des Alains. Étant venus en Arménie, auprès de Sathinig, fille du roi des Alains, mariée à Ardaschès, ils y connurent saint Osgui et se firent ses disciples. Ils versèrent leur sang pour la foi de Jésus-Christ, le roi des Alains ayant envoyé son général, appelé Parlaha, pour se saisir d’eux et les faire mourir. Ibid., t. II, p. 90 et 112.
  15. À la manière des Grecs.
  16. Ordinairement, à la fin de la messe on lit l’Évangile selon saint Jean ; mais les jours où il y a, après cette cérémonie, un Te Deum ou des prières pour les morts, on lit l’Évangile qui a rapport aux circonstances en vue desquelles on prie.
  17. Voir à la page 134. — Lorsque Aristacès, fils de saint Grégoire l’Illuminateur, revint du concile de Nicée, et récita à son père le symbole de foi qu’avait adopté le concile, Grégoire s’écria transporté de joie : « Oui, nous le glorifions celui qui était, etc., etc.; et décida qu’à la messe, après le symbole, le prêtre ajouterait toujours ces paroles. Cette addition s’est conservée depuis l’an 325 jusqu’à nos jours.
  18. Pour donner la communion aux nouveau-nés, le prêtre trempe le doigt dans le calice où sont les deux saintes espèces, et le passe sur les lèvres de l’enfant. C’est ce qu’on appelle scherthnahaghortouthioun, c’est-à-dire communion par les lèvres.
  19. Elle admet un lieu de transition où resteront les âmes jusqu’au jour du jugement dernier et définitif. Celles des justes y reposent dans la joie, au souvenir du bien qu’elles ont fait pendant leur vie terrestre, et en prévision de la récompense et du sort glorieux qui les attendent un jour, tandis que les âmes des pécheurs y sont tourmentées par le remords et l’appréhension du châtiment qui leur est réservé. Les prières que prescrit l’Église arménienne pour les morts ont pour objet de désarmer la colère de Dieu à l’égard de ces âmes coupables.

    On trouve ce point de doctrine exposé très-explicitement et tout au long dans une lettre adressée au roi de la Petite-Arménie Héthoum Ier, par le catholicos Constantin et rédigée par le docteur Vartan, en réponse à une lettre du Pape Innocent IV.

    — Ms. de la bibliothèque impériale de Paris, ancien fonds arménien, no 12, fol. 139 vo — 149 ro.

    On lit à la fin de ce précieux manuscrit qu’il fut copié pour la reine d’Arménie Guéran, femme de Léon III.

  20. Excepté la Nativité, que l’Église arménienne célèbre le 6 janvier avec l’Épiphanie, tandis que l’Église grecque fait cette fête, comme l’Église latine, le 25 décembre, sauf la différence des deux calendriers julien et grégorien ; et l’Assomption, qui, dans les Églises grecque et latine, tombe invariablement le 15 août, tandis que dans l’Église arménienne cette fête est mobile et a lieu le dimanche, dans les limites du 12 au 18 août.
  21. Beaucoup d’éparchies ou diocèses sont gouvernés par un archimandrite ou docteur, qui fait les fonctions d’archevêque ou d’évêque.
  22. Le clergé russe n’a de mitre pareille que dans la ville de Kieff. Partout ailleurs les évêques et les archimandrites seuls ont le droit de la porter pendant qu’ils officient. Ces mitres ne sont pas surmontées d’une croix.