L’Éducation de la Jeune Fille par elle-même/Chapitre 1

Société Saint-Augustin (p. 5-9).

Première causerie.
l’éducation de soi-même.
quelques indications générales.


Quiconque veut assurer à son activité un maximum de rendement, doit, sous peine de gaspiller ses forces, suivre un plan sagement conçu.

Pour devenir apte à se gouverner il est nécessaire de se rendre compte de la direction à suivre et d’employer tous les moyens propres à atteindre sa fin.

Cette fin est Dieu et les moyens sont les actes, c’est-à-dire, l’accomplissement de tous nos devoirs.

Rendons-nous d’abord conscientes de notre point de départ. Étudions-nous nous-mêmes, en nous rappelant ce que nos parents et nos maîtresses ont fait pour notre éducation. Voyons le chemin parcouru pour mieux nous rendre compte du chemin qui reste à parcourir. Cet examen fait, (2e causerie), nous nous occuperons graduellement de notre propre formation (3e causerie).

Nous disposons de plusieurs excellentes sources de renseignements.

Consultons d’abord nos parents, puisqu’il s’agit de continuer leur œuvre. Ce sont nos guides les plus sûrs, les plus désintéressés. Nous pourrons utilement aussi nous adresser à nos grands-parents, ainsi qu’à nos frères et sœurs aînés.

Recherchons ensuite la fréquentation des personnes d’une réelle compétence pédagogique, en premier lieu des prêtres expérimentés et nos anciennes maîtresses. Sollicitons leurs conseils éclairés, soumettons-leur nos impressions, provoquons des entretiens sur des sujets qui intéressent notre perfectionnement. Quelque amie sûre, fidèle et sincère pourra aussi nous donner de bons avis.

Enfin documentons-nous, lisons des ouvrages sérieux dont les critiques compétents ont signalé la valeur.

À ces sources, nous puiserons des idées excellentes. Afin de conserver un souvenir précis de ces conseils autorisés, de ces livres, consignons des notes sur feuilles séparées. Transcrivons les plus beaux passages de nos lectures. Classons ces notes avec méthode, groupons celles qui résument des idées connexes.

Un tel recueil deviendra petit à petit un trésor plus utile et plus intéressant qu’un album de pensées où la jeune fille invite ses amies à déposer la première niaiserie venue…

Si, sur un sujet donné, nous visons à une documentation plus étendue, nous pourrons utiliser avantageusement la classification décimale ; c’est actuellement la plus recommandée pour les bibliothèques.

Ne perdons jamais de vue, au cours de ces études, qu’il importe de bien discerner le principal de l’accessoire, la règle générale du cas exceptionnel, de ne pas céder à l’attrait de la nouveauté pour elle-même et de ne pas s’imaginer que tout ce qui est ancien est suranné.

Il est avantageux et pratique de se renseigner de la manière précitée, car on tourne ainsi à son profit l’expérience que les siècles ont amassée.

C’est une conception contraire au bon sens, que de croire qu’une expérience faite par d’autres ne puisse pas nous être utile. Est-il besoin de s’empoisonner pour connaître les effets du poison ? Faut-il qu’un médecin ait lui-même souffert toutes les maladies pour savoir les diagnostiquer et les guérir ? Refaire toutes les expériences malheureuses de l’humanité serait dangereux et nous exposerait à perdre un temps précieux, car nous risquerions d’arriver au terme de notre vie sans avoir acquis la sagesse.

Puisons donc aux sources d’information signalées. Examinons-nous nous-mêmes, tâchons de savoir de quels défauts nous devons nous défaire, quelles qualités nous devons acquérir et comment les acquérir.

Développons les énergies physiques, intellectuelles et morales dont nous aurons besoin dans la poursuite du bien. Le succès ne s’obtient jamais sans peine ; il faut lutter pour réussir et les luttes contre soi-même ne sont pas les moins vives. Il n’y a pas à se le dissimuler, ce n’est qu’au prix de toute une série d’efforts répétés que nous arriverons à un résultat dans la voie de notre perfectionnement. Il ne suffit pas de chercher à s’améliorer à tel point de vue en négligeant tel autre : la perfection à laquelle nous devons tendre réclame une connaissance complète de toutes nos obligations, des qualités et des défauts qui nous rapprochent ou nous éloignent de notre fin. Et cet examen doit devenir une habitude journalière.

Mais comme il importe de procéder graduellement, il convient de commencer notre perfectionnement par fortifier nos points les plus faibles : de cette manière nous arriverons à l’harmonie, à l’équilibre nécessaire de toutes nos facultés.

Quel est notre côté faible au point de vue religieux ? Comment procéderons-nous pour l’améliorer ? (4e causerie).

Au point de vue de notre caractère ? (5e causerie.)

Au point de vue de notre instruction ? (6e causerie.)

Au point de vue de notre santé ? (8e causerie.)

Dans la pratique de la vie, il y a des difficultés à vaincre (7e causerie), et il faut savoir se reposer et se distraire à propos (9e causerie).

Enfin, si, comme la plupart des jeunes filles, nous nous croyons appelées au mariage, voyons comment il convient de nous y préparer (10e causerie).

Mais tout cela n’est encore que la théorie : il reste à accomplir l’œuvre personnelle de notre perfectionnement. Or, celle-ci n’est possible qu’en accomplissant des actes, en répétant ces actes jusqu’à la formation des bonnes habitudes et en disciplinant complètement notre vie en vue du souverain bien.

Suivant l’ordre normal des choses, nous sommes appelées à nous tirer d’affaire par nous-mêmes dans la vie ; nous devons donc mettre le plus tôt possible ces théories en pratique de manière à pouvoir nous conduire nous-mêmes.

Livres à lire[1].

Fénelon. De l’éducation des filles. — Paris, Hachette, 1 fr.

Mgr Dupanloup. La femme studieuse. — Paris, Téqui, 4 fr.

Étienne Lamy. La femme de demain. — Paris, Grès & Cie, 1,25 fr.

Mgr Spalding. Éducation supérieure des femmes. — Paris, Bloud, 0,60 fr.

Guibert. La formation de la volonté. — Paris, Bloud, 0,60 fr.

R. P. Gillet. L’éducation du caractère. — Lille, Paris, Bruxelles, Desclée, De Brouwer et Cie. 3 fr.

Première formation morale et religieuse de la jeune fille. — Formation supérieure de la jeune fille, 2 vol. — Paris, Lethielleux, 1,35 fr. le vol.

  1. En lisant les principaux livres signalés à la fin de chaque chapitre, nous aurons soin de prendre des notes et de mettre en pratique les conseils les mieux adaptés à notre cas particulier.