L’École des filles/01

(Attribution contestée)
L’École des filles ou la philosophie des dames (Arrangement du dialogue de Mililot)
Vital Puissant ? (T. 2 : L’École des filles ou la philosophie des dames. (Arrangement du dialogue de Mililot)p. Fig.-53).
Illustrations pour l’École des filles, roman érotique français
Illustrations pour l’École des filles, roman érotique français


L’ÉCOLE DES FILLES

ou
LA PHILOSOPHIE DES DAMES.





Première partie.


L’aimable Fanchette, belle et jeune personne de seize ans, était tristement assise devant son métier à broder. Son aiguille restait inactive ; elle pensait à tout autre chose qu’à son travail. La pauvre enfant serait morte d’ennui si un heureux hasard n’eût amené en ce moment sa cousine Suzanne, laquelle, après l’avoir tendrement embrassée, lui demanda comment elle se portait.

— Très-bien, ma cousine, répondit Fanchette, émerveillée de cette visite inattendue. Que je suis donc aise de vous voir, ajouta-t-elle ; quel bon vent vous amène dans notre quartier ?

— Rien du tout, reprit Suzanne, que le plaisir de te voir, petite cousine, et de causer un peu avec toi. Sais-tu bien qu’il m’ennuyait fort de n’avoir pas l’occasion de jaser un peu ensemble depuis si longtemps que cela ne nous est arrivé.

— Cela se trouve d’autant mieux aujourd’hui, répliqua Fanchette, que ma mère est sortie et que nous pouvons causer tout à notre aise. Asseyez-vous, ma cousine, et causons ; il n’y a dans la maison que la servante, et elle ne viendra pas nous déranger.

Après que les deux cousines se furent assises, Suzanne reprit : Que faisais-tu donc ? tu travaillais ?

— Hélas ! oui, fit Fanchette avec un soupir.

— Comme tu me dis cela d’un ton peiné, dit Suzanne ; après tout, je crois que le travail est ta plus grande affaire ; tu ne sors presque jamais, et quant aux visites que tu reçois, si ce n’est quelques femmes qui viennent te voir de temps en temps, tu resterais seule, car pour les hommes il n’en entre non plus ici qu’en un couvent de religieuses.

— Eh ! que me ferait la visite des hommes, dit naïvement Fanchette, il n’y en a point qui pensent à moi, et puis ma mère dit que je ne suis pas encore en âge de me marier.

— Et tu écoutes cela, dit Suzanne en haussant les épaules, pas encore bonne à marier, toi, une fille de seize ans, grande et formée comme tu es ! Voilà qui est bien parler pour une mère qui devrait songer à ton plaisir au moins autant qu’elle fait au sien ; mais voilà comme sont aujourd’hui les pères et mères envers leurs enfants. Je ne comprends pas, au surplus, comment tu es assez simple pour croire qu’on ne puisse avoir compagnie d’hommes sans être mariée.

— Oh ! mais aussi en vient-il assez souvent ici, reprit vivement Fanchette.

— Ah ! dit Suzanne en souriant, où sont-ils donc, car je n’en vois point ?

— Aussi je ne vous dis pas qu’ils sont ici pour l’instant, mais bien qu’ils y viennent souvent, et si vous voulez savoir de qui j’entends parler, n’y a-t-il pas premièrement mes deux oncles, mon parrain, mon cousin de Lamothe et tant d’autres.

Suzanne éclata de rire.

— Eh ! ce n’est pas de ceux-là que je te parle, j’entends des étrangers.

— Eh bien, des étrangers, n’y a-t-il pas, reprit Fanchette, Duverger, Dumoulin, Monsieur Delorme et le jeune monsieur Robinet, que j’aurais dû nommer le premier, car il vient assez souvent ici et me dit chaque fois qu’il m’aime et bien d’autres choses auxquelles je n’entends rien. Mais à quoi tout cela sert-il, je n’ai non plus de plaisir avec tous ces hommes-là qu’avec ma mère et avec ma tante, qui me font rire quelquefois, et j’aime bien mieux qu’il n’en vienne pas du tout que de voir toutes les simagrées qu’ils font, car quand je leur parle ils agissent avec plus de cérémonie et me regardent avec des yeux si effrayants qu’on dirait qu’ils ont envie de me manger. Pourtant, au bout du compte, ils ne me disent rien qui vaille ; quand ils s’en vont, ils sont à leur dire aussi peu contents que quand ils sont venus. Franchement, ma cousine, y a-t-il là de quoi désirer la visite des hommes ?

— Mais enfin, demanda Suzanne, ne te disent-ils pas que tu es belle et ne veulent-ils pas t’embrasser ou toucher en quelqu’endroit ?

— Si, vraiment, dit Fanchette étonnée, mais comment donc, ma cousine, avez-vous deviné cela, car je ne pense pas que vous soyez derrière moi quand ils me parlent, mais le fait est que ce qu’ils me répètent le plus souvent c’est que je suis belle ; puis ils approchent leur bouche de la mienne pour me baiser et veulent me mettre leur main sur mes tetons, disant qu’ils prennent plaisir à les toucher. Pour moi, je ne prends aucun plaisir à tout cela.

— Au moins les laisses-tu faire quand ils veulent toucher ces endroits-là ?

— Vraiment, non, ma cousine, car ma mère m’a dit qu’il ne fallait pas souffrir de pareilles libertés.

— Pauvre innocente, dit Suzanne, sais-tu bien que ton ignorance me fait de la peine.

— Que voulez-vous dire, ma cousine, demanda Fanchette, y a-t-il donc quelque chose dans la conduite des hommes à mon égard qui ait quelque motif que je ne sache pas ?

— Eh ! sans doute.

— Alors, dites-le moi bien vite, de grâce, afin que je le sache.

— Voilà, reprit Suzanne, ce que c’est que de toujours écouter sa mère et de ne prêter jamais l’oreille à ce que nous disent les hommes.

— Ah ! mon Dieu, dit Fanchette à moitié effrayée, qu’est-ce que les hommes peuvent donc nous apprendre ? On dit qu’ils sont si méchants.

— C’est encore ta bonne femme de mère qui te dit cela ; mais ils ne sont pas si méchants que tu penses, mon enfant, et quant à ce qu’ils nous apprennent, je le sais depuis peu et à ma grande satisfaction, je t’assure, et crois-moi bien, tant que tu seras privée de leur compagnie tu ne jugeras jamais du plaisir véritable que comme un aveugle juge des couleurs, et tu seras toujours dans une ignorance qui ne te donnera aucune joie au monde. Car, dis-moi, dans la situation actuelle où tu te trouves, étant toujours avec ta mère, quel plaisir as-tu ?

— Quel plaisir ? mais j’en ai beaucoup, ma cousine, répondit Fanchette. D’abord, je mange quand j’ai faim, je bois quand j’ai soif, je dors quand j’ai sommeil, je ris, je chante, je danse, je saute, je vais me promener quelquefois à la campagne avec ma mère.

— Tout cela est bel et bon, fit Suzanne, mais tout le monde ne fait-il pas la même chose ?

— Comment donc, ma cousine, demanda encore Fanchette, y a-t-il donc quelque plaisir que tout le monde n’a pas ?

— Vraiment oui, petite sotte chérie, puisqu’il y en a un que tu n’as pas et qui vaut cent fois mieux que tous ceux que tu viens de me détailler.

— Allons, je suis forcée de convenir que je ne sais pas quel est le plaisir dont vous me parlez si vous ne me l’expliquez plus clairement.

— Mais, dit Suzanne, est-il possible que ces hommes qui te parlent quelquefois et particulièrement M. Robinet ne t’en aient rien dit ?

— Non, ma cousine, je vous jure, et si c’est quelque chose de bon, ils n’ont pas eu la charité de me le dire.

— Comment, si c’est quelque chose de bon, mais c’est ce qu’il y a de meilleur au monde, et ce qui m’étonne, c’est que M. Robinet, qui t’a toujours montré plus d’affection que les autres, ne t’en ait rien dit ; il faut que tu lui aies causé quelque déplaisir.

— Hélas ! non, au contraire, ma cousine, répliqua vivement Fanchette, il le sait bien ; quand il soupire et se plaint auprès de moi, loin de lui causer du mal, je suis toujours la première à lui demander ce qu’il a et à lui dire que je voudrais de bon cœur pouvoir faire quelque chose pour son soulagement.

— Ah ! je commence à comprendre votre mal à tous deux ; mais quand il te dit qu’il t’aime, ne lui dis-tu pas que tu l’aimes aussi ?

— Non, ma cousine, car à quoi cela servirait-il ; si je savais que cela pût lui être bon à quelque chose, je le lui dirais ; mais autrement je ne saurais me résoudre à faire un pareil aveu.

— Eh bien, précisément, ma pauvre fille, voilà où est ton erreur, car si tu lui avais dit que tu l’aimais, il t’aurait infailliblement montré de quel genre est le plaisir dont je veux te parler, mais il n’a eu garde de le faire dans le doute où il était sur ton amour.

— Ce que vous me dites m’étonne de plus en plus, ma cousine ; comment, parce qu’on aime un homme et qu’on le lui dit, il vous en revient tant de plaisir. Il me semble que quand j’aimerais M. Robinet et cent autres avec lui, je n’en aurais pas plus de plaisir que si je ne les aimais point.

— Cela serait bon, grosse sotte, si on était toujours à se regarder, mais on se touche aussi quelquefois.

— Je l’ai touché plusieurs fois, répondit Fanchette, et encore d’autres garçons, sans que j’en aie eu pour cela plus de plaisir.

— C’est que tu ne touchais que les habits, il fallait toucher autre chose.

— Oh ! de grâce, ma cousine, dit Fanchette, dont l’impatience était au comble, ne me faites pas languir davantage si vous m’aimez, car je n’entends rien à tout cela, et dites-moi franchement et simplement ce que je devais faire pour avoir de M. Robinet une si grande satisfaction.

— Je ne veux plus te tenir en suspens ; sache donc qu’un garçon et une fille peuvent goûter ensemble des délices inexprimables, sans que cela leur coûte rien. Mais, dis-moi, n’as-tu jamais vu un homme tout nu ?

— Non, jamais, mais j’ai vu quelquefois des petits garçons.

— Oh ! ce n’est rien ; il faut qu’ils soient grands et tout au moins de l’âge de 20 ans.

— Cela étant, je n’en ai point vu.

— Écoute, ma pauvre cousine, dit Suzanne en rapprochant sa chaise de celle de Fanchette, je t’aime trop pour te rien cacher ; n’en as-tu pas vu quelqu’un qui pissait et cette affaire avec laquelle ils pissent ?

— Oui, bien cela, dit Fanchette en rougissant malgré elle, j’en vis un l’autre jour qui pissait contre une muraille et qui tenait en sa main quelque chose que je ne pouvais deviner ; lorsqu’il me vit venir et que je fus près de lui, il se tourna de mon côté et me fit voir comme un bout de boudin blanc qui était assez long et qui m’étonna en pensant que je n’en avais pas un pareil.

— Et c’est tant mieux, pauvre ignorante, repris Suzanne, que tu n’en aies point de pareil, car tu ne pourrais alors recevoir le grand plaisir dont j’ai à te parler ; mais je te vais dire bien des choses dont tu seras encore plus étonnée.

— Oh ! vous m’obligerez beaucoup, ma cousine ; mais que je vous fasse encore une question auparavant. N’y a-t-il que les garçons et les filles qui puissent avoir ce plaisir ?

— Oh ! non, vraiment, il y a d’abord les garçons et les filles, puis les messieurs et les dames, et encore les maris et les femmes, mais tout cela s’entend communément par les hommes et les femmes.

— Comment, demanda Fanchette étonnée, il n’y pas de différence entre eux pour ces choses-là ?

— Si, il y en a quelqu’une, répondit Suzanne, et voici comment. Les maris et les femmes, vois-tu, ce plaisir leur paraît bon, mais pas si bon qu’à d’autres, à cause qu’il est plus ordinaire et que c’est pour ainsi dire leur pain quotidien ; cela fait que les femmes, qui savent pourvoir à tout, ont, quand elles sont mariées, des messieurs qui le leur font en cachette, attendu que le mari ne voudrait pas qu’elles en agissent ainsi, s’il le savait.

— Et pourquoi ne le voudrait-il pas ? demanda encore Fanchette.

— Ah ! ceci est autre chose, et je te dirai plus tard pourquoi ; mais ne crois pas pour cela que le mari n’aille pas de son côté chercher ailleurs que chez lui le plaisir quand il est dégoûté de sa femme, et ton père lui-même n’a-t-il pas donné du plaisir à Marguerite, votre servante ; c’est pour cela que vous eûtes tant de bruit au logis dernièrement. Et ta mère, qui est encore belle, penses-tu qu’elle n’a pas quelques messieurs qui le lui viennent faire en secret ?

— Je ne sais pas, ma cousine ; mais qu’entendez-vous par les messieurs et les dames ?

— Les messieurs sont des hommes bien faits, mariés ou d’âge à l’être, qui cherchent à donner du plaisir aux femmes, et Paris en est tout plein ; les dames sont des femmes mariées ou veuves, qui sont encore belles et la plupart de grande condition, à qui ces messieurs viennent donner du plaisir chez elles.

— Ce que vous me dites me surprend de plus en plus, ma cousine, et les garçons ?

— Les garçons et les filles sont les plus plaisants de tous, parce qu’ils sont plus frais, plus jeunes, et que la jeunesse est bien plus propre à cela ; mais desquels faut-il d’abord que je te parle pour t’instruire ?

— Commençons par les garçons, ma cousine, si vous le voulez bien, puisque vous dites qu’il y a chez eux plus de plaisir.

— Eh bien, des garçons, soit ; mais d’abord il faut que tu saches que cette affaire avec laquelle les garçons pissent s’appelle un vit.

— Ah ! ma cousine, vous jurez, dit Fanchette en interrompant Suzanne.

— Eh ! non, petite sotte, donne-toi donc patience, je ne fais que nommer les choses par leur nom, et si tu veux que je continue, il faut que tu mettes dès à présent de côté toute susceptibilité et tout scrupule.

— Eh bien, j’écouterai tout ce que vous voudrez.

— Pense que je dirai encore cul, con, vit et couillons.

— Eh bien, il n’importe, dit Fanchette.

— Puisque te voilà résolue, reprit Suzanne, je continue. Je te dirai donc que cet objet avec lequel les garçons pissent s’appelle un vit ; on le nomme aussi le membre, le manche, le nerf, le dard, l’engin, la lame d’amour, et quand un garçon est tout nu, on voit cela qui lui pend le bas du ventre comme une longue tête de chèvre, à l’endroit où nous n’avons, nous, qu’un trou pour pisser.

— Oh ! quelle merveille ! exclama Fanchette.

— De plus, continua Suzanne, il y a dessous deux pelottes qui pendent dans une bourse, qui s’appellent couillons, et qui sont de la forme de deux grosses olives d’Espagne, et tout cela est environné d’un poil frisotté de même qu’aux filles, et qui sied bien à voir à l’entour.

— Que je suis ravie de ce que vous m’apprenez là, ma cousine ; mais à quoi sert aux hommes cet instrument ? Je pense que ce n’est pas seulement pour pisser, car autrement ils n’en auraient pas plus à faire que nous.

— Tiens, m’amour, c’est avec cela qu’ils nous donnent le plaisir dont je te parle, car quand un garçon aime bien une fille, voici comment il fait quand il la rencontre seule en quelqu’endroit : il s’agenouille devant elle et lui demande le plus gracieusement du monde ! m’aimez-vous bien, ma charmante, car pour moi je vous aime bien, je vous adore. Et tandis qu’il lui tient ce discours, il la regarde avec des yeux si mourants qu’on dirait qu’il est près d’expirer. Si la fille lui dit qu’elle l’aime aussi, alors il se relève, la prend à bras-le-corps, la porte sur le lit, où il la couche à la renverse, et puis lui lève la jupe et la chemise ; après il lui ouvre les cuisses, pendant qu’il déboutonne son pantalon, et quand il est déboutonné, il se couche sur son ventre, et lui enfonce dans le trou par où elle pisse ce long engin qui produit un chatouillement inexprimable.

— Je suis très-étonnée de ce que vous me contez là, ma cousine, reprit Fanchette ; mais comment peut-il faire entrer là-dedans cet engin qui est si mou et si flasque ; il faut donc qu’il le lui enfonce avec les doigts ?

— Eh ! pauvre idiote, il n’est pas toujours si mou ; au contraire, quand il le fait voir à la fille, il est tout changé et ne paraît plus ce qu’il était auparavant ; il est grossi et allongé de moitié, il est dur et long comme un bâton, et à force de se bander il y a une peau vers le bout qui se retire contre le ventre et découvre une tête qui est faite comme un gros bigarreau rouge, et cela fait plaisir à toucher.

— Et quand il est devenu bandé, comme vous dites, c’est donc alors qu’il le fourre dans le trou de la fille ?

— Vraiment, oui, car cela ne se pourrait autrement ; mais c’est encore un autre plaisir de voir la peine qu’il se donne pour le faire entrer, car cela n’entre pas tout d’un coup, comme tu pourrais t’imaginer, mais petit à petit, et le garçon est quelquefois tout en eau avant que le tout soit dedans, à cause que la fille n’est pas assez large, et c’est là encore un plaisir de plus, parce qu’elle sent l’engin du garçon qui l’entr’ouvre à force de pousser et qui frotte contre les babines du con (c’est ainsi qu’on nomme le trou par où nous pissons), ce qui la chatouille doucement et voluptueusement.

— J’avais peur au contraire que cela ne lui fît mal, dit Fanchette.

— Point du tout, mon cœur, cela lui fait grand bien ; il est vrai qu’au premier coup de dard qu’on lui donne, et en le lui mettant dedans, elle sent une petite cuisson, parce que la route n’est pas encore frayée, mais ensuite cela ne fait plus que la chatouiller et lui cause la plus grande émotion.

— Vous dites, ma cousine, que vous appelez l’affaire de la jeune fille ?

— Je l’appelle un con, et quelquefois on l’appelle aussi le bas, la chose, la panoufle, le trou mignon, le trou velu, etc. Quand un garçon le fait à une fille, cela s’appelle mettre vit au con, ou bien on dit qu’il l’a enfilée. Les garçons nous apprennent à dire tout cela et ont du plaisir à nous le faire répéter quand ils nous tiennent sous eux, mais garde-toi bien d’en parler devant ta mère ou devant le monde, car on dit que ce sont de vilains mots.

— Oh ! je n’ai garde, dit Fanchette ; mais comment fait donc le garçon, ma cousine, pour faire entrer son engin là-dedans ?

— Il ne l’a pas plus tôt ajusté dans le trou de la fille qu’il le pousse du croupion, puis se retire un peu en arrière et repousse plus fort en avant, et la fille pousse aussi du derrière pour le faire entrer.

— Il faut donc qu’il remue toujours sans s’arrêter nullement ?

— Vraiment, oui.

— Et comment fait-il donc pour pouvoir remuer les fesses si à propos en le faisant entrer petit à petit ?

— Tiens, voilà comment il fait, regarde comme je remue (ici Suzanne, qui s’est levée, joint l’action à la parole), et tandis qu’elle le sent remuer ainsi, elle l’embrasse, le baise sur la bouche, le touche à l’estomac, aux fesses, aux cuisses, l’appelant son cœur, son âme, et elle y met d’autant plus d’ardeur qu’elle sent l’engin qui lui entre dans sa panoufle avec la plus grande douceur qui se puisse imaginer.

— Vraiment, ma cousine, dit Fanchette, il me semble que je voudrais bien éprouver cela de la façon que vous dites. Certes, les filles doivent être bien obligées aux garçons qui leur font de si jolies choses, mais n’y ont-ils pas aussi quelque plaisir, eux qui se donnent tant de peine pour en faire aux autres ?

— Certainement que si, ma mignonne, et ils le témoignent assez quand ils se pâment d’aise sur la fille en l’enfilant ; on ne leur entend rien dire autre chose que : eh ! mon cœur, m’amour, je me meurs… pousse… vite… et le plaisir de la fille est d’autant plus grand qu’elle s’aperçoit de celui qu’éprouve le garçon.

— Cela me paraît assez raisonnable, ma cousine, et cela étant, je pense que les filles doivent être bien longtemps à tenir le garçon sur elles, car si c’était moi, je ne laisserais jamais sortir cet engin qui fait tant de bien dans le trou mignon.

— Oh ! cela ne dépend pas de la fille, comme tu le crois.

— Comment donc ?

— Parce que l’on cesse quelque temps de faire cela et l’on recommence ensuite.

— Vraiment ! moi, je croyais, dit Fanchette, que cela durait toujours ; expliquez-moi donc comment cela se fait, pourquoi on finit et recommence, et qu’est-ce qui fait qu’on ressent tant de plaisir l’engin du garçon étant dans le trou à pisser de la fille, puisqu’en y mettant le doigt ce serait la même chose.

— Il faut d’abord que tu saches que l’engin d’un garçon est enveloppé d’une peau douillette et unie, agréable au toucher ; il est dur, plein de nerfs au dedans, et l’on sent cela par-dessus cette peau, qui est mouvante ; il est fort, excepté vers la tête, qui est composée d’une glande de chair tendre et délicate ; le long de cet engin il y a un tuyau qui paraît enflé comme une grosse veine, qui aboutit à la tête et où il y a une petite fente en long tournée du même côté que celle que nous avons au bas du ventre. Pour la fille, je ne sais comment elle est faite intérieurement, mais on dit qu’elle a un engin fait comme celui du garçon. Or, voici ce qui arrive : quand la fille reçoit l’affaire de l’homme dans la sienne, la peau du dard se rebrousse et a de la peine à entrer. Le garçon poussant toujours des fesses y introduit d’abord la tête, et le membre qui est poussé dans la panoufle de la fille fait que la peau qui lui couvre la tête vient à frotter par-dessus contre le tuyau, qu’on appelle clitoris, à mesure que le garçon pousse et retire le cul pour le faire entrer ; la fille, qui ressent le frottement que la peau et l’engin du garçon lui font dans son affaire, y joint ses mouvements. Enfin, à force de frotter et de remuer les fesses de part et d’autre, il arrive que tous deux viennent à s’échauffer et sentent une démangeaison et un chatouillement le long de leurs conduits, qui les oblige à frotter plus fort et à remuer plus vite les fesses. Alors le chatouillement augmente et par conséquent le plaisir, lequel devient si grand peu à peu qu’enfin ils en soupirent d’aise et ne peuvent parler que par élans ; ils clignotent des yeux et semblent expirer en s’embrassant de plus en plus ; alors le chatouillement les saisit de telle sorte qu’on les voit se pâmer d’aise et par petites secousses, à mesure qu’ils viennent à décharger par les conduits qui les chatouillaient si fort, et à répandre une liqueur blanche et épaisse comme de la bouillie, qu’ils rendent tous deux avec un délire qui ne peut s’exprimer.

— Il faut, en effet, ma cousine, que ce plaisir soit bien furieux, dit Fanchette, puisqu’il fait oublier ce qu’ils font ; mais qu’arrive-t-il après ?

— Rien de plus ; tous deux sont contents pour l’instant, et le membre qui était si dur en entrant dans la panoufle de la fille en sort tout lâche et abattu.

— Cela est étrange, reprit Fanchette, mais ne leur prend-il point envie de recommencer ?

— Quelquefois, dit Suzanne, quand à force de baisers et d’attouchements le membre du garçon se redresse ou que la fille vient à le redresser avec sa main, alors ils le remettent encore une fois dedans, et ils éprouvent de nouveau le même plaisir.

— Comment, dit Fanchette, quand l’outil du garçon est abattu, une fille peut donc le redresser ?

— Certainement, et cela rien qu’avec la main et en le frottant doucement. Si tu savais quelles vertus a la main d’une fille et combien elle a de pouvoir pour donner du plaisir aux garçons, tu en serais étonnée.

— De grâce, ma cousine, dites-moi en quelle rencontre et comment cela se fait.

— Écoute. Il arrive quelquefois qu’un garçon et une fille sont seuls dans une chambre ou ailleurs ; ils s’entretiennent de choses indifférentes le plus souvent ; ils ne pensent point à se faire bien aises, ni à se donner du plaisir, à cause de quelques soucis qu’ils ont en tête. Le garçon ne fait donc seulement que l’embrasser au moment de partir. La fille, qui est faite à cela, pousse petit à petit sa langue dans la bouche du garçon, sitôt qu’il l’a appliquée sur la sienne, et elle la fait frétiller entre ses lèvres avec un si grand plaisir que cela le met en humeur de continuer ce doux passe-temps. Alors la fille, qui veut prendre un autre plaisir, après avoir regardé autour d’elle si personne ne la voit, met la langue aussitôt dans la bouche du garçon. Tandis qu’elle lui fait cela, elle le baise, coulant sa main sur son membre, qu’elle prend dans sa brayette, et quand elle l’a patiné quelque temps, on le voit, de mou qu’il était avant, devenir dur comme un bâton, sans qu’on puisse dire comment cela se fait ni par quelle vertu, car elle passe seulement deux ou trois fois sa main sur la peau, et le garçon qui sent cela ne saurait s’empêcher de bander, encore qu’il n’en aurait pas envie. Puis, comme il faut que tout se fasse par ordre et dans les règles du plaisir, la fille bien instruite sort le membre de la brayette, le regarde, le baise et lui donne une petite secousse pour l’achever de raidir, puis le laisse ainsi tendu pour s’en servir ensuite.

— Oh ! ma cousine, je ne pourrai jamais retenir tout cela ; faut-il donc qu’une fille sache toutes ces choses ?

— Oui, certes, et bien d’autres encore, car ce n’est pas là tout. Lorsqu’elle a passé quelque temps à l’exercice que je viens de te dire, elle essaye un autre plaisir pour mettre le garçon tout à fait en humeur. Elle lui met la main sur les pelottes qu’il a au-dessous de cet engin et les soulève mignardement en les passant et les repassant entre ses doigts, et quand elle a fini en cet endroit, elle badine avec ses poils, lui manie les fesses, les cuisses, et revient à lui branler la pique, en sorte que la tête qui est tout en sueur s’allonge, se dresse et semble vouloir se détacher du reste du membre, mais le garçon n’éprouve de tout cela aucune douleur ; au contraire, il est si aise qu’il ne peut parler ; il pousse seulement le cul en avant afin que la fille continue toujours ; mais s’il se voit monté par celle qu’il devrait monter lui-même, c’est alors qu’il est au comble du bonheur et qu’il éprouve autant de plaisir que s’il déchargeait continuellement.

— Certes, ma cousine, voilà bien des sortes de plaisirs ; je ne sais si je pourrai les retenir toutes. Comment fait donc la fille pour monter sur le garçon et lui faire tant de plaisir ?

— Il se couche à la renverse ; alors la fille l’enfourche jambe de ci jambe de là et se remue dessus lui.

— Oh ! oh ! voilà encore une autre façon, et l’on fait donc ce doux jeu en bien des positions ? demanda Fanchette.

— En plus de cent.

— Et on prend plaisir à toutes ?

— À toutes, mais tu sauras cela plus tard.

— Et pourquoi donc, ma cousine, dit encore la petite curieuse, le garçon a-t-il plus de plaisir quand il est monté par la fille que quand il la monte lui-même ?

— C’est qu’il lui est bien obligé de la peine qu’elle prend et qu’il juge mieux par là de sa tendresse et bonne volonté. Il dit alors à sa belle cavalière qu’il se soumet par humilité et qu’il n’est pas digne de prendre le dessus. La fille, qui est reconnaissante, redouble à ce mot découragé.

— Et vraiment, elle fait bien, dit Fanchette, car voilà une grande civilité de la part du garçon.

— Il y a bien encore une autre raison que celle-là, reprit Suzanne, mais j’attendrai pour te la dire que tu sois mieux instruite des choses essentielles que tu dois savoir d’abord.

— Grand merci, ma cousine, vous aurez donc la bonté de me tout apprendre ; mais puisque nous en sommes sur ce discours, dites-moi pourquoi la plupart des nuits je sens des démangeaisons à ma panoufle qui m’empêchent presque de dormir ; je me tourne, je me vire de côté et d’autre sans que cela se puisse apaiser ; que me faudrait-il donc ?

— Il te faudrait, répondit Suzanne, un bon gros dard bien nerveux pour le fourrer dans ta nature et la forcer à répandre le doux nectar, seul propre à apaiser ta chaleur. Mais à défaut de cela, quand tu sentiras ces démangeaisons, il faut te frotter ta panouflle avec le doigt quelque temps ; tu ne tarderas pas à jouir du plaisir de la décharge.

— Avec le doigt, est-il possible ? dit Fanchette émerveillée.

— Oui, avec le doigt du milieu, en le faisant, passer et repasser sur les bords.

— Certes, je m’en rappellerai ; mais à propos, ma cousine, ne m’avez-vous pas dit que vous aviez ce plaisir quelquefois ?

— Oui dà, quand je veux, et c’est un garçon qui m’aime bien qui me le donne.

— Cela vous rend donc bien aise ?

— Si aise que je n’en puis plus.

— Et comment ferai-je, ma cousine, pour avoir quelqu’un qui m’en fasse autant ?

— Il faut choisir un garçon qui t’aime bien, qui soit discret et n’en dise mot à personne.

— Et qui pensez-vous que je puisse prendre pour cela ? demanda Fanchette avec quelqu’inquiétude.

— Pour moi, je ne sais, répondit Suzanne, je n’en vois pas qui réunisse mieux les qualités que je viens de citer que le jeune Robinet, car il t’aime bien ; de plus, il est beau et de bonne grâce. Je l’ai vu une fois se baigner dans la rivière et je fus étonnée de sa beauté, car il a une belle chair blanche, ni trop grasse ni trop maigre ; il a les cuisses grosses, nerveuses, les reins forts et chargés, et tout cela contribue beaucoup au plaisir qu’une fille pourra recevoir de lui.

— Ah ! mon Dieu, je tremble, je ne sais pourquoi quand je suis si proche à me porter à cela ; mais dites-moi, ma cousine, n’y a-t-il point de mal dans cette action ?

— Et quel mal y aurait-il, sotte ? Regarde-moi, cela se voit-il ?

— Mais cela n’est donc point défendu ?

— Défendu ! et pourquoi donc, m’amour, puisqu’il y a tant de plaisir à le faire ? Au reste, on n’en saurait rien, car qui est-ce qui le dirait ? Je me fie à toi, pourquoi ne te fieras-tu pas bien à moi ? Robinet n’aura garde de l’aller dire, parce qu’il est discret. Outre que s’il en parlait, il y perdrait autant que toi, car il ne te verrait plus et aucune fille de la ville ne ferait plus cas de lui.

— Vous me rassurez un peu, pourtant j’ai encore un scrupule ; quand on est mariée, un mari ne ferait-il pas moins cela à sa femme s’il venait à s’apercevoir qu’un autre l’eût déjà caressée ?

— Tu n’as que faire de craindre, car quand tu en seras là je te donnerai un secret pour qu’il n’y paraisse plus.

— Mais y a-t-il d’autres filles qui le fassent aussi ? pour moi, je pense qu’elles n’oseraient, car si on venait à le savoir, personne ne voudrait plus les épouser.

— Il n’est pas aisé de s’en apercevoir, puisqu’elles le font en cachette, et on ne le saura pas plus de toi que l’on ne le sait d’elles ou de moi. Vraiment, il y en a plus de la moitié qui se laissent enfiler, et si par hasard ses parents viennent à le savoir, ils n’en disent rien et tâchent de la marier à quelqu’un qui l’ignore.

— Et le diable qui sait tout ? objecta encore naïvement Fanchette.

— Le diable qui sait tout ne viendra pas le dire aux autres, et puis dans le fond ce n’est qu’une légère peccadille inventée par la jalousie des hommes, qui veulent que leurs femmes ne soient qu’à eux seuls. Crois-moi, si les femmes gouvernaient les églises aussi bien que les hommes, elles auraient bien ordonné tout le contraire.

— Les hommes pourtant, à ce qu’il me semble avoir entendu dire à ma mère, conviennent qu’ils font mal comme nous, et s’ils avaient établi cette loi comme vous dites, ils ne l’auraient point établie contre eux-mêmes.

— C’est pour nous abuser qu’ils en agissent ainsi, car s’ils ne s’étaient pas soumis à cette loi qu’ils ont inventée, les femmes auraient dit : Oh ! oh ! pourquoi y aurait-il du mal pour nous s’il n’y en a point pour eux, mais ils n’ont pas laissé de se tirer de là par une autre raison ; ils disent que devant Dieu ce péché n’est pas plus grand qu’un autre, et qu’il n’y a pas plus de crime à enfiler une femme qu’à manger des œufs en Carême. Mais pour les femmes ils y ont attaché un certain point d’honneur afin de les tenir en crainte, et ils ont voulu marquer d’un sceau d’infamie celle qu’on sait avoir manqué à cette loi.

— Et quand on ne le sait pas ?

— Elles sont aussi honnêtes que les autres.

— Il n’y a donc que la foi qu’on a en leur vertu qui les rend honnêtes ?

— Sans doute, mais ne vaut-il pas mieux qu’elles se laissent enfiler sans qu’on en sache rien que si elles restaient sages et qu’on vînt à s’imaginer le contraire ? Car il faut que tu saches qu’il y a des femmes assez malheureuses pour qu’on croie d’elles ce qui n’est point, et c’est à mon avis le plus grand malheur qui puisse leur arriver. C’est pourquoi si j’étais à leur place et que je ne pusse ôter cette prévention de l’esprit du monde, je voudrais du moins qu’elle fût fondée, et je prendrais un plaisir qui ne me coûterait rien et dont il ne me saurait arriver pire. J’aurais outre cela l’avantage d’empêcher que beaucoup de personnes, par un faux et mauvais jugement, fussent damnées, car il n’y a que l’opinion qui fasse le mal.

— C’est vraiment bien raisonner, dit Fanchette, et si j’étais dans ce cas-là j’en ferais autant que vous pour éteindre la médisance ; mais le meilleur de tout cela, comme vous avez dit, c’est de se conduire avec tant de prudence qu’on n’en puisse rien savoir.

— Dame, oui, dit Suzanne, et cela n’est point malaisé, quand on a un ami qui est discret et qui ne se vante de rien, et lorsque tu seras un peu accoutumée à cette vie, tu auras un plaisir sans pareil ; quant au reste des filles, tu en verras cent à l’église, dans les rues, dans les campagnes, qui passeront pour vertueuses, desquelles tu te moqueras d’autant qu’elles n’auront garde de s’imaginer que tu es initiée aux secrets d’amour ; tu passeras à leurs yeux pour sage, ne parlant que de choses bonnes et honnêtes, tu seras louée et estimée de chacun ; car la connaissance intérieure de ce que tu auras expérimenté en cachette t’inspirera une certaine suffisance de toi-même qui te rendra plus hardie et plus spirituelle en compagnie et te fera préférer aux autres filles qui, pour la plupart, sont stupides à force de honte, et il ne peut manquer à la fin que, parmi tous ceux qui t’aimeront et envers lesquels tu seras toujours d’une honnête sévérité, il ne se trouve quelqu’un qui donne dans le panneau et ne t’épouse. Cependant, tu auras l’air de voir avec indifférence ton ami dans les lieux publics, et tu l’entretiendras sans scrupule, goûtant avec lui la douce satisfaction de tromper ouvertement tant de gens. Et le mieux de tout cela, c’est qu’après avoir bien employé ta journée à discourir et t’être mise en humeur par les bonnes manières qu’on aura eues pour toi, te moquant dans ton âme de la sottise de tes compagnes qui emploient si mal la nuit toutes seules, tu la viendras passer amoureusement entre les bras d’un ami, qui fera tous ses efforts pour satisfaire ta passion.

— Certes, vous êtes bien heureuse, ma cousine, à ce que je vois, et il me tarde bien d’en faire autant que vous ; mais comment faut-il que je fasse ? j’ai besoin de vos conseils et de votre secours, car si vous ne m’aidez, je ne pourrai parvenir à faire ce que j’ai le plus à cœur.

— Eh bien, voyons, pour qui aurais-tu le plus d’inclination ?

— Pour Robinet, puisqu’il faut l’avouer.

— Il faut donc tenir à lui et le prendre ; il a toutes les qualités qui font le galant homme.

— Mais comment faire ? je n’aurai jamais la hardiesse de lui proposer pareille chose.

— Eh bien, je lui dirai pour toi ce qu’il faudra ; tu n’auras qu’à le laisser faire ; surtout, quand vous serez ensemble, prenez bien vos mesures pour vous revoir souvent, car le plaisir d’amour est si attrayant qu’une fois qu’on en a goûté on ne saurait plus s’en passer.

— Cela est fort bien ; mais quand commencerons-nous ?

— Le plus tôt que faire se pourra ; Robinet ne vous viendra-t-il point voir aujourd’hui ?

— Si fait, ma cousine, je l’attends, dit Fanchette, et voici bientôt son heure.

— Eh bien, il faut profiter de l’occasion aujourd’hui même ; tu ne saurais en trouver une plus belle ; ta mère est à la campagne et ne reviendra que ce soir ; il n’y a que la servante au logis. On trouvera bien moyen de l’employer à quelque besogne. Quand Robinet viendra, je lui parlerai de toi, puis je vous laisserai seuls, et si quelqu’un vient te demander, tu feras dire que tu n’y es pas. Voilà un lit qui est propre à l’ouvrage que vous allez entreprendre ; si on le trouvait gâté, tu diras que tu t’es couchée dessus, et tu ne mentiras pas, car sitôt que Robinet sera venu et se verra seul avec toi, il ne manquera pas de t’y ajuster de façon ou d’autre.

— Ah ! mon Dieu, je tremble, et quand Robinet sera ici, le laisserai-je faire, ma cousine ?

— Vraiment oui.

— Vous me répondez donc qu’il pourra me procurer le plaisir dont vous faites tant d’éloges et que je sois en état de le sentir comme vous ?

— Ne te l’ai-je pas déjà dit ? répliqua Suzanne, tu n’auras qu’à lever ta chemise.

— Je vous demande pardon, ma cousine, de toutes mes questions, mais c’est que je suis encore si ignorante. En attendant que Robinet vienne, vous plairait-il de me dire un peu comment votre ami vous fait quand vous êtes couchés ensemble, afin que je ne sois pas si novice quand le mien voudra m’enfiler ?

— Volontiers, m’amour ; il faut d’abord que tu saches que le plaisir de mettre le membre viril dans la panoufle est accompagné de cent caresses et assaisonnements en amour qui le font trouver meilleur ; une fois, entre autres, mon ami m’en fit éprouver en une nuit la plus grande partie ; je ne le vis jamais tant en humeur qu’il l’était cette nuit-là.

— Mais quand il vous approche, que vous dit-il ? que vous fait-il ?

— Voici à peu près comment il s’y prend. Premièrement, il me vient voir la nuit, quand tout le monde est couché, par un petit escalier dérobé, et me trouve le plus souvent au lit où je suis quelquefois endormie ; alors, sans perdre de temps, il se déshabille, met la chandelle au chevet du lit et se couche tout de son long à côté de moi. Quand il a été un peu de temps à se réchauffer, il se ravise et commence à me demander : dormez-vous ? et en disant cela il allonge une main et la pose sur mon affaire. Je suis si fatigué, dit-il, que je ne saurais remuer ; alors il me conte ses peines, puis il met sa main sur le sein, et tout en me maniant à gogo les tetons, il me fait le détail de tout ce qu’il a fait dans le cours de la journée et ajoute : que je suis heureux d’avoir un tel ordinaire ! Alors je le sens qui se tourne sur le côté et qui se dispose à m’enfiler. Je lui dis quelquefois : mon cœur, mon ami, je dormirais bien. Mais lui, sans faire semblant de m’écouter, me met la main sur le ventre, et quand il trouve la chemise, il la lève, et m’appuie la main sur la motte ; qu’il pince et frise quelque temps avec les doigts ; après il met sa bouche sur la mienne, et me coule sa langue entre les dents ; ensuite il me touche les fesses, les cuisses, de là retourne au ventre ; tantôt il me suce une mamelle, tantôt l’autre, et pour satisfaire sa vue, il ôte la couverture et le drap, me fait quitter ma chemise et approche la chandelle pour promener ses regards sur toute ma personne. Après il me fait empoigner son dard qui est raide comme un morceau de bois et me prend à bras-le-corps, me fait rouler sur le lit, puis il me baise la bouche et les yeux, m’appelant son cœur et son âme ; ensuite de cela il monte dessus moi en me faisant entrer son gros membre dans la panoufle et remue du derrière jusqu’à ce que son sperme tout brûlant me coule au fond de la matrice.

— Qu’est-ce que c’est que du sperme, ma cousine ?

— C’est la liqueur blanche et épaisse que nous répandons dans l’action et dont je t’ai déjà parlé ; on l’appelle aussi semence, et plus communément foutre.

— Vous êtes donc bien aise quand vous recevez cette semence dans votre affaire ?

— Je suis au comble du bonheur. Or, il y a diverses manières de faire entrer l’engin dans le trou mignon, ainsi que je l’ai expérimenté avec lui ; car il m’enfile tantôt dessous, tantôt dessus, tantôt de côté, tantôt de travers, tantôt à genoux, par devant et par derrière, comme si je prenais un lavement, tantôt debout ; quelquefois quand il est pressé, il me jette sur un coffre, sur une chaise, sur un matelas, enfin, au premier endroit qui lui paraît propice, et chaque fois il y trouve un plaisir différent, car son membre entre plus ou moins et est disposé autrement dans mon trou velu, selon les postures qu’il me fait prendre. La peine a quelquefois sous ce rapport ses agréments ; nous nous voyons de jour étant seuls ; il me fait baisser la tête sur un coffre, me trousse ma robe par derrière jusque par-dessus ma tête ; en cet état il a tout le loisir de voir et de considérer, et de peur que nous ne soyons surpris, il n’abaisse point son haut-de-chausse, mais tire son bijou de sa brayette et me le montre ; ensuite il va écouter tout doucement à la porte s’il n’y a personne, puis il revient vers moi et m’enfile brusquement au faubourg du cul ; il m’a juré cent fois qu’il avait plus de plaisir à me le faire ainsi à la dérobée qu’autrement.

— Certes, dit Fanchette, il faut qu’il y ait bien du plaisir, ma cousine, puisqu’il y a tant de façons, car je m’imagine bien toutes celles que vous venez de m’apprendre, et il me semble que j’en aurais bientôt imaginé d’autres, puisqu’il n’y a personne qui n’en puisse imaginer de nouvelles, mais il n’est pas question à présent de cela, je voudrais seulement savoir comment vous passâtes avec votre ami cette nuit pendant laquelle vous eûtes tant de sortes de plaisirs.

— Ce fut hier, continua Suzanne, que m’arriva cette bonne fortune, et je vais te faire le récit de mille folâtreries que nous fîmes et qui ne se pratiquent d’ordinaire qu’entre les personnes qui s’aiment beaucoup. Il y avait deux nuits que mon ami n’était venu me voir, et je m’impatientais déjà qu’une partie de la troisième nuit fut écoulée sans en avoir de nouvelles, lorsque je le vis entrer dans la chambre avec une petite lanterne sourde qu’il a coutume de porter avec lui, et ayant sous son manteau quelques douceurs et confitures pour nous régaler et nous réconforter.

Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2-p047.jpg
Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2-p047.jpg

— Il ne faut pas vous demander si vous fûtes contente de cette visite ?

— Il se déchargea premièrement de son paquet et voyant que je n’étais pas encore couchée, il troussa incontinent ma chemise sans parler ; il me renversa sur le lit, me fit tâter son gros nerf, et en moins de six coups de cul je me vis arrosée de la liqueur amoureuse.

— Mais on n’est donc jamais plus aise que quand cette liqueur vient à sortir, et on ne prend tant de peines que pour la faire couler avec plus de plaisir.

— Oui, certes ; quand il eut tiré ce premier coup, je me mis aussitôt au lit ; lui se déshabilla, et je n’eus pas plus tôt commencé à fermer les yeux (car il faut que tu saches encore qu’il n’y a rien qui fasse si bien dormir) que je le sentis à mes côtés ; il m’embrassait amoureusement et me mettait son membre à la main ; je perdis aussitôt l’envie de dormir.

— Mais combien donc de temps ce membre est-il à se redresser, demanda Fanchette, quand il est abattu ? Le met-on bien des fois dans le trou velu en une nuit ?

— Ah ! tu m’interromps toujours, dit Suzanne un peu impatientée ; c’est selon les hommes et la force de leur tempérament, car quelquefois il y en a qui le font deux coups sans déconner, et cela fait un très grand plaisir à la fille ; d’autres font leur décharge sept ou huit fois, il y en a même qui vont à dix ou douze coups, mais cela est très-extraordinaire. Cinq ou six coups raisonnables suffisent pour contenter une fille. Il y en a qui ne peuvent tirer que deux ou trois coups et qui sont très-prompts à décharger ; il faut remarquer que ceux qui répètent le moins ce jeu rendent plus de liqueur que les autres et donnent et reçoivent plus de plaisir ; mais quoi qu’il en soit des uns et des autres, la fille éprouve toujours si peu qu’il y en ait une grande satisfaction ; il est vrai que la beauté de l’objet qu’on exploite y contribue beaucoup et fait souvent tirer un ou deux coups de plus, mais la continuité gâte tout et énerve un garçon. Quand il faut faire cela tous les jours, alors ce n’est pas mal aller que de le faire tous les soirs une fois et une tous les matins. Voilà ce que j’avais à te dire à ce sujet, Mais je ne sais plus j’en étais quand tu m’as interrompue.

— C’est quand votre ami vous prit endormie et vous mit son engin bandant à la main.

— Ah ! oui, je m’en rappelle maintenant ; je ne l’eus pas plus tôt senti bandant comme il était que je ne songeai plus à dormir ; mais répondant à ses caresses, je me prêtai à tout ce qu’il voulut ; il m’appelait son cœur et son âme, et me serrait étroitement ; nous roulâmes longtemps l’un sur l’autre, entrelacés de bras et de jambes, et à force de nous agiter, la couverture tomba en bas du lit ; néanmoins, comme il ne faisait pas froid, nous ne songeâmes pas à la ramasser ; au contraire, nous échauffant de plus en plus, il me fit ôter ma chemise, quitta la sienne et me fît cent galanteries sur le lit en me montrant son membre qui était bandant au dernier degré. M’ayant demandé la permission de folâtrer en toute liberté, il répandit et sema par terre une grande quantité de roses et m’invita à les ramasser toute nue au milieu de chambre, ce que je fis, et lui, pendant ce temps, considérait à la clarté des bougies qui étaient allumées dans tous les coins les diverses attitudes que je prenais en me baissant et en me haussant. Après il me frotta toutes les parties du corps d’essence de jasmin et s’en frotta pareillement. Nous étant remis sur le lit, nous fîmes une vingtaine de culbutes pour nous égayer. Ensuite, me tenant devant lui, les yeux en extase, il caressait tantôt mon ventre, mes cuisses, mes tetons, ma motte qu’il trouvait ferme et douillette. Je t’assure que toutes ces petites fantaisies me plaisaient infiniment, puis me faisant baisser les mains sur le lit, il montait à cheval sur mon dos et me faisait aller ; quand il avait demeuré ainsi quelque temps, il descendait, passait son membre entre mes deux fesses et le fichait dans mon bijou. Au commencement, je faisais la honteuse et voulais me lever ; mais il me priait, me conjurait, se désespérait, si bien que j’en avais pitié et me prêtais à tous ses désirs ; il prenait plaisir à me le fourrer dedans et à le retirer tout d’un coup ; cela faisait, ma cousine, un bruit semblable à celui que font les boulangers en enfonçant leurs poings dans la pâte et les retirant soudain, ou bien encore comme le bruit que font les petits enfants qui ôtent le bâton de leur canonnière après y avoir introduit un tampon de papier. Enfin, quand il fut las de me chatouiller de la sorte, nous nous approchâmes du feu nus tous les deux ; il me fit asseoir à côté de lui, prit une bouteille d’excellent vin de champagne avec des confitures que nous mangeâmes, ce qui nous rendit nos forces. Tout en mangeant, nous raisonnions de diverses choses et nous nous donnions la becquée comme les oiseaux. Pendant ce temps-là, il me considérait partout et semblait y prendre autant de plaisir que s’il m’eût vue pour la première fois. Il prit un verre sur la table, le remplit et voulut que je busse la première. Je le vidai entièrement, et l’ayant aussitôt rempli pour lui, il en fit autant que moi. Nous réitérâmes trois ou quatre fois, en sorte que nos yeux pétillaient d’ardeur et ne respiraient que le combat amoureux. Nous fîmes trêve de bonne chère et nous recommençâmes à nous caresser. Il me prit sous les bras et me fit lever. Lorsque je fus debout, il s’approcha et voulut m’enfiler, mais trouvant cette position trop gênante, il se contenta de me faire remuer le cul et de m’enseigner diverses positions propres à augmenter le plaisir pendant l’action. Je t’assure, ma chère cousine, que deux fesses qui s’approchent et se retirent à propos donnent à la volupté un bien grand assaisonnement. Il ne nous manquait que des glaces pour pouvoir contempler nos attitudes, mais pour nous dédommager il me faisait toucher tous ses membres, qui sont très-bien faits et prenait autant de plaisir à sentir promener mes mains sur son corps qu’il en ressentait lui-même en maniant toutes les parties du mien. Il n’avait jamais mis tant d’apprêts pour me le faire. Ne pouvant plus résister à l’ardeur qui me dévorait, car j’étais tout en feu, je l’empoignai par le manche, je le menai au pied du lit, sur lequel je me couchai à la renverse en l’attirant sur moi. Je m’enfilai moi-même et fis entrer son outil dans ma panoufle jusqu’à la garde. Alors mon ami, me serrant étroitement dans ses bras, me secoua de toutes ses forces ; il faisait craquer le lit et je me trémoussais avec une vivacité que je ne m’étais pas encore sentie. Bref, toutes les parties de notre corps étaient dans une agitation inexprimable. Tiens, ma cousine, tu aurais été ravie en extase en voyant le plaisir que nous ressentîmes en répandant un torrent de sperme qui nous plongea dans une mer de délices.

— Non-seulement je le crois, ma cousine, dit Fanchette, mais encore je sens beaucoup d’émotion rien qu’en écoutant la description que vous m’en faites. Cependant, pour vous dire franchement ma pensée, j’aimerais mieux la conclusion en ces sortes d’affaires que de m’amuser à tous les apprêts que vous m’avez racontés.

— Tu as bien tort de penser cela. La conclusion ne peut manquer d’arriver ; donc on fait bien d’être ménager de ce plaisir, qui serait de courte durée sans la précaution qu’on y apporte. Si je croyais avoir assez de temps avant que Robinet fût venu, je te ferais un petit discours qui pourrait te servir d’instruction là-dessus.

— Eh ! de grâce, ma cousine, puisque nous y sommes, achevez, dit Fanchette, et faites que je vous aie l’obligation entière.

— Apprends donc, ma chère amie, continua Suzanne, qu’il y a en amour mille délices qui précèdent la conclusion, lesquels on ne peut goûter que dans leur temps avec loisir et attention. Le baiser est autre chose que l’attouchement et le regard est différent de la jouissance parfaite. Chacun de ces quatre points a ses divisions particulières. Il y a premièrement le baiser du sein, de la bouche, des yeux, de toutes les parties du visage ; il y a le baiser mordant qui se fait par l’impulsion des dents sur la chair, le baiser de la langue, qui est le plus doux, et le baiser des autres parties du corps ; chacun de ces baisers a ses goûts différents, et tous sont capables d’amuser longtemps par la nouveauté et la douceur qu’on y trouve. L’attouchement se divise selon les membres, et ses plaisirs sont différents. Les tetons fermes et rebondis remplissent agréablement la main et font aussitôt dresser le membre par leur élasticité en présentant d’autres délices à l’imagination ; des tetons l’on vient aux cuisses et l’on goûte un autre plaisir à toucher deux colonnes d’albâtre vives et charnues quand la main se promène autour, agissant partout, tantôt sur le ventre plein et arrondi, tantôt sur la motte velue qu’elle empoigne, badinant avec les poils et farfouillant les doigts à l’entrée du con, en faisant entr’ouvrir les deux lèvres de la nature avec des émotions vives et ardentes ; de là faisant le tour par les hanches, elle est portée sur les fesses, qui sont d’aimant pour elles et l’attirent avec autant de force que l’on en voit dans le membre amoureux lorsqu’il s’élance avec raideur vers le trou velu qui est son centre et le labyrinthe dans lequel il aime à s’enfoncer ; ce membre a aussi ses plaisirs particuliers dans l’attouchement ; il se plaît à être logé tantôt dans la main de la dame, tantôt entre les cuisses, tantôt entre les fesses et tantôt entre les mamelles ; si tu savais quel plaisir l’on ressent lorsque deux corps nus se roulent l’un sur l’autre et que les bras, les jambes, les cuisses sont entrelacées à la façon des anguilles et se serrent d’une douce étreinte, tu ne voudrais jamais faire autre chose ; les regards amoureux offrent mille agréments, rien n’est plus flatteur à voir que la beauté du corps d’une personne aimée, la structure de ses membres, ses postures et ses dispositions lascives, tout excite au plaisir, toutes les passions s’expriment par les yeux, et c’est par là que nous dévoilons nos plus secrètes pensées. Un amant regarde attentivement sa maîtresse, il lit son bonheur dans ses yeux ; alors, si l’endroit est favorable, il peut tout entreprendre ; s’il voit que la pudeur s’oppose à ses désirs, qu’il la combatte doucement par ses raisons, et après quelques discours entremêlés de soupirs, qu’il lui montre un engin nerveux et bien bandé, toutes les difficultés s’évanouiront ; cette vue fera un si grand effet qu’elle ira elle-même au devant de tous ses désirs ; il pourra alors contempler toutes les beautés dont elle est pourvue, et elle remarquera la joie intérieure qu’excite sa curiosité. Quelle délicieuse situation de paraître nu devant l’objet qu’on adore, de lui causer de l’étonnement, de la confusion, ensuite les plus grands ravissements ; la jouissance ne vient qu’ensuite ; elle doit suivre tous les autres plaisirs qui sont ses avant-coureurs et qui perdraient leur goût et leur vigueur s’ils les précédaient. Cette jouissance comprend et surpasse tous les autres plaisirs ; elle consiste dans les diverses façons de glisser le membre amoureux dans la fente de Vénus, qu’elle soit large ou étroite, dans la considération des temps ou des lieux, dans le mouvement lent ou précipité, dans les détails qu’on prend pour éjaculer la semence amoureuse, dans la quantité qu’on répand de cette même semence, dans les accolades, les embrassements, et parmi tout cela, depuis le premier moment qu’on a commencé à baiser, regarder, toucher et enfiler jusqu’à l’entier accomplissement de l’œuvre, il faut entremêler cent mille mignardises et agréments, jalousies, petits mots, lascivités, pudeur, frétillement, douceurs, violences, querelles, demandes, réparties, remuement de fesses, coups de main, langueurs, plaintes, soupirs, fureurs, action, passion, gesticulation, souplesse de corps, instructions d’amour, commandement, prières, obéissance, refus, et une infinité d’autres choses qui ne peuvent être pratiquées en un moment. Voilà, ma cousine, ce que j’avais à te dire là-dessus ; regarde maintenant si toutes ces sortes de caresses et douceurs ne sont pas ravissantes et si je n’ai pas occasion de me louer de la bonne fortune que m’a procuré un ami qui en sait si bien user dans le temps et qui est si raisonnable et si discret ailleurs.

— Certainement, dit Fanchette, je reconnais, ma cousine, que c’est un art bien difficile à apprendre, et il y aurait sans doute encore bien plus de choses à dire là-dessus si l’on demandait le pourquoi sur chaque mot.

— Oui, certes, répliqua Suzanne, et quand je te reverrai, j’espère bien t’en dire davantage ; mais parlons encore de mon ami. À propos, que t’en semble-t-il ?

— Je dirai, répondit Fanchette, que vous êtes bien heureuse de posséder un ami si parfait, mais que votre mérite vous rend digne des plaisirs qu’il vous cause.

— Du tout, mon cœur. Car ce n’est pas mon mérite qui le rend sage comme il est ; tu ne saurais croire la discrétion avec laquelle il agit quand nous sommes devant le monde ; il n’ose presque me regarder et semble n’avoir pas la hardiesse de m’adresser la parole, tant il craindrait de m’offenser. Cependant, il faut avouer qu’il sait si bien bannir tout respect en temps et lieu qu’il n’y a sorte de mignardise dont il ne soit capable pour me donner du plaisir et que son génie lui fournit tous les jours de nouvelles ressources pour nous procurer à tous deux mille contentements.

— Eh ! paix, paix, dit Fanchette en mettant précipitamment la main sur la bouche de sa cousine.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda Suzanne étonnée.

— Ah ! ma cousine, reprit Fanchette, dont la figure était devenue pourpre, comme le cœur me bat, j’entends Robinet qui vient.

— Tant mieux, dit Suzanne, réjouis-toi au lieu de trembler. De quoi as-tu peur ? que je porte envie à ton bonheur et au plaisir que tu vas recevoir. Enfant que tu es, rassure-toi et te dispose à lui faire bien goûter tes faveurs. Je m’en vais au devant de lui pour le recevoir, tandis que tu l’attendras sur le lit, feignant de travailler à ton ouvrage. Je lui dirai comment il devra se comporter afin que tu ne sois pas surprise. Adieu, m’amour.

— Adieu, ma cousine, dit Fanchette avec un soupir, je me recommande bien à vous.

Les deux cousines s’embrassèrent avec une vive effusion de cœur, et Suzanne sortit précipitamment pour aller au devant de Robinet, dont on entendait les pas dans l’escalier.