Lorsque tu rentreras, j’aurai dans la mémoire
Le thême de Manon.
Tu m’aideras alors à garder de l’histoire
Toute l’illusion.
Tu t’assiéras tout près de mon cœur monotone,
Et le tien te dira,
Que c’est grave d’aller visiter un jeune homme
Quand on a ces yeux-là.
Tu déferas le nœud de ton chapeau que j’aime,
Et, me donnant ta main,
Je mettrai sur tes doigts, en quittant ta mitaine,
Un baiser sur chacun.
Tu me regarderas avec un air de dire :
« Je ne permets plus rien. »
Mais je verrai bientôt que tu le dis pour rire,
Moi qui te connais bien.
Ton agrafe, d’ailleurs, glissant de ta ceinture,
Te fera voir soudain,
Que tu t’y prends bien tard pour garder de l’injure
Le marbre de ton sein.
Aussi tu laisseras délacer ton corsage ;
Et tes cheveux, bientôt,
Sur ton corps dévoilé seront ton seul ombrage.
Ton unique manteau.
Alors, je te prendrai dans mes bras pleins de sève,
Et, t’éloignant du jour,
Nous laisserons partir nos âmes vers le rêve,
Et nos corps vers l’amour.
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