L’Âme des saisons/L’étable

Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 278-279).
VIII


L’ÉTABLE


A Bethléem, la nuit est si pure et si douce
Que l'on entend le trot des agneaux sur la mousse.
 
Sous les étoiles d’or, criblant le bleu du ciel,
Les arbres sont petits, jolis et blancs de gel.
 
Or, les troupeaux et les pasteurs, vêtus de laine,
Font un moutonnement de neige sur la plaine.
 
Et, manteaux déployés, les bras nus sont tendus,
Et les visages bruns et les mufles crépus,


Vers l'étable, construite en grosses poutres vertes
Et d’un toit de genêts et de givre couverte,
 
Où, sur un coussinet de rayons glorieux,
Entre l’âne bénin et le bœuf aux gros yeux,
 
Entre le Patriarche à longue barbe blanche
Et la Vierge fluette et frêle qui se penche,
 
Sous la grappe rieuse et l’essaim potelé
Des chérubins, tordant des rubans déroulés,

L’Enfantelet divin que l’Univers adore
Lève ses pieds mignons, roses comme l’aurore.