Lélia (1833)/Quatrième Partie/V


H. Dupuy et L. Tenré (2p. 145-165).
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V



Peut-être, Sténio, que j’ai eu tort envers vous ; mais ce tort n’est pas celui que vous me reprochez, et celui dont vous m’accusez, je n’en suis pas coupable. Je ne vous ai pas trompé, je n’ai pas voulu me jouer de vous ; j’ai eu peut-être quelques instans de mépris, quelques bouffées de colère à cause de vous et à côté de vous, mais c’était contre la nature humaine, non pas contre vous, pur enfant, que j’étais irritée.

Ce n’est point pour vous humilier, encore moins pour vous décourager de la vie, que je vous ai jeté dans les bras de Pulchérie. Je n’ai même pas cherché à vous donner une leçon. Quel triomphe pourrais-je goûter à l’emporter par ma froide raison sur votre candeur inexpérimentée ! Vous souffriez, vous aspiriez à la réalisation fatale de votre avenir ; j’ai voulu vous satisfaire, vous délivrer des tourmens d’une attente vague et d’une ignorante inquiétude. Maintenant est-ce ma faute si, dans votre imagination riche et féconde, vous aviez attribué à ces choses plus de valeur qu’elles n’en ont ? Est-ce ma faute si votre ame, comme la mienne, comme celle de tous les hommes, possède des facultés immenses pour le désir, et si vos sens sont bornés pour la joie ? Suis-je responsable de l’impuissance misérable de l’amour physique à calmer et à guérir l’ardeur cuisante et fantasque de vos rêves ?

Je ne puis ni vous haïr ni vous mépriser pour avoir subi à mes pieds le délire des sens. Il ne dépendait pas de votre ame de dépouiller le cadre grossier où Dieu l’a exilée. Et vous étiez trop jeune, trop ignorant pour discerner les vrais besoins de cette ame poétique et sainte des aspirations menteuses de la matière. Vous avez pris pour un besoin du cœur ce qui n’était qu’une fièvre du cerveau. Vous avez confondu le plaisir avec le bonheur. Nous faisons tous de même avant de connaître la vie, avant de savoir qu’il n’est pas donné à l’homme de réaliser l’un par l’autre.

Cette leçon, ce n’est pas moi, c’est la destinée qui vous la donne. Pour moi dont le cœur maternel était glorieux de votre amour, j’ai dû me refuser à l’humiliante complaisance de vous la fournir, et si dans les bras d’une femme vous deviez rencontrer votre première déception, j’ai eu le droit de vous remettre aux bras d’une femme dont la profession est de consentir et de détromper.

Je n’ai point cherché à faire rougir votre front, et vous avez raison de dire que le plaisir ne l’a pas souillé. Je vous aime, je vous estime aujourd’hui autant qu’hier. Je ne vois rien de changé en vous, sinon que vous avez appris et que vous avez souffert. Je vous plains, et ma tendresse s’en augmente. C’est moi qui serais humiliée et abaissée si je vous avais, comme Pulchérie, servi de flambeau pour descendre dans ces abîmes du néant et de la solitude. Un tel rôle répugne, je l’avoue, à mon orgueil ; mais c’est votre faute, il ne fallait pas m’adorer comme une divinité pour me demander ensuite d’être votre esclave et votre Sulamite.

Je n’ai pas désiré de vous vieillir et de vous transformer. Je n’ai pas, comme vous le croyez, résolu de vous inspirer du mépris pour les jouissances de la volupté. Je voudrais au contraire que vous les eussiez trouvées plus attachantes, et qu’elles eussent pour quelques jours enivré vos sens et reposé votre esprit. Vous fussiez ensuite revenu vers moi plus calme et plus capable d’apprécier le charme pur d’une chaste affection. Au lieu de cela, vous vous êtes obstiné à me chercher dans les bras d’une autre ; vous avez essayé, imprudent et coupable enfant, de profaner par la pensée celle qui devait être sacrée pour vous ; mais heureusement Dieu a refusé au désir la puissance de consumer sans alimens. Il a placé hors de votre portée les objets de votre culte, de peur qu’après les avoir touchés et regardés, vous ne vinssiez à les rejeter avec mépris. Le sang du Christ est renfermé dans les vases sacrés et caché derrière les murailles d’or du Tabernacle ; si le regard de la foule y pouvait pénétrer, la foule apprendrait vite à douter et à nier. Ainsi, entre l’ame et les vagues objets de son attente, Dieu a mis d’invisibles, mais d’infranchissables obstacles, afin que le feu des saints désirs ne s’éteignît point en elle par l’examen et la possession.

C’était là ma mission auprès de vous, et je l’ai remplie. Plus expérimentée, plus éprouvée que vous, plus près du ciel, parce que j’étais plus détachée de la terre, je devais luire devant vous comme l’astre qui conduisit les Mages aux pieds du Roi des nations. L’étoile n’était pas Dieu, ce n’était pas même un ange, c’était un flambeau allumé par le souffle du Tout-Puissant pour éclairer la route des pélerins. Si les pélerins avaient pu commander à l’étoile, ralentir son vol ou le presser, l’attirer vers eux et la replacer à leur gré dans l’éther, l’astre eût pâli dans leur atmosphère, il se fût éteint au vent de leur haleine, et ils auraient été abandonnés dans les ténèbres, au sein des vallées inconnues, au bord des fleuves dont ils ne savaient pas le nom.

Je vous irrite quand je vous parle ainsi, parce que je vous traite, dites-vous, comme un enfant. De quoi vous plaignez-vous, Sténio, et pourquoi êtes-vous humilié d’être plus jeune et plus heureux que moi ? Vous ai-je jamais fait un reproche de n’avoir pas dépassé la course du temps et de n’être pas endurci aux fatigues quand votre enfance a jusqu’ici sommeillé sur des fleurs ? Hélas ! mon enfant, croyez-vous que je sois fière de mes souffrances ? Croyez-vous que j’en sois sortie sans tache et sans souillure ? La victime qu’on arrache à demi brisée aux horreurs de la torture, promène-t-elle sur la foule un regard audacieux et vain ? Ne lui est-il échappé ni rugissemens, ni blasphême sous le fer des bourreaux ? Si elle n’a pas trahi sa foi et renié son Dieu, n’est-ce pas qu’on lui a laissé quelque répit, voyant qu’elle perdait la force physique et le sentiment de la douleur ? Oh ! combien de fois, dans l’agonie du cœur, me suis-je laissée tomber à terre, inerte, épuisée, et criant pour dernière malédiction : — Dieu vengeur, ralentissez vos coups ; c’est peine perdue, car je ne les sens plus !

Enfant soumis, que Dieu n’a point encore châtié et dont il agrée les prières comme un pur encens, n’enviez point la ferveur et les larmes du pénitent qui frappe de son front les marches du temple. Dieu l’admettra peut-être à partager les trésors de sa miséricorde, mais ses épreuves ne sont pas finies. Avant d’avoir un trône parmi les puissances du ciel, il lui faudra encore ramper long-temps sur une terre d’expiation et de châtiment, où l’éternelle mort le surprendra peut-être dans un jour de lassitude et de doute.

Justice inflexible, souveraine équité ! épargnez le travail aux jeunes courages, ménagez le vent aux plantes délicates ! Faites la vie douce et calme à Sténio : Sténio n’a pas de crime à expier.

Je vous ai parlé jadis un autre langage, ô mon jeune poëte ! J’ai tâché d’assouplir votre sagesse rigide. Je vous ai montré les mérites de Trenmor. Je vous ai enseigné à respecter les grandes infortunes et les grandes volontés. Mais je ne vous ai pas dit de mériter mon amour en vous jetant dans les mêmes écueils. Restez pur, restez calme long-temps, vous ai-je dit, je vous aimerai autrement que Trenmor. Mais je vous aimerai davantage peut-être. Trenmor sera mon frère, et vous mon fils. Il sera mon appui comme je serai le vôtre, et tous trois, aidés l’un par l’autre, unis dans un saint amour, nous arriverons à la vérité, à la sagesse, au repos peut-être.

Ai-je manqué à ces promesses ? N’ai-je pas gardé mon respect pour Trenmor, ma tendresse pour vous ? Ai-je retiré la main qui vous soutenait ? D’où vient qu’à chaque pas, effrayé et fatigué, vous restez en arrière, murmurant contre le guide que vous avez choisi ? Pourquoi l’étonnement et la peur vous font-ils lâcher prise, tandis qu’en vous attachant à nous, vous pourriez passer sans atteinte au travers du danger. Vous voici irrité, parce que, cédant à des volontés d’enfant, je leur ai donné le change pour les apaiser ? Quelle profanation ai-je donc commise en vous livrant aux caresses d’une femme belle et jeune, qui en vous prenant s’est donnée à vous sans dégradation, sans marché ? Pulchérie n’est point une courtisane vulgaire. Ses passions ne sont pas feintes, son ame n’est pas sordide. Elle s’inquiète peu des engagemens imaginaires d’un amour durable. Elle n’adore qu’un Dieu et ne sacrifie qu’à lui. Ce Dieu, c’est le plaisir. Mais elle a su le revêtir de poésie, d’une chasteté cynique et courageuse. Vos sens appelaient le plaisir qu’elle vous a donné, et que les miens vous eussent refusé. Pourquoi mépriser Pulchérie, parce qu’elle vous a satisfait ? Pourquoi maudire Lélia, parce qu’elle a cherché hors d’elle-même ce que vous lui demandiez et ce qu’elle ne possédait pas ?

À mesure que je vis, je ne puis me refuser à reconnaître que les idées adoptées par la jeunesse, sur l’exclusive ardeur de l’amour, sur la possession absolue qu’il réclame, sur les droits éternels qu’il revendique, sont fausses ou tout au moins funestes. Toutes les théories devraient être admises, et j’accorderais celle de la fidélité conjugale aux ames d’exception. La majorité a d’autres besoins, d’autres puissances. À ceux-ci la liberté réciproque, la mutuelle tolérance, l’abjuration de tout égoïsme jaloux. — À ceux-là de mystiques ardeurs, des feux long-temps couvés dans le silence, une longue et voluptueuse réserve. — À d’autres enfin, le calme des anges, la chasteté fraternelle, une éternelle virginité. — Toutes les ames sont-elles semblables ? Tous les hommes ont-ils les mêmes facultés ? Les uns ne sont-ils pas nés pour l’austérité de la foi religieuse, les autres pour les langueurs de la volupté ; d’autres pour les travaux et les luttes de la passion, d’autres enfin pour les rêveries vagues de la poésie ? Rien n’est plus arbitraire que le sens du véritable amour. Tous les amours sont vrais, qu’ils soient fougueux ou paisibles, sensuels ou ascétiques, durables ou passagers, qu’ils mènent les hommes au suicide ou au plaisir. Les amours de tête conduisent à d’aussi grandes actions que les amours de cœur. Ils ont autant de violence, autant d’empire, sinon autant de durée. L’amour des sens peut être ennobli et sanctifié par la lutte et le sacrifice. Combien de vierges voilées ont à leur insu obéi à l’impulsion de la nature en baisant les pieds du Christ, en répandant de chaudes larmes sur les mains de marbre de leur céleste époux ! Croyez-moi, Sténio, cette déification de l’égoïsme qui possède et qui garde, cette loi de mariage moral dans l’amour, est aussi folle, aussi impuissante à contenir les volontés, aussi dérisoire devant Dieu, que celle du mariage social l’est maintenant aux yeux des hommes.

Vous avez confondu deux choses bien distinctes : l’amour des sens et l’amour de l’ame. Celui-ci je puis l’inspirer et le partager ; mais l’autre n’est pas fait pour moi, ou plutôt je ne suis pas faite pour le ressentir : car, loin de le mépriser, je n’ai qu’une compassion dédaigneuse pour les organisations appauvries, pour les facultés faussées qui pullulent en ces temps-ci et dont je suis un triste exemple. Mais telle que je suis, quel que soit le mécontentement avec lequel j’accepte ma destinée, il faut que je m’y soumette, et que je tire de mon infirme condition le meilleur parti possible. Il faut que je cesse de lutter contre mon impuissance, et que je rapetisse mes ambitions pour les mettre en harmonie avec mes forces.

Il est bien vrai que je souffre, qu’un affreux désespoir serait mon partage inévitable, si je ne reculais et ne cédais jour par jour du terrain à la nécessité. L’isolement du cœur me poursuit au sein des plus pures intimités. Je ne puis jamais arriver à ces épanchemens complets, à cet embrassement des ames, bonheur que j’ai rêvé jadis, dont je n’ai saisi que l’ombre ! Mais je sens bien que je ne puis me sauver que par la résignation, que de nouvelles erreurs, de nouvelles tentatives aigriraient mon mal et le rendraient incurable.

Posséder les facultés de l’amour dans leur double puissance, être capable de ressentir vivement les joies de l’ame et celles des sens, savez-vous, Sténio, que cela n’est pas donné à beaucoup d’entre nous ? Si vous êtes doué de cette richesse d’organisation, ce n’est pas une raison de vous indigner si vous ne rencontrez point votre égal en ce monde. Je déclare humblement que je ne le suis point. Les maux attachés à ma triste existence sont là pour m’affranchir du reproche d’ironie et de mépris.

Peut-être ne devrais-je pas me plaindre de mon partage. Beaucoup m’ont dit que Dieu m’avait traitée magnifiquement en me donnant l’intelligence. Mais la pensée, je l’ai souvent éprouvé, est une puissance dangereuse à celui qui s’en sert, une arme qui blesse la main qui la soulève, un phare éclatant, mais trompeur, qui nous égare d’abîme en abîme. J’ai souvent maudit cette source d’amertume, j’ai souvent demandé à Dieu de me rendre semblable aux animaux des bois. Mais, dans l’égarement de ma souffrance, je formais un souhait que je n’eusse pas voulu voir réaliser. J’eusse consenti à revêtir la robe des panthères et à m’enfoncer dans les solitudes ignorées de l’homme, à posséder les ailes des mouettes et à traverser les mers, portée par les tempêtes, mais à condition que la pensée humaine vivrait en moi pour contempler les beautés du désert, la splendeur des nuées et l’immensité des flots. Je ne comprenais pas les avantages de la vigueur musculaire, de l’agilité physique, du développement extraordinaire et magnifique de certains sens, comme la vue chez les oiseaux, comme celle de la volupté chez les tigres, sans l’exercice de la pensée pour en apprécier la valeur, sans les puissances de l’ame pour en remercier Dieu. Aujourd’hui encore, quoique lassée par l’abus de ces puissances et tourmentée d’inquiétudes sans but, ce n’est pas de bonne foi que j’aspire à la possession isolée des facultés de la matière. Je refuserais peut-être la vie insouciante et folle de ma sœur ; car la pensée a aussi ses ivresses, ses extases, ses voluptés célestes, dont une heure vaut toute une jeunesse, toute une vie.

Et si votre menace se réalisait, Sténio ; si le feu du ciel s’éteignait en moi et me livrait au désordre des sens ; si, transformée par le courroux de Dieu au point de perdre l’empire de ma volonté, je me jetais palpitante et pâle de honte dans les bras de ces hommes que mon cœur n’aimerait pas, mais que mes sens convoiteraient… oh ! alors, s’il en était ainsi, rassurez-vous, vous n’auriez pas à rougir long-temps d’avoir aimé Lélia. Quand la force morale nous échappe, quand le besoin brutal nous domine, quand le respect de nous-même cesse de parler en nous, et que nous sommes près de rouler dans les abîmes de l’infamie, c’est que Dieu nous abandonne, et alors, nous aussi, nous pouvons abandonner Dieu. Nous sommes affranchis de la loi d’amour et de reconnaissance qui rend chacun de nous solidaire dans l’ordre éternel, infini. Nous ne faisons plus partie de la création, nous troublons l’harmonie universelle ; car un homme abruti n’appartient plus à aucune espèce, et doit être retranché ou au moins mis à part. Si la société est forcée de le supporter, elle l’insulte, elle l’écrase sous son mépris, et le mépris des hommes est horrible quand il est mérité, quand derrière son implacable justice il n’est point de retraite ouverte pour aller réclamer la paisible justice, la paternelle indulgence de Dieu. Alors, Sténio, il n’y a pas deux partis à prendre. Si les macérations du mysticisme ne peuvent nous dompter, si les conseils de la sagesse ne contiennent plus en nous les passions grossières, il faut mourir. Il y a un refuge contre les hommes, c’est le suicide ; il y a un refuge contre Dieu, c’est le néant.

N’essayez donc pas de me changer : cela n’est pas en mon pouvoir, et le vôtre échouerait misérablement dans cette tentative. Si je suis la seule femme que vous puissiez aimer, restez, mon enfant, restez près de moi, j’y consens. Je serai votre amie. Je ne vous manquerai pas, si vous ne me forcez pas à m’éloigner dans la crainte de vous être nuisible. Vous le voyez, Sténio, votre sort est dans vos mains. Contentez-vous de ma tendresse épurée, de mes platoniques embrassemens. J’ai essayé de vous aimer comme une amante, comme une femme… Mais quoi ! le rôle de la femme se borne-t-il aux emportemens de l’amour ? Les hommes sont-ils justes quand ils accusent celle qui répond mal à leurs transports de déroger aux attributs de son sexe ? Ne comptent-ils pour rien les intelligentes sollicitudes des sœurs, les sublimes dévouemens des mères ? Oh ! si j’avais eu un jeune frère, je l’aurais guidé dans la vie, j’aurais tâché de lui épargner ses douleurs, de le préserver des dangers. Si j’avais eu des enfans, je les aurais nourris de mon sein ; je les aurais portés dans mes bras, dans mon ame ; je me serais pour eux soumise sans effort à tous les maux de la vie : je le sens bien, j’aurais été une mère courageuse, passionnée, infatigable. Soyez donc mon frère et mon fils, et que la pensée d’un hymen quelconque vous semble incestueuse et fantasque. Chassez-la comme on chasse ces rêves monstrueux qui nous troublent la nuit, et que nous repoussons sans effort et sans regret au réveil. Si votre jeunesse est avide des plaisirs permis, laissez-moi vous éclairer sur les périls qu’il faut fuir. Laissez Trenmor vous guider dans ces chemins difficiles, où pourtant l’on peut marcher quand on porte en soi une ame forte et un noble cœur. Nous sommes nés pour vous servir d’appuis et de conseils, car nous sommes nés avant vous. Votre vie commence et la nôtre finit. Nous ne pouvons donc partager vos passions, mais nous pouvons les diriger. Vivez pour votre compte ; mais venez à nous quand vous souffrirez, afin que nous guérissions les meurtrissures que vous infligeront les chaînes de la vie.

Ainsi, nous pouvons être heureux tous trois. Acceptez ce contrat d’amour et de chasteté. Mettez avec confiance votre main dans les nôtres. Appuyez-vous avec calme sur nos épaules prêtes à vous soutenir. Mais ne vous faites plus illusion : n’espérez plus me rajeunir au point de m’ôter le discernement et la raison. Ne brisez pas le lien qui fait votre force ; ne renversez pas l’appui que vous invoquez. Appelez, si vous voulez, du nom d’amour l’affection que nous avons l’un pour l’autre, mais que ce soit l’amour que l’on connaît au séjour des anges, là où les ames seules brûlent du feu des saints désirs.