Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 133-142).
Chapitre XI

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE XI


HISTOIRE DE LA PRINCESSE RUSSE


Pendant le repos de quelques instants qui nous prenons, la princesse russe, sur les instances de la société, nous raconte comment elle a éprouvé, pour la première fois, la vertu du stimulant qu’elle emploie contre la froideur, et les suites agréables de la première application des verges sur son derrière. Comme toute la bande comprenait très bien le français, et que la princesse le parlait à merveille, c’est dans cette langue qu’elle s’exprima.

« J’ai achevé mon éducation en Angleterre, où mes parents, qui y occupaient une haute situation diplomatique, m’avaient amenée à l’âge de quinze ans. On me confia dès mon arrivée, à Mrs Trouscott, qui dirigeait à Londres un pensionnat de jeunes filles, où je me liai bien vite avec de jeunes misses anglaises, qui en savaient long sur les douceurs de l’intimité entre jeune filles. Miss Blond, surtout, qui m’avait attirée à plusieurs reprises dans un cabinet solitaire, avait tenté sur moi des pratiques charmantes, mais sans le moindre succès, très surprise de la froideur avec laquelle j’accueillais ses caresses intimes. C’était l’usage dans le pensionnat de punir les fautes légères par le fouet donné avec la main, et pour les fautes plus graves, par le fouet avec des verges, toujours précédé d’une préparation manuelle, que Mrs. Trouscott appliquait avec la plus grande sévérité. Un jour, c’était deux mois après mon arrivée, on nous surprit ensemble, Miss Blond et moi, et la maîtresse nous condamna à recevoir les verges dans sa chambre. On nous y amena après la classe du soir ; deux sous-maîtresses dans la force de l’âge, très vigoureuses, devaient prêter main-forte à la maîtresse, en cas de résistance de la part des délinquantes.

Miss Blond passa la première par les mains de Mrs Trouscott, qui la prit sur ses genoux, et lui appliqua sévèrement sur son derrière nu, une dégelée de claques retentissantes qui rougirent le fessier sur toute la surface. Puis, lui attachant les mains, elle la fit maintenir debout, un peu penchée, par une sous-maîtresse, qui lui tenait le haut du corps, pendant que l’autre lui tenait les jambes, et elle lui distribua trois douzaines de cinglées avec la verge. L’écolière hurlait dès le premier coup, agitant tout son corps, gigottant des fesses comme une possédée. Au milieu de la correction, qui pourtant me paraissait devenir de plus en plus sévère, elle se tut, et il me parut qu’elle serrait les fesses et les remuait, comme quand je lui rendais avec le doigt les caresses qu’elle me faisait, et qui lui produisaient plus d’effet qu’à moi. Quand on la délivra, elle avait la peau rouge comme un habit de « horse-guard ». On la congédia et je dus prendre sa place.

Malgré la résistance que j’opposais, Mrs Trouscott, aidée par ses deux sous-maîtresses, a bientôt fait de me jeter en travers de ses genoux ; et, pendant que je me débats, les sous-maîtresses, m’arrachant mon pantalon et relevant la chemise, découvrent mon postérieur et le présentent à la maîtresse qui me cingle vertement les fesses, d’une main sèche et dure, agrémentant la correction d’un discours de circonstance : « Clic, clac, disait-elle, avec un bruit imitatif, je vous ferai passer vos mauvaises pensées, polissonne, clic, clac, vous vous souviendrez longtemps de ce châtiment salutaire ». Sa main retombait de plus en plus dure, et j’endurais un supplice d’enfer, la peau me cuisait, il me semblait qu’elle allait éclater sous les doigts qui la cinglaient cruellement, et encore, pensais-je, ceci n’est rien, sans doute, auprès du supplice qui va suivre celui-ci, qui n’en est que la préface. Quand la maîtresse fut fatiguée de me fesser avec la main, les sous-maîtresses m’attachent les mains derrière le dos, puis me couchent sur un sopha, le corps nu de la nuque aux jarretières ; l’une m’enjambe et se met à califourchon sur mes reins, comme un homme monte en selle, l’autre me tient les jambes, et Mrs. Trouscott saisissant les verges, me dit que le supplice que je venais d’endurer, n’était que du plaisir, auprès de celui qui m’attend.

En effet, le premier coup de verge qui retombe en sifflant sur mes fesses, m’arrache un cri de douleur ; au second, il me semble que ma chair se déchire, et je bondis furieusement sur le canapé en hurlant ; l’impitoyable bourreau compte les coups, en laissant toujours retomber la verge lentement, mais toujours plus fort, et je pousse des hurlements déchirants ; je souffre un supplice de damnée, le monstre, en effet, accentue chaque coup en poussant des « han » de fureur ; la douleur augmente d’intensité à chaque coup, il me semble que la verge hache mes chairs. L’appréhension est telle, que mon hurlement part au sifflement que fait la verge, en fendant l’air dans sa chute. Cependant, vers le milieu de la correction, bien que la verge siffle toujours d’une façon épouvantable, je ressens moins la douleur ; bientôt le feu qui me cuisait sur la peau entamée, pénètre mes chairs, descend plus bas, et enfin, je ressens sur le devant, là où la verge ne m’atteignait pas, et où Miss Blond avait mis si souvent le doigt et la langue, sans me faire rien éprouver, une chaleur bien douce qui agite le bas du ventre, puis une sensation ineffable de plaisir envahit ces lieux, que je sens se mouiller ; et quand la furie acheva sa troisième douzaine, je nageais dans un océan de volupté, et je regrettais qu’une deuxième faute n’obligeât pas les verges vengeresses à recommencer le châtiment.

Dès que je pus me rencontrer avec Miss Blond, le soir même, je lui racontai mon aventure. La mignonne se moqua un peu de ma surprise, et au risque de nous faire surprendre de nouveau en faute, et d’attirer derechef sur nos derrières la colère de Mrs. Trouscott, elle me mena dans un coin isolé, où elle renouvela sur moi l’expérience déjà tentée sans succès, mais cette fois, avec une complète réussite.

Étant restée assez longtemps sans recevoir la verge, je me retrouvai bientôt aussi froide que par le passé entre les mains de Miss Blond, qui dépensait en vain, pour m’animer, toutes les ressources de son talent, qui était pourtant assez développé. Châtiée un jour par le fouet pour une faute grave, j’éprouvai après la fessée à la main, dès les premiers coups de verges, la même sensation agréable que la première fois, et je la retrouvai une demi-heure après, auprès de Miss Blond. Depuis, dans mon pays, j’ai eu l’occasion d’apprendre que nos tempéraments froids du Nord avaient fréquemment besoin de stimulants. Le meilleur, le plus efficace, sans danger pour la santé puisqu’il ne laisse pas de trace et n’abîme rien, quand il est donné habilement, c’est la verge. D’ailleurs, dit-elle, en finissant, voyez par vous-mêmes.

Se tournant à ces mots, elle nous montre un beau derrière blanc, qui, flagellé tout l’heure, ne garde aucune trace de la fustigation.

Ce récit avait mis toute la bande en feu, et chacune, tout en se promettant de faire plus tard l’expérience du stimulant, se trouvait merveilleusement disposée à l’amour. Lola et Lison s’arment d’un godmiché et s’installent chacune sur une chaise, la verge en l’air ; je m’assieds également sur une chaise, placé entre elles, la queue au vent. La comtesse m’enjambe, et s’embroche ; Miss Pirouett s’encheville sur Lola ; la princesse s’enfile sur Lison ; on installe des tabourets, à droite et à gauche de nos chaises ; les gougnottes disponibles montent sur l’un des tabourets, deux à deux, se tournant le dos, passent une jambe entre nos deux bustes, reposent le pied sur le second tabouret, et se trouvent ainsi entre les deux poitrines des couples enchevillés. Conchita et Dolorès, adossées l’une à l’autre, les fesses contre les fesses, les bras en arrière pour s’enlacer, sont entre Mercédès et moi, chacune présentant sa fente aux lèvres qui sont vis-à-vis ; entre Miss Pirouett et Lola, s’intercalent Agnès et Blanche, toujours adossées l’une à l’autre, le cul sur le cul, les fesses intimement reliées et les toisons tournées vers les figures des deux conjointes ; Cécile et Mina présentent leurs grottes à la princesse et à Lison dans la même position. Les trois écuyères partent ensemble, chevauchant sur la quille qui les encloue ; Mercédès se pavane sur la mienne, tout en exerçant son talent de Lesbienne sur la grotte de Conchita, et, de mon côté, je prie avec ferveur dans l’église de Dolorès, qui s’ouvre sous mes lèvres. À droite et à gauche de notre champ de bataille, chacune se tire brillamment d’affaire ; celles-ci menant à bien une double manœuvre, écuyères habiles et gougnottes ferventes ; celles-là se laissant mener à Cythère par leurs vis-à-vis, sans broncher sur leur piédestal. Dolorès, que je traite, manifeste déjà une douce émotion ; son bouton ému palpite sous ma langue, et cherche à la fuir ; je dois le prendre dans mes lèvres et le larder, ainsi enfermé dans un petit four bien chaud. Mon écuyère modère son allure, puis s’arrête sur ma quille, y reste immobile, et comme une pompe aspirante, son vagin, qui se contracte convulsivement, comprime ma verge, la suce délicieusement, tandis que Conchita et Dolorès se tordent ravies, et qu’auprès de nous les deux groupes roucoulent comme des colombes pâmées.

Miss Pirouett et les deux Andalouses reprennent leurs vêtements et se disposent à nous quitter ; mais les embrassades des adieux sont si vives, qu’elles mettent le feu aux poudres, et, d’un commun accord, on se précipite aux genoux des mignonnes qui vont nous quitter, on se glisse sous leurs jupes ; deux soubrettes fêtent Conchita des deux côtés ; Cécile et Mina portent leurs hommages aux deux bijoux voisins de Dolorès. Miss Pirouett a sauté sur les mains, et nous présente renversés les deux aimables joyaux que la comtesse et la princesse viennent gamahucher, pendant que Blanche et Agnès la maintiennent dans cette position, chacune par une jambe, et que votre serviteur, étendu à plat ventre devant la mignonne, vient manger de caresses son joli bec rose.

Après ces tendres adieux, on se sépara jusqu’au lendemain.