Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 5-22).
Chapitre I

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE PREMIER


À SÉVILLE


Nous occupions à Séville un hôtel de la « Calle de las Délicias », appartenant à la comtesse de Lesbos.

La chambre à coucher avait été meublée à l’instar de celle de l’hôtel de l’avenue de Messine à Paris, jusqu’aux appareils gymnastiques qui n’avaient pas été oubliés. Nous étions depuis huit jours dans la capitale de l’Andalousie. Après en avoir consacré quatre à sa nouvelle passion, la comtesse de Lesbos, tout en gardant la plus tendre affection à Cécile, fut reprise d’une soif de nouveauté. Elle avait mis la main sur deux charmantes Andalouses, appartenant à la meilleure société de Séville, et après quelques fréquentations intimes au dehors, elle les décida à venir lui rendre visite dans son hôtel de la « Calle de las Delicias ».

Le huitième jour de notre arrivée, à neuf heures du soir, la porte de la chambre à coucher de la comtesse s’ouvrait à deux battants, donnant passage à deux superbes créatures, brunes toutes les deux, jeunes et belles, de la même taille, qu’on aurait prises pour les deux sœurs jumelles. Prévenues sans doute de ce qui les attendait, elles ne manifestèrent aucun étonnement de trouver la réunion au complet. La comtesse leur fit les honneurs de son appartement ; et, après nous avoir présenté la duchesse Conchita de la P., et la marquise Dolorès de la R., toutes deux alliées à des Grands d’Espagne, elle présenta chacun de nous, avec le cérémonial en usage dans ce pays, donnant à chacune des soubrettes un titre sonore, tout en leur conservant les prénoms appellatifs de Mina, Lola, Lison et Cécile, auxquels elles répondaient.

Pendant la présentation, j’eus le loisir d’examiner les nouvelles venues. C’était bien le type des ardentes Espagnoles, avec leurs grands yeux noirs lançant des éclairs sous de longs cils soyeux et d’épais sourcils noirs, une petite bouche ronde, aux lèvres un peu fortes, rouges, sensuelles, découvrant, dans un sourire, une rangée de perles étincelantes, et plus bas la promesse d’un corps plantureux, aux opulentes rondeurs. Présenté à mon tour, je m’inclinai profondément.

La comtesse, trouvant que la cérémonie avait assez duré comme cela, fit un signe aux soubrettes, qui se précipitent vers les deux Sévillanes, s’agenouillent chacune d’un côté, disparaissent sous les jupes, et viennent prouver aux nobles dames leur talent sans second dans la pratique du culte de Lesbos. Nos belles recrues, agréablement étonnées de la hâte qu’on met à leur plaire, se laissent faire volontiers, et la main dans la main, tendrement émues elles attendent l’heureuse issue de la douce manœuvre.

Mercédès enlace Conchita, cloue sa bouche sur la sienne ; je viens me coller aux lèvres de Dolorès, pour y boire les tendres soupirs qui montent des réceptacles de l’amour, où les habiles ouvrières distillent l’ivresse dans l’ombre et le mystère. Bientôt, en effet, elles palpitent dans nos bras, secouées sur leur base, se penchant en avant, et tombant sur nous.

Les soubrettes reparaissent, émergeant de dessous les jupes, rouges, haletantes ; elles profitent de l’émotion qui remue toujours les belles énamourées pour les dépouiller de leurs vêtements, ne leur laissant que le pantalon, la chemise et le corset ; puis se dépouillant elles-mêmes, ainsi que Mercédès, elles se mettent toutes nues, tandis que de mon côté, j’enlève mes vêtements les plus gênants. Je viens ensuite achever le rôle des soubrettes, et retirer leurs derniers voiles à ces beautés.

Je délace le corset de la duchesse, en couvrant de baisers les deux beaux jumeaux, blancs et gros, qui palpitent sous mes lèvres ; je retire le corset, et, plongeant dans l’entrebâillement de la chemise, je mange la belle gorge de caresses. Le pantalon est descendu et retiré ; je dénoue les cordons de la chemise, qui glisse le long du corps, s’arrête à la saillie des hanches, pour glisser ensuite jusqu’aux pieds, autour desquels elle s’enroule, laissant tout nu ce beau corps potelé, aux rondeurs de marbre, à la peau veloutée comme un duvet de pêche, garnie au bon endroit, d’une superbe toison noire, que je salue d’un baiser prolongé.

Dolorès réclame à son tour mes soins. Je quitte à regret le splendide corps que je viens de mettre à nu, pour celui de son amie, qui attend à côté, et que je dépouille par le même procédé. Au fur et à mesure que je dévêts ce beau corps, les appas que je découvre me rappellent par leur forme, par le ton, par leurs dimensions, les appas de la duchesse, et quand la seconde est toute nue, de la tête aux pieds, la gorge, le ventre, la toison, les cuisses, la peau veloutée un peu foncée, tout enfin est la reproduction exacte des charmes de sa compagne. Je ferme les yeux, elles changent de place, je reporte mes yeux de l’une à l’autre, il me semble qu’elles n’ont pas bougé. Je les retourne, la même croupe, au bas des mêmes reins, veloutée, large, rebondie, à gauche comme à droite ; la chevelure noire et fine, déroulée, descend jusqu’au bas des fesses ; il faut la soulever pour voir toute la mappemonde. Décidément on dirait deux jumelles ; les reins lustrés la cambrure de la chute des reins, la saillie des hanches, les cuisses rondes et fermes, les jambes, les petits pieds, tout semble sorti du même moule.

« Quand vous aurez fini de vous extasier, monsieur le gourmand, me dit la comtesse, nous nous y mettrons à notre tour. » — « Pas avant d’y avoir mordu », répondis-je, et, me jetant à genoux, je dévore de baisers la mappemonde de droite, que je quitte pour embrasser gloutonnement celle de gauche. Dès que je suis relevé, je quitte promptement mes derniers vêtements, exhibant un Priape d’une superbe dimension, qui fait l’admiration des deux belles créatures, qui me paraissent joindre à leur passion pour le sexe aimable, un goût prononcé pour le sexe fort. Maître Jacques, qui a un faible pour les sentiers étroits, se dispose à leur servir un plat de sa façon. Ce goût, assez commun aux Espagnols, me fait craindre que la voie que je désire de frayer, n’ait été déjà pratiquée, et je regrette que la première occupation de la redoute ne soit pas mon fait, car le charme s’augmente de la conquête d’un pucelage.

C’est par Dolorès que je dois commencer. J’examine la place forte ; rien n’indique une précédente occupation ; il est vrai qu’avec des précautions, un membre, même un peu gros, pénètre assez facilement dans l’étui, et peut s’y démener, sans laisser de traces d’effraction, tout en facilitant l’accès ultérieur.

La comtesse, après avoir habilement lubrifié, aidée par Cécile, l’orifice et l’engin, qui doit le percer, vient m’aider dans le perforage de l’huis, qui décidément est impratique ; il résiste opiniâtrement à la pointe qui l’attaque, et ce n’est qu’après des assauts répétés, après de longs pourparlers, qu’il se décide, grâce au secours des doigts de la comtesse, à me recevoir. Dolorès, malgré la violence de l’attaque, n’a pas jeté un cri. Quand je suis au fond du sanctuaire, Mercédès fait le tour de nos corps, et va s’agenouiller devant le verger de Cypris.

Pendant ce temps, les soubrettes qui se sont emparées de Conchita, l’enlèvent dans leurs bras, la mettent dans une position horizontale, à la hauteur de la ceinture ; Mina et Lison la maintiennent par le haut du corps ; Lola tient les jambes écartées, un pied dans chaque main ; Cécile, agenouillée devant le chat, qui est à la hauteur de ses lèvres, va officier dans le temple de l’amour. Les trois soubrettes balancent le corps dans l’espace, heurtant l’entrecuisses aux lèvres de Cécile, le retirant, le ramenant, reculant de nouveau et revenant sans cesse. Enfin les soubrettes, suspendant le jeu du balancement, arrêtent les lèvres du conin sur la bouche de Cécile, qui s’y colle aussitôt et commence le doux entretien.

La tête appuyée sur l’épaule de l’empalée, les mains refermées sur les gros seins rebondis, je contemple le ravissant tableau, tout en manœuvrant dans l’étroit réduit, tandis que Mercédès rejoint l’aimable voisin, qui manifeste l’émotion qu’on lui cause par des trémoussements convulsifs, qui ont leur contre-coup dans le réduit que je fouille. Lola, que j’ai en face, s’amuse, tout en soutenant les jambes de Conchita, à les écarter, à la ramener, serrant la tête de Cécile entre les cuisses, la dégageant, pour la serrer encore. Les soubrettes, qui maintiennent le haut du corps, se penchent en avant ; Mina sur la bouche qu’elle prend dans ses lèvres, Lison sur les reins qu’elle mange de baisers. Enfin Lola maintient les jambes étroitement serrées, écrasant la tête de Cécile entre les cuisses, et baise les petits pieds qu’elle tient dans ses mains. Je sens l’étroit étui se serrer sur mon engin, qui, écrasé dans les parois, lance sa mitraille brûlante dans les combles, tandis que l’empalée pousse des monosyllabes inarticulées, auxquels répondent les soupirs enchantés qu’exhale la jumelle pâmée.

Après un court répit, maître Jacques, peloté par toutes ces menottes douces et blanches, et par le doux velours de ces lèvres sensuelles, a bientôt repris sa forme des grands jours ; il dresse sa tête rubiconde, tout disposé à immoler sur-le-champ une nouvelle victime. Cette fois, c’est Conchita qui va éprouver sa vigueur ; mais la façon dont elle veut tenter l’épreuve, m’étonne autant qu’elle me surprend. Elle m’installe sur une chaise, ou je l’attends la queue en l’air. Après avoir lubrifié la lice et la lance, elle m’enjambe à reculon, me tournant le dos, et vient présenter sa superbe croupe à mon priape en fureur. Du bout des doigts, elle tire sur les bords, ouvre un tout petit orifice, cherche à s’asseoir sur la pointe de ma verge, que je tiens quillée, le gland dirigé vers la petite ouverture. La belle, quand elle sent la pointe juste à l’entrée, s’assied dessus, fait disparaître d’abord la tête, puis toute la verge, qui s’engouffre dans l’abîme, sans trop de difficulté. Je n’avais pas des prémices cette fois ; ce beau derrière avait déjà reçu plus d’un visiteur. Cependant, malgré la facilité relative de l’engloutissement, mon membre est logé étroitement dans la gaîne qui l’étreint rudement.

La comtesse Dolorès et les quatre soubrettes, chacune pourvue d’un godmiché, qu’elles tiennent dans la main droite, prennent position devant nous, tandis que Conchita reste immobile, sans mouvement, tranquillement assise sur ma quille. La comtesse s’agenouille devant l’empalée, allonge le cou, et vient poser ses lèvres sur la fente du conin pour la gamahucher tandis que de sa main droite, elle va manœuvrer le godmiché dans son vagin. Derrière la comtesse, Dolorès, agenouillée, la bouche sur le derrière qu’elle a sous les yeux, et qu’elle va larder, est prête à se livrer à la même manœuvre avec sa main droite. Cécile, derrière Dolorès a la langue sur le cul, la verge factice à l’entrée de sa petite fente. Lola derrière Cécile, Lison derrière Lola, Mina derrière Lison, prennent même position pour opérer de même,

Dès que cette ligne ininterrompue de dos satinés, de croupes rebondies, du plus séduisant aspect est formée, Conchita qui n’attendait que l’installation des groupes, se soulève sur la pointe des pieds. Tandis que je reste immobile, sa croupe laisse en montant la moitié de la quille en dehors, l’engloutissant tout entière, quand elle redescend brusquement, au risque de la rompre, et elle chevauche ainsi, de la façon la plus plaisante du monde, dans une posture qui m’eût paru impraticable, si l’écuyère ne m’en eût démontré aussi péremptoirement la possibilité. Mes lèvres se promènent le long d’un dos satiné ; mes mains caressent deux opulents hémisphères, et de temps en temps, par dessus l’épaule de la mignonne, je contemple avec ravissement la belle ligne de chairs potelées, de tous les tons, blanches, roses, foncées, brunes, et des croupes opulentes, qui coupent la ligne de superbes reliefs et de plantureuses saillies. Bientôt, l’écuyère perd la mesure et chevauche à la diable. La ligne des dos est agitée d’un tremblement convulsif, du bout à le queue de la chaîne. L’empalée, incapable de faire un mouvement, reste assise sur la quille, et se tord voluptueusement, tendrement remuée par le velours de la douce langue de Mercédès, arrachant par la seule compression des parois resserrées, un flot brûlant de lave à ma verge étranglée dans sa gaîne.

Les groupes se relèvent, ma cavalière se soulève sur la pointe des pieds, se détache et court au cabinet de toilette, suivie de tout le personnel. Quand tout le monde est de retour, les ardentes Sévillannes veulent payer à leur charmante hôtesse son aimable hospitalité. Mercédès s’y prête de très bonne grâce, renseignée qu’elle est sur le talent des deux expertes Lesbiennes.

Elle place deux tabourets l’un près de l’autre, monte dessus, les deux jambes écartées, de façon à présenter sa fente d’un côté, sa raie de l’autre, aux chaudes amoureuses, qui se tiennent debout devant le centre des opérations, Conchita à l’orient, Dolorès à l’occident. Un trapèze, qui descend du plafond, s’arrête assez haut sur la tête de la comtesse, pour que celle-ci soit obligée de lever les bras pour s’y accrocher, dans une position qui fait remonter sa belle gorge, les pointes dressées vers le ciel. Devant et derrière chaque dispensatrice du plaisir, les quatre soubrettes s’agenouillent, pour leur rendre les soins qu’elles vont donner à la comtesse. Lola va fêter le chat de Dolorès, Lison le cul, Cécile, le minet de Conchita, Mina, le noir voisin.

Seul, je n’ai pas de rôle dans cette scène voluptueuse ; maître Jacques, d’ailleurs, à besoin d’un peu de repos pour se refaire, et rien ne saurait mieux lui rendre ses forces que le ravissant tableau que j’ai sous les yeux, et le charmant spectacle auquel il va assister. Je fais le tour du monument de chair, délicieusement remué par la vue de ce fouillis d’appas, qui s’exhibent dans les plus plaisantes poses. La comtesse, s’enlevant à la force des poignets, cambre ses reins et étale sa splendide croupe, au bas de laquelle Dolorès s’applique à darder le petit bout pointu de sa langue rose, dans la petite tache noire. Agenouillées devant et derrière la belle Andalouse, Lola et Lison exercent leur talent dans la double route des plaisirs. Je refais le tour du monument. Ici, c’est Mina qui est à genoux, la figure ensevelie dans les larges fesses de Conchita, dont les opulentes saillies débordent à droite et à gauche des oreilles de la soubrette, tandis qu’agenouillée devant, la blonde Cécile s’escrime au bas du noir minet. Au milieu, élevée au-dessus du groupe, comme une statue sur un piédestal, Mercédès reçoit dans le double envers de son autel à la romaine, les prières simultanées des deux ferventes dévotes, dont l’ardeur est décuplée par les ineffables caresses dont les comblent quatre habiles Lesbiennes, dont les lèvres de velours sont sans rivales pour ces suaves baisers.

La haute et large toison noire de Mercédès qui monte presque jusqu’au nombril, saute sur le ventre qui danse, plaisamment secoué ; plus haut la gorge palpite, les seins se soulèvent, se balancent, ses lèvres s’entr’ouvrent, les dents s’entre-choquent, ses longs cils noirs s’abaissent sur ses yeux, elle lâche le trapèze, et je n’ai que le temps d’étendre les bras pour la recevoir sur mon sein, quand elle s’écroule pantelante, au risque de s’abîmer sur le tapis. Je l’enlève, je l’emporte vers le lit de repos ; mais, pendant le trajet, maître Jacques, ragaillardi par cette émoustillante scène, bat si violemment les cuisses de la belle inanimée, que celle-ci reprend ses sens à ce contact frappant ; et elle veut que je la serve là, tout de suite, debout. Je m’arrête pour souscrire à ses désirs ; je la repose sur le tapis, et, ployé sur les genoux, je me faufile dans la chaude prison, qui me reçoit assez facilement entre ses bords, lubrifiés par la rosée qui coule encore. Dès qu’elle est enchevillée, les deux ardentes Sévillanes, dont la flamme est loin d’être éteinte, sautent à cheval sur nos croupes : Dolorès sur celle de la comtesse, Conchita sur la mienne, nous entourent le cou de leurs bras, et se mettent à bondir sur nos reins, comme deux enragées, allongeant le cou, pour se becqueter par dessus nos têtes.

Les soubrettes, mises en goût par ce plaisant tableau, vont s’offrir une petite fête de leur côté. Lola prend Mina dans ses bras, la fait basculer la tête en bas, les jambes en l’air, applique ses lèvres sur la fente de la mignonne, qui lui rend la pareille ; Lison, prenant Cécile, comme Lola a pris Mina, la met dans la même position ; puis, se transportant auprès de notre groupe, l’une à droite, l’autre à gauche, elles nous enferment entre deux feux. Lola appuyant les fesses de Mina d’un côté de nos figures, Lison celles de Cécile de l’autre côté, nous caressant ainsi les joues, prises entre ces chairs chaudes et veloutées, dont le doux contact stimule nos désirs, et nous fait précipiter l’action. Les deux écuyères se démènent furieusement sur nos croupes, nous secouant comme des pruniers, nous enveloppant de la douce chaleur de leur corps, collé à nos reins. Les soubrettes poussent plus fort ; nous sommes enveloppés de chairs palpitantes de tous les côtés et c’est étroitement unis dans un tout petit espace, à peine suffisant pour Mercédès et pour moi, que nos sept corps tassés, pilés, enclavés, collés, ressentent la délicieuse commotion magnétique, qui nous secoue tous ensemble dans de divins transports.

Les deux Sévillanes reprennent leurs vêtements, et nous quittent avec regret, impatientes d’être à demain pour nous retrouver.



Lèvres de Velours, vignette fin de chapitre
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